28 septembre 2008

5.12 Fontaine du Temple


Reprenant l’idée de la conseillère générale du 7e canton d’une exploration systématique du canton par blog interposé, je me suis fixé comme règle d’opérer, non pas comme Dominique, par coups de cœur, mais, plus prosaïquement par zones géographiques délimitées par les bureaux de vote. On peut me reprocher la sècheresse d’une telle démarche, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Je soutiens que les découpages électoraux peuvent être très poétiques. Il y a quelques années, en « redécoupant » la 3e circonscription des Alpes-Maritimes en forme d’hippocampe, Charles Pasqua a, par exemple, produit un bien beau cadavre exquis…

Mon exploration commence aujourd’hui avec le 5.12 (5e canton, 12e bureau) dont le petit nom est « Fontaine du Temple ». En fait, nouvelle licence poétique, la zone géographique du bureau n’a rien à voir avec la place du même nom, même si elle est tout proche. Le territoire du bureau « Fontaine du Temple » se situe en fait au sud du stade du Ray dans un quartier qui est celui des écrivains (rue Paul Bourget, rue Alphonse Daudet, avenue Guy de Maupassant, avenue Edmond Rostand) et des militaires (rue Colonel Driant, rue Général Laperrine). L’avenue des Sources, quant à elle, rappelle l’abondance de l’eau vive dans les entrailles du quartier.

L’endroit est calme et ignore l’agitation des deux axes qui en constituent les frontières est et ouest (l’avenue du Ray et le boulevard Gorbella). Un quartier de villas à frises, de petits immeubles résidentiels et de jardins fleuris, très fleuris. Un quartier tout en montées (parfois par escaliers) et en descentes, qui exige du promeneur une bonne condition physique.

A l’égal de Rome, le 5.12 a sa villa Médicis (sans Frédéric Mitterrand…). Il a surtout sur son territoire l’insolite Temple antoiniste qui appartient à un mouvement religieux présent essentiellement en France et en Belgique. Le culte antoiniste – du nom de son créateur, Louis Antoine, ouvrier belge plus ou moins guérisseur grâce à ses talents médiumniques – fait une large place à la prière et est assuré par des bénévoles qui portent un costume noir. L’antoinisme prône le libre-arbitre, la tolérance (on peut pratiquer en parallèle une autre religion) et la solidarité. Mais, avant de vous précipiter au Temple de l’avenue de l’Assomption, sachez quand même que l’antoinisme a été épinglé par l’Observatoire des sectes comme étant une « secte guérisseuse ».

Quoi qu’il en soit, une promenade dans ce petit périmètre protégé, au milieu des arbres fleuris (même en automne !) et des villas niçoises ne peut être que charmante, même si un plan de circulation quelque peu désordonné, avec ses doubles sens intempestifs, peut troubler le calme ambiant à certaines heures. Le conseiller général a bien essayé de mettre un peu d’ordre dans tout cela, mais les riverains sont bien divisés…

Et, au détour de l’avenue Georges Bizet ou de la rue Cappati, vous aurez peut-être la chance de rencontrer un des trois colistiers de Nice Autrement qui habitent le secteur : Albert Davy, Jean Montoya ou Samuel Alié.

25 septembre 2008

Le Congrès de François et d’Olivier



Nous l’avions prévu : aucun Chat botté n’a miraculeusement surgi et, du coup, Blanche Neige et les sept nains ont accouché de six motions. Si on retire celles qui ont le statut de caution démocratique, c’est un quatre majeur qui va donc s’affronter jusqu’à Reims.

Revue d’effectifs.

La motion Delanoé
A l’image de son supporter numéro 1, François Hollande, ce sera celle de la continuité. Il s’agit de maintenir plus ou moins intact l’appareil au service d’une ambition. Cette ambition, c’est celle de Bertrand Delanoé, habile maire de Paris, mais prétendant sans expérience d’Etat. Sur le fond, le conservatisme domine et pas de véritable projet susceptible de susciter l’enthousiasme (union de la gauche for ever, surtout pas de primaires véritables…). Delanoé rêve de devenir un nouveau Jospin, il risque d’être un second Hollande.

La motion Royal
Pour quelqu’un qui veut contourner le Parti, s’allier avec ceux – les grands barons – qui veulent le balkaniser n’est pas illogique… à condition de tenir les rênes de l’attelage ! Ce qui est loin d’être le cas. De toute façon, il ne suffit pas de vouloir changer le Parti avec la foi d’une télé évangéliste, il faut encore savoir pourquoi. Malgré quelques propositions novatrices (alliances au-delà de la gauche classique, primaires ouvertes…), on cherche là aussi un véritable projet. Et puis Ségolène Royal est-elle présidentiable ? L’a-t-elle été un jour ?

La motion Aubry
Martine soutenue par Fabius et DSK, c’est incontestablement la motion des présidentiables. Est-elle celle de la cohérence ? Il est permis d’en douter. L’alliance de la fille de Delors et du leader du Non mérite une vraie clarification idéologique. Cela dit, Martine Aubry a une vraie expérience d’Etat et n’est pas sans qualités, même si on peut avoir quelques doutes sur son attachement à la laïcité.

La motion Hamon
Que la gauche du Parti, généralement critique vis-à-vis de l’appareil, se choisisse comme leader un apparatchik qui a découvert sa vocation dans son bol de blédine, un stratège de couloir incapable de se faire élire dans une circonscription, me laisse pantois. En fait, la gauche du Parti (qui compte pourtant de vrais talents, comme Marie-Noëlle Lienemann, par exemple) gère son fonds de commerce. Il s’agit de faire le catalogue des promesses non tenues par le PS depuis dix ans et d’attendre son contingent de places, d’investitures et, peut-être un jour, de portefeuilles ministériels.

En fait, une fois de plus, l’appareil apparaît pour ce qu’il est : une magnifique machine à broyer les talents. Ainsi, après Arnaud Montebourg, réduit, après des débuts prometteurs, à un rôle de danseur de tango argentin, c’est au tour de Moscovici, le plus brillant de sa génération, d’aller à Canossa en perdant toute crédibilité.

Tout cela est bien triste quand on est persuadé que la gauche et, plus généralement, la démocratie française ne peuvent se passer d’un grand parti socialiste. Il est affligeant de voir que Sarkozy, pourtant à la ramasse dans tous les sondages, battrait aujourd’hui quasiment à coup sûr n’importe quel candidat socialiste.

Au final, le Congrès de Reims, quel que soit son résultat, ne sera pas celui de Martine, de Bertrand ou de Ségolène, mais plutôt celui de François (Bayrou) et Olivier (Besancenot), qui ont toutes les raisons de se réjouir de voir un PS ainsi paralysé… et un DSK aussi occupé.

23 septembre 2008

Celui qui a vu les deux faces de l'Ararat

Face nord du Mont Ararat, février 2007, photo DBM


« Celui qui a vu les deux faces de l’Ararat » : c’est par cette phrase un peu mystérieuse que l’organisateur de la soirée d’anniversaire de l’indépendance de la République d’Arménie m’a présenté à l’assistance samedi soir, au complexe Barsamian, sur les hauteurs de la Madeleine.

Explication.

En 2003, j’ai eu la chance d’approcher la Mont Ararat, symbole de l’identité arménienne par la face sud, en traversant l’immense plateau de l’actuel Kurdistan turc qui est en fait le berceau de cette Arménie du Sud rayé des cartes de la région par le génocide.

En 2004 et 2006, par deux fois, c’est la face nord de l’Ararat que j’ai pu apercevoir, couronnée de nuages d’altitude, depuis la route qui traverse le sud de la République d’Arménie.

Or, si les Arméniens de Nice ont souvent fait le pèlerinage de l’Ararat en prolongeant une visite à Erevan, ils n’ont généralement pas pu (et parfois pas voulu) accéder au mont symbole par la Turquie pour des questions d’autorisation et de visa (en 2003, notre délégation arméno-turque, avec Hrant Dink, était placée sous la « protection » de l’armée d’Ankara.

Du coup, face à mes compatriotes d’origine arménienne, j’ai une certaine mauvaise conscience, ayant le sentiment d’avoir bénéficié d’un privilège qui leur revenait de ddroit…

Cela dit, cette année, la soirée est avant tout l’occasion de commenter l’incroyable, à savoir la visite du Président turc Gül à son homologue arménien, Sarkissian. Le tuteur russe étant fort occupé en Géorgie voisine, le Président Sarkissian a joué la carte de l’ouveture en acceptant sans conditions le geste historique d’Abdullah Gül.

Bien sûr, la reconnaissance du génocide arménien est loin d’être résolue. Bien sûr, la question de la fermeture des frontières communes n’a pas à ce jour évolué. Bien sûr, le conflit avec l’Azerbaïdjan reste au point mort.

Mais quand même, on ne peut s’empêcher de rêver. De rêver, par exemple à un monde où, quel que soit son nom, ses origines, son histoire, on pourrait admirer les deux faces de l’Ararat…

21 septembre 2008

La démocratie rattrapée par les cheveux

Ce dimanche ont eu lieu les élections sénatoriales dans les Alpes-Maritimes.

Ayant participé comme élu régional à celles de 1989 et comme élu départemental à celles de 1998, je ne suis pas surpris : la déco est toujours la même (le CADAM), l’environnement aussi. Sur le parvis de « l’Authion », on retrouve en effet tout ce que le département compte comme élus, VIP autoproclamés, société civile revendiquée, observateurs autorisés… Seule la population est absente de ce qui constitue quand même l’élection de la deuxième assemblée parlementaire du pays.

Deux changements cette année : nous devons procéder à l’élection non pas de quatre mais de cinq sénateurs et, la population du département ayant franchi le seuil fatidique du million, c’est à la proportionnelle que le vote s’effectue.

D’où, comme on dit, un bon coup à jouer pour la gauche et, de fait, la volonté de nombreux militants et élus de gauche – dont j’étais – de promouvoir une liste de rassemblement avec une personnalité d’ouverture, en l’occurrence André Aschieri.

Une fin de non-recevoir ayant été opposée à cette initiative, il ne restait plus qu’à prier – pour les croyants – ou à invoquer les génies malicieux de la proportionnelle – pour les autres.

Et ce qui ne devait pas arriver avec trois listes de gauche arriva : Marc Daunis, placé en troisième position avec le score pourtant modeste de 14,21%, se glisse dans un trou de souris et parvient à être élu.

Ce résultat est effectivement dû à un concours de circonstances heureux (le score exceptionnel de la liste de droite Vestri, l’effritement de la troisième liste de droite Laffitte) qui me rappelle la scène de la pièce de monnaie dans le film de Woody Allen « Match point »… Mais il ne serait pas juste d’oublier les mérites personnels de Marc Daunis qui, grâce à son action reconnue comme maire de Valbonne, n’a pas trop souffert de l’image détestable de la Fédération du PS.

Même gagné « à l’arrache », ce siège fait du bien à la démocratie dans les Alpes-Maritimes, en brisant le monopole de la représentation parlementaire de la droite. Mais je persiste et signe : le rassemblement de la gauche était une solution beaucoup moins risquée (l’élection était acquise quel que soit le cas de figure) et, politiquement, beaucoup plus porteuse.

Avec les 6,49% du PC et les 1,06% des Vers, la liste serait largement arrivée en deuxième position et non en troisième. L’histoire se répète : aux Municipales de Nice, la liste de gauche, faute d’avoir su réunir l’ensemble des forces démocratiques de la ville, était également arrivée troisième derrière le candidat UMP (Estrosi) et le dissident UMP (Peyrat). Pour jouer un rôle important dans ce département, la gauche, derrière l’équipe A de la droite, a au moins besoin d’être devant l’équipe B, ce qui est loin d’être le cas.

Quoi qu’il en soit, ne boudons pas notre plaisir et, au-delà de Marc Daunis, saluons les élus de la ville de Valbonne, comme Ghislaine Toulemonde ou Christophe Etoré par exemple, qui ont su mettre leur leader sur orbite pour le plus grand bien de la gauche et de la démocratie dans ce département.

LES RESULTATS

Inscrits : 1813
Votants : 1805
Exprimés : 1787

- Liste officielle UMP : 858 voix (48,01%)
3 élus : Jean-Pierre Leleux (maire de Grasse, conseiller général), Colette Giudicelli (première adjointe à Menton, conseillère générale) et Louis Nègre (maire de Cagnes-sur-Mer, conseiller général)
- Liste dissidente UMP : 328 voix (18,35%)
1 élu : René Vestri (maire de Saint-Jean-Cap-Ferrat, conseiller général)
- Liste PS : 254 voix (14,21%)
1 élu : Marc Daunis (maire de Valbonne, conseiller régional)
- Liste Laffitte DVD : 164 voix (9,18%)
0 élu
- Liste PC : 116 voix (6,49%)
0 élu
- Liste Modem : 33 voix (1,85%)
0 élu
- Liste Verts : 19 voix (1,06%)
0 élu
- Liste FN : 15 voix (0,84%)
0 élu

19 septembre 2008

La rentrée politique…

A l’extérieur le soleil tape toujours aussi fort même si l’air est déjà moins chaud, à l’intérieur une caméra, quelques stylos, des questions : on appelle cela je crois une rentrée politique…

Cette interview a été réalisée par Web TV Nice et Nice premium le mercredi 17 septembre 2008.

Vous pouvez la voir sur le site de Web TV Nice

17 septembre 2008

Mississipi blues

Photo DBM


Pendant un voyage il y a des séquences,des scènes qui instantanément se dissolvent dans le maelstrom de sensations et d’images qui s’emballe jour après jour.

Ces moments-là ressurgissent parfois, plus tard, quelques semaines ou quelques mois après. Et, sans savoir vraiment pourquoi, ils ne vous quittent plus et font à tout jamais partie de votre univers intime.

C’était à Natchez en début de soirée.

L’air est immobile et tiède. Lentement le soleil se couche sur le Mississipi, jouant avec les nuages de brume légère.

Le fleuve immensément large est paisible. L’eau zébrée de petits courants inoffensifs est rosée. Au loin une barge gigantesque glisse en silence. En amont se découpe la silhouette métallique et surannée d’un de ces ponts si caractéristiques de la région.

Le disque rouge du soleil s’enfonce petit à petit dans l’horizon ouaté. La nuit s’installe. C’est fini : dix minutes tout au plus… une éternité !

Photo DBM

14 septembre 2008

patrickmottard.blogspot.com : 500e

Lorsqu'en janvier 2006, à l'initiative de mon étudiante Laurène, j'ouvre ce blog dans le cadre d’une étude universitaire, je suis loin d'imaginer qu'à l'automne 2008, je serai en train de rédiger mon 500e post (ou billet).

En fait, cet exercice à peu près trihebdomadaire s'est immiscé au milieu de mes autres activités, sans jamais prendre la forme d'une charge ou d'une contrainte. Je n'ai jamais écrit pour écrire et le plaisir était toujours au rendez-vous.

La formule n'a pas changé pendant ces trente-trois mois : un texte relativement court et une illustration clin d'œil. J’utilise peu la vidéo ou la photo, en me concentrant sur l’écrit. C’est un choix.

Par contre, il m’arrive de publier des séries chronologiques de posts sous forme de quasi-reportages. Ce fut le cas, par exemple, pour le Festival de Cannes en 2006, 2007 (9 posts chacun) et 2008 (8 posts). C’est également le cas pour les voyages : Maroc, décembre 2006 (4 posts), Arménie, décembre 2006 (4 posts), Ukraine-Crimée, août 2006 (8 posts), USA, août 2008 (7 posts). Plus exceptionnellement, il y a eu parfois des séries non chronologiques comme « C’est du brutal » (4 posts), sur les dialogues de Michel Audiard, ou « HBO attitude » (3 posts) à propos des séries de la chaîne à péage américaine.

Ce blog est aussi et peut-être avant tout un moyen d'expression pour l'acteur de la vie politique locale que je suis. A ce titre, il me permet de réagir pratiquement en live à l'actualité et de faire partager mes activités au sein des assemblées territoriales. Ayant réussi à fidéliser la presse et un public toujours plus nombreux, j'avoue que, comme élu, je ne pourrais plus me passer de ce moyen de communication. D'ailleurs, depuis avril 2007, bonheur supplémentaire, c’est en complémentarité familiale et politique avec le blog boymottard.wordpress.com (déjà 144 posts !) que je fonctionne.

Avant de mettre le cap sur les 1000 posts (aux alentours d’août 2011 selon toute vraisemblance…), je vous propose, en guise de best off un petit top ten sentimental et aléatoire :

- Michèle Mangion (février 2006)
- Raymond et Sami (mars 2006)
- J’avais 7 ans lorsque j’ai été excisée (octobre 2006)
- Hrant Dink (janvier 2007)
- Porte-toi bien (avril 2007)
- Cithare à l’Alphabet (avril 2007)
- Cruzille (juillet 2007)
- Les 69 coups de cœur de Nice Autrement (mars 2008)
- J’accuse (mars 2008) et ses quatre-vingt-neuf commentaires…
- America America (avril 2008).

Bien sûr, un autre choix est possible : un blog n'appartient pas qu'à son auteur...

Ce matin, Gauche Autrement participait à un mini aquathlon à Nice. Pour un compte-rendu voir le blog de Dominique.

10 septembre 2008

Les fossoyeurs et le rayon de soleil

La Direction nationale du PS a tranché : il n’y aura pas de liste de rassemblement de la gauche conduite par André Aschieri pour les Sénatoriales dans les Alpes-Maritimes.

C’est qu’à Solferino on raisonne comme à Biscarra : pas de vagues en période de congrès, il ne faut fâcher personne en interne même si c’est au détriment de la gauche et de ses valeurs. Du coup, les apparatchiks n’hésitent pas à se transformer en fossoyeurs de la gauche.

Pour les sympathisants ou électeurs socialistes rencontrés au hasard d’un déplacement dans les quartiers est de la ville, c’est la tristesse qui domine. La tristesse et la colère. Mais jusqu’où iront-ils ?

Heureusement, petit rayon de soleil dans l’eau froide, le prochain Conseil municipal marquera pour moi positivement la fin d’un combat personnel de sept années pour rétablir la cérémonie du parrainage civil (ou baptême républicain) en mairie de Nice.

Obligé de « m’exiler » par deux fois à Contes (voir Cléo de 5 à 6 et Arthur le républicain), j’ai, au cours de ces années, interpellé de nombreuses fois Jacques Peyrat en Conseil municipal avant de faire la même chose avec Christian Estrosi au mois de juillet (voir la fin du post "Arthur le républicain").

Modeste, ce combat était fortement symbolique, à un moment où la République est de plus en plus chahutée. L’avoir gagné démontre qu’un élu qui a des convictions n’est pas condamné à la politique politicienne.

07 septembre 2008

Le Congrès s'amuse

La perspective d’une candidature d’André Aschieri à la tête d’une liste de rassemblement de la gauche suscite enthousiasme et espoir. Dernier élu à soutenir cette initiative : Jean-Raymond Vinciguerra, spécialiste de l’environnement et conseiller général de Grasse sud, apparenté au groupe socialiste. L'apport de Jean-Raymond (voir son commentaire sous mon précédent billet, André Aschieri sénateur) est particulièrement important puisqu’il est complété par l’esquisse d’un projet de plate-forme programmatique pour notre département.

Seul le Premier secrétaire fédéral du PS semble traîner les pieds. Au lendemain de l’annonce de Gérard Piel, on lui doit même ce commentaire particulièrement politicien : « Je suis sensible au souci du PC de rassembler la gauche, à condition que ce ne soit pas une cause de division du parti socialiste principale force de gauche du département ». Traduction : « La candidature d’Aschieri est bonne pour rassembler la gauche, mais nous sommes en période de congrès et je ne veux fâcher personne si je tiens à être réélu Premier secrétaire fédéral… »

Une fois de plus, les stratégies internes et le poids de l’appareil l’emportent sur l’intérêt général de la gauche et donc de nos populations.

Fait significatif : au lieu de réunir en urgence les instances du PS 06 pour discuter de la situation actuelle, les principaux responsables locaux ont préféré participer à une réunion de tendance « préparant » le prochain congrès.

On le voit, de La Rochelle à Biscarra, le Congrès s’amuse. Espérons toutefois que la raison finira quand même par l’emporter car Biscarra ne peut se permettre, après le fiasco des Municipales et l’éclatement de la représentation de la liste Changer d’ère à propos du vote sur la Communauté urbaine, de programmer un autre désastre.

05 septembre 2008

André Aschieri sénateur

Depuis 2002, la droite a le monopole de la représentation parlementaire dans les Alpes-Maritimes. Les élections sénatoriales à la proportionnelle peuvent être l’occasion d’écorner quelque peu ce monopole. Hélas ! la gauche se présente désunie, ce qui lui enlève à peu près toute chance d’avoir un élu.

C’est pour cela, qu’avec Dominique, nous soutenons sans réserve la proposition du conseiller régional communiste Gérard Piel. Proposition qui consiste à présenter André Aschieri, maire de Mouans-Sartoux, à la tête d’une liste de large rassemblement.

André est un maire remarquable, la gestion de sa commune est souvent montrée en exemple, et il fut un député de qualité qui a accompli un travail législatif considérable, notamment en matière d’environnement. Politiquement, même s’il est solidement ancré à gauche, il ne fait partie d’aucune formation politique et sa réputation d’indépendance est forte : un atout pour séduire des électeurs qui sont souvent, avant tout, des élus locaux.

Il réunit donc toutes les qualités pour permettre aux Alpes-Maritimes d’avoir à nouveau un parlementaire de gauche. Il serait dommage (doux euphémisme) que la direction locale du PS ne saisisse pas une telle opportunité.

Si la sagesse l’emporte, c’est avec enthousiasme que les grands électeurs de « Gauche Autrement » apporteront leurs suffrages à André.

Et c’est pour cela que nous faisons appel à tous les démocrates pour qu’ils manifestent leur soutien à cette initiative, que ce soit par l’intermédiaire de ce blog ou par tout autre moyen approprié.

04 septembre 2008

Blanche Neige et les sept nains...



« Aimez-vous les uns les autres ou disparaissez » : c’est après cette imprécation que Blanche Neige quitta l’Université d’été des socialistes, laissant le champ libre aux nains dont on n’est pas très sûr qu’ils n’étaient que sept, mais dont on est certain qu’ils étaient tous grincheux.

Le moins que l’on puisse dire, en effet, est qu’il n’y a pas grand-chose à retenir de cette pantalonnade digne de feu « Au théâtre ce soir ». Il et vrai – Moscovici dixit – qu’en parallèle, les débats animés par les militants étaient de grande qualité. Mais leur a-t-on dit que ces débats ne servent à rien ?

Le PS, on le sait depuis 2002, ne pourrait être crédible comme force d’alternance (et non de remplacement) qu’en étant rassemblé autour d’une personnalité capable de créer une dynamique, d’incarner un projet, tout en assumant l’indispensable aggiornamiento idéologique que les socialistes français ont tant de mal à prononcer.

Or, depuis la primaire qui a évincé DSK et Fabius, deux authentiques hommes d’Etat, on ne voit rien venir. Seule, peut-être, Martine Aubry a l’épaisseur politique et le CV ministériel pour endosser ces habits-là. Mais elle manque singulièrement de charisme et de troupes. Sans parler de ses positions inquiétantes en matière de laïcité quand, par exemple, elle autorise les piscines réservées aux femmes dans sa ville.

A moins qu’un Chat Botté socialiste ne surgisse miraculeusement d’ici le Congrès de Reims, on voit mal comment les deux mâchoires du piège électoral (Bayrou et Besancenot of course) pourraient ne pas se refermer sur ce qui a été, il n’y a pas si longtemps, le parti de François Mitterrand,Michel Rocard, Jacques Delors et Lionel Jospin.

01 septembre 2008

A propos de la Géorgie...

Dessin de Willem, Libération, 01/09/2008


Poutine et le gouvernement russe sont en train de réussir là où Milosevic a partiellement échoué. Le communiste ripoliné en nationaliste voulait la Grande Serbie, l’ex-KGB devenu Premier Ministre par intérim rassemble sous contrôle russe les régions de l’ex-empire soviétique ayant une majorité russophone ou une ethnie russophile.

Certes, à propos de la crise actuelle dans le Sud Caucase, on peut soupçonner les Américains et « Doubleyou » de visées pétrolières (encore que s’efforcer de trouver une voie d’approvisionnement qui s’affranchisse de Téhéran et de Moscou me rassurerait plutôt… Pas vous ?), mais la réalité est là, implacable : ce qui se passe en Géorgie ces dernières semaines n’est ni plus ni moins qu’une déclinaison de la jurisprudence des Sudètes. Essayons au moins d’éviter Munich (n’est-ce pas Daladier-Sarkozy… ?).

Une telle politique expansionniste est insoutenable. Sur le plan humain, elle s’accompagne immanquablement de cette saloperie intégrale qu’est le nettoyage ethnique (si contagieux qu’après avoir été l’arme des bourreaux, il devient, un jour ou l’autre, celle des victimes. Souvenons-nous des Serbes de Krajina).

Cette politique est également d’une dangerosité extrême puisqu’elle met en péril l’équilibre du monde, en générant une chaîne ininterrompue de conflits. Quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites. Aujourd’hui la Géorgie, demain la Moldavie avec la Transnistrie (voir « Timisoara, ville ouverte »), la Biélorussie et surtout l’Ukraine avec, au nord du Dniepr, la moitié russophone du pays ainsi que la Crimée (voir « La prise de Sébastopol »).

Et à terme, par un effet de contagion, ce sont tous les Etats multinationaux de l’est du continent qui peuvent être menacés. Notons au passage le cynisme des arguments du gouvernement russe : les principes qui soutiennent sa politique ne sont pas à priori réversibles, les Tchétchènes en savent quelque chose…

Cela dit, la gestion des minorités, héritage du machiavélisme stalinien, est un vrai problème. Les nationalistes géorgiens ou croates ne sont pas intrinsèquement meilleurs que les nationalistes russes ou serbes : ils sont simplement du bon côté de l’Histoire. C’est pour cela qu’il faut régler ces questions sans manichéisme.

Mais si une minorité est brimée voire niée dans le cadre d’un Etat national, il existe bien d’autres remèdes que la guerre impérialiste ou le nettoyage ethnique. J’en veux pour preuve ce qui s’est passé dans les pays baltes. En Estonie et en Lettonie (la Lituanie est moins concernée ave l’enclave de Kaliningrad) vivent de fortes minorités russophones (jusqu’à 40 % de la population). Après l’indépendance qui a suivi la chute du Mur de Berlin, les nationalistes de ces pays voulaient humilier ceux qu’ils considéraient comme leurs anciens maîtres en les transformant en citoyens de seconde zone. Cette politique, là aussi, aurait pu être un prétexte justifiant l’intervention du puissant voisin. Or, c’est à ce moment-là que l’Union Européenne a proposé un deal : adhésion contre abandon des politiques anti-russophones. Grosso modo, c’est ce qui fut fait et, malgré quelques difficultés résiduelles (la récente affaire de la statue en Estonie), plus personne n’envisage vraiment que les minorités russes de ces pays fassent appel au grand frère russe.

Dans le cas précis de la Géorgie, il faut aider les minorités non géorgiennes à trouver toute leur place dans le pays aux frontières reconnues et ne pas les encourager à créer une poussière d’Etats confettis fantoches « ethniquement purs ». Et c’est à l’ensemble de la communauté internationale et pas à la seule Russie que ce rôle doit être dévolu.

Si la Russie a un incontestable statut de puissance régionale, elle ne doit pas oublier que ce rang lui impose certaines responsabilités. Au lieu de multiplier les aventures militaires, Poutine ferait mieux de mettre la puissance et le prestige de son pays au service de la paix, en facilitant, par exemple, la réconciliation de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan (voir « Mission au Haut Karabagh ») pour qu’à terme, ces deux pays puissent constituer, avec la Géorgie, une sorte de Marché Commun du Caucase Sud, gage de stabilité pour la communauté internationale et de prospérité pour les populations locales, Ossètes, Abkhazes et russophones compris.

Cela dit, dans cette région, rien n’est acquis, car la réalité est toujours beaucoup plus complexe qu’on ne le croit. Ainsi, me revient en mémoire une anecdote datant de la fin des années 70. Cet été-là, nous avions sillonné, entre Minsk et Kharkov, les routes de ce qui était encore l’Union soviétique. Et je me souviens encore de notre étonnement quand nous croisions des voitures (en nombre assez important) ayant sur leur pare-brise… un petit portrait de Staline. En fait, ces voitures étaient toutes immatriculées en Géorgie. A l’évidence, leurs propriétaires voulaient rendre hommage à joseph, l’enfant du pays. Un enfant du pays pas franchement acquis au principe des nationalités. Les Tatars de Crimée, par exemple, en savent quelque chose (voir « Ils ont oublié les Tatars »).

P.S. l’une des colistières de Nice Autrement est d’origine ossète par sa mère : savez-vous de qui il s’agit ?