29 juillet 2009

Monsieur Hulot et le 21 avril



L’exposition s’achevant le 2 août, c’est in extremis que j’ai pu visiter « Jacques Tati : deux temps, trois mouvements » à la Cinémathèque de Paris.

Exposition réussie car, au-delà des objets exposés comme le vélo de François le facteur ou la superbe maquette de la villa Arpel (décors construits en 1956 aux Studios de la Victorine), c’est l’atmosphère à la fois humaniste et libertaire de l'oeuvre de Tati que le visiteur peut respirer à pleins poumons.

Le père de Monsieur Hulot a toujours été pour moi un cinéaste majeur. J’aime bien sûr son humour mais aussi sa dénonciation d’un certain progrès qui déshumanise et une critique sociale plutôt décapante même si elle est distillée avec l’air de ne pas y toucher.

Mais, en plus des films eux-mêmes, c’est avec l’ensemble du monde de Tati que toute ma vie j’ai communié.

Comment ne pas se souvenir de cette merveilleuse promenade au soleil couchant sur la plage de Saint-Marc-sur-Mer à la recherche de l’hôtel des « vacances de Monsieur Hulot » ? Comment ne pas se souvenir de cette soirée magique organisée par Laurent Flipo avec la projection en plein air une nuit d’été de « Jour de fête » sur le stade du CSL du Vallon des fleurs ? Comment ne pas sourire en pensant aux innombrables fois où j’ai scruté sans succès la façade d’une vieille maison espérant voir apparaître l’improbable silhouette de « Mon oncle » ?

Mais le souvenir le plus fort est relativement récent. Il date exactement du 22 avril 2002. Ce lundi, tous les Républicains se sont réveillés avec la gueule de bois. La veille, la patrie des Droits de l’Homme avait accouché d’un désespérant Chirac – Le Pen qui nous avait enfoncé dans la déprime sans envies et sans avenir.

Sans réfléchir, ce matin-là, j’ai regardé « Play time », puis j’ai enchaîné jusqu’au lendemain avec la petite demi-douzaine de longs-métrages qui constituent la filmographie quantitativement modeste de Tati. En fait j’avais besoin de m’évader de cette France frileuse et haineuse qui était désormais la nôtre. Instinctivement, quelque chose me disait que l’humanité de Monsieur Hulot m’y aiderait.

Ces quelques heures, bien sûr, n’ont pas été suffisantes pour refermer la plaie béante ouverte la veille, mais elles avaient agi comme un baume qui atténue la douleur tout en étant le signe avant-coureur de la guérison.

Celle-ci intervînt plus tard, beaucoup, beaucoup plus tard. Ce ne sont pas Anne et Patrick, les artistes photographes, Clotilde la chercheuse ou Richard le prof qui, en ces temps-là, poussèrent la porte du 3 avenue Cyrille Besset pour se réchauffer qui me démentiront.

28 juillet 2009

ASO préfère les J.O. à la lutte contre l’EPO

Cadel Evans


Le Tour 2009 a-t-il été ce « Tour à l’eau claire » que nous attendons depuis une dizaine d’années ? J’en doute. Qu’on en juge…

- A tout seigneur, tout honneur : le vainqueur espagnol, ex miraculé de la médecine, impliqué dans l’affaire Puerto, a défrayé la chronique en franchissant quelques cols à la vitesse d’une Yamaha de Grand Prix. Greg Lemond, dans sa chronique du journal Le Monde, et un certain nombre de spécialistes estiment que seul un « VO2 max » (consommation maximum d’oxygène) extraterrestre peut rendre de tels exploits possibles.

- Armstrong, autre miraculé de la médecine, convaincu de dopage lors de son premier Tout victorieux, a terminé troisième de la plus grande course du monde à 37 ans et après quatre années d’interruption. Seuls les gogos peuvent imaginer que papy Lance a pu atomiser la plupart des bébés requins du peloton grâce à l’eau d’Evian et aux bonbons Haribo généreusement distribués par la caravane du Tour.

- Il y a aussi la sidérante quatrième place de l’Anglais Wiggins. Ce pistard, qui avait terminé son premier Tour aux alentours de la cent vingtième place, s’est reconverti en chamois caracolant sur les cimes de l’édition 2009… Un peu comme si, après quelques années de carrière « made in Normandie », Stone et Charden s’était mis à chanter de l’opéra pour concurrencer Pavarotti.

- On peut également rappeler l’exploit de légende accompli par le grassouillet sprinter allemand Haussler dans l’étape de montagne des Vosges où il a ridiculisé ses compagnons d’échappée dont le valeureux Chavanel. Son visage poupin et reposé quelques minutes après l’arrivée a fait douter les commentateurs les plus complaisants. A croire que ce jour-là, la célèbre ligne bleue des Vosges s’était transformée en ligne blanche…

On pourrait multiplier à l’infini les exemples de ce type pour un Tour de France où les rares abandons n’ont pratiquement été dus qu’à des chutes. Pourtant, cette année, on peut noter l’absence de contrôles positifs pendant l’épreuve, ce qui tranche avec les éditions précédentes où l’on avait vu tomber un certain nombre de tricheurs : de Rassmussen à l’équipe Festina, de Landis à Vinokourov…

Il y a peut-être une explication à cette contradiction. Jusqu’en 2008, les organisateurs du Tour, ASO (Amaury Sport Organisation), étaient réputés pour – sans tuer la poule aux œufs d’or – défendre une certaine éthique. Il leur arrivait de refuser le départ à certains coureurs (par exemple, Contador l’an dernier) et les contrôles étaient relativement efficaces. Et, tout au long de l’année, ASO guerroyait pour un cyclisme crédible face à l’incroyable laxisme de l’UCI (Union Cycliste Internationale). Mais voilà que, cet hiver, la direction du groupe Amaury (qui dirige à la fois ASO et le journal L’Equipe) a jeté son dévolu sur la gestion des droits français marketing et audiovisuel des prochains J.O. d’hiver. Pour cela, il faut obligatoirement le feu vert du CIO… et de l’UCI, dont plusieurs dirigeants ont la double appartenance. Du coup, business is business, le groupe Amaury a débarqué le courageux Patrice Clerc, directeur d’ASO, et L’Equipe, qui était pourtant à l’origine de l’enquête qui a prouvé le dopage d’Amstrong, s’est mis à chanter les louanges du coureur américain. C’est peut-être la raison pour laquelle les contrôles n’ont jamais été aussi « cools » et « conviviaux » que cette année. A tel point qu’un ministre de la République a été obligé de rappeler à l’ordre les enquêteurs.

L’avenir nous dira, avec le résultat des contrôles à posteriori, si cette édition a marqué un petit progrès ou un grand recul par rapport aux précédentes. Mais, ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut plus compter sur ASO pour y voir clair.

Du coup, ce dimanche, j’ai marqué ma mauvaise humeur en ce jour d’arrivée du Tour. Parisien de circonstance, mon parcours de jogger m’a fait emprunter à l’aube (comme l’an dernier) une partie des Champs Elysées, mais l’après-midi j’étais absent au moment du sprint de Cavendish, préférant un spectacle au théâtre du Palais Royal à quelques centaines de mètres de la ligne d’arrivée. Non mais !

23 juillet 2009

L'arrestation d'Edgard


Dimanche 23 janvier 1944. Cruzille.

Il est 11 heures 30. Edgar Ponthus jette un coup d’œil à l’ordre du jour et s’apprête à clore la séance du Conseil municipal. Une de plus. C’est que depuis 1929, celui qui fut le plus jeune maire de France en a présidé quelques-uns. Aujourd’hui, à 45 ans, il a pris la mesure de ces assemblées de paysans durs au mal et âpres au gain, lui, le voyageur de commerce. Avant-guerre, on parlait même de députation pour ce jeune notable qui avait réussi l’exploit de faire financer la restauration du toit de l’église par une population plutôt anticléricale…

Mais en ce jour d’hiver 44, on est loin de cette période somme toute heureuse de la fin de la IIIe République. En fait, depuis le début de la tragédie, Edgard mène une double vie : l’élu est aussi un résistant. La région est truffée de maquis utilisant les bois de buis et les petites forêts comme base de repli. Sous le nom de code de Gobert, Edgard utilise sa fonction de maire pour, notamment, établir de fausses cartes d’identité ou délivrer des tickets et des bons de ravitaillement aux patriotes qui se cachent. Plus tard, il sera un des pionniers de la formation de l’Armée Secrète : il participe à des parachutages, cache armes et munitions.

Mais avec « l’invasion » de la zone Sud, les Allemands se font de plus en plus présents et pressants. Edgard se sent en danger et a peur pour sa famille. C’est pour cela que Joséphine, sa femme, Edith (ma mère) et Colette, ses filles de 18 et 16 ans dorment chez un voisin, au cas où…

Aussi n’est-il pas particulièrement surpris quand, dans la salle du Conseil, surgit Colette, sa cadette, entourée de deux hommes – chapeaux et manteaux de cuir – dont l’appartenance à la Gestapo ne laisse aucun doute.

Une demi-heure plus tôt, deux tractions avant Citroën se sont arrêtées devant la maison familiale en bas du village sur la place du lavoir. Trois Allemands se sont engouffrés dans la salle à manger du rez-de-chaussée amenant avec eux Pagenel, le chef de l’AS à Cormatin, préalablement arrêté. Bien renseignés, ils interrogent avec calme Colette, Joséphine et enfin Edith, qui a rejoint le groupe au retour d’une visite chez une voisine. Et c’est ainsi que deux d’entre eux, guidés par la plus jeune des filles d’Edgard, se rendent à la mairie.

Face à la Gestapo, Edgard ne se fait pas beaucoup d’illusions ; il pense surtout à la sécurité des siens qu’il avait toujours tenus à l’écart de ses activités de l’ombre. Toute fuite étant impossible et toute résistance inutile, le groupe rejoint la maison en passant par le petit raccourci herbeux qui va de la mairie à la place du village.

Il est 12 h 45 quand Edgard retrouve les siens. Il est rassuré car ces derniers ne seront apparemment pas inquiétés. Mais son visage douloureux est celui des adieux car lui, à ce moment précis, il sait…

On lui laisse juste le temps d’accomplir un dernier geste républicain. C’est à sa femme qu’il confie les clés de la mairie en lui disant, avec une ironie un peu gauche, « désormais, je n’en aurai plus besoin ».

Déjà, on l’entraîne dans l’une des voitures noires, direction Blanot, où d’autres arrestations sont programmées : les corbeaux avaient eu la dénonciation généreuse.

Le soir puis le mois qui suivirent, dans la sinistre prison du fort de Montluc à Lyon, il sera interrogé et torturé. Pagenel, lui, ne passera pas la première nuit. Puis ce sera Compiègne et les wagons plombés pour Flossenbürg, le camp de concentration à la frontière germano-tchèque, où il restera jusqu’à l’ordre d’évacuation rendu nécessaire par l’avance de l’armée américaine.

C’est au cours de cette retraite qu’Edgard contractera le typhus qui lui sera fatal. Son corps sera jeté sans ménagement sur le ballast, quelque part vers Prague, le 21 avril 1945.


Mercredi 15 juillet 2009. Cruzille.

Sous le soleil d’été, le village semble figé.

La mairie est toujours là, la maison familiale vendue il y a une dizaine d’années aussi. Massive, sa silhouette domine la place face à la fontaine et au lavoir. Sur la façade, une plaque en marbre chuchote la mémoire de ces événements d’hier aux passants désœuvrés et aux paysans affairés.

C’était Edgard, l’élu républicain, le Résistant.

C’était mon grand-père. Ce grand-père que je n’ai jamais connu.

Cruzille : la maison et le lavoir, la mairie

21 juillet 2009

L'arrestation de René



Mardi 7 septembre 1943. Chalon-sur-Saône.

Il est 13 h 45. Comme tous les jours avant la reprise du travail, René, jeune homme de 19 ans, a rejoint ses copains Robert, René Meunier et le jeune Georges sur un banc du square en face du Palais de Justice. Ces petits rendez-vous sont l’occasion de discuter, de chahuter, de rire de tout, d’oublier un temps les soucis quotidiens.

Pourtant, en cette belle journée de fin d’été, l’ambiance est lourde. René vient d’annoncer sa décision d’entrer dans la Résistance en sollicitant un de ses supérieurs hiérarchiques aux Assurances Sociales où il travaille, probable responsable d’un réseau. Deux raisons l’ont amené à cette grave décision. Tout d’abord, une convocation impérative pour le STO reçue quelques jours auparavant. Pas vraiment politisé mais patriote, il n’est pas question pour René de « travailler pour les Boches ». Et puis, il y a surtout cette altercation le samedi précédent avec des collabos sur le boulevard de la République tout près d’ici. Un peu par hasard, il était tombé – avec notamment Meunier justement – sur un groupe de jeunes militants francistes et R.N.P. qui collaient des affiches à la gloire du IIIe Reich et de la LVF. La querelle verbale avait dégénéré en affrontement physique. René et ses amis avaient eu rapidement le dessus, mais on leur avait lancé : « Ça vous coûtera cher ! ». Et en ces temps-là, on connaissait les conséquences d’une telle menace…

Effectivement, au moment même où les amis vont se séparer, René aperçoit en face, à une centaine de mètres, à l’angle de la rue de l’Obélisque et de celle de la Banque, deux feldgendarmes qui se tiennent devant la pharmacie Henon bien connue des Chalonnais. Comme les deux Allemands sont accompagnés par une des protagonistes de l’altercation du samedi, son sang se fige, il comprend en un instant. A peine le temps de murmurer à l’intention de ses amis : « C’est pour moi », que déjà les feldgendarmes les entourent en les mettant en joue avec leurs armes. Après une fouille rapide, on les frappe à grands coups de pied dans le ventre. René, sur qui l’on a trouvé un couteau à cran d’arrêt a droit à un régime spécial.

Puis, le groupe est conduit au QG de l’Hôtel du Chevreuil, rue du Port Villiers, siège de la police allemande. Robert, le jeune Georges et, plus curieusement, Meunier, pourtant présent le samedi précédent, sont relâchés. René par contre est battu à coups de botte, à moitié assommé par un cendrier en bronze. La figure en sang, le nez cassé, ne voyant plus que d’un œil, il entend comme dans un mauvais rêve un Allemand parlant français le traiter de communiste, de juif, de franc-maçon… le tout devant les visages ricanants des collabos présents lors de la rixe du boulevard de la République.

C’est à moitié inconscient qu’il est conduit en prison. Ironie cruelle, le domicile familial est situé 22 rue d’Autun juste en face du sinistre bâtiment. Du fond de sa cellule, René peut apercevoir, entre les barreaux, les fenêtres de son enfance.

Quelques jours plus tard, ce sera la prison de Dijon puis l’Allemagne en wagon plombé où il sera déporté jusqu’au 29 avril 1945, le jour de son évasion.

Un an après son retour, il sera victime d’une attaque de poliomyélite reconnue comme étant due à son état général. Il restera paraplégique toute sa vie.


Mercredi 15 juillet 2009. Chalon-sur-Saône.

Le Palais de Justice, le jardin public, le banc, la prison… Rien n’a changé sauf le nom de la pharmacie et cette pizzeria ouverte au rez-de-chaussée du 22 rue d’Autun.

Et moi de penser avec tendresse à ce gamin de 19 ans qui deviendra, malgré l’adversité et la maladie, un père attentif et fort, aimant la vie sans haine et sans regret. Mon père. René Mottard.


Le banc, la prison

19 juillet 2009

Le Forrest Gump de Saône-et-Loire

Photos DBM


L’occasion faisant le larron, il était tentant de profiter de mon traditionnel et annuel séjour en Saône-et-Loire pour parfaire ma condition physique sur les petites routes qui serpentent, par monts et vaux, à travers la campagne mâconnaise.

16 juillet

Je pars de Tournus, à quelques encablures de la célèbre abbaye Saint Philibert avec en tête le projet de relier la plaine de la Saône aux premières collines du pays mâconnais. C’est dire que la pente sera forcément raide sous un soleil de plomb et une température qui flirtera très vite avec les 30 degrés.

Le col de Beaufer (303 mètres… je sais, ce n’est pas la Bonette !) constitue une entrée en matière plutôt confortable car la route passe au milieu d’une forêt ombragée.

Puis, c’est Ozenay et sa très belle église romane que j’ai le temps d’admirer dans la longue courbe qui précède la sortie du village. Après, la route recommence à monter. Exactement comme la température. Heureusement, les tournesols qui, comme dit la chanson, n’ont « pas besoin d’une boussole » m’indiquent avec beaucoup de précision l’orientation que je dois donner à la visière de ma casquette pour éviter l’insolation.

Arrivé à Martailly, au pied du château médiéval de Brancion, je m’aperçois que l’asphalte de la route commence à fondre. Entre deux ravitaillements en eau fraîche, Dominique me confirme que nous allons tout droit vers les 35 degrés.

C’est donc un peu avec l’énergie du désespoir que je plonge sur Cruzille, le village berceau de ma famille, qui a le bon goût de se situer dans une petite cuvette au milieu des vignes. Après consultation avec mon team manager sur la place du Lavoir, je décide d’arrêter ce premier raid après un peu plus d’une heure trente d’effort et 14 kilomètres. Il me reste le meilleur : plonger avec volupté dans la fontaine du village et accepter l’invitation spontanée de Claire Cornillon, la conseillère municipale en charge du patrimoine, pour un casse-croûte réparateur.

17 juillet

Logiquement, c’est de la place du Lavoir de Cruzille que j’entame une deuxième étape qui doit me permettre de rejoindre par d’autres routes Tournus et la plaine de Saône. C’est dire si le profil du parcours est nettement plus aimable que celui de la veille. Et cela d’autant plus que la température a chuté, après une nuit d’orage, d’une quinzaine de degrés.

J’entame toutefois le périple par la petite côte qui précède l’église du village, une de celle qui, au début des années quatre-vingt-dix, permit à Miguel Indurain de faire la différence avec ses adversaires lors d’un contre la montre du Tour de France.

Puis c’est la descente vers Sagy, le raccourci à travers bois pour rejoindre le chef-lieu de canton : Lugny. Comme la veille, les fossés sont abondamment et joliment fleuris en mauve, rose, blanc, jaune… Seuls, cette année, les coquelicots manquent à l’appel.

De Lugny à Plottes en passant par Chardonnay, je me faufile à travers les vignes. Je vais de cave coopérative en cave coopérative… sans m’arrêter bien sûr ! Dans une longue ligne droite, une majestueuse DS 21 me double. Trop belle la Citron !

Aux alentours du douzième kilomètre, quelques gouttes de pluie viennent me rafraîchir. Il n’en faut pas plus pour que je sois frappé de plein fouet par le syndrome de Forrest Gump. Je cours avec tellement de plaisir et de facilité que j’ai l’impression que je pourrais faire le tour de la terre sans jamais m’arrêter… Je mets tellement de cœur à l’ouvrage que je brûle les ravitaillements sous le regard un peu effaré de mon accompagnatrice. Du coup, s’arrêter comme prévu à Tournus après 17 kilomètres et une heure trois-quarts de course fut presque un acte de raison.

Ainsi, en un peu plus de trente kilomètres en deux jours, j’ai pu vérifier, sur les routes du département d’Arnaud Montebourg, que j’avais un cœur qui était non seulement solide mais aussi multifonctionnel. Un cœur capable de soutenir un effort physique intense tout en étant disponible pour la beauté, l’émotion et la joie de vivre…

13 juillet 2009

L'opposition autrement



Ce vendredi, nous avons tenu la dernière Commission Permanente du Conseil général avant la traditionnelle pause estivale. Ultime occasion de défendre les dossiers auxquels nous croyons. Pour moi, ce sera cette fois South art, un sympathique et dynamique collectif de jeunes artistes, l'AMICA, une association qui tisse du lien social dans le quartier un peu oublié de La Vallière, dans le 14e canton, et bien sûr mon cher collège Vernier.

Une Commission Permanente, c’est aussi une tribune à partir de laquelle on peut lancer des idées susceptibles de nourrir plus tard les débats des séances plénières. Au fil des réunions, Dominique est d’ailleurs devenue une spécialiste de ces petits ballons d’essais. Vendredi, par contre, c’était mon tour de monter au créneau pour suggérer au Président une meilleure traçabilité de l’excellent travail accompli par le Fonds de soutien cinématographique de notre institution et une révision de notre politique tarifaire en matière de transports publics, à l’évidence trop coûteuse.

Mais cette dernière séance pouvait être aussi l’occasion d’une année de travail pleine pour Gauche Autrement qui, au-delà de ses élus, comprend aussi Rose et Sami, deux collaborateurs qui participent aux prises de décisions, et une association qui, avec Antonin et Lucien en têtes de pont, est un vrai réservoir d’expertise.

Gauche Autrement est un groupe d’opposition. Nous avons régulièrement voté contre les documents budgétaires (BP, CA, DM1, DM2) qui traduisent financièrement des choix politiques qui ne sont pas les nôtres. Pour autant, nous avons essayé - et, je le pense sincèrement, souvent réussi - de pratiquer une opposition décomplexée, pragmatique et constructive. Nous l’avons fait en nous référant constamment aux valeurs qui ont motivé notre engagement en politique et en pensant bien sûr aux femmes et aux hommes qui nous ont fait confiance en 1998, 2004 et 2005 lors de nos élections et réélection.

C’est ainsi que nous avons pu pratiquer un vrai dialogue républicain avec les deux présidents successifs et travailler en confiance avec une administration souvent de très bonne qualité. Au final, les résultats sont plutôt positifs. Au-delà des dossiers individuels, associatifs, sociaux, que nous avons continué à porter et à faire avancer, nous avons parfois fait bouger les lignes sur quelques questions de fond.

C’est essentiellement dans le domaine social que nos interventions ont pu porter leurs fruits. Dominique, qui travaille tout particulièrement sur ces dossiers, a trouvé en Philippe Tabarot, Vice-président du CG chargé de ces questions, un partenaire le plus souvent attentif et ouvert.

Ainsi, nous avons pu obtenir que le Schéma gérontologique départemental prévoie que toutes les nouvelles maisons de retraites (et celles qui s’étendent) doivent réserver au moins 20% des lits à des tarifs habilités à l’aide sociale pour obtenir une autorisation. De la même manière, nous avons demandé que les créations en zone littorale soient privilégiées (trop d’établissements se trouvent dans le Haut et Moyen-Pays).

Nous avons également beaucoup travaillé sur les questions du handicap, et avons pu obtenir, par exemple, le financement par le CG de 35 auxiliaires de vie scolaire (AVS) itinérants, pour compenser les insuffisances de l'Education Nationale, ainsi qu’une meilleure formation de ces intervenants.

Préoccupés par la difficulté de se loger dans notre département, nous avons obtenu que les aides individuelles pour l’accès à la propriété soient réservées aux acquisitions ayant un prix raisonnable (et donc plafonné) afin de mieux concentrer les efforts du CG sur le locatif. Sur ce dernier point, il y a encore des efforts à faire : en effet si les aides aux organismes collectifs ont été améliorées, on a diminué les aides individuelles pour les jeunes accédant pour la première fois à une location.

Cette pratique de l’opposition est finalement assez proche de celle du groupe PC qui, au-delà d’une opposition virulente sur les thèmes de politique nationale (opposition qui nous semble un peu vaine dans une assemblée locale) fait preuve d’un certain pragmatisme sur les dossiers départementaux comme ceux qui concernent la Vallée du Paillon ou la Culture. Les trois élus communistes font en général preuve d’un grand professionnalisme. Il est vrai que Céline et Pedro sont des collaborateurs très actifs.

Le groupe PS, quant à lui, est beaucoup plus hétérogène même si Véronique et Martine, avec lesquelles nous avons travaillé en parfaite intelligence pendant quelques années, essaient d’harmoniser le tout. Il y a l’électron libre Jean-Raymond Vinciguerra qui est à la fois l’élu le plus drôle de l’hémicycle et la conscience écolo de l’assemblée tout entière, les gestionnaires, Marie-Louise Gourdon (Mouans-Sartoux) et Antoine Damiani (Carros), et le noyau dur des Niçois. Un noyau dur qui fond comme neige au soleil avec des effectifs passés de six à deux en deux ans. Mais le Président Paul Cuturello, très proche de la Fédé PS et de Patrick Allemand, fait partie de cette tendance et donne le ton en ce qui concerne la gouvernance du groupe. Un positionnement qui s’arc-boute sur une opposition systématique un brin sectaire, souvent mal ajustée et du coup facilement annihilée par la Présidence et la majorité. Il suffit pour cela de mettre en évidence les contradictions du PS 06 comme ce fut encore le cas vendredi quand le groupe refusa de voter une délibération sur l’OIN alors même que celle-ci était acceptée avec enthousiasme par la Région et Michel Vauzelle. Même cas de figure avec l’adhésion de la municipalité socialiste de Carros à la CUNCA au moment où la Fédé PS dénonce l’impérialisme de Christian Estrosi sur le thème des nouvelles intercommunalités. Du coup, Paul Cuturello, par ailleurs plutôt pertinent sur les dossiers techniques, donne souvent le bâton pour se faire battre et se retrouve régulièrement crucifié par l’ironie présidentielle.

Au final, si aucun des trois groupes d’opposition ne démérite, j’ai la faiblesse de penser que notre positionnement spécifique, dû à notre absence d’attache partisane… et de cumul des mandats, permet d’avoir cette disponibilité et cette efficacité qu’exigent de plus en plus nos concitoyens, à la recherche d’une politique… autrement.

11 juillet 2009

La Pink Prom Parade



Pour la septième fois depuis le début de l’année, je m’offre un aller-retour pleine chaussée sur la Promenade des Anglais.

Après quatre défilés syndicaux, la Prom’ Classic et le Semi-marathon, il s’agissait aujourd’hui de la Pink Parade 2009.

Pas de slogan, pas de discours, chacun savait pourquoi il était là. Donc, exceptionnellement sur ce blog, place aux images : de la couleur, de la joie de vivre et le bonheur d’être ensemble.

09 juillet 2009

Le Tour d’en bas est éternel

Photo Dominique Boy-Mottard


Le Tour d’en haut continue à défrayer la chronique avec un Suisse supersonique pourtant sportivement moribond en début de saison et un Amstrong de 37 ans qui, après quatre ans d’arrêt, récupère avec aisance son rôle de patron du peloton.

Le Tour d’en bas, par contre, lui, est en très bonne santé. L’ayant retrouvé un peu par hasard dans le 66 entre Saint-Cyprien et Argelès-sur-mer après l’avoir manqué sur la Prom’, j’ai même l’impression qu’il est éternel. Oui, Claudio, tu as raison, « Et si on ne s'intéressait qu'au charme désuet de la caravane et à la naïveté festive des spectateurs… », oui, Laurent F, tu as raison, « c’est vrai qu’il y a de la magie dans cet événement… »

J’ai pu vérifier, au milieu de familles joyeuses et d’amateurs peu éclairés qui avaient délaissé quelques heures camping et plage, que, symbole du Tour d’en bas, la caravane bruyante et colorée est toujours la madeleine estivale enkystée dans nos mémoires enfantines.

Bien sûr, Yvette a quitté sa bulle de verre, les klaxons sont moins italiens, l’ORTF est devenue France Télévision et les bobs Ricard ont cédé la place à ceux de Cochonou-ou-ou. Mais la kermesse est toujours héroïque et le plaisir d’être ensemble sur le bord d’une route de France aussi intense.

Et puis, il y a ce moment magique où les gendarmes si beaux et si bleus sur leurs motos écartent la foule avec des gestes d’empereurs romains. Enfin, le peloton arrive. Enfin, le peloton passe. Comme une projection. Comme une abstraction. Et on oublie le Tour d’en haut et on l’aime, ce peloton.

Pendant les quinze secondes de spectacle, j’ai même identifié Thomas Voeckler… Vous savez, le type qui s’est échappé et a gardé 7 secondes d’avance à l’arrivée place de Catalogne, en face du centre du monde, la gare de Perpignan. 7 secondes… trop fort le mec !


07 juillet 2009

Peintres de Céret (P.O)




Collioure, célèbre petit port de la Côte Vermeille cher à Charles Trenet, est souvent considéré comme la cité des peintres en Catalogne française. En réalité, il n’en est que la vitrine. La véritable capitale historique de la peinture dans les P.O, c’est Céret.

Petite bourgade de 8 000 habitants lovée au cœur du Vallespir, la plus méridionale des régions françaises, Céret semble s’être assoupi à l’ombre des platanes de son « boulevard ». Au début du siècle, ce fut pourtant le lieu de villégiature et de création choisi par Picasso. Un Pablo qui devait être un sacré boute-en-train, puisqu’il attira, sans coup férir, Braque, Max Jacob, Juan Gris, Cocteau, Soutine, Masson et – ce qui ne peut qu’émouvoir un cœur de Niçois – Matisse, Chagall et Dufy…

Du coup, Céret, connu jusqu’alors pour ses cerises, fut baptisé « le Barbizon du cubisme ». De cette période bénie subsistent aujourd’hui beaucoup de souvenirs, d’innombrables toiles et un musée d’Art moderne à la collection permanente d’une surprenante richesse. Chaque année, ledit musée programme pour la saison estivale une exposition digne d’une grande ville, véritable événement dans cette région de tourisme populaire.

Je me souviens, par exemple, de la sublime exposition de l’été 2005, « Matisse-Derain : Collioure 1905 », ou de celle de 2007, qui me fit découvrir le fauvisme baroque d’Othon Friesz. Cette année, le thème est à la fois simple et local : avec « Céret, un siècle de paysages », il s’est agi de rassembler près de deux cents œuvres ayant comme thème les paysages et les lieux-dits de la petite cité. Déformés, torturés, magnifiés, ce sont eux que l’on retrouve, par exemple, dans une vingtaine d’œuvres de Chaïm Soutine venues du monde entier. Il y a aussi deux Dufy lumineux, des Massons ombrageux, un Canigou de Juan Gris qui a la préférence de Dominique, et bien d’autres surprises…

Alors, si de Perpignan vous vous élancez vers les premiers contreforts des Pyrénées, arrêtez-vous à Céret. En plus, vous aurez peut-être la chance de rencontrer Sonia et Maurice Winnykamen, autres habitués des lieux en été.

03 juillet 2009

« Nous étions jeunes et insouciants »



Avec le départ du 96e Tour de France, revient le temps des interrogations. Aurons-nous cette année ce fameux Tour « à l’eau claire » qu’on nous promet depuis 1998 et la fameuse affaire Festina ?

Les événements navrants qui ont émaillé les éditions 2006, 2007 et 2008 ne rendent pas forcément optimistes. La présence, parmi les grands favoris, de coureurs aussi sulfureux que Lance Amstrong ou Alberto Contador non plus. Sans oublier les révélations, il y a quelques semaines, du maillot à pois 2008, Bernard Khol.

Deux livres récents ne font que confirmer ce climat délétère. Dans « Faut-il arrêter le Tour de France ? », la journaliste Béatrice Houchard estime que seuls quatre vainqueurs du Tour n’ont pas contrevenu à la réglementation antidopage depuis… 1968. Elle cite ainsi Lucien Van Impe (1976), Greg Lemond (1986, 1989, 1990), Stephen Roche (1987) et Alberto Contador (2007). Le choix est assez surprenant pour ce dernier, interdit de Tour en 2008 à cause de l’affaire Puerto…

Plus intéressant est le témoignage de Laurent Fignon dans son livre de souvenirs « Nous étions jeunes et insouciants ». Ce qu’il dit est à la fois simple et effrayant. Avant les années 90, le dopage existe, la drogue est présente (les coureurs colombiens offrant, par exemple, de la drogue à tire-larigot à tout le peloton), mais le phénomène reste artisanal et la hiérarchie sportive du peloton est relativement bien préservée. Après 1991, on bascule dans une autre dimension avec l’EPO. Les pelotons roulent à 50 kilomètres à l’heure, les géants de 100 kg et plus avalent les cols, les équipiers obscurs se mettent à gagner de grandes courses, les spécialistes contre-la-montre se prennent pour Valentino Rossi…

« 1991, 1992, 1993 : ce furent en effet les années charnières. Celles à partir desquelles tout bascula (…) Des gars que je voyais rouler tous les jours à mes côtés changeaient du tout au tout. Ils devenaient meilleurs sans s’entraîner plus qu’avant – parfois même moins. C’était flagrant. Je n’étais pas dupe (…) De nouveaux coureurs se portaient plus régulièrement aux avant-postes et menaient des trains d’enfer au-delà de la normale. »

De fait, l’analyse de Fignon est largement confortée par le palmarès plutôt édifiant du Tour à partir de cette période.

Ainsi, de 91 à 95, on assiste à cinq victoires de Miguel Indurain. L’ancien lieutenant de Delgado devient brusquement et sans transition une bête de course qui étouffe la concurrence dans les cols malgré son physique d’haltérophile poids lourd. En 1996, l’obscur équipier trentenaire Riis gagne à la surprise générale, avant d’être déclassé pour dopage… dix ans plus tard. En 97, Ulrich et en 98 Pantani écrasent leurs adversaires avant d’être rattrapé plus tard par des affaires de dopage. Pantani, devenu toxicomane, va même mourir dans des circonstances dramatiques.

A partir de 99, nous devons subir le septennat Amstrong, honnête coureur de classiques qui devient une sorte de Robocop indestructible et imbattable après… un cancer. Le journal L’Équipe va d’ailleurs faire la démonstration qu’il était dopé en 99. Du coup, les victoires suivantes sont pour le moins sujettes à caution.

En 2006, Oscar Pereiro, qui n’a jamais rien gagné, ni avant ni après, bénéficie du déclassement de Landis pour dopage. En 2007, Contador gagne grâce à la disqualification de Rassmussen pour dopage avant d’être lui-même rattrapé par l’affaire Puerto.

Quant à Sastré l’an dernier, personne n’a encore compris comment ce grimpeur a pu résister à un spécialiste comme Cadel Evans lors du dernier contre la montre du Tour.

A partir de là, on peut rêver à un Tour 2009 avec des coureurs « jeunes et insouciants »… Nous ferons le point ici même le 26 juillet, mais j’ai bien peur que nous soyons loin du compte.

01 juillet 2009

Le tabou des tabous

Marie-Camille Imbo

Encore choqué par la violence des manifestations anti-IVG (je préfère ce qualificatif à celui de « pro-life » qui résonne déjà comme une défaite idéologique) croisées du côté de Denver fin août 2008 pendant la Convention Démocrate, j’avais proposé, dès la rentrée, à Marie-Camille Imbo, une étudiante de M1 en Info Com très sensibilisée aux questions de société, de faire son mémoire sur le thème du tabou que me semblait être l’avortement dans les séries américaines.

En effet, j’avais remarqué « comme un défaut » dans la plupart de ces séries que nous admirons tout précisément parce qu’elles constituent un miroir, quelquefois hallucinant de vérité, de la société américaine et parfois même de la condition humaine.

C’est ainsi qu’il ne m’avait pas échappé que Rachel (Friends, NBC, Saison 8 épisode 1) et Miranda (Sex and the city, HBO, 4/11), héroïnes sexuellement libérées, avaient refusé d’avorter alors que la psychologie et la situation personnelle des personnages devaient logiquement les conduire à cette solution.

J’étais également intrigué par le comportement de Danielle (Desperate Housewives, ABC, 3/16) et de Theresa (Newport Beach, Fox cable, 1/11 à 27), adolescentes sans projet de vie refusant l’IVG salvatrice…

Séduite par la suggestion, Marie-Camille s’est mise au travail, n’hésitant pas à revisiter pas moins de… vingt-six séries. Son mémoire aujourd’hui validé est une analyse extrêmement complète et précise qui confirme totalement ce qui n’était au départ qu’une intuition : les anti-avortement ont fait capituler les scénaristes américains qu’ils s’agissent de ceux qui travaillent pour les grands réseaux comme NBC et ABC ou pour les chaînes câblées comme HBO ou Showtime, considérées comme plus culturelles.

Son constat est rude :

« Les idées pro-life, dont la principale compare l’avortement à un meurtre sont partagées au moins par un des proches de la femme enceinte quand ce n’est pas elle-même.
(…) A minima, le fait d’avorter est perçu comme un acte honteux et égoïste, les personnages ont du mal à en parler avec leur entourage. Il est considéré comme une solution de facilité que seuls les « lâches » choisissent.

(…) Le mot avortement est rarement prononcé et, lorsqu’il l’est, ce n’est que pour le qualifier de répréhensible ou encore pour dire un désaccord avec la solution envisagée.

(…) L’idée du devoir à accomplir est toujours présente : il faut que les femmes assument leurs « égarements » coûte que coûte et donc acceptent l’enfant non désiré.

(…) Dans les quelques cas où l’avortement a lieu, les héroïnes sont assaillies de regrets et de remords. »

Ce parti pris conduit à des aberrations :

Julia (Nip/Tuck, FX, 1/5) préfère délibérément provoquer une fausse couche plutôt que d’avorter. Kira (Dirt, FX, 1/1), elle, préfère le suicide. Dexter (Dexter, Showtime, 3/1) et Nancy (Weeds, Showtime, 2/5) sont farouchement opposées à l’IVG mais ne trouvent rien à redire à leurs activités quotidiennes (lui est serial killer, elle, dealeuse). Shelly (Les frères Scott, WB, 4/3), pour sa part, a bien avorté, mais, rongée par le remord, a décidé de redevenir vierge grâce à la foi (!).

Seules quelques séries acceptent à minima un débat sur la question – Philadelphia (FX, 2/1), Private practice, spin-off de Grey’s anatomy, (ABC 2/8) – ou de traiter de la violence des anti-IVG – FBI : portés disparus (CBS, 2/dernier épisode), Master of Horror (Showtime, 2/5), tourné par John Carpenter.

A noter que le Docteur House (Fox, 5/12), toujours aussi décalé et anticonformiste, arrive à convaincre une jeune fille – victime d’un viol, il est vrai – d’avorter et que l’épisode 1/16 de Cold case nous renvoie fort opportunément dans l’enfer de l’avortement clandestin des années soixante… avant la loi.

Ces rares exceptions ne remettent aucunement en cause ce tabou des tabous imposé par la terreur d’un groupe de pression qui a trop longtemps bénéficié du soutien des plus hautes autorités politiques. Un tabou qui concerne pourtant une pratique sociale parfaitement légale, une loi qui, comme le rappelle Marie-Camille en conclusion, garantit « la liberté pour les femmes de disposer de leur corps ».