30 novembre 2006

Une mosquée républicaine

La première réunion du comité de réflexion sur l’opportunité d’une mosquée à Nice s’est enfin tenue cette semaine. Composé d’élus de la majorité et de l’opposition, de représentants des différentes confessions et des consulats des pays du Maghreb, ce comité a enregistré positivement la volonté (nouvelle) du maire de Nice d’avancer sur cette question. Au nom du groupe, Yann Librati a défendu avec pugnacité les positions de Nice plurielle.

Parce que nous sommes républicains, nous voulons qu’à Nice chacun soit traité avec équité et respect. Il n’est pas normal que certains de nos concitoyens soient obligés d’exercer leur culte dans des conditions indignes ou dangereuses. Je pense tout particulièrement aux prières du vendredi sur les trottoirs de la rue de Suisse ou à la tragédie, de justesse évitée, dans le quartier des Moulins quand, il y a quelques années, une salle de prières avait brûlé.

En étant juste, la République se protège. L’islam des caves est, on le sait, un terreau propice à l’intégrisme. Celui-ci aime la clandestinité et l’opacité car il a tout à redouter d’une pratique transparente et raisonnable de la religion.

Cette future mosquée ne doit pas avoir un statut extra territorial. Ce ne sera ni une ambassade, ni une zone de non droit : elle sera territoire de la République. Les valeurs et les lois de notre pays y seront respectées. Supposer le contraire serait faire un procès d’intention insupportable à nos concitoyens musulmans. Laïques, nous sommes humanistes. Aussi pour nous, la confiance est le prolongement naturel du respect.

29 novembre 2006

La nationalisation de la plaine du Var

Le lancement d’une Opération d’Intérêt National (OIN) le long du Var a été salué comme une bonne nouvelle par le maire de Nice. Loin de partager son enthousiasme, je suis même persuadé que cette annonce-là est le prototype même de la fausse bonne nouvelle.

Coincée entre la montagne (inexploitable) et la mer (inexploitée), striée par des vallons profonds et sans véritable communication possible, la ville de Nice étouffe… La crise du logement et le casse-tête de la circulation sont les symptômes d’une situation de plus en plus explosive. Et ce ne sont pas les huit kilomètres de tramway qui modifieront structurellement la donne.

Or, le seul territoire disponible pour enclencher une opération de « développement-rééquilibrage » est précisément la plaine du Var. Laisser l’Etat piloter son aménagement va transformer cet espace si nécessaire à la ville en enjeu d’aménagement du territoire.

Bien sûr, j’ai conscience qu’un tel projet peut drainer crédits d’Etat, fonds européens et même capitaux étrangers… Mais des contreparties seront exigées. Lesquelles ? Pour quoi faire ?

La définition de critères de développement mixtes (économie, logement, équipements collectifs) à travers le PLU aurait certainement été plus favorable à un développement harmonieux de la seule zone encore disponible sur le territoire de notre commune.

Le développement économique de la Région est nécessaire, mais il ne doit pas se faire au détriment de la qualité de vie des Niçois, voire de leur espace vital. Car, à quoi servirait de créer des emplois dans une ville où l’on ne peut plus ni circuler ni se loger ?

27 novembre 2006

L’épiphénomène du TCE

Il y a maintenant un an et demi, le résultat du référendum sur le TCE avait provoqué, disait-on à l’époque, un séisme politique.

Pour ma part, j’ai toujours été sceptique devant un tel emballement politico-médiatique. Le TCE n’était pour moi qu’une étape de plus dans la construction européenne. Une étape d’ailleurs modeste qui n’avait comme objectif véritable que de corriger le calamiteux Traité de Nice. Ce TCE, plus « T » que « C » d’ailleurs, ne méritait ni excès d’enthousiasme, ni excès d’indignité.

Les prémisses de l’élection présidentielle me renforcent dans cette conviction. Avec l’investiture officielle de Ségolène Royal à la Mutualité, nous avons la certitude que les deux candidats majeurs à cette élection seront d’anciens partisans du « Oui ». L’outsider François Bayrou aussi. Mieux même, si Jean-Marie Le Pen n’arrive pas à réunir les signatures nécessaires à sa candidature, ses partisans se tourneront vers Nicolas Sarkozy (+7) et Ségolène Royal (+5) de préférence à son compère du «Non» de droite, Philippe de Villiers.

Le « Non » de gauche n’a pas non plus résisté à l’après référendum, puisqu’au PS c’est une tenante du « Oui » qui a été investie avec l’appui d’éminents « nonistes » (Arnaud Montebourg) ou du moins leur abstention (Emmanuelli). La candidate Verte, partisane du « Oui » a gagné son investiture contre un autre partisan du « Oui » dans un parti pourtant très divisé par le TCE.

Du côté de la gauche de la gauche, le renoncement de José Bové est symptomatique des difficultés pour cette mouvance à exploiter le « boulevard » qui devait s’ouvrir à elle si les commentaires de l’après référendum s’étaient trouvés confirmés. Tout cela, d’ailleurs, se terminera par une candidature PCF traditionnellement anti-Union européenne mais assez pragmatique pour rejoindre au second tour la candidate du PS.

Aussi, la suite de l’histoire est écrite. La prochaine ou le prochain Président acceptera un TCE light qui sera adopté dans la discrétion… et le désintérêt de l’opinion publique. Et l’Europe reprendra son chemin. Cahin-caha.

25 novembre 2006

Les trente glorieuses : premier bilan

Une trentaine de commentaires en quelques jours sur un sujet culturel (et ludique !) est bien la démonstration que les lecteurs de ce blog en apprécient l’éclectisme. Certains d’entre vous ont d’ailleurs totalement joué le jeu en présentant une véritable sélection de trente films de ces trente dernières années. D’autres ont préféré mettre en avant tel ou tel film ou tel ou tel réalisateur. Au total, la lecture de l’ensemble est cinéphiliquement excitante et donne envie de se précipiter dans les salles de cinéma.

Si l’on observe le détail des propositions, on peut noter qu’un certain nombre de films (n’est-ce pas Gilbert ?) sont hors période. Les années 75-76 à l’évidence posent problème. Pour ma part, j’ai exclu des films comme 1900, Annie Hall, Cria Cuervos et Nous nous sommes tant aimés, qui auraient fait partie des premiers choix de ma sélection finale si je ne les avais pas exclus en raison d’un doute sur leur date de naissance.

Cela dit, quelques commentaires sur l’ensemble :
- Je me suis découvert un jumeau cinématographique avec Tartopom (17 choix communs sur 30), mais comme je crois savoir de qui il s’agit, je n’en suis pas surpris.
- Le miracle de la cinéphilie a réconcilié ségolénistes et fabiusiennes puisque apparemment, Marion et Clotilde se retrouvent dans l’univers si particulier de Jim Jarmush.
- Trois d’entre vous ont signalé comme premier choix des films peu connus et qui forcément intriguent. Philippe avec Les yeux noirs de Nikita Mikhalkov, Fab avec Requiem pour un massacre d’Elem Klimov, Sijavessu avec Comme un chien enragé de James Folley.
- Vous avez réintégré quelques grands films et je suis presque toujours d’accord avec vos propositions. Je pense notamment à l’admirable Festin de Babette de Gabriel Axel (Danemark) proposé par Philippe, au mystérieux Mulholland Drive de David Lynch, proposé par Philippe S et Marion, au brillant Dancing in the dark de Lars Von Triers sélectionné par Pénélope. Mais aussi, bien sûr, Thelma et Louise (Dominique, Bobby d’Epernon et Philippe), Le temps des gitans (Tartopom et Philippe S), Une journée particulière (Claudiogène et Tartopom), Out of Africa (Dominique et Pénélope), La ligne rouge (Clotilde et Tartopom), Mon oncle d’Amérique (Claudiogène), Amadeus (anonymous), Brazil (Tartopom et Philippe), The big Lebowski (Sijavessu et Philippe), Le goût des autres (Patrick et Gilbert), Rosetta (Dominique), Marius et Jeannette (Bobby d’Epernon) ou, pourquoi pas, Amélie Poulain (Philippe S et Gilles LM qui, par ailleurs, a aussi osé Brice de Nice, qui, en son temps, m’avait bien fait rire.
- Vous avez aussi réintégré quelques réalisateurs incontournables : Jarmush bien sûr, mais aussi Jane Campion (Pénélope et Philippe S), Tim Burton (Sijavessu, Patrick et Philippe S), Sofia Coppola (Marion) et surtout Ken Loach que j’avais injustement négligé dans ma sélection (Philippe S, Philippe, Sijavessu… et Pierre à l’apéro du vendredi !). Sans oublier une mise en avant de la vitalité du cinéma asiatique par Philippe S mais ça, on s’en serait douté…


Trois d’entre vous ont eu l’élégance de saluer le départ cette semaine de cet immense acteur qu’était Philippe Noiret : Gilbert (Cinéma Paradisio), Tartopom (Le coup de torchon) et Sijavessu (Les grands ducs). Je m’associe bien volontiers à cet hommage.

24 novembre 2006

Une période bien compliquée…

Ce jeudi soir, au CEDAC de Cimiez, je réponds présent aux organisateurs pour l’inauguration du neuvième Festival International du Film de la Résistance. Peu familier de ce genre de manifestations (l’autocongratulation des élus est un exercice qui m’assomme…), je ne manque jamais ce rendez-vous-là. Une façon bien modeste de réaffirmer mon soutien (et mon admiration) pour le travail de l’équipe du Président Panicacci au service de la Mémoire de la Résistance dans notre ville.

Une mémoire qui est loin d’être une priorité pour la municipalité actuelle. Je me souviens encore de mes interventions en assemblée plénière du Conseil général pour arracher in extremis les subventions qui permettaient à l’association des Amis du Musée de la Résistance de payer son loyer… à la Mairie de Nice !

En fait, ce désintérêt n’est pas de la désinvolture, il marque une vraie posture idéologique. A propos des associations de résistants et de déportés dont je défends les intérêts en Conseil municipal, Jacques Peyrat m’accuse souvent de vouloir favoriser « mes amis ». J’en déduis donc tout naturellement que résistants et déportés ne sont pas les siens.

J’en veux pour preuve la réponse qui m’avait été faite, l’air navré, par un adjoint de la Ville de Nice à une énième intervention en faveur du Musée et du Festival : « Vous savez, Monsieur Mottard, la Résistance a été une période bien compliquée pour la France, elle a divisé les Français… ».

Une période bien compliquée ? Je préfère l’affirmation un brin provocatrice et totalement existentialiste de Jean-Paul Sartre : « Nous n’avons jamais été aussi libres que sous l’Occupation allemande… ».

21 novembre 2006

Les trente glorieuses

Dans sa livraison de novembre, le magazine Première fête ses trente ans. Pour célébrer l’événement, il a demandé aux lecteurs de classer leurs trente meilleurs films sur la période 1976-2006. Ce palmarès, qui fait la part belle au cinéma américain et au film de genre (science-fiction, policier « branché »…) est à l’image du lectorat du mensuel : un public urbain post ado et jeune adulte. Ce classement (pour mémoire 1- Pulp fiction, 2- Le seigneur des anneaux, 3- Star wars, 4- Amélie Poulain, 5- Apocalypse now) en vaut bien d’autres, mais on peut ne pas le partager. Il peut donner aussi l’envie de réfléchir à son propre choix. C’est ainsi que je vous propose mon propre classement, même si l’entreprise est périlleuse. En effet, certains réalisateurs (Almodovar, Allen, Rohmer, Bergman…) accomplissent une œuvre où il est parfois difficile de choisir tel ou tel film. Ce palmarès, je vous le propose tel quel, en étant persuadé que demain ou après-demain, en fonction de l’humeur du moment, j’en proposerais un autre.

Mais ces trente films, je les ai aimés. Ils m’ont tous apporté du plaisir, parfois du bonheur. Certains ont même un peu changé ma vie. Voilà, je me jette à l’eau. A vous, Vincent, Philippe, Jean-Louis, Daniel, Aurélien, Alain et les autres, d’en faire autant et de relever le défi.

30- Milou en mai (Louis Malle, Fance)
29- Nostalghia (Andrei Tarkovski, URSS)
28- Journal intime (Nanni Moretti, Italie)
27- Le mauvais fils (Claude Sautet, France)
26- Blue velvet (David Lynch, USA)
25- Le pas suspendu de la cigogne (Theo Angelopoulos, Grèce)
24- Bleu – Blanc – Rouge (Kristof Kieslowski, Pologne)
23- Un dimanche à la campagne (Bertrand Tavernier, France)
22- L’été de Kikujiro (Takeshi Kitano, Japon)
21- Eyes wild shut (Stanley Kubrick, USA)
20- Van Gogh (Maurice Pialat, France)
19- Le rayon vert (Eric Rohmer, France)
18- Le déclin de l’empire américain – Les invasions barbares (Denys Arcand, Canada)
17- L’humanité (Bruno Dumont, France)
16- Identification d’une femme (Michelangelo Antonioni, Italie)
15- Nous irons tous au paradis – Un éléphant ça trompe (Yves Robert, France)
14- The full monty (Peter Cattaneo, G-B)
13- Fanny et Alexandre (Ingmar Bergman, Suède)
12- In the mood for love (Wong Kar-Wai, Hong-Kong)
11- Gangs of New York (Martin Scorsese, USA)
10- Faux semblants (David Kronenberg, Canada)
9- Parle avec elle (Pedro Almodovar, Espagne)
8- La double vie de Véronique (Kristof Kieslowski, Pologne)
7- Manhattan (Woody Allen, USA)
6- La guerre du feu (Jean-Jacques Annaud, France)
5- Underground (Emir Kusturica, Yougoslavie)
4- Smoking, no smoking (Alain Resnais, France)
3- Apocalypse now (Francis Ford Coppola, USA)
2- Le voyage d’Ulysse (Theo Angelopoulos, Grèce)



1- Les ailes du désir (Wim Wenders, Allemagne)

19 novembre 2006

Les deux Nice

Jeudi. Midi. Cité de la Buffa.

Le Nice de la joie de vivre, de la convivialité et du sourire. Aujourd’hui, chez Rosette, on fête l’arrivée du Beaujolais nouveau. « Banane » ou « fruits rouges », les discussions vont bon train, les yeux pétillent, le bonheur d’être ensemble est palpable. Sacrifier ainsi au culte de Bacchus avec les habitants du quartier et quelques amis, c’est encore mieux communier avec cette ville si belle et si gaie.

Dimanche. Dix heures. Place du Palais de Justice.

Le Nice de l’angoisse, du rejet et des pleurs. Ce matin, les associations organisent sur le parvis du Palais une cérémonie de parrainage pour quelques dizaines de familles de sans-papiers fragilisées par les circulaires Sarkozy. Pendant les discours, je vois une petite fille tunisienne de mon quartier Vernier pleurer, avec, dans ses yeux toute la détresse du monde. Parrainer à mon tour une famille russe de la Madeleine ne me console pas d’habiter une ville si peu généreuse envers les faibles.


Rappel : à propos du dernier dérapage de Georges Frêche, voir mon post du 13 février Septimaniaque.

18 novembre 2006

Entre Kosovo et Diwali

La journée commence par une émouvante cérémonie de mariage que j’intitule spontanément « Dario, Kosovo, Bruno ».

Dario, car lui, l’homme du Sud m’a confié ce mariage entre enfants des Balkans.
Kosovo, car c’est le pays d’origine de Fatimé et Artan, pays auquel je suis attaché par tant de souvenirs anciens.
Bruno (Della Sudda), car, premier professeur de la petite exilée, il lui apprit la République et aujourd’hui copréside la cérémonie.

Une dernière salve d’applaudissements, quelques larmes, la dernière photo, et me voilà déjà au Palais des expositions pour le traditionnel Forum des Associations.

J’aime ce capharnaüm de générosité militante où, une fois l’an, on voit les chercheurs de trésors côtoyer les jardiniers amateurs ou, plus gravement, les malentendants voisiner avec les associations d’insertion.

Le premier stand visité sera, curieusement pour quelqu’un qui venait de célébrer un mariage, celui d’un club de rencontres pour célibataires. La responsable insiste beaucoup pour que j’écrive un mot dans son livre d’or. Sans doute me considère-t-elle comme un expert !

A partir de là, je zigzague sans véritable logique entre les stands, fréquemment interpellé par des amis. Avec Rouge Ephémère, nous parlons des difficultés de la culture à Nice ; avec les locataires de l’OPAC, à la fois si neuf et si… opaque, du scandale du logement social dans notre ville. Au passage, j’adhère à Cinéma sans frontières de Philippe qui me conseille, comme d’habitude, deux ou trois films immanquables. Je retrouve avec Paulette l’équipe du Lazaret (Lucie au Lazaret). Mizou, toujours fidèle à la cause des femmes battues vient m’embrasser. Des militants associatifs, professeurs dans le civil, me causent… du pays, plus exactement des 35 heures de Ségolène. Au stand de l’UNICEF, je retrouve Valérie, une de mes plus brillantes étudiantes de ces dernières années.

Quelques beignets de l’association des Comoriens… un café des copains de Dialogue… le temps passe et je ne le vois pas passer…

Un dernier petit tour au Nice Hockey Club et au stand des chanteurs de gospel, encore quelques photos, et j’opère un repli qui n’a rien de stratégique, car la soirée risque d’être longue.


En effet, invité par des amis d’origine indienne, nous allons dignement fêter Diwali, la Fête de la Lumière, qui marque le début de la nouvelle année du calendrier hindou.

17 novembre 2006

Le PS a une candidate

Depuis 22 heures, en ce 16 novembre, la question n’est plus de savoir si Ségolène Royal est une candidate réellement porteuse de nos valeurs et de notre projet, une compétiteuse capable de s’imposer face à la machine de guerre UMP, une future présidente ayant la stature exigée par cette très haute fonction dans le monde trouble qui est le nôtre.

Désormais, il FAUT que Ségolène Royal soit une candidate réellement porteuse de nos valeurs et de notre projet (les gestes qu’elle fera en direction des militants qui n’ont pas voté pour elle sera un signe important de sa capacité de rassemblement), il FAUT qu’elle soit prête à affronter la droite (pour cela il faudra rassembler la gauche), il FAUT qu’elle prenne la dimension de la fonction si elle est élue (finis les gadgets, finies les approximations, finies les provocations).

Une vraie justice sociale et un monde plus juste, les deux piliers de notre projet, doivent nous conduire non seulement à gagner mais à transformer durablement la société. Car, comme le disait Jaurès, il ne sert à rien de gagner si ce n’est pour porter une grande idée.

13 novembre 2006

Du Splendid à l’Union


Plus de cent trente militants qui se réunissent en fin d’après-midi un 11 novembre est plutôt un signe encourageant de la vitalité de notre parti, de l’intérêt de cette primaire interne en général et de la candidature de Laurent Fabius en particulier.

En effet, il n’y avait plus assez de chaises pour accueillir au Splendid les camarades qui étaient là pour écouter la sénatrice Maryse Bergé-Lavigne et Marie-Noëlle Lienemann, députée européen et ancien ministre du Logement.

Même si tous, dans la salle, ne soutenaient pas la candidature de Laurent Fabius, l’atmosphère était au rassemblement avec, aux côtés de Pascale Gérard, conseillère régionale, Présidente 06 de Rénover Maintenant, de nombreux "montebourgeois" pas vraiment convaincus par la prise de position de leur leader. Les applaudissements qui suivirent le rappel de la récente prise de position de Paul Cuturello en faveur de Laurent Fabius démontrèrent également une présence significative "d'emmanuellistes", un peu en déshérence devant le silence du député des Landes.

Le thème essentiel de la réunion fut celui de la volonté en politique.

En ouvrant la séance, Dominique s’exprima ainsi :

« Laurent Fabius, c’est le volontarisme en politique, ce qui est essentiel pour un homme de gauche. La gauche, c’est le mouvement : si on ne veut pas bouger, on n’est pas de gauche. Nous devons sortir de l’idée que, dans les domaines importants, il n’y aurait rien à faire. La gauche ne doit pas renoncer à agir. Dans le domaine international d’abord, la géopolitique, qui est souvent le nom aimable qu’on donne à la real politique, ne fige pas tout : il y a des choix à faire, et on peut les faire. Il en va de même dans le domaine économique et social : la mondialisation et le marché tout puissant ne doivent pas conduire à la résignation. Il y a des choix à faire, et on peut les faire. En réalité, il y a toujours des marges de manœuvre, et pour aller au bout de ces marges, il faut prendre des risques et surtout bâtir des rapports de force. Ce sont les rapports de force qui créent des marges de manœuvre, mais ces marges de manœuvre participent à l’élaboration des rapports de force. Cette volonté, elle est partout présente dans les prises de position de Laurent Fabius.
Et de citer les principales mesures phares des propositions du candidat qui sont autant de témoignages de cette volonté.

Quant à Marie-Noëlle Lienemann, elle fut particulièrement convaincante sur ce thème qui, à l’évidence, est le point fort de la candidature Fabius, même si, à mon goût, il n’a pas été assez développé au cours de cette campagne interne. Elle parla aussi de la laïcité (Le joyau des joyaux), de l'avenir de la gauche, de la réforme constitutionnelle... Son intervention fut si riche que la petite pile de l'ouvrage qu'elle vient d'écrire avec Alain Vidalies, « L’air du temps… ou le temps de la gauche », disparut en un clin d'oeil à la fin de la réunion.

Emeric conclut ces interventions, en démontrant que faire reculer le gouvernement sur le CPE, c'était aussi faire preuve de volontarisme politique. Succès assuré, notamment auprès du petit groupe des jeunes syndicalistes étudiants !

Au final, une belle réunion respectueuse des concurrents, pédagogique et engagée, comme il se doit.

C’est plus d’une trentaine de militants qui prolongeront le débat, avec Maryse et Marie-Noëlle, à L’Union, le célèbre restaurant niçois de Nice Nord. Et bien sûr, si la politique était toujours au rendez-vous, elle sut faire une place non négligeable à l’amitié.

12 novembre 2006

Un cœur pour L’Ariane

Après une rude semaine pour le quartier marquée par des affrontements d’une rare violence entre Tchétchènes et Arabes (les premiers étant parfois Français, les autres presque toujours), l’association « Un cœur pour L’Ariane » a pris l’initiative d’une réunion citoyenne dans des locaux privés puisque la mairie a refusé de prêter la salle municipale.

Travailleurs sociaux, associatifs, résidants, enseignants, parents d’élèves, élus (en fait Bruno Della Sudda et moi-même), tout le monde est d’accord pour dire qu’on a affaire à des affrontements entre bandes de voyous et non à des heurts communautaires.

La crainte qui était mienne il y a quelques jours (L’Ariane blues) se trouve malheureusement en partie confirmée par les événements. Ainsi, la police a été étrangement passive au début des incidents. Ce n’est que devant les risques d’embrasement que les forces de police sont revenues massivement, pratiquant notamment des visites domiciliaires brutales.

Face à cette situation,, les participants à la réunion font preuve de responsabilité et de sang-froid ; mais surtout – et c’est particulièrement évident pour le participant extérieur que je suis – il se dégage de ce groupe une immense tendresse pour le quartier et ses habitants.

C’est ainsi qu’il est décidé une marche silencieuse pour affirmer qu’il fait bon vivre ensemble à L’Ariane. Un autre rendez-vous est pris pour décembre. La compagnie « Le grain de sable » (dont Michèle Mangion fut un temps la Présidente) présentera au théâtre Lino Ventura un spectacle inédit : Roméo et Juliette, joué par des jeunes de L’Ariane, moitié Tchétchènes, moitié Arabes. Le fait que le spectacle soit programmé depuis plusieurs mois en dit long sur la capacité d’anticipation des acteurs de terrain dans les quartiers.

11 novembre 2006

Blogspot au CM

En arrivant dès huit heures pour le troisième Conseil municipal depuis la rentrée, j’étais loin de penser que la vedette de la journée serait… mon blog !

Première manifestation : sur mon pupitre, une main bienveillante du service Communication avait déposé un exemplaire du dernier numéro du « Point » consacré à Nice. Le titre du chapitre « Economie » et une partie de son contenu reprend Nicecittà, le post que j’avais consacré à Nice, ville du cinéma.

Deuxième manifestation : alors que Paul Cuturello va prendre la parole sur le PLU, Jacques Peyrat se met à lire in extenso mon post de lundi, Paul plie le PLU. L’assemblée, majorité et opposition confondues, semble médusée devant cette publicité gratuite offerte par le maire à son opposant.

Au delà de ces intermèdes « blogspot », le Conseil nous a permis, Paul sur le PLU, moi sur le DOB (texte de mon intervention sur mon site, à partir de demain), de démontrer que Nice plurielle a une vraie vision de la ville là où la majorité patauge dans une gestion zigzagante sans imagination et sans perspectives.

Le Conseil sera aussi pour moi, l’occasion de demander, au nom de mon ami Rossini et d’un certain nombre d’associations dont la FSGT, les raisons pour lesquelles le maire s’entête à vouloir faire payer les dites associations pour l’occupation du domaine public y compris pour des manifestations d’intérêt général. En réponse, le maire exhibe piteusement une réponse ministérielle peu convaincante et confirme que les associations paieront (à la tête du client ?). Pas étonnant de la part d’une équipe qui rêve de regrouper tout le monde dans des maisons des associations sous contrôle municipal.


RETRANSMISSION DU CONSEIL MUNICIPAL SUR NICE TÉLÉVISION
SAMEDI 11 NOVEMBRE DE 10 H À 14 H ET DE 21 H 30 À 01 H 30
DIMANCHE 12 NOVEMBRE DE 13 H À 17 H

09 novembre 2006

Faut-il recevoir Ahmadinejad ?

« Non », a répondu Laurent Fabius.

Instantanément, j’ai retrouvé le jeune Premier Ministre qui n’avait pas hésité à stigmatiser l’apartheid en Afrique du Sud à une époque où ce n’était pas tellement à la mode dans les chancelleries occidentales. Celui aussi qui avait exprimé son désaccord quand François Mitterrand avait reçu le général Jaruzelski (on se souvient du célèbre « lui c’est lui, moi c’est moi »).

Il est évident que les relations internationales conduisent les responsables politiques à rencontrer des dirigeants pas toujours très recommandables. Mais il est utile de bousculer de temps en temps les règles du « diplomatiquement correct » lorsqu’il s’agit de faire passer un message. Refuser de recevoir celui qui proclame qu’il veut la destruction d’Israël serait un signe fort qui aurait au moins le mérite de dire au monde que la France condamne l’aventurisme des ayatollahs sans ambiguïté, même si elle a de gros intérêts économiques en Iran. Un geste certainement plus efficace que des sanctions économiques qui ne touchent que les populations civiles.

Et qu’on ne nous dise pas qu’Ahmadinejad a été régulièrement élu par son peuple. Hitler aussi. Fallait-il pour autant aller à Munich ?

07 novembre 2006

Paul plie le PLU

Deux semaines après le remarquable séminaire sur la démocratie participative, les militants socialistes, communistes, verts et alternatifs de Nice plurielle se retrouvent au CLAJ pour préparer un Conseil municipal particulièrement important puisqu’il y sera question et du DOB (débat d’orientation budgétaire) et du PLU (plan local d’urbanisme), et donc de l’avenir à court, moyen et long terme de notre cité.

Le DOB est le document explicatif censé éclairer les choix politiques qui arbitreront le budget 2007 (discussion prévue en décembre). Le PLU est le document de planification urbaine qui remplacera le POS dans quelques mois.

La présentation du DOB, c’est un peu l’équipe Peyrat au pays des Merveilles. En fait, la réalité est beaucoup moins poétique et je préviens les copains qu’une fois de plus, vendredi 10, je dénoncerai un document insincère (quid par exemple de la CANCA financée par les contribuables niçois ?) qui masque une gestion courante coûteuse et clientéliste (les « affaires » sont là pour nous le rappeler) et un recours à l’emprunt qui s’avèrera de plus en plus difficile à supporter pour la Ville au fur et à mesure que les grands travaux devront être payés. C’est-à-dire à un moment où Jacques Peyrat sera probablement en retraite.

Mais la star du prochain Conseil municipal s’est incontestablement le projet de PLU. Pédagogue, comme il sait l’être sur les sujets qu’il connaît bien, Paul Cuturello dissèque devant nous un document, rappelant sa genèse (il a suivi toute la phase préparatoire avec Simone Monticelli), relevant, presque avec gourmandise, les incohérences, les oublis, les contradictions.

Incohérences, quand on sait que le PLU va être arrêté avant le SCOT (schéma de cohérence territoriale) qui, lui, fera un travail de planification de l’agglo.

Oublis, quand on s’aperçoit que la question du logement, priorité des priorités, est réduite à la portion congrue. Celle des déplacements aussi.

Contradictions, quand on envisage un avenir municipal à la Plaine du Var (pas celui de Nice plurielle…) tout en se félicitant que celle-ci vienne d’être proclamée territoire à « enjeu national ».

Mais le plus affligeant est que ce document n’offre aucune perspective d’ensemble, aucune vision de l’avenir de notre cité.

La démonstration est impeccable, le réquisitoire sans appel. N’en doutons pas, Paul renouvellera sa performance vendredi au Conseil municipal pour expliquer le vote négatif de Nice plurielle à ce projet de PLU passif et sans imagination.

05 novembre 2006

Clint et Woody



Quelques jours en terre catalane nous permettent en général de mettre à jour notre actualité cinématographique (Good night and good luck).

Ainsi, ces derniers jours, nous avons pu vérifier – entre autres – la bonne forme des sexagénaires Clint Eastwood et Woody Allen. Il est vrai qu’il est difficile d’être déçu par ces deux-là car il ne s’agit pas, pour eux, de réaliser une succession de films mais bien de construire une œuvre qui nous ouvre les portes d’un monde à la fois personnel et universel. Universel parce que personnel.

Mémoires de nos pères (Clint Eastwood)

La photo montrant six marines hissant la bannière étoilée au sommet de la falaise qui domine l’île d’Iwo Jima, dans le Pacifique, a fait le tour du monde. Clint, dans la grande tradition du cinéma humaniste hollywoodien, nous propose d’aller voir au delà et en deçà de la photo et même du cliché, au sens littéral.

C’est ainsi que nous découvrons que les héros du Pacifique sont fatigués. Ils participent à reculons à la grande tournée de propagande organisée en leur honneur. Ils ont fait la guerre car ils y étaient contraints et se sont contentés de survivre. Leur énergie patriotique s’est limitée à aider leurs copains victimes de la même tragédie. Point final.

Et nous partageons avec Clint une immense tendresse pour ces gamins qui n’ont pas eu le temps d’être jeunes car l’Histoire en avait décidé autrement.


Scoop (Woody Allen)

Pour la deuxième fois consécutive, Woody Allen s’éloigne de son cher Manhattan pour explorer la vieille Angleterre. Cela donne « Scoop », une comédie policière, hitchcockienne en diable, avec un vrai-faux-vrai méchant (à moins que ce ne soit un faux-vrai-faux… suspense oblige). Mais ne comptez pas sur Woody Allen pour filmer « à la manière de ». C’est ainsi que maître Alfred est revisité avec cette touche de fantastique artisanal et poétique qui et devenue une des caractéristiques de l’univers allenien depuis « La rose pourpre du Caire ».

Et que ce soit en magicien fatigué ou en conducteur de Smart halluciné, quel plaisir de retrouver Woody Allen acteur…


A voir aussi :

The Queen (Stephen Frears), une plongée fascinante dans le monde impitoyable de Buckingham. La reine (Helen Miren, prix d’interprétation à Venise), stoïque puis pragmatique essuie la tempête médiatique déclenchée par la mort de Lady Di. A un moment, nous avons l’impression que les médias organisent, influencent, orchestrent la fameuse démocratie d’opinion et l’on ne peut s’empêcher d’avoir de la sympathie pour cette femme d’un autre monde, d’une autre époque.

Petit cocorico : sur le même thème, le cinéma français avait un an d’avance ave l’honorable "Palais royal" de Valérie Lemercier. Il est vrai qu’il est plus facile d’être caustique et courageux en parlant de la famille royale d’Angleterre que de la guerre d’Algérie…

Ô Jérusalem (Elie Chouraqui) raconte la création d’Israël et la première guerre israélo-arabe à travers quelques destins individuels. Le film a donc les qualités (dramatiques) et les défauts (historiques) de ce type de parti pris. Au final, reste un film pédagogique et assez équilibré.

Une occasion aussi de constater la faiblesse du fait religieux à l’origine du conflit. En 1948, on voit surtout des Juifs cherchant à se fixer après la Shoah et des Arabes nationalistes qui défendent leur terre. A un moment où les gouvernements israéliens sont souvent les otages des partis religieux et où les islamistes dirigent l’Autorité palestinienne, on se dit que la donne a bien changé.

Prête-moi ta main (Eric Lartigau) : un scénario un peu bancal au service d’une histoire peu crédible, mais le duo Alain Chabat – Charlotte Gainsbourg forme un joli couple de comédie à l’américaine. Improbable, comme il se doit.

03 novembre 2006

La Catalogne est loin des Balkans

De passage dans le nord de la Catalogne espagnole, plus précisément Cadaquès, le village de Salvador Dali, nous avons la surprise, en ce jour de Toussaint, de nous retrouver en pleine joute électorale, affiches et bannières sont là pour nous le rappeler.

A la suite de dissensions dans la majorité de gauche, des élections étaient organisées pour clarifier la situation et élire un nouveau Parlement régional. Il s’agissait donc de choisir, principalement entre les deux forces dominantes de la Generalitat : le PSC (le parti des socialistes locaux) et la CIU (nationaliste modéré, de centre droit). Heureuse région où la droite locale est réduite à la portion congrue (10%) ! En fait, la journée s’achèvera sur… un quasi match nul.

Mais quelle que soit la solution retenue (renouvellement de la majorité sortante ou grande coalition), la Catalogne restera fidèle à la voie qu’elle s’est choisie à la fin du franquisme : l’autonomie maîtrisée au sein de l’Etat espagnol membre à part entière de l’Union Européenne. Région puissante avec un budget supérieur à ceux de l’Ukraine, du Chili ou de la Croatie, la Catalogne, loin du drame basque a fait, malgré un nationalisme vivace attisé par la guerre civile, le choix de la sagesse. Les Catalans cultivent leur différence, protègent leur culture, organisent un certain protectionnisme économique, sans pour autant revendiquer une indépendance de plus.

C’est qu’une indépendance de plus est souvent une chance de moins pour la paix : on peut le vérifier tous les jours dans les Balkans. En effet, dans cette région du monde, l’Europe assiste, impuissante, à la multiplication d’Etats confettis (hier le Montenegro, aujourd’hui le Kosovo), qui aggrave les difficultés du présent tout en cristallisant les drames du passé. Puisse un jour cette région de l’Europe s’inspirer de l’exemple catalan et de Barcelone, la cité des prodiges, capitale de l’autonomie maîtrisée.

Так ! Ющенко

Un début de réponse inattendu et réconfortant à nos interrogations estivales : le Président Iouchtchtenko a soumis au Parlement ukrainien un projet de loi reconnaissant la grande famine des années 1932-1933 qui a fait des millions de morts comme un génocide organisé par l’URSS contre la nation ukrainienne. C’est une bonne nouvelle : à chaque fois que la vérité s’impose, l’humanité progresse.

01 novembre 2006

Un autre monde avec Lula

La victoire, la très large victoire de Lula au Brésil est une bonne nouvelle pour tous ceux qui pensent que la construction d'un monde nouveau ne passe plus par Porto Allegre et certainement pas par Caracas.

Plus par Porto Allegre : le mouvement altermondialiste est désormais dans une impasse. Si chez ceux qui veulent un autre monde l'imagination est souvent au pouvoir, le pouvoir est bien souvent loin de leur imagination. D'où l'absence de perspective politique réelle.

Pas par Caracas : après avoir suscité quelques espoirs, Chavez s'enfonce de plus en plus dans le national populisme et n'hésite pas à s'allier aux ayatollahs iraniens. Avec eux, assurément un autre monde est possible, mais il sera, au moins pour les laïques et les démocrates bien pire que l'actuel.

Au delà de cette impasse et de ces dérives, reste donc la voie social démocrate incarnée par Lula. Un Lula qui peut faire du Brésil une puissance régionale susceptible d'entraîner l'ensemble du sous continent sur la voie d'une plus grande justice, tout en contribuant à multilatéraliser la conduite des affaires du monde.

Celui qui a dit : " Je gouverne pour tous, mais les pauvres ont ma préférence", a compris qu'au delà de la justice sociale il fallait aussi régler le problème de la pauvreté pour des raisons économiques. En effet, dans les pays à forte inégalités sociales, la misère n'est pas seulement un scandale, elle est aussi un frein à la croissance.

Laissons donc travailler Lula.

Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, saluons aussi la victoire du pro européen Gueorgui Parvanov en Bulgarie, qui a littéralement atomisé le candidat de l'extrême droite en réunissant près de 75% des suffrages. En renforçant l'Europe, là aussi on donne ses chances à un véritable multilatéralisme.