29 octobre 2009

Le grand oral du Préfet

Les élus de Gauche Autrement en séance


Grande première ce jeudi au Conseil général : nous avons eu droit, en lever de rideau du débat d’orientation budgétaire, à une visite du préfet Francis Lamy qui, pour l’occasion a prononcé une sorte de discours sur « l’état de l’Union » à la sauce maralpine.

Avec un optimisme lisse qui frisait parfois la langue de bois et une complaisance avérée envers les majorités gouvernementale et départementale, le Préfet a fait un vaste tour d’horizon des politiques de l’Etat : la sécurité (tout va mieux), le plan de relance (tout va aller mieux),l'OIN (tout va débuter), l’élimination des déchets (tout va être réglé), la réforme de l’administration (tout va devenir plus simple).

En conclusion, il n’oubliera pas toutefois de faire un peu de politique en jetant une pierre dans le jardin de la Fédération du PS : il félicita le maire socialiste de Carros, Antoine Damiani, pour son adhésion à la Communauté Urbaine de Nice vouée aux gémonies par Biscarra.

Il s’en suivit, à son initiative – ce qui était assez sport de sa part – une série de questions-réponses avec nous, les élus départementaux. Entre deux questions techniques sur les dossiers « personnes âgées » et « handicap » qui la passionnent, Dominique en profitera pour faire allusion à la grande loi de décentralisation votée par la gauche en 1982. En effet, avant la loi Defferre, le préfet n’avait pas besoin d’être invité pour assister à une séance du Conseil général car il était… l’exécutif de celui-ci. Si on rajoute à cela la création de la Région, collectivité territoriale avec une assemblée élue, le passage de la tutelle au contrôle de légalité, et les importants transferts de compétence, on constate que cette réforme majeure, qui aligna l’organisation interne de la France jacobine sur celle de ses voisins tout en apportant un début de réponse à la crise de l’Etat Providence, n’a rien à voir avec la lilliputienne réforme électorale qu’on essaie de nous vendre actuellement comme une grande réforme territoriale.

Voir aussi, sur le blog de Dominique Boy-Mottard : Opposition constructive, discours de la méthode.

25 octobre 2009

La candidature de Laurence Vichnievsky est-elle une bonne nouvelle pour PACA ?

Pour la démocratie, assurément.

Juge d’instruction dans les affaires de financement occulte de partis politiques, dans l’affaire Elf, actuellement avocat général dans le procès suite le naufrage de l’Erika, Laurence Vichnievsky, proche d’Eva Joly, a incontestablement fait preuve de courage et d’indépendance pendant sa déjà longue carrière de magistrat.

Qu’Europe Ecologie Provence en fasse sa tête de liste en région PACA me semble effectivement une chance pour la démocratie. En règle générale, je ne suis pas pour le mélange des genres ; mais il y a des circonstances où le système politique a besoin d’une aide extérieure pour stopper une dérive ou casser un système. On se souvient de la montée en puissance des juges anti-mafia dans la vie politique italienne. Certes, PACA n’est pas la Sicile, mais il faut bien reconnaître que le PS termine son deuxième mandat dans un climat de scandale et de suspicion.

Il est quand même incroyable qu’un ancien directeur de cabinet de Michel Vauzelle, un ancien directeur général des services, le secrétaire général du groupe PS soient mis en examen pour détournements de fonds publics sans que cela provoque dans la majorité sortante un électrochoc.

Il est encore plus surprenant qu’une élue majeure, Sylvie Andrieux, députée et surtout présidente du groupe PS à la région depuis 1998 (elle a été ma présidente de groupe pendant l’année où j’ai été conseiller régional), est pointée du doigt par la justice et par la presse à propos d’attribution de subventions de complaisance à des associations en vue de s’assurer paix sociale et investiture interne au sein du parti, sans que cela n’ait d’autre conséquence qu’une démission de l’élue… pour cumul des mandats.

Ici même, j’avais rappelé qu’une des conditions nécessaires à la réélection de Michel Vauzelle était une attitude dépourvue d’ambiguïté de sa part sur cette question. Prisonnier d’un rapport de forces interne qui fait que les élus clientélistes (pas seulement dans les Bouches-du-Rhône) verrouillent le système, il est désormais à peu près certain qu’il ne fera rien, se contentant de colmater les brèches.

Du coup, la candidature Vichnievsky apparaît comme une formidable opportunité pour nettoyer les écuries d’Augias et pour moraliser le système du « guichet » peu compatible avec les valeurs de gauche.

Le résultat de cette candidature est déjà positif. La campagne régionale qui n’arrivait pas à décoller est désormais dans l’actualité et, grâce à Vichnievsky, centrée sur la question numéro 1 en PACA : la corruption et le clientélisme.

Quant au résultat éventuel, c’est du gagnant-gagnant. Soit Europe Ecologie est en tête et l’opération mains propres peut se faire directement, soit elle est derrière, mais sera en position de négocier avec Michel Vauzelle, sur le fond, un changement radical des pratiques et mœurs locales.

Dernier avantage : une liste des Alpes-Maritimes avec, sous l’autorité de Laurence Vichniesky, des élus à l’intégrité et aux valeurs reconnues comme André Aschiéri, Mari-Luz Nicaise et Rémy Gaechter (je les ai côtoyés assez longtemps pour m’en porter garant) aurait de l’allure et serait un puissant remède contre l’abstention de gauche.

De nombreux militants de gauche pensent cela.

Et vous, qu’en pensez-vous ?



Pour enrichir le débat, un nouveau billet du Biscarra enchaîné.

22 octobre 2009

HBO & Co : le top ten



The West wing, enterrement du vétéran SDF à Arlington


Il m’arrive de m’enthousiasmer ici même pour certaines séries télévisées qui dans le sillage de la chaîne à péage américaine HBO ont créé un genre à part qui utilise la durée et la récurrence pour raconter la vie des hommes et des femmes. De tous les hommes, de toutes les femmes.

A la relecture, je me suis aperçu qu’au delà d’un double hommage au précurseur et légendaire Prisonnier de Patrick McGoohan je n’avais évoqué que cinq séries : les quatre HBO, Big love, Rome, Deadwood et Six feet under, ainsi que Cold case diffusé par le réseau CBS.

Assurément, ces cinq séries figurent parmi mes préférées. Mais il me semble naturel aujourd’hui d’évoquer leurs cinq sœurs pour compléter un top ten dont je m’empresse de dire qu’il est une sélection et non un classement car, dans mon esprit, ces dix chefs-d’œuvre sont littéralement incomparables.

Ally Mc Beal (112 épisodes de 42 mn, 1997-2002, réseau Fox, créateur David E. Kelley)

Ally est une avocate fantasque de Boston à l’imagination débridée et à la libido chaotique. Avec les collègues de son cabinet, elle partage les hauts et les bas de sa vie professionnelle et sentimentale. Truffée de scènes surréalistes (les toilettes mixtes du cabinet sont pleines de surprises…), cette série très drôle nous en apprend beaucoup sur la juridicisation excessive de la société américaine.

Le pub où, le soir, les avocats se détendent après le labeur, est le théâtre de séquences musicales dans lesquelles passent en invités de nombreuses vedettes de la scène américaine. C’est dans ce cadre que fut ressuscité Barry White et son célèbre « You are my first, my last, my everything », véritable fil rouge de la série, dont nous avions fait l’hymne de la campagne municipale en 2001.

Sex and the city (94 épisodes de 22mn, 1998-2004, HBO, créateur Darren Star)

Carrie Bradshow et ses copines Samantha, Charlotte, Miranda, sont des jeunes femmes new-yorkaises célibataires, friquées et un tantinet futiles… Elles recherchent frénétiquement le grand amour dans Big Apple. En fait, Sex and the city est la série qui a permis aux hommes de savoir ce qui se passe dans la tête des femmes, surtout quand elles pensent aux hommes. Pas sûr que tous se soient remis de ce choc culturel !

The west wing (155 épisodes de 42 mn, 1999-2006, réseau NBC, créateur Aaron Sorkin)

Pendant sept saisons, soit à peu près deux mandats en temps réel, nous vivons, dans l’intimité de l’aile Ouest de la Maison Blanche, le parcours d’un président démocrate américain (Martin Sheen, exceptionnel) comme on les aime : humaniste et accessible au doute.

A la fois documentaire sur la vie politique américaine (je le recommande régulièrement à mes étudiants), réflexion sur le pouvoir et attachante galerie de portraits, cette série parfois très spectaculaire est remarquablement filmée. The west wing a également su anticiper Obama (à découvrir dans la dernière saison).

A voir, de toute urgence, l’épisode du vétéran SDF enterré avec les honneurs à Arlington : si vous n’avez pas au moins la larme à l’œil, consultez, vous n’êtes pas normal…

Les Soprano (86 épisodes de 46 mn, 1999-2007, HBO, créateur David Chase)

Tony Soprano (James Gandolfini, génial en frère joufflu de Robert De Niro) est le parrain de la très artisanale mafia du New Jersey. Mais, mal dans sa peau, bousculé par une famille qu’il a du mal à maîtriser, il a recours aux services d’une psy (Lorraine Bracco). Le télescopage du monde formaté de la mafia et des impondérables de la vie quotidienne font des Soprano une chronique à la fois inattendue et quelque peu exotique de la condition humaine.

The shield (88 épisodes de 45 mn, 2002-2008,réseau FX, créateur Shawn Ryan)

Pour Vic Macky et son équipe de policiers peu scrupuleux, la fin justifie les moyens et les événements leur donnent souvent raison. La violence de cette série d’une incommensurable noirceur et d’un pessimisme extrême n’est jamais gratuite (comme elle peut l’être dans 24 heures chrono, par exemple) et révèle l’inhumaine humanité des protagonistes de cette histoire qui se déroule à Los Angeles.

Depuis quelques semaines, Braquo, sur Canal +, se veut un clone hexagonal de The shield. Le résultat est honoable mais infiniment moins subtil que l’original.

Cinq et cinq, le compte y est. Une injustice est réparée.

Bonjour chez vous !



Dans l'intimité des toilettes mixtes du cabinet d'Ally McBeal

18 octobre 2009

La promesse de Kars

Kars, Turquie

Nous sommes en juin 2003. Arrivés il y a quelques heures à Kars, petite ville frontière de cette Anatolie orientale qui, piédestal majestueux de l’Ararat, fut si longtemps Arménie Occidentale… Le ciel est encore plus bleu qu’à Istambul, quitté la veille, et l’air doux que nous respirons au pied de la citadelle confirme que l’été a fini par s’installer dans cette cité réputée pour être la plus froide de Turquie (5°C de moyenne annuelle).

Après avoir visité, un peu gênée, ce symbole des convulsions historiques qui ont affecté la région qu’est la cathédrale arménienne Saint Arak’elos transformée en mosquée (1998), notre délégation est reçue à l’Hôtel de Ville par le maire Naif Alibeyoglu. Une délégation d’ailleurs assez improbable qui a été pensée et patiemment construite par Sanson, Kirkor et Gaspard, les infatigables animateurs de la diaspora arménienne niçoise. Elle regroupe quelques jeunes responsables politiques de la toute nouvelle République d’Arménie, des universitaires et des acteurs économiques turcs, un de mes anciens étudiants devenu responsable du Caucase pour l’Union Européenne, plus quelques témoins niçois comme Pierre et Dikran qui deviendront des amis. Il y a aussi un certain Hrant Dink, journaliste de nationalité turque, directeur d’Agos, le seul journal de la petite communauté arménienne de Turquie rescapée du génocide.

D’emblée, sans langue de bois, le maire évoque le déclin de sa ville, le chômage et la désertification de la région depuis la fermeture de la frontière toute proche entre Turquie et Arménie à la suite de la guerre du Haut Karabagh, à l’initiative de son propre gouvernement. Lui qui est pourtant membre du parti au pouvoir à Ankara (islamiste « modéré ») est tout à fait favorable au dialogue avec les Arméniens de culture et d’histoire communes. Et d’affirmer que la réouverture de la route du Caucase Sud et du Caucase Nord était une nécessité non seulement pour sa ville mais pour l’Arménie et la Turquie.

A cet instant précis, nous qui étions là avec des idées de réconciliation sur fond de reconnaissance du génocide avons compris que la solution serait peut-être plus pragmatique. Les lignes – et les frontières – étaient prêtes à bouger pour des raisons économiques et géopolitiques.

Sans nous consulter, nous avions tous compris le message du maire de Kars. Un message en forme de promesse de paix. La réconciliation attendra plus tard.

Au fond de la salle, Hrant Dink semble approuver.

Aussi, quand le 10 octobre j’ai vu Ammet Davutoglu, ministre turc des Affaires étrangères, et son homologue arménien, Edouard Nalbandian, signer à Zurich, avec l’aide de la diplomatie américaine de Barack Obama, des accords qui, s’ils ne règlent pas tous les problèmes, normalisent spectaculairement les relations entre les deux pays, j’ai pensé à cette scène d’il y a six ans et à sa promesse de paix.

Hrant Dink, lui, n’aura pas pu assister à cet accord historique. En janvier 2007, il a été assassiné par des fanatiques de l’extrême droite turque. Pour lui, la promesse de Kars aura été trop longue à se concrétiser…

15 octobre 2009

Pyrrhus était place Masséna

Ils étaient une petite centaine place Masséna pour fêter l’abandon du projet de ligne 2 du tramway sur la Promenade des Anglais. Quantitativement modeste, le rassemblement est politiquement hétéroclite puisque seuls manquent à l’appel Gauche Autrement et le Parti communiste. Et pourtant, sans s’en rendre compte, tout ce petit monde célèbre en fait une victoire à la Pyrrhus.

En effet, aiguillonné par une opposition qui, pour une fois, avait fait preuve de subtilité, le maire de Nice avait décidé d’aller très au-delà de son programme électoral initial en décidant la mise en chantier d’une ligne de tram Est-Ouest. Une ligne a priori souhaitée par les Niçois qu’on n’avait bien entendu pas informés des conséquences financières d’une telle aventure.

La revendication d’une deuxième ligne étant satisfaite, l’opposition se porta sur le tracé proposé. Faire passer le tram sur la Prom’ parut vite insupportable aux hôteliers et aux professionnels. Leur courroux avant tout commercial fut relayé par un certain nombre de Niçois qui voulaient garder la Promenade telle qu’elle est. C’était bien leur droit.

Le PS, qui a l’habitude de pratiquer à Nice depuis les municipales une opposition un peu « bourrin » à connotation chauvine, s’engouffra dans la brèche en étant persuadé d’être le catalyseur des mécontentements.

En fait, ce rôle fut tenu par un Jacques Peyrat en grande forme qui, même s’il ne se fait plus d’illusions sur son avenir politique, adore pratiquer une opposition jubilatoire et goguenarde.

Après un peu de résistance pour la forme (on a sa fierté quand même !), Christian Estrosi a vite compris qu’il n’avait rien à gagner en s’entêtant. Par contre, le front du refus allait lui permettre de rebondir en se sortant du guêpier de la ligne 2. L’opposition de gauche lui avait planté une épine dans le pied, cette même opposition allait la lui retirer.

Faire la ligne 2 supposait deux à trois ans de travaux. Que ce soit avec le tracé Prom ou le tracé Centre-Californie, les riverains auraient manifesté un vif mécontentement. De plus, les travaux auraient de toute façon paralysé une bonne partie de la circulation urbaine, exaspérant les actifs. Enfin, le prix exorbitant de l’opération aurait plombé le budget, obligeant le maire à renoncer aux autres projets qui eux étaient des promesses électorales.

D’où le petit chef-d’œuvre de réalisme politique que constitue le nouveau projet de Christian Estrosi. Il renvoie la construction de la ligne 2 à l’après-crise, voire aux calendes grecques, avec un projet forcément consensuel puisqu’on enterre le tram, épargnant ainsi professionnels, riverains et automobilistes. Or, chacun sait qu’à chaque fois qu’il est question d’un projet urbain, il se trouve toujours des bonnes âmes pour proposer qu’on l’enterre (c’est ainsi que, par dérision, Henri Revel, maire de Saint-Laurent-du-Var, avait proposé qu’on enterre… l’aéroport pour limiter les nuisances sonores !).

Christian Estrosi a donc trouvé une façon assez élégante quoiqu’un peu cynique de botter en touche en effaçant le faux-pas accompli en début de mandat.

Les manifestants de Masséna ont sans doute, sans le savoir, fait d’une pierre deux coups : ils ont fêté leur victoire et, peut-être aussi, un probable deuxième mandat de Christian Estrosi.

13 octobre 2009

Ils ont tué Frank Vandenbroucke

Frank Vandenbroucke


Frank Vandenbroucke est mort lundi d’une embolie pulmonaire dans sa chambre d’hôtel de Saly, station balnéaire sénégalaise. Il avait 34 ans.

Frank était coureur cycliste professionnel. Un magnifique coureur qui, entre 1995 et 2000, avait laissé espérer qu’il pouvait lui,le wallon, être le digne successeur d’Eddy Merckx.

En mars 1999, j’ai eu la chance d’être le témoin direct d’un de ses exploits puisqu’il avait gagné à Valberg l’étape de Paris-Nice que j’avais suivie de bout en bout dans la voiture d’Eric Boyer.

Quelques semaines plus tard, j’assistais, médusé, devant mon téléviseur, à sa légendaire victoire dans Liège-Bastogne-Liège. Il avait attaqué à l’endroit même où il avait prévu de le faire… avant le départ.

Mais le système a rattrapé celui que ses supporters appelaient affectueusement « VDB » : contrôles positifs, tentative de suicide, cures de désintoxication, séjour en hôpital psychiatrique… Depuis quelque temps, on disait qu’il allait mieux. Pourtant, à côté de son lit de mort, on a retrouvé pêle-mêle insuline, somnifères, anxiolytiques…

Quand, sur ce blog, je dénonce assez régulièrement le dopage, ce n’est pas pour moi une simple question d’éthique sportive. Je pense bien sûr à Simpson ou à Pantani, mais aussi et surtout à tous ces jeunes gens – cœurs meurtris et personnalités en miettes – qui meurent en arrachant, dans le meilleur des cas, une ligne et demi à la rubrique des faits divers.

Aujourd’hui, c’était au tour de VDB. Ils l’ont tué. Au fait, qui « ils » ? Au choix : les éducateurs irresponsables, les soigneurs marrons,les directeurs sportifs impatients,les docteurs Mabuse, les sponsors Ponce Pilate et, avec une mention spéciale, les médias hypocrites : L’Equipe pour complaire à ASO ; le service public de la télévision et ses consultants mercenaires pour faire de l’audimat.

Mais peut-être aussi nous tous qui nous rendons si nombreux chaque année sur la route du Tour. Puisse le nouveau scandale Astana-Contador-Armstrong qui est en train de germer nous aider à dénoncer une fois pour toute ce cirque infernal. En mémoire de VDB.

10 octobre 2009

Tramway : la victoire de Gauche Autrement

Depuis les élections municipales, avec l’association Gauche Autrement, nous n’avons pas cessé de défendre les propositions de notre programme en matière de transports en commun pour la ville de Nice et l'agglomération. A ce propos, on peut par exemple relire le blog de Dominique en date du… 18 septembre. Pour nous, priorité devait être donnée à l’extension de la ligne 1 jusqu’à l’hôpital Pasteur puis jusqu’à La Trinité et à la mise en œuvre d’un tram-train Gare du Sud-Saint Isidore. Quant à la ligne 2 (Est-Ouest), elle ne devait pas selon nous faire partie de ces priorités pour des raisons financières (surtout si on considère que la crise est intervenue entre temps). Nous avions aussi le sentiment qu’après quatre ans de chaos, la population ne serait pas prête à subir trois nouvelles années de travaux.

Revenant sur son programme électoral, le maire trop sensible aux sondages politiquement corrects et à la démagogie, avait pourtant décidé la construction de cette fameuse ligne 2. Une polémique s’en était suivie sur la question du tracé. Sur ce point, nous avions décidé de nous tenir à l’écart de ce qui était pour nous un faux débat.

Depuis hier, le maire s’est singulièrement rapproché de nos positions. Quelle que soit la présentation du nouveau calendrier, il est clair que la réalisation de la ligne 2 est renvoyée à un éventuel second mandat (cela dit, il est vrai que, même si elle est coûteuse, la nouvelle option est très séduisante d’un point de vue environnemental… si elle est techniquement réalisable). La priorité revient donc à l’extension de la ligne 1, dans un premier temps jusqu’à Pasteur. La volonté d’accélérer la conception d’une ligne 3, couplée en partie avec le train des Pignes, est également affirmée.

Gauche Autrement ne peut qu’être en accord avec un tel calendrier qui permettra, entre autres, de dégager des fonds pour accélérer une politique de proximité qui a bien besoin d’être « boostée ».

Avec Dominique, avec les amis de Gauche Autrement, nous ne pouvons que nous féliciter d’avoir une fois de plus fait de la politique autrement, en refusant de foncer tête baissée dans une polémique parfaitement subalterne et en défendant sur le fond les intérêts réels de la population niçoise.

09 octobre 2009

Patrick Mottard sur France Bleu Azur

Ce matin, avant de rejoindre mes étudiants à Carlone puis Serge Klarsfeld et les autorités civiles et militaires pour l'inauguration de la plaque de l'hôtel Excelsior en mémoire des juifs déportés de Nice (et où je serai, assez curieusement, le seul élu de gauche présent), j'étais l'invité de la rédaction de France Bleu Azur.

L'occasion de rappeler les positions de Gauche Autrement en matière de transports en commun, de commenter la politique du maire et le parcours du PS local, d'expliquer notre travail d'élus et d'évoquer l'échéance des Régionales, tout en recueillant une information précieuse : David Digiacomo, mon sympathique et très professionnel interviewer sera aussi au départ du marathon de Nice le 8 novembre. L'an dernier, il avait quand même réalisé 4 h 15'... tout en effectuant le reportage de l'épreuve avec un téléphone portable. Un héros du service public en quelque sorte !

07 octobre 2009

Ni de droite, ni de gauche, la connerie est universelle

Retour sur image : après vingt-cinq ans de militantisme politique, Dominique Boy-Mottard décide (seule) de se présenter à des élections pour servir autrement ses valeurs. Pas n’importe quelle élection… Pas un scrutin de liste avec quota féminin protecteur, mais un bon vieux scrutin de circonscription, au contact direct des électeurs, dans le canton de la ville à priori le plus difficile pour la gauche.

Après une courte défaite, une annulation (elle défendra elle-même celle-ci devant la justice administrative), elle l’emportera, avec sa propre équipe militante, contre l’un des principaux lieutenants du maire de l’époque.

Désormais, à côté de Patrick Mottard (excusez cette utilisation de la 3e personne…), il y avait une nouvelle conseillère générale qui ne devait sa victoire qu’à son travail et à la force de ses convictions.

L’événement fut alors largement salué par la presse. Au Conseil général, elle fut accueillie par la quasi-totalité des élus de tous les groupes avec respect. Ils voyaient en elle, et à juste titre, la gagnante d’un dur combat politique et en aucun cas « la femme de… ».

C’est du côté du PS, où nous étions encore à l’époque, que soufflèrent les premiers vents mauvais. Pas d’attaques frontales, rien de franc : ce n’est pas le genre de la maison. Des bruits, des ragots, beaucoup de méchanceté et, déjà, ce terme odieux de « Thénardier » qui nous est revenu aux oreilles plusieurs fois.

Mais le meilleur restait à venir. Quand, après avoir consommé notre rupture avec le PS, nous avons décidé – comme les élus communistes à la mairie viennent de le faire il y a quelques jours – de constituer notre groupe au Conseil général, Patrick Allemand nous attaqua violemment en séance publique, devant une assemblée médusée, en stigmatisant la constitution d’un « groupe familial ». Lui, le super cumulard, venait d’inventer le cumul familial…

Or, depuis peu, il n’est plus seul. Il vient de recevoir le soutien spectaculaire de l’ineffable Lionel Luca qui cumule d’ailleurs, en toute bonne conscience, son poste de député et sa vice-présidence du conseil général. En réunion publique, et avec le relais bienveillant de Nice-Matin, ce monsieur a cru bon de dire : « … il y a la nouvelle mode des monsieur madame qui « cumulent à deux » comme ça… il n’y a pas de cumul ! Les « Bompard » par exemple, ou les Mottard. Ce sont les Thénardier de la politique ».

Quelle belle symétrie ! Jusqu’à la reprise plus qu’étrange du terme « Thénardier »…

Et nous avons la surprise de trouver ainsi le représentant du PS et l’ancien lieutenant de Pasqua main dans la main pour promouvoir une bien étrange conception du rôle de la femme en politique. Probablement une bouffée de nostalgie pour l’époque où le Code civil organisait la soumission de l’épouse.

Plus sûrement la preuve qu’ils appartiennent à la catégorie de ceux qui – comme le disait en son temps Michel Audiard – osent tout… et que c’est même précisément à cause de ça qu’on les reconnaît…

05 octobre 2009

Le convoi des déportés tatoués

Edith, au camp de Royallieu

Ce week-end fut à la fois l’occasion d’honorer un rendez-vous avec mon histoire familiale et de résoudre un petit mystère grâce, il faut bien le dire, à un travail préparatoire de Dominique, historienne-internet hors pair.

Pour cela, il fallait rejoindre la lointaine Picardie. En effet, comme beaucoup de résistants arrêtés par les Allemands, mon grand-père, Edgard Ponthus, passa quelques semaines dans le camp de transit de Royallieu à Compiègne.

Il s’agissait donc d’investir quelques heures ces lieux où Edgard vécut avant de rejoindre l’enfer de la déportation.

Avec, d’emblée, un moment d’intense émotion quand Edith, sa fille, ma mère, débarqua en gare de Compiègne soixante-cinq ans après ce père qui avait à l’époque la moitié de son âge actuel et qu’elle ne revît jamais.

Mais le site du Mémorial de l’internement et de la déportation (inauguré en 2008… il était temps !) nous permit également de résoudre, au moins partiellement, une énigme. J’avais toujours été intrigué par le fait qu’Edgard, déporté résistant, soit envoyé après le transit directement à Auschwitz, le camp d’extermination généralement réservé aux déportés juifs voués aux chambres à gaz. Le parcours était d’autant plus insolite qu’un rapatriement en Allemagne fut promptement organisé dans les jours qui suivirent. Quand on connaît la précision tatillonne des fonctionnaires de la mort nazis, ce type d’anomalie est plutôt interpellant.

En fait, la réponse est collective et se trouve dans une des salles des baraquements aménagés du camp-mémorial. Edgard appartenait en fait au convoi du 27 avril 1944 que les historiens appellent « le convoi des déportés tatoués ». En effet, en parfaite contradiction avec la règle qui voulait qu’on n’envoyait pas les résistants dans des camps d’extermination mais dans des camps de « travail », mille six cent cinquante cinq pensionnaires de Compiègne furent expédiés à Auschwitz-Birkenau. Après quatre jours et trois nuits d’un hallucinant voyage, ils y arrivèrent le 30 avril et y furent tatoués des numéros 184 936 à 186 590 (186 255 pour Edgard), formalité odieusement caractéristique du camp polonais. Pourtant, quelques jours plus tard (le 12 mai), sans explication, ils furent rapatriés sur Buchenwald en Allemagne, puis, pour mille d’entre eux, à Flossenbürg, camp situé à la frontière tchèque, et où mon grand-père, affecté à un commando (le commando Janowitz), travailla dans une carrière quelques mois dans des conditions très difficiles pour un homme de quarante-cinq ans.

Les historiens se perdent en conjectures à propos de cette volte-face : erreur bureaucratique de l’administration SS des camps ? convoi refoulé d’Allemagne pour cause de surpopulation ? acte de représailles après l’assassinat du collaborateur Pucheu à Alger ? Aucune interprétation ne s’impose, faute de preuve.

Reste que les sept cent quatre-vingt-dix-huit survivants de cette dramatique aventure resteront solidaires après-guerre en créant une très active association : « Amicale des déportés tatoués du 27 avril 1944 ». Ignorant qu’Edgard avait fait partie de ce convoi, nous n’avons appris son existence que récemment.

Mon grand-père, décédé le 28 avril 1945, ne fera pas partie de ces rescapés. Robert Desnos, le poète surréaliste et compagnon d’infortune d’Edgard non plus. Ils mourront tous les deux du typhus. Mais le poète voit toujours plus loin que l’horizon et ses vers auront raison de la bête immonde en traversant nuit et brouillard, nacht und nebel, pour nous délivrer ce message d’amour :

(…) Sol de Compiègne !
Terre grasse et cependant stérile

Terre de silex et de craie

Dans ta chair

Nous marquons l’empreinte de nos semelles

Pour qu’un jour la pluie de printemps

S’y repose comme l’œil d’un oiseau

Et reflète le ciel, le ciel de Compiègne

Avec tes images et tes astres

Lourd de souvenirs et de rêves

(…)

Sol de Compiègne !

Un jour nous secouerons notre poussière

Sur ta poussière

Et nous partirons en chantant.


Nous partirons en chantant
En chantant vers nos amours
La vie est brève et bref le temps.


Rien n’est plus beau que nos amours.

Nous laisserons notre poussière
Dans la poussière de Compiègne

Et nous emporterons nos amours

Nos amours qu’il nous en souvienne

Qu’il nous en souvienne.