31 mai 2009

5.11 – Stephen Liégeard

Les pins parasol de la Villa Arson

A près le 5.12 (Fontaine du Temple), le 5.03 (Vernier), le 5.02 (Joseph Garnier), le 5.13 (Gorbella), le 5.18 (Clément Ader) et le 5.01 (Dabray), le 5.04 (Clément Roassal), cap au nord-ouest, à la « frontière » du 11e canton avec le bureau 5.11 : Stephen Liégeard.

Ce sont deux avenues portant des noms de poètes qui structurent ce quartier proche de la colline Saint Barthélemy : l’avenue Stephen Liégeard, bien sûr, du nom de l’inventeur de l’appellation « Côte d’Azur », et l’avenue Frédéric Mistral, poète provençal et amoureux de Nice, « jardin de fées, terroir merveilleux… »

C’est d’ailleurs à la jonction de ces deux avenues que se tiennent, face à face, les deux grandes institutions de Nice Nord que sont l’IUFM et la Villa Arson.

Un IUFM au sort incertain (celui de Nice et ses congénères de France sont dans le collimateur du gouvernement) qui a formé des milliers de pédagos pour notre région.

Une Villa Arson, école nationale supérieure d’Art et résidence d’artistes qui, grâce à son nouveau responsable Eric Mangion n’est plus le bunker culturel de jadis. Expositions, manifestations culturelles diversifiées, mais aussi réunions de quartier, animent désormais ce lieu magique un peu hors du temps. Le parc de l’école est le poumon vert du quartier et, les jours d’orage et de grand vent, les hauts pins parasols et les sombres ifs vous font basculer dans l’atmosphère inquiétante de « Twin Peaks ».

En contrebas de l’avenue Frédéric Mistral, on trouve la modeste avenue Barès. Rien à voir avec l’auteur de « La colline inspirée » (Maurice Barrès). Il s’agit de Jean-Baptiste Barès, véritable ancêtre des adeptes du sms puisque, dans les années 20, il dirigeait un journal, « Réformiste », organe d’une association qui militait pour « l’ortograf » simplifiée… C’est dans cette avenue que réside Simone Monticelli qui fut, pendant sept ans, au sein de Nice Plurielle, une coéquipière très unitaire et – ce qui ne gâche rien – pleine de fantaisie.

A l’extrémité sud de Barès, à la jonction des 5e et 11e cantons, se trouvait, incongrue et discrète, l’éphémère permanence de Jean Hanot, candidat UMP malheureux contre Dominique en 2005… dans le 7e canton.

Encore plus au sud dans le quartier on prend l’avenue Claude Gimelle (créateur, au XIXe siècle, de la marqueterie niçoise). C’est au n° 4, à l’emplacement du restaurant « Le Berbère » que se trouvait un bar qui a hébergé, pendant tout mon premier mandat, le meilleur flipper du canton !

Le bureau de vote est complété par les rues Louis Branche, Fighiera Pasquier, Grasset-Rey et Henri Germain. En me promenant dans ces petites artères, je me souviens des batailles de titans (!) que le conseiller général a dû livrer contre la municipalité pour obtenir l’enlèvement d’une épave ou l’élagage d’une haie… Grandeur et servitude de l’élu de terrain.

Pour terminer, il ne me reste plus qu’à faire une halte sous les petits arbres du paisible square du Corps expéditionnaire d’Italie, en pensant à nos glorieux aînés, au cœur d’un quartier qui est probablement le plus vert et le plus fleuri de Nice Nord.

28 mai 2009

Bad trip à Malausséna


Patrick Allemand annonce en grande pompe dans le Nice-Matin de ce jour sa venue dans le quartier Malausséna. C’est certainement un événement exceptionnel : on imagine la foule en délire, le service d’ordre sur le qui-vive, les enfants des écoles agitant des petits drapeaux et la Miss du quartier rougissante offrant un bouquet de fleurs au héros du jour…

Sauf que… sauf que…

De méchantes langues pourraient dire qu’au lieu d’arpenter les rues d’un canton qui a toujours un élu de gauche, il aurait été mieux inspiré ces derniers temps de fréquenter plus assidûment celles du 12e canton afin d’éviter une défaite en rase campagne sur ces terres pourtant acquises au PS.

Mais ce n’est pas tout. Elles pourraient aussi rajouter, ces méchantes langues, que la présence de l’illustre vice président de la Région aurait été plus utile la veille. En effet, au même endroit, dans le jardin de la Villa Thiole en bordure de l’avenue Malausséna, il était rendu hommage à Jean Moulin à l’occasion du 66e anniversaire de la création du Conseil national de la résistance. Or, quand vint le moment de déposer la gerbe de la Région, on ne trouva ni vice président ni élu pour représenter Michel Vauzelle et accomplir ce geste symbolique.

Tournée post ou pré électorale (avec PA on ne sait jamais) ou hommage républicain : dis-moi quelles sont tes priorités et je te dirai qui tu es…

26 mai 2009

Essi

Tu t’appelais Essi,
tu avais 25 ans, des racines d’Afrique et de France,
tu étais mon étudiante à l’IUP de Sophia Antipolis…

La maladie t’ayant frappée il y a trois ans, je suis devenu pour toi une sorte de confident. Pendant ces années, tu m’as confié tes douleurs, tes peurs, tes espoirs… En pointillés, je devinais ton incroyable vitalité et tout l’amour qui t’entourait.

Douloureuse et ralentie, ta vie n’était pas triste. Il y eut le mariage de Naïma, là-bas, à Carros, le 17 octobre 2008, la soutenance de ton mémoire de licence et cette note exceptionnelle qui ne devait rien à la compassion, cette soirée de novembre à la Galerie Depardieu où nous avons fêté ensemble la victoire de Barack Obama sur les préjugés et l’Histoire…

Et aujourd’hui, sur la colline de Pasteur, la fin du chemin et toi dans nos cœurs.
Pour toujours.

25 mai 2009

Le ruban d’Isabelle


Dans la mesure où le jury présidé par Isabelle Huppert n’a pas adhéré à « la solution Almodovar » telle que je l’ai préconisée ici même, je ne pouvais rêver d’un meilleur palmarès pour ce Festival.

La Palme d’or au Ruban blanc (celui que l’on attache au bras des enfants turbulents pour leur rappeler leur obligation de pureté…) de Michael Haneke est un choix pertinent car je suis persuadé que ce très bon film deviendra avec le temps un film important.

Audiard et son Prophète sont un Grand prix évident. De même Christoph Waltz, le nazi doucereux et cruel de Tarentino, est un formidable prix du meilleur rôle masculin. Rien à dire non plus pour le prix de Charlotte Gainsbourg même si, pour les actrices, la concurrence était moins rude cette année. Une bonne idée d’offrir ex æquo le prix du jury à Andrea Arnold pour Fish tank et aux vampires de Park Chan-Wook.

Je suis par contre plus perplexe pour le prix du scénario et celui de la mise en scène, mais on ne va pas chipoter. Isabelle et ses compagnons ont bien travaillé.

En plus du palmarès et de la montée des marches avec Isabelle Adjani, plus que jamais impénétrable, nous avons eu droit à un hommage court mais intense à l’immense Alain Resnais. Quelle émotion de voir ainsi sur scène la silhouette fragile du vieil homme qui fut le réalisateur de cette fulgurance cinématographique qu’est Hiroshima mon amour !

Nous avons assisté ensuite au film de clôture, « Coco Chanel et Igor Stravinsky », une chronique bien classique de l’aventure amoureuse des deux susnommés. Le réalisateur, Jan Kounen, faisant partie du comité de lecture du Fond de soutien cinématographique du Conseil général 06, sa venue ici à Cannes me permet d’évoquer la présence très active de Pascal Gaymard et de sa collaboratrice Patricia Kayadjanian, les deux responsables de la petite cellule cinéma du département des Alpes-Maritimes. Leur stand, particulièrement fréquenté, fut l’occasion pour nous de faire plusieurs rencontres fructueuses. Comme quoi, l’élu n’est pas toujours très loin du festivalier…

Les photos de la remise des prix sur le blog de Dominique.

A l’année prochaine !
Cette dernière photo a été prise par Philippe Sanguinetti, un ancien étudiant devenu correspondant de la radio nationale… slovaque.

23 mai 2009

Ryu et David


Cannes : chronique n° 6

Dire que cette dernière journée de la sélection à Cannes fut contrastée est un doux euphémisme. Le premier film, de Tsai Ming Liang que nous avions pourtant apprécié en 1998 pour « The hole », était vain et prétentieux. Par contre, le second sera, grâce à l’histoire d’amour de la réalisatrice catalane Isabel Coixet, la plus belle émotion du festival.


« Visage », Tsai Ming Liang (Taiwan)

Un cinéaste chinois filme au Louvre l’histoire de Salomé. Mais l’annonce du décès de la mère de celui-ci va grandement perturber le tournage.

En réalité, le film se résume à une succession de clips qui exhibent de nombreux acteurs français (Jean-Pierre Léaud, Nathalie Baye, Jeanne Moreau, Laetitia Casta…) dont on peut se demander ce qu’ils viennent faire dans cete galère alors même que l’adoption du bouclier fiscal ne les obligeait pas à pareil sacrifice.

Beaucoup de spectateurs avaient quitté la salle avant la moitié du film. C’est dommage : ils ne sauront jamais avec quelle élégance Fanny Ardant peut croquer une pomme !


« Carte des sons de Tokyo », Isabel Coixet (Espagne)

David (Sergi Lopez, formidable comme d’habitude) vit à Tokyo depuis quelques années quand sa fiancée Midori se suicide. Fou de douleur, le père de cette dernière va engager une tueuse à gages, Ryu, pour éliminer celui qu’il considère comme étant le responsable de la mort de sa fille.

Rien ne se passera comme prévu car Rya va tomber amoureuse de David et oublier son contrat. De là va naître entre eux une relation à la sensualité brûlante. Nous ne sommes pas près d’oublier les rendez-vous passionnés des deux amants dans la curieuse et kitch chambre « Place des Vosges » du Love hôtel.

Mais le fantôme de la fiancée rode toujours et ira jusqu’à transformer l’amour si beau et si fort de Ryu en sacrifice…

Incontestablement, la plus belle histoire d’amour du cinéma depuis « In the moon for love ».


Vient maintenant le temps des pronostics.

Pour moi, ce festival d’un bon niveau n’a pas vu un film s’imposer nettement jusqu’à le rendre incontournable pour la Palme d’or. C’est pourquoi je reste partisan d’attribuer celle-ci à Pedro Almodovar pour « Etreintes brisées » mais surtout pour l’ensemble de son œuvre. J’ajoute que j’ai également apprécié « Le ruban blanc » (Michael Haneke), « Thirst, ceci est mon sang » (Park Chan-Wooh) … et le Coixet.

Pour Dominique, le tiercé est légèrement différent. Elle aimerait bien que la Palme aille à « Fish tank » (Andrea Arnold), à « Inglourious basterds » (Tarentino), ou à « Carte des sons de Tokyo ». Mais elle ne trouverait pas scandaleux qu’elle récompense « Un prophète » (Jacques Audiard) ou « Bright star » (Jane Campion).

22 mai 2009

Le village des damnés

Le ruban blanc


Cannes : chronique n° 5

Grâce au pont de l’Ascension, nous avons pu, malgré leur durée – pas toujours justifiée d’ailleurs – voir cinq longs métrages à l’amorce de la dernière ligne droite de ce 62e FIF. Cinq films d’intérêt inégal, qu’on en juge, chronologiquement.


« A l’origine », Xavier Giannoli, France

Un petit escroc se fait passer pour un chef de chantier en charge de la construction d’un tronçon d’autoroute. Petit à petit, c’est toute la région, Madame le maire à sa tête, qui se fait d’autant plus duper qu’elle est trop contente d’échapper au marasme économique. Et l’autoroute sera livrée dans les temps.

Xavier Giannoli, dont on avait apprécié, il y a deux ans, le charmant « Quand j’étais chanteur », a tourné ce film d’après une histoire vraie. Au cinéma, on devrait toujours se méfier des histoires vraies, ce sont celles qui paraissent les plus invraisemblables… C’est le cas ici : le spectateur a du mal à croire à cette belle histoire de rédemption d’un looser d’ailleurs pas tout à fait sympathique (François Cluzet, très sobre).


« Le ruban blanc », Michael Haneke (Autriche)

Dans un village protestant de l’Allemagne du nord à la veille de la Première Guerre Mondiale surviennent d’étranges événements : attentats, accidents, expéditions punitives…

La morale traditionnelle écrase la population du microcosme et les incidents sont autant de fissures permettant à la lave des pulsions et des sentiments trop longtemps contenus de s’échapper.

Les enfants tiennent un rôle prépondérant dans le film. Trop blonds, trop silencieux, fruits de la consanguinité et de l’éducation puritaine, ils sont à la fois les victimes et le produit de cette société.

Sous leur apparente banalité, ils inquiètent et me rappellent « le Village des damnés » de Rolf Rilla, un classique de l’épouvante des années soixante. Mais avec « Le ruban blanc », nous ne sommes pas dans un film de genre, les enfants sont avant tout le reflet de la monstruosité des adultes.

Magnifiquement filmé en noir et blanc, ce Haneke à la violence sobre et sourde, est un prétendant évident à la Palme d’or.


« L’imagination du docteur Parnassus », Terry Gilliam (USA)

Dans ce nouveau délire cinématographique où s’affronte le bien et le mal, Terry Gilliam fait une nouvelle fois preuve de son inégalable savoir-faire pour réaliser des films d’une très grande richesse et inventivité visuelle. Sur le fond, par contre, on est loin de « Brazil », à part une (toute) petite charge contre le « charity business », l’ensemble reste bien fade. Le film est parfaitement à sa place en étant hors compétition.

« Le temps qu’il reste », Elia Suleiman (Palestine)

Dans ce nouveau film, Suleiman nous raconte à la fois l’histoire de sa famille et celle de sa communauté, ces « arabes-israéliens » qui vivent comme une minorité dans leur propre pays.

Après une première partie assez convenue, on retrouve, avec l’arrivée de Suleiman acteur, ce qui nous avait ému dans « Intervention divine » présenté ici même en 2002. Sans rien céder sur le fond – l’homme, à l’évidence, reste un militant – entre Buster keaton et Tati, il nous offre, soutenu par de nombreux plans fixes, un portrait tout en tendresse de son peuple et de son mal-être. A mille lieues de toutes les « Hamasseries »…


« Soudain le vide », Gaspard Noé (France)

Oscar et sa sœur Linda habitent Tokyo. Oscar est dealer, Linda est strip-teaseuse et les deux sont orphelins depuis l’enfance. Un soir, lors d’une descente de police, Oscar est tué.

L’histoire est secondaire par rapport à un style qu’on peut qualifier d’insolite… en effet, pour les scènes d’exposition, vous avez droit à un Google Earth branché sur une montagne russe survitaminée, pour les scènes d’émotion et de délire (sexe et drogue essentiellement), on vous offre des images kaléidoscopiques dignes des explorations corporelles du Dr House. Pendant deux heures et demi, vous avez le temps de vous lasser de ce maelström hallucinatoire et même d’attraper un peu mal au cœur… Par principe, je ne quitte pas la projection d’un film avant la fin, mais ma voisine a été plus difficile à convaincre !

Alain et Guy

20 mai 2009

Le gaspacho de Pedro

Penelope et Pedro

Cannes : chronique n° 4

Un Conseil d’administration à Vernier, une interrogation sur la nature profonde de la Ve République en amphi 84 avec les L1 et une réflexion sur la spécificité du service public à la française en amphi 68 avec les L2 ne nous a pas empêché d’être à Cannes, fidèles au poste, pour les immanquables Almodovar et Tarantino mais aussi pour l’austère Bellocchio.


« Vincere », Marco Bellocchio (Italie)

Il s’agit de l’histoire peu connue d’Ida Dalser qui fut la maîtresse du jeune Mussolini quand celui-ci était encore socialiste. Il lui fera même un enfant qu’il reconnaîtra temporairement. Répudiée, elle apprend que Benito est déjà marié et père. A partir de ce moment, elle ne cessera de revendiquer un double statut d’épouse et de mère de famille. Ballottée d’asiles psychiatriques en lieux d’enfermement, elle sera séparée de son enfant et mourra abandonnée quelques années plus tard.

Bellocchio échappe au piège de la reconstitution historique et nous livre un film crépusculaire (l’essentiel de l’action se passe la nuit ou dans des espaces sombres) qui est moins un film politique qu’un film sur l’amour fou, obstiné et suicidaire. Un film qui repose avant tout sur les épaules… et le regard intense de Giovanna Mezzogiorno.


« Inglourious basterds », Quentin Tarantino (USA)

Dans l’Europe occupée par le IIIe Reich, un groupe de soldats juifs américains mène des actions particulièrement sanglantes contre les nazis. C’est ainsi, par exemple, qu’une des spécialités des « Bâtards », comme on les surnomme, est de scalper leurs victimes.

Cela commence comme un western et s’achève en une sorte de « Papy fait de la Résistance » revisité par Mel Brooks. C’est dire si Tarantino nous raconte cette histoire sans complexes ni tabous en faisant fi de la prudence traditionnelle des réalisateurs traitant à l’écran de cette période de l’histoire. Le résultat très iconoclaste provoquera à n’en pas douter des réactions hostiles.

Pour ma part, j’ai trouvé que le film, un peu long, manquait parfois de rythme ce qui est inhabituel chez Tarantino. Notons toutefois quelques scènes d’anthologie comme celle du premier chapitre où l’on voit un officier SS buveur de lait (extraordinaire Christoph Waltz) tout en cruauté mielleuse obtenir la dénonciation d’une famille juive. Cela dit, en matière de scène culte, on peut préférer celle, plus innocente, du comparatif des hamburgers McDo dans « Pulp fiction », palmé ici même en 1994.


« Etreintes brisées », Pedro Almodovar (Espagne)

Un réalisateur à la double identité (Mateo/Harry) a perdu la vue dans un accident où Lena, la femme de sa vie, s’est tuée. Quatorze ans après, une rencontre, d’ailleurs non fortuite, lui donne l’occasion de reconstituer le puzzle du drame.

Si l’histoire a incontestablement des accents hitchcockiens, le film, n’en doutons pas, est un pur Almodovar.

Penelope Cruz, une fois de plus, illumine cette histoire pourtant sombre parce qu’après tout elle n’est peut-être pas aussi belle que cela… En attendant, film après film, la Penelope « espagnole » devient la Monica ou la Diane de Pedro…

Au début du film, Lena – scène familière chez Almodovar – confectionne un gaspacho. Cette image est tout sauf gratuite, elle a valeur de symbole. C’est en effet tout le cinéma du réalisateur espagnol qui est à l’image et au goût de la soupe froide andalouse : insolite, très coloré, rafraîchissant et épicé à la fois, des ingrédients d’une grande simplicité pour un résultat final subtil et même sophistiqué…

Certes, rien n’est simple. Dominique, par exemple, prépare d’excellents gaspachos et n’est pas pour autant une fan du cinéma d’Almodovar. Mais avouez que la tentation de trousser la métaphore comme je viens de le faire est grande…

Alors, enfin la Palme d’or pour Almodovar ? Même si « Etreintes brisées » n’est pas son meilleur film (pour moi, « Parle avec elle » est indépassable…), son nom au palmarès honorerait celui-ci. C’est que Cannes a plus besoin d’Almodovar, qu’Almodovar de Cannes…

Avec Michel

18 mai 2009

Hourra Cantona !

Looking for Eric

Cannes : chronique n° 3

Zigzaguant entre le début des examens universitaires et les rendez-vous cantonaux, nous pouvons quand même suivre un Festival qui, à mi-parcours, semble avoir trouvé sa vitesse de croisière.

C’est ainsi que, pêle-mêle, nous avons pu voir deux poids lourds de la sélection officielle avec le film luciférien de Lars Von Trier et l’émouvante comédie de Ken Loach tout en faisant un petit crochet du côté du Noga Hilton et de la Quinzaine pour un film bulgare de qualité et une montée des marches avec Johnny Hallyday et Richard Martinez pour le polar chinois de Johnnie To.


« Eastern Plays », Kamen Kalev (Bulgarie)

En souvenir des folles nuits de la Quinzaine à la MJC Gorbella dans les années quatre-vingt, j’aime bien faire, au moins une fois par Festival, la queue rituelle et aléatoire (parfois il n’y a plus de places…) de 45 minutes pour assister à la projection d’un film de cette sélection que je persiste à considérer comme la plus novatrice du Festival. Cette année, ce fut pour un film bulgare à la qualité estampillée « Quinzaine » bien affirmée.

Deux frères, le grand, artiste déchu alcoolique sous méthadone, le petit, apprenti skinhead, errent dans la grisaille post-communiste du Sofia des barres HLM. Ils finissent par trouver, l’un par la création, l’autre par l’amour, une porte de sortie. Du coup, on est très content pour eux.


« Vengeance », Johnnie To (Hong Kong)

Je propose la mise en retraite immédiate et sans solde pour les critiques qui avaient parlé de Melville à propos de ce film. Du coup, on attendait un Johnny-samouraï et nous eûmes à la place un Johnny en inspecteur Canardo sous antidépresseurs au service d’un scénario aussi subtil qu’un jeu vidéo.

On en restera là : on ne tire pas sur une jonque-ambulance et je ne veux pas trop attrister mon ami Bernard…


« Antichrist », Lars Von Trier (Danemark)

Un enfant se défenestre et meurt pendant que ces parents font l’amour : la première scène du film est superbe et glaçante à la fois. Après le drame, le couple en deuil va se retirer dans une forêt pour réparer leur mariage forcément lézardé. Mais au contact de la nature qui libère les forces du mal, les choses ne font qu’empirer et elle et lui vont se détruire psychologiquement avant de passer aux mutilations physiques et à la mort.

Lars Von Trier aurait tourné ce film dans une période de déprime. On le croit volontiers. Dans cette forêt, le mal suinte et contamine les humains. Résultat : le mal est partout et le spectacle terrifiant que nous offrent Willem Dafoe et Charlotte Gainsbourg (superbes dans des rôles qui, mal interprétés, auraient pu tourner au grand Guignol) hantera encore longtemps nos mémoires de festivaliers pourtant un peu blasés.


« Looking for Eric », Ken Loach (GB)

Eric Bishop, postier à Manchester, n’a pas la pêche. Ses deux beaux-fils sombrent dans la délinquance et sa vie sentimentale est un désert. Au bord du gouffre, un soir de déprime, il appelle au secours son idole, le footballeur Eric Cantona. Comme nous sommes dans un conte, la bonne fée va apparaître magiquement sous les traits du célèbre buteur de MU et ce dernier va devenir le coache virtuel de Bishop jusqu’à la happy end.

Avec « Looking for Eric », Ken Loach, cinéaste attitré de la working class anglaise, a mis son humanisme au service d’un petit bijou de drôlerie et de tendresse.

A la fin, bien sûr, les méchants sont punis et tout le monde (enfin, surtout les gentils) s’aime beaucoup. On n’en croit pas un mot mais c’est aussi pour ça que les contes de fées rendent la vie plus jolie…

En prime, quelques-uns des aphorismes de Maître Canto :

« Je ne suis pas un homme, je suis Cantona. »

« Qui sème les chardons récolte des épines. »

« Celui qui anticipe tous les dangers ne prendra jamais la mer. »

« Quand les mouettes suivent le chalutier, c’est parce qu’elles pensent que des sardines seront jetées à la mer. »

16 mai 2009

Le retour de Ritchie

Thirst, ceci est mon sang

Cannes : chronique n° 2


Malgré un Conseil de quartier par-ci, une obligation professionnelle par-là, nous nous installons petit à petit dans la 62e édition du FIF en retrouvant quelques habitués de la Croisette comme le trio infernal composé de Michel, le Marseillais, Alain, l’Antibois, et Guy, le Parisien, ou encore notre colistier de Nice Autrement, Jean Montoya, et sa talentueuse photographe d’épouse…

Le temps aussi de voir quatre films de la compétition officielle : un Campion un peu trop classique, un Park Chan-Wook jubilatoire, un Audiard (Jacques) glaçant et un Ang Lee planant, forcément planant…


« Bright star », Jane Campion (GB-Australie)

Le dernier film de la réalisatrice kiwie se déroule en 1818 dans la magnifique campagne londonienne et raconte l’histoire d’amour du poète John Keats avec sa voisine Fanny. La mort prématurée du premier écourtera tragiquement cette idylle qui restera ainsi non consommée pour l’éternité.

Pour tous ceux qui, comme moi, se souviennent de la frémissante « Leçon de piano », palme d’or en 1992, « Bright star » sera forcément une déception. La facture trop classique de la réalisation, le jeu en demi-teinte des acteurs, le scénario trop linéaire, ne servent pas cette histoire d’amour qui m’a laissé de marbre du début à la fin. Reste que le spectateur peut toujours glaner quelques moments de grâce comme ce plan ,à l'aube,d’un convoi funéraire sur la place d’Espagne à Rome, la campagne anglaise à l’épreuve des saisons et ces vers de Keats lui-même :

« Je rêve que nous sommes des papillons
N’ayant à vivre que trois jours d’été
Avec vous, ils seraient plus plaisants
Que cinquante années d’une vie ordinaire ».


« Thirst, ceci est mon sang », un film « goréen » de Park Chan-Wook

Sang-Hyun, jeune prêtre catholique, devient vampire et érotomane à la suite d’une expérimentation médicale et d’un petit miracle. Six ans après « Old boy » et ses cultissimes poulpes, Park Chan-Wook récidive avec cette histoire calquée avec beaucoup de précision sur le « Thérèse Raquin » de notre Zola national.

L’humour décalé, les effets gores sophistiqués et le brio de la réalisation font de ce énième film de vampires un exercice de style brillant qui se veut aussi une réflexion ironique sur le poids du remord dans la civilisation judéo-chrétienne : même un vampire (prêtre catholique il est vrai) peut y être accessible…


« Un prophète », Jacques Audiard, France

Condamné à six ans de prison, Malik tombe sous la coupe d’un groupe de prisonniers corses. Mais, très vite, le jeune homme va apprendre à voler (!) de ses propres ailes, passant avec habileté et au prix de quelques assassinats du statut d’exécutant à celui de caïd.

Cette plongée assez hallucinante de deux heures et demi dans l’univers carcéral constitue une sorte de « Prison break » à l’envers. En effet, dans le film d’Audiard, on cherche moins à s’évader qu’à peser sur le monde extérieur de ce lieu quasiment matriciel. Le réalisme du propos fait de ce film, magnifiquement interprété par Tahar Rahim (le jeune) et Niels Arestrup (le vieux briscard totalement crédible en parrain corse), un acte d’accusation cruel contre les prisons françaises.


« Taking Woodstock, Ang Lee (USA)

Le film raconte le choc de civilisation qui s’est produit en 1969 entre les habitants d’un Plouc-Ville de l’est des USA et des centaines de milliers de hippies. En fait, on a tout compris quand on sait que le Plouc-Ville en question s’appelle… Woodstock !

Ang Lee nous offre un film léger, souvent drôle, parfois émouvant, sur les à-côtés du plus grand festival de tous les temps (mauvais temps d’ailleurs : il a beaucoup plu à Woodstock).

Et quand le générique de fin se déroule, on se prend à fredonner en accompagnant la bande-son, le « Freedom » de Ritchie Havens. Exactement comme nous l’avions fait en chantant ici même avec le maître en live lors de la cérémonie d’ouverture de l’an dernier. C’est aussi pour ces clins d’œil qu’on aime Cannes…



Version Woodstock 1969

15 mai 2009

Toujours plus bas…

Comme si la défaite ne suffisait pas, les candidats du PS dans le 12e canton ont tenu à y ajouter la manipulation.

Après avoir reçu le soutien empressé et nominatif du candidat de Jacques Peyrat, après avoir multiplié les appels du pied à tous les électeurs qui n’avaient pas voté pour Kandel (y compris ceux qui avaient voté pour le candidat identitaire), Frédérique Grégoire-Concas et Patrick Allemand ont cru devoir diffuser un tract dans les derniers jours de la campagne qui est en fait un faux grossier. Ce document mentionne clairement un soutien de Patrick Mottard et de Gauche Autrement aux candidats du PS.

Faux, tout d’abord, parce que les seuls à s’être exprimés sur ce sujet sont les candidats Sami Cheniti et Audrey Meunier et non moi-même. Faux, parce qu’après avoir fait campagne sur les thèmes de la rénovation des pratiques politiques et du renouvellement de la gauche, ils affirmaient très clairement dans leur communiqué leur intention de ne pas donner de consignes de vote en laissant les électeurs choisir l’attitude qui leur semblait la plus opportune pour le second tour.

La volonté de tromper les électeurs étant manifeste, nous porterons plainte devant la justice de la République. Au nom des valeurs qui nous ont animés tout au long de cette campagne du 12e canton.

14 mai 2009

Les 400 coups de Mia



Cannes : chronique n°1


Minimaliste. Comment pourrait-on qualifier autrement la Cérémonie d’ouverture du 62e FIF ? En effet, avec, pour unique vedette – sous prétexte qu’il prête sa voix à la version française du film de la soirée – un Charles Aznavour parfaitement transparent, cette présentation vite expédiée ne laissera pas un grand souvenir. Même si on peut quand même retenir le tableau un peu surréaliste d’un public entièrement équipé en lunettes 3D transformant l’honorable auditorium Lumière en une Convention du fan club de Michel Polnareff

Au-delà de la cérémonie, c’est le Festival lui-même qui débute mollement avec un film d’animation standard et un film chinois plutôt tristounet. Heureusement qu’avec « Fish tank » le cinéma réaliste anglais relève le niveau d’un début de compétition décevant pour un Festival que l’on annonce de tous côtés comme étant un grand cru.


« Là-haut » (Up), Pete Docter (USA)

Un veuf un peu grincheux qui a toujours rêvé de partir à l’aventure s’enfuit en Amérique latine pour échapper à la maison de retraite. Il le fait avec sa maison entraînée, telle une nacelle de montgolfière, par des milliers de ballons multicolores gonflés à l’hélium par ses soins. L’histoire est poétique, le relief 3D spectaculaire, mais ce énième film d’animation pour enfants (sans véritable clin d’œil pour les adultes) avait-il sa place en ouverture du Festival ?

Je ne le pense pas. Mais je ne suis peut-être pas tout à fait objectif, car je n’ai jamais accepté que l’esthétique Pixar supplante celle de nos bons vieux Disney d’antan… Nostalgie quand tu nous tiens !


« Nuits d’ivresse printanière », Lou Ye (Chine)

A Nankin, l’épouse de Wang engage Luo pour espionner son mari qui s’avère la tromper avec Jiang, un autre homme. Troublés, le détective amateur et sa petite amie Li Jing font ami-ami et même un peu plus avec Jiang. Ce méli-mélo sentimentalo-sexuel est régulièrement perturbé par Wang et son hystérique de femme.

Le problème est qu’après une première scène bien maîtrisée sur les amours clandestines des deux hommes sur une île pluvieuse, on se perd dans ce tourbillon crépusculaire de couples qui se font et se défont. Chez Lou Ye, la chair est à la fois faible et triste. Que ce film soit interdit de séjour en Chine ne suffit pas pour en faire un chef-d’œuvre.

Ce film - un peu arbitrairement, je l'avoue - me donne également l'occasion de pousser un coup de gueule. Depuis trois ou quatre ans, en effet, j'en ai assez des scénaristes atteints de flémingite aiguë qui utilisent de plus en plus le portable (façon Jack Bauer) pour relancer leurs intrigues et faire progresser leur histoire. La plupart du temps, sans réflexion à la Egoyan sur les NTIC et en méprisant la plus élémentaire psychologie, ils usent et abusent comme Lou Ye du procédé. En cette matinée, il faut bien le dire, ce fut la goutte (le sms ?) qui fit déborder le vase (la messagerie ?).


« Fish tank », Andrea Arnold (GB)

Mia a quinze ans et fait, comme le héros du Truffaut, les 400 coups. La maman de Mia n'aime pas beaucoup sa fille. Ou mal. Elle et le quartier populaire où elles vivent ont transformé Mia en petit chat sauvage. Un jour, Mia sera réconfortée, séduite et abandonnée par le petit ami de sa mère. Et Mia va devenir fauve.

Le spectateur reste pendant tout le film sur le fil du rasoir. Parfois, on a le sentiment que tout va s'arranger, parfois on a la sensation que tout va basculer du côté de la force obscure de cette société anglaise des exclus et des travailleurs pauvres. Andrea Arnold est au niveau des meilleurs Ken Loach.

Et si, vers la fin, Mia danse avec sa mère, ce faible rayon de soleil a peu de chance de réchauffer l'eau froide du destin écrit d'avance de cette « Rosetta » en puissance.

10 mai 2009

L’accident industriel et le parachute doré

La perte du 12e canton détenu par la gauche depuis plus de onze ans, à la suite d’une partielle provoquée… par elle-même, est un véritable accident industriel.

Ce nouvel avatar ne fait que parachever une succession de « Bérézina » entamée au moment où le Premier fédéral du PS a voulu « changer d’ère ». En fait de changement d’ère, il semble bien que la gauche locale soit entrée et pour longtemps dans… une ère glaciaire !

Qu’on en juge :

- Perte du 11e canton à la suite du décès de JFK, la candidate présentée par la Fédération étant battue… dès le premier tour dans ce fief du PS de Nice nord.

- Perte de 8%, de 10 000 voix et de trois conseillers municipaux à la suite de la calamiteuse campagne bling-bling aux Municipales de Nice, alors que partout en France déferle la vague rose.

- Défaite de Paul Cuturello en rase campagne dans la législative partielle de la 5e circonscription (30% des voix seulement), à la suite d’une élection provoquée dans des conditions pourtant contestables et contestées.

- Ralliement de Sophie Duez à la politique de la majorité municipale alors qu’elle avait été présentée pendant toute la campagne comme le symbole « société civile » de Changer d’ère.

- Et aujourd’hui, perte du 12e canton à la suite d’une élection où la responsabilité de Patrick Allemand est totale pour au moins trois raisons :

1 - C’est parce qu’il s’est mis délibérément en situation de cumul des mandats, en se présentant aux élections municipales alors qu’il avait déjà deux mandats, que cette élection a été possible.

2 - C’est parce que, dans le contexte de ce cumul, il a choisi Marseille plutôt que les Alpes-Maritimes que cette élection a été rendue obligatoire.

3 - C’est parce que son bilan de conseiller général était médiocre (on a pu le vérifier sur le terrain) et qu’il s’est donné le ridicule d’être encore candidat comme suppléant que cette élection était perdue d’avance.

Bien sûr, l’homme a de la ressource et nous expliquera – comme d’habitude – que cette défaite est une grande victoire. Cependant, ainsi que me le rappelait récemment un ami (de la Région d’ailleurs…), l’orchestre du Titanic a joué jusqu’au dernier moment, mais il n’a pas empêché le naufrage !

Lorsque je dirigeais l’opposition municipale, nous avions quatorze conseillers municipaux de gauche et six conseillers généraux PS à Nice. Nous avions gagné deux partielles dans les 1er et 7e cantons.

Avec Patrick Allemand comme leader, l’opposition n’a plus à Nice que onze (voire dix…) conseillers municipaux et deux conseillers généraux PS. Les deux partielles organisées pendant cette période dans les 11e et 12e cantons ont été perdues… et deux conseillers généraux ont été exclus…

Le bilan est accablant et pourtant, malgré cela, le responsable de ce naufrage continue à bénéficier d’avantages pour le moins surprenants puisqu’il a été réintégré comme fonctionnaire (en détachement) au Conseil général et conserve intégralement son statut de Vice président de la Région, fonction qu’il n’exerce que virtuellement depuis l’accord Estrosi-Vauzelle (ce dernier est tout sauf suicidaire).

Responsable de la faillite du PS 06, Patrick Allemand n’est en aucune façon sanctionné par le système. Bien au contraire. Et nous ne pouvons que constater qu’il n’y a pas que les patrons du CAC 40 qui bénéficient de parachutes dorés dans ce pays…

08 mai 2009

5.04 Clément Roassal

La jungle des Lilliputiens


Après le 5.12 (Fontaine du Temple), le 5.03 (Vernier), le 5.02 (Joseph Garnier), le 5.13 (Gorbella), le 5.18 (Clément Ader) et le 5.01 (Dabray), restons dans le sud du canton pour explorer le bureau 5.04, à savoir Clément Roassal.

Comme son nom (celui d’un paysagiste du XIXe siècle dont on peut voir quelques toiles au musée Masséna) l’indique, ce quartier est presque essentiellement organisé autour de la rue Clément Roassal.

Que de souvenirs le long de cette artère parallèle à la rue Vernier qui débute – tramway oblige – en piétonne au pied d’un des plus beaux immeubles de la ville : le Palais de Venise.

Ainsi, cette petite heure passée dans un appartement du 16, cet étrange Palais de l’Industrie couronné d’épines qui aujourd’hui abrite, entre autres, un supermarché…

Nous sommes au début de mon premier mandat. Mon hôtesse sexagénaire, élégante quoiqu’un peu austère, a souhaité me rencontrer pour faire le point sur l’avenir d’un quartier qu’elle estime en déclin. Il est vrai que l’appartement, cossu sans être luxueux et étrangement « surdécoré » d’objets sixties, surplombe le parking de la Gare du Sud, point central des maux de Libération-Malauséna.

En fait, la dame un peu sévère que j’ai devant moi n’est pas une prof de grec ancien en retraite ni une veuve de colonel, mais tout simplement la célébrissime Ultra Violet, la muse de Dali et surtout l’égérie d’Andy Warhol, le maître du Pop Art.

Répondant mécaniquement à ses questions, j’imagine en réalité ce que fut la vie de la dame dans ce monde de la Factory où l’on est célèbre quinze minutes, où les femmes ont la bouche de Marilyn et où de grandes fleurs jaunes ou violettes explosent sur des murs de rencontre.

Tétanisé, je ne suis jamais sorti du cadre bien conventionnel de la conversation initiale. Je ne l’ai jamais regretté : on n’importune pas les mythes avec des questions d’humains…

Presque en face le supermarché se trouvait, à l’angle de la rue d’Autun, la brasserie « Le Saratoga ». C’est dans le décor kitch de ce bar qu’avec amis et habitants du quartier, nous avons suivi l’intégralité des matchs de l’équipe de France lors du Mondial 98 et de l’Euro 2000. Deux triomphes inoubliables. Le patron aujourd’hui décédé, grand géant débonnaire, était Italien et soutenait loyalement son équipe. C’est dire si le penalty de Laurent Blanc en quart de finale du Mondial et le but en or de David Trézéguet en finale de l’Euro, à chaque fois contre l’Italie, furent deux flèches qui lui transpercèrent le cœur !

Mais le bonhomme n’était pas rancunier et il continua à nous offrir tournée sur tournée pour fêter les victoires de la bande à Zidane. Aujourd’hui, quand je passe devant le « Bistro Sud » qui a succédé au Saratoga, c’est à lui que je pense.

Mais la rue Clément Roassal, c’est aussi, un peu plus loin en direction de Gambetta, la MGEN, l’école maternelle Thérèse Roméo où, dans les années quatre-vingt-dix, j’allais rendre visite à Jean-François Knecht dans son appartement de fonction, le « Village », petit théâtre de proximité où nous avions fait une fête à tout casser pour le mariage de Valentin, notre colistier de Nice Autrement avec Mirabelle. Enfin, au 49, se trouvait la permanence de Dominique pour les législatives de 2007.

Au-delà de Clément Roassal, le bureau 5.04 est complété par les deux sobres ruelles Pierre Piétri et Pauline qui entourent l’église Saint Etienne, une partie de la rue Miollis (du 10 au 22) et du boulevard Gambetta (du 98 au 134).

Mais le centre du quartier est constitué, à l’intersection des rues de Dijon et d’Autun, par la placette Philippe Randon, du nom de l’architecte de la perle du 7e canton, le Temple de l’Amour de Chambrun. Il y a là un mini jardin en principe interdit aux passants. Mais, si vous avez plus de trente ans et que vous ne fumez que des substances licites, vous pouvez, comme moi, enjamber la petite clôture et vous risquer dans un royaume farfelu. Après quelques pas sur le chemin de galets, agenouillez-vous au milieu des palmiers nains et là, merveille des merveilles, vous avez l’impression d’être perdu dans une jungle de Lilliputiens. Un vrai conte de fées qui peut – soyons fous – un soir de pleine lune se transformer en légende urbaine…

06 mai 2009

In et Out à la Villa Arson


Ce mardi soir, j'assiste à la fin du Festival de cinéma gay et lesbien à la Villa Arson.

C’est d’abord pour moi, le conseiller général du 5e canton – nous sommes sur la colline de Saint Barthélemy – l’occasion de découvrir la magnifique salle de cinéma qui désormais complète le Centre national. Le nouvel écran sera d’ailleurs géré par l’association « l’Eclat » de Mariane Khalili et Estelle Macé, transfuges de l’Espace Magnan, et dont on connaît la passion pour un cinéma exigeant et même expérimental. L’ouverture de ce nouveau lieu est aussi la preuve qu’Eric Mangion (le cousin de Michèle) a tenu parole lorsqu’il me disait lors de sa prise de fonction qu’il avait l’intention d’ouvrir le bunker Arson sur la ville. Puisse d’autres « bunkers » s’en inspirer…

Cette soirée réservée aux audaces cinématographiques de Brice Dellsperger et de Bruce Labruce ne me laissera pas un grand souvenir sur le plan artistique. Par contre, elle est dominée par la personnalité décalée et attachante du performer tout terrain Jean-Luc Verna, qui me rappellera d’ailleurs que nous sommes amis… sur Facebook !

Quoi qu’il en soit, la soirée marque la fin de ces deuxièmes rencontres cinématographiques organisées par Benoît Arnulf (secondé efficacement comme il se doit par Sébastien Lefèvre). Une semaine de cinéma gay et les bien très largement ouverte à tous les publics (pour ma part, en plus de la soirée de clôture, j’ai pu assister au Mercury, en présence des auteurs, à l’amusant « Coquillages et crustacés » avec Valeria Bruni Tedeschi).

De la nuit Pasolini au happening du « Rocky Horror Picture Show », In et Out a fait la démonstration qu’il s’installait pour de longues années dans le paysage culturel niçois.

Il est sympathique de voir fleurir ces initiatives associatives qui permettent de compenser la pauvreté de la programmation cinématographique privée de la ville. Avec In et Out, je citerai le Festival du film de la Résistance ou la Semaine du cinéma lusophone à laquelle j’ai participé il y a à peine un mois.

Ainsi, « ils » ont leur Festival de Cannes, nous avons nos festivals de Nice. Fréquenter assidûment le premier, comme je le fais depuis de longues années, n’empêche pas d’avoir une tendresse toute particulière pour les seconds.

04 mai 2009

Pour les larmes de Sonia

Dire que le résultat de Sami et d’Audrey ne provoque pas en moi une immense déception serait emprunter cette langue de bois qui m’irrite tant de la part des perdants les soirs de mauvaise fortune électorale.

Ce résultat est d’ailleurs moins décevant au niveau du score lui-même – celui-ci n’étant pas la motivation principale d’une campagne que nous voulions à la fois accusatrice (contre la gauche qui trahit) et dénonciatrice (contre la droite… qui est la droite) – qu’à celui du fort décalage entre celui-ci et le ressenti de la campagne.

Sami s’est révélé un candidat formidable, Audrey une suppléante attentive, leur discours sur la rénovation de la Politique était bien reçu, la soirée du CAL restera un événement qui fera date… Et pourtant ! Et pourtant !

Alors pourquoi ?

A chaud, qu’il me soit permis d’avancer deux raisons :

- Intellectuellement, le rejet des appareils est fort. Pourtant, au nom d’un mythique vote utile, une grande majorité d’électeurs continuent à donner leur voix aux partis traditionnels et à leurs apparatchiks.

- La faiblesse du score de notre candidat dans certains bureaux de vote très ancrés à droite est proprement stupéfiante (1 seule voix dans trois d’entre eux, 3 voix dans un autre…) ce qui tendrait à prouver que cette candidature de la « diversité » que ni l’UMP, ni le PS n’ont voulue (malgré d’excellentes candidates potentielles) est loin d’être acceptée par l’ensemble de nos concitoyens… Et je le dis haut et fort : cette « audace » est pour nous une grande source de fierté.

Au chapitre des (rares) satisfactions, notons quand même que dans les cités populaires, jadis bastion du PC, Sami arrive en deuxième position de la gauche, recueillant ainsi électoralement une partie du capital de sympathie qu’il a accumulé dans le cadre de ses activités professionnelles et associatives.

Cela dit, l’événement de ce scrutin est quand même l’effondrement du PS et de Patrick Allemand qui était au final le véritable candidat. Perdre ainsi plus de 9% entre deux mandats n’est pas anodin. Mais cet effondrement ne nous a pas profité : c’est un peu comme si les électeurs rejetaient la vieille gauche sans pour autant faire confiance aux nouvelles pratiques politiques. Cette élection le démontre une fois de plus : rester au milieu du gué risque d’être mortel pour la gauche.

Dès 20 heures, à l’école Bon Voyage, un petit groupe de jeunes d’une cité de la route de Turin était là, avec quelques bouteilles, pour fêter Sami. Après les résultats, les bouteilles furent quand même ouvertes malgré la modestie du score. Seule Sonia, déçue par le manque de mobilisation des jeunes de sa cité, pleura.

Rien que pour ces larmes, Sami, surmonte ta déception et surtout n’abandonne pas. Tu as la responsabilité de redonner le sourire à toutes les petites Sonia de Nice Est…

01 mai 2009

La campagne autrement dans le 12e canton : la vidéo

Voici la première vidéo réalisée lors de la réunion publique organisée par les candidats de Gauche Autrement le 29 avril à la Blackbox. A bientôt pour la deuxième partie qui sera consacrée à la partie spectacle. Merci à la réalisatrice.

La deuxième partie est montée : elle est là.