29 mai 2010

Les hussards de la convivialité cantonale

Avenue Bardi. Vendredi 18 heures.

Elisabeth et ses complices du « 4 » (ndlr : 4 avenue Bardi) ont une fois de plus pris l’initiative d’organiser la fête des voisins dans notre rue. Soyons clairs : sans eux, il n’y aurait pas eu de fête et c’eût été dommage…

C’est qu’échanger avec ses voisins, pendant une heure ou deux, autre chose que des considérations météorologiques est forcément un moment privilégié. Vexée, la météo se vengera d’ailleurs par une averse assez rude qui eut quand même la décence d’attendre que la dernière bouteille fut vide. Restera, de ce moment partagé, une provision de sourires complices qui s’échangeront dans les mois qui viennent au détour d’un garage ou dans une cage d’ascenseur…

Collège Vernier. Samedi 8 heures.

Valérie et ses amies de l’association des parents d’élèves achèvent la mise en place du premier vide grenier organisé dans l’établissement. Les stands sont achalandés, la buvette est opérationnelle et les sourires fleurissent malgré l’heure matinale et les incertitudes qui planent sur la journée.

Pour gagner quelques centaines d’euros qui permettront aux enfants de ce quartier populaire de partir en voyage, ces mamans n’ont pas hésité à sacrifier leur samedi et de nombreuses heures de préparation. C’est qu’elles avaient aussi l’objectif de démontrer que Vernier, établissement souvent injustement critiqué, et un collège ouvert, propre, bien entretenu et calme.

57, avenue du Ray 10 heures.

Yann et Doriane m’accueillent dans leur librairie-presse du Ray pour la séance de dédicace de Cinq de cœur qu’ils ont minutieusement préparée à coup d’affichettes et d’informations diverses. Ils font partie de ces commerçants indépendants qui estiment avoir un rôle social à jouer et organisent de petits événements et des animations dans leur quartier.

Ce sera pour moi l’occasion de dédicacer une trentaine d’ouvrages (dont un à ma belle-mère, régionale de l’étape) et surtout d’échanger souvenirs et projections dans l’avenir avec un public détendu, ravi de se retrouver ainsi dans un cadre familier.

Collège Vernier, 15 heures.

De retour dans la cour de l’établissement, je constate qu’il est acquis que la journée sera à la fois un succès symbolique et une réussite technique. Dans le regard des organisatrices, je peux voir danser la petite flamme de la réussite. Yes, we can !

Elisabeth et ses voisins, Valérie et ses amies, Yann et Doriane : autant de hussards locaux de cette République fraternelle que nous ne voulons pas voir disparaître au profit d’une France « des eaux froides du calcul égoïste ».

Que ces modestes initiatives aient rendu quelques heures la vie un peu plus chaleureuse dans nos quartiers du 5e canton me remplit à la fois de tendresse et de fierté.

27 mai 2010

La manif « wait and see »



Nathalie, Philippe, Anne, Patrick, Jean-Pierre, Anne-Marie, Henri P., Henri C., Audrey, Monique, Muriel, Laurent, Marie-Louise, Joëlle… et bien d’autres : les copains de Gauche Autrement étaient proportionnellement nombreux à la première manif de l’après annonce gouvernementale sur les retraites.

Une manif où le mécontentement et même la colère sont palpables. Si personne, en effet, ne conteste la nécessité d’une réforme du régime des retraites, chacun souhaite que celle-ci se fasse avec un minimum de justice sociale. Après les premières annonces gouvernementales, on est loin du compte. Il faut dire que personne n’attendait en la matière des miracles de la part du gouvernement du bouclier fiscal.

Pour autant, la manif m’a semblé en deça du rejet très net exprimé par les Français dans les sondages. Etait-ce parce que les centrales syndicales n’étaient pas toutes présentes (FO manquait à l’appel) ? Etait-ce parce que les jeunes – qui sont les premiers intéressés – n’ont pas pris la mesure du danger ? Etait-ce tout simplement parce qu’on a trop manifesté ces derniers temps sur des mots d’ordre trop généraux ?

Toujours est-il que cette manif – à Nice tout au moins – avait un côté « wait and see ». On pouvait donc la qualifier d’honorable et prometteuse si elle était le point de départ d’une forte mobilisation, ou d’insuffisante et décevante si elle était en soi une réponse aux annonces gouvernementales.

Pour ma part, je préfère penser qu’assommée par les premières annonces, l’opinion a besoin de se conscientiser. Alors « wait and see »… ? Pourquoi pas ? Mais pas trop longtemps quand même car le gouvernement n’a pas l’intention de musarder et compte probablement sur la Coupe du Monde et les vacances pour démobiliser un éventuel mouvement de fond. Moins de pain et toujours plus de jeux en quelque sorte…

25 mai 2010

Terrain du Ray : le P.L.U. n'est pas plié

Extrait du projet de P.L.U. : les terrains du Ray en zone urbaine dense (UA)

Le texte ci-dessous a fait l'objet d'un communiqué de Dominique Boy-Mottard et moi-même, remis ce jour à la presse.

Communiqué du 25/05/2010

L’élaboration du PLU est un moment important dans le débat démocratique de la cité car les orientations arrêtées par le document final impacteront pendant longtemps l’avenir de Nice.

C’est dire si nous suivons avec un intérêt particulier ce qui est en train de se jouer autour de l’emplacement du bientôt ex-Stade du Ray. Même si de nombreux sportifs resteront nostalgiques, la messe est dite : le grand stade va être construit à l’Ouest. Du coup, des terrains stratégiquement importants seront libérés : c’est l’opportunité, à coup sûr, de rééquilibrer un Nice Nord « surdensifié » dont la qualité de vie ne cesse de décroître de décennie en décennie.

Plusieurs conseils de quartier ont travaillé ensemble sur un projet. Leurs conclusions ne sont pas équivoques : l’espace libéré ne doit pas être livré aux promoteurs mais dédié aux sports (importance du pluriel), aux loisirs et aux espaces verts afin de permettre à ces quartiers durement éprouvés par le chantier du tramway de respirer enfin. Une façon aussi d’offrir aux nombreux visiteurs qui sortent de l’autoroute à Nice Nord une image sympathique de notre métropole.

Pour notre part, même si le projet des conseils de quartier n’est pas exactement celui que nous aurions proposé, nous adhérons à la philosophie générale de ce qui aura été, après tout, un des rares exercices de démocratie participative dans la ville depuis les dernières élections municipales. C’est pour cela que nous ferons une démarche auprès du commissaire enquêteur pour que la volonté des conseils de quartier soit respectée.

La solution est simple : il ne faut pas maintenir le classement tel qu’il est prévu par le projet de P.L.U. en zone UA (zone urbaine dense), car il ne présage rien de bon pour l’avenir. Quelle que soit la bonne volonté des interlocuteurs municipaux du moment, il faut toujours se méfier des coups de fièvre spéculatifs dans notre ville. C’est pourquoi classement en zone N (le secteur Nj prévu pour les jardins et les terrains de sport est particulièrement adapté) permettrait à la fois de vérifier la réelle volonté de la municipalité de respecter l’avis des populations et de protéger celles-ci à l’avenir de tout programme immobilier intempestif. Une autre possibilité pourrait consister à identifier l’emplacement en E.V.I. (Espaces Verts Identifiés) présentant un rôle de relais écologique potentiel permettant toutefois certains aménagements.

Ce sera, dans un esprit constructif, le sens de notre contribution dans le cadre de l’enquête publique qui se terminera le 18 juin. Nous engageons les citoyens de Nice Nord qui partagent nos inquiétudes quant à l’avenir du quartier à déposer une contribution en ce sens au Forum d’Urbanisme et d’Architecture de la mairie de Nice (du lundi au jeudi de 8 h 30 à 17 h et le vendredi de 8 h 30 à 16 h 30).

24 mai 2010

Tim l’espiègle nous a bien eus…


A l’annonce de la Palme d’Or par le président Tim Burton, nous nous retrouvâmes fort marris. Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures est un des rares films de la compétition que nous n’avons pas vu. Il faut dire que deux ans auparavant, j’étais sorti un peu perplexe du premier film de Apichatpong Weerasethakul présenté à Cannes. Cela dit un jury c’est une subjectivité qui s’exprime en toute légitimité : j’attendrai donc sagement la sortie du film en salle pour me prononcer sur celle du team Burton.

Pour le reste, le palmarès est plutôt conforme à mes souhaits avec le Grand Prix au lumineux Des hommes et des dieux et le prix de la mise en scène à Mathieu Amalric. Avec Binoche et Bardem, nous avons des prix d’interprétation évidents, seule la présence d’Elio Germano introduit un peu d’imprévu, mais il était normal de récompenser l’excellent La nostra vita. Gros regret toutefois avec l’absence totale du Mike Leigh.

Pour digérer ce palmarès iconoclaste nous avons eu droit au meilleur film de clôture depuis Thelma et Louise, il y a déjà dix-neuf ans.

The tree, Julie Bertucelli (France-Australie)

Dawn, jeune mère de quatre enfants devient brusquement veuve. Le film raconte son travail de deuil considérablement perturbé par Simone la petite fille qui s’entête à voir dans le grand figuier qui jouxte la maison familiale la réincarnation du défunt. Avec une superbe interprétation de Charlotte Gainsbourg, une réalisation fluide et chaleureuse et en prime les paysages rudes de la province australienne de Queensland que nous avons sillonnés en Greyhound pendant plusieurs semaines d’un été d’il y a longtemps…

Le film est aussi l’occasion de faire un adieu stendhalien au FIF en applaudissant debout Julie vêtue de rouge et Charlotte vêtue de noir…

22 mai 2010

La guerre n’est pas finie



Au 63e Festival de Cannes, la dernière ligne droite fut plutôt guerrière. En effet, sur les six longs métrages que nous avons vus de jeudi à samedi, deux étaient consacrés à l’Irak, un à la 2e GM et le film polémique de la sélection, Hors-la-loi, avait pour thème, comme chacun sait, la guerre d’Algérie. Seuls deux mélos familiaux ont échappé à cette atmosphère belliqueuse : l’un était italien et doux-amer, l’autre hongrois et trash.

Fair game, Doug Liman (USA)

Il s’agit de l’histoire vraie de Valérie Plame, agent de la CIA qui, étant sur le point de démontrer avec son ex-diplomate de mari, l’inanité des affirmations de l’administration Bush sur l’existence d’armes de destruction massive en Irak est dénoncée par son propre gouvernement au risque de sacrifier tous ses contacts à l’étranger.

La réalisation est efficace mais l’histoire du couple, joué à l’écran par Naomi Watts et Sean Penn est trop envahissante. Du coup, la meilleure séquence du film se déroule pendant le générique de fin quand on voit la véritable Valérie Plame déposer devant le Sénat des Etats-Unis.

La nostra vita, Daniel Luccheti (Italie)

Père de famille comblé, Claudio (mais oui !) est aussi un contremaître respecté dans le milieu du bâtiment. Hélas, sa jeune femme meurt en couches en mettant au monde leur troisième enfant. Face à ce coup du sort, le veuf perd un peu les pédales et ses repères moraux. Devenu imprudent et même irresponsable, il risque une catastrophe professionnelle. Heureusement, la famille veille au grain et le tire de ce mauvais pas. Une histoire toute simple où on ausculte le ressac du deuil (on pense à La chambre du fils de Moretti). En arrière-plan, le film utilise la métaphore de l’état du secteur de la construction pour faire un constat peu reluisant de la société italienne sous Berlusconi.

Dans ce paysage cinématographique italien sinistré depuis de nombreuses années, La nostra vita est plutôt une bonne surprise.

Route Irish, Ken Loach (G-B)

Invité de dernière minute, le film de Ken Loach est une déception. Pour dénoncer l’ingérence scandaleuse des sociétés de sécurité privées en Irak, le réalisateur anglais nous propose un épisode de 24 heures chrono. Pour venger son copain, le « héros » du film va torturer sous nos yeux pendant une très longue séquence, à la Jack Bauer (« torturer pour la bonne cause n’est pas pécher »), un salopard qui s’avèrera être… innocent. Du coup, entre les méchants pas si méchants que cela et les bons à la bonté incertaine, le message subliminal sur la responsabilité des Etats-Unis et des Occidentaux a tendance à s’affaiblir et la boussole morale des spectateurs à s’affoler.

Hors-la-loi, Rachid Bouchared (France-Algérie)

Le film scandale du Festival s’avère être un pétard mouillé. Si on écarte la scène initiale (6 minutes), présentant une version quelque peu tronquée des événements de Sétif, le film (131 minutes) se contente de défendre plutôt mollement les thèses du FLN à travers l’histoire, qui se veut exemplaire, de trois frères algériens qui entrent en résistance dans la région parisienne. L’aîné, militant professionnel, estime que la fin justifie les moyens. Les cadets sont plus nuancés mais finissent par suivre. A partir de là, l’histoire traîne un peu en longueur et se théâtralise sans vraiment convaincre. Heureusement pour le film, 1500 attachés de presse défilaient dans les rues ensoleillées de Cannes pour en faire la promotion. Deux ou trois d’entre eux se permettront même au passage de traiter deux élus « autrement » de porteurs de valise…

L’exode – Soleil trompeur 2, Nikita Mikhalkov (Russie)

L’exode est, semble-t-il, l’épisode 2 d’une trilogie sur les tribulations du général Kotov que nous avions abandonné en plein goulag en 1994 lors de la présentation à Cannes du premier Soleil trompeur. Au début du film, Kotov, profitant de la confusion liée à l’invasion allemande, s’enfuit de sa prison pour s’engager comme simple troufion dans l’Armée rouge. En réalité, cette histoire est un peu secondaire. Elle est utilisée comme prétexte par Mikhalkov pour nous montrer son savoir-faire, qui est grand, quand il s’agit de filmer la guerre.

Au-delà des images, le réalisateur nous démontre moins l’absurdité de la guerre que celle des situations qu’elle engendre à travers toute une série de séquences, parfois cocasses, souvent tragiques. Celle du bombardement du bateau de la Croix Rouge, en débutant comme un sous Mash avant de s’achever en Titanic du pauvre, restera sur ce plan anthologique.

Un garçon fragile, Kornél Mundruczó (Hongrie)

Ce n’est pas pour rien que ce film est sous-titré Le projet Frankestein. En effet, Viktor a engendré il y a dix-sept ans Rudi, un garçon étrange et silencieux qui devient un véritable monstre en trucidant ses contemporains avec un certain entêtement mêlé de fatalisme. Du coup, les retrouvailles entre le fiston et son papa, un peu effrayé par sa créature, ne se présentent pas sous les meilleurs auspices. Ce énième film, depuis le début de la compétition, sur les rapports père-fils, était peut-être le film de trop. Depuis le début de la quinzaine, je n’avais pas encore entendu autant de claquements de sièges en cours de séance, ce qui, évidemment, n’est pas un très bon signe. Pour ma part, stoïque, je suis resté jusqu’au bout. Et j’ai été récompensé par un joli looping de Range Rover dans la belle neige autrichienne.

Pour l'ambiance et les pronostics voir le blog de Dominique.

21 mai 2010

FNAC : le retour…


Trois ans et un mois après la présentation de « Fragments de Nice », c’est pour « Cinq de cœur » que j’étais invité ce vendredi par le forum de la FNAC pour une rencontre-débat avec les lecteurs. La séance était cette fois encore animée par le très chaleureux Avraham Vanwetter qui a une qualité exceptionnelle pour un animateur de débat littéraire : il lit les livres dont il parle !

Ce fut une fois de plus un moment privilégié avec un public presque « en amour », comme disent les Québecois. Bien sûr, il n’y avait pas que des inconnus dans la salle. Au milieu de l’assistance, il me semble bien avoir reconnu des collègues de course à pied, un blogueur célèbre « et pas ronchon du tout » avec sa lumineuse épouse, une blogueuse photographe, des étudiants anciens etnouveaux, des commerçants du 5e canton, des habitants de Nice Nord, le représentant d'un parti ami… et même des socialistes (mais chut ! Je ne balance pas…). Sans oublier la délégation amicale de Gauche Autrement menée parle nouveau « chevalier » Sami et un Richard qui semble enfin avoir retrouvé la santé. Entre deux questions, j’ai même la plaisir de présenter à l’assistance hervé Dupont et Gérard Gastinel qui ont un rôle important dans le livre.

Une heure, cela passe vite… Heureusement que la trentaine de dédicaces qui ponctue la séance me permet de prolonger encore un peu ce moment magique. D’ailleurs, un peu plus tard dans la soirée, un doute me taraude : et si je n’écrivais que pour ces moments-là ?

19 mai 2010

Au pays des Merveilles de Juliette


Ecrire sur ce blog quelques commentaires sur le Festival est une chose, analyser doctement la première semaine de compétition sur un plateau de télévision devant une salle composée en grande partie de professionnels du cinéma en est une autre, beaucoup plus intimidante. Surtout si l’on tient compte du contraste qui m’a fait passer sans transition du modeste réfectoire de l’école Saint Sylvestre, où se tenait le Conseil de quartier n°12, au cabaret du Ruhl où se déroulait en direct l’émission « Ta-ratatouille » sous la houlette de Jean-François Bosch pour le compte de RDV-télé.

Mais Cannes, ce n’est pas seulement parler des films, c’est aussi et surtout les voir, d’où trois nouvelles pièces à notre édifice 2010.

Des hommes et des dieux, Xavier Beauvois (France)

Beauvois raconte la vie des moines de Tibhirine pendant les quelques mois qui précèdent leur disparition en 1996 pendant la guerre civile algérienne.

Politiquement le film ne prend pas parti. Du coup le mystère reste entier sur les responsabilités respectives des islamistes et de l’armée algérienne quant à cette tuerie d’une sauvagerie inouïe (les religieux furent décapités).

C’est que l’essentiel est ailleurs : il est dans la description inspirée du quotidien de ces moines soumis à une terrible menace et qui décident après quelques humaines hésitations de rester accomplir leur mission auprès de la population locale.

Sur ce fond de quotidienneté un peu austère, le réalisateur opère un véritable petit miracle avec une foi qui devient palpable à l’écran même pour un spectateur un tantinet mécréant…  En prime deux scènes inoubliables: Celle où le doyen des moines (merveilleux Michael Lonsdale) fait une réponse lumineuse et… profane à la jeune fille kabyle qui lui demande ce que c’est de tomber amoureux. Et la scène finale où l’on voit les religieux, encadrés par leurs futurs bourreaux, disparaître définitivement dans le brouillard.

Pour ma part, c’est cette image qui hantera ma mémoire quand j’irai, comme chaque année, à l’église de Saint-Roch commémorer, en présence de sa famille, le martyre d’un des moines qui étaient d’origine niçoise.

Copie conforme, Abbas Kiarostami (France-Italie)

Copie conforme est une sorte de remake décalé de l’inoubliable Voyage en Italie de Rosselini. Juliette Binoche, jeune galeriste française, rencontre un essayiste anglais au pays des Merveilles, la Toscane, où elle travaille et vit avec son jeune fils. L’auteur, quant à lui, est invité pour une conférence où il démontre avec aplomb la thèse de son dernier livre : en art, la copie vaut l’original…

Après un petit quiproquo, ce couple de hasard va jouer pendant quelques heures le rôle d’un couple de quinze ans : marivaudage cruel mais d’une vérité hallucinante. Les espoirs déçus, les retours de flamme espérés, les reproches muets qui finissent par affleurer, le désir qui fout le camp, la séduction maladroite, la volonté de faire mal, l’incapacité de faire bien… le néo couple va jouer la totalité du répertoire. Un répertoire qui me rappelle une réplique de Fabrice Lucchini. A quelqu’un qui lui disait « le couple c’est merveilleux, on ne fait qu’un », l’acteur avait répondu « oui, mais lequel ? ».

Ce n’est pas faire injure à son partenaire (l’excellent William Shimell) de dire que Juliette Binoche est inoubliable en jeune femme fragile-mais-pas-tant-que-ça… Dans le décor-écrin du petit village toscan, elle habite l’écran avec l’aisance des grandes tout en nous faisant oublier le côté un peu trop conceptuel du film. Décidemment Juliette a bien mérité l’honneur de figurer sur l’affiche de l’édition 2010 du festival. En attendant mieux ?


Poetry, Lee Chang-Dong (Corée)

Mija est une grand-mère plutôt sympa affublée d’un affreux petit-fils responsable du suicide d’une jeune fille avec ses copains de tournante. Comme par ailleurs elle soigne un vieillard libidineux qui a remplacé les caramels mous par du viagra et que son médecin lui annonce… quoi donc déjà ?... ah oui qu’elle a la maladie d’Alzheimer, on peut comprendre qu’elle ait envie de se réfugier dans la poésie. Cela dit après une semaine de festival doublé d’un examen attentif du PLU de Nice on n'est pas obligé de la suivre…

Pour l'ambiance à Cannes, voir le blog de Dominique Boy-Mottard.

18 mai 2010

Les damnés de Barcelone

 Uxbal (Javier Bardem) dans Biutiful

Le festival prend sa vitesse de croisière. Entre dimanche et lundi, nous avons vu trois films très différents : une histoire d’amour en costumes française, un mélodrame social espagnol et un thriller passablement gore japonais.

La princesse de Montpensier, Bertrand Tavernier (France)

Nous sommes en 1562, sur fond de guerre de religions. Marie (Mélanie Thierry fait le job…), une des plus riches héritières du royaume, est contrainte à un mariage forcé par son père avec le Prince de Montpensier alors qu’elle est amoureuse depuis l’adolescence du Duc de Guise.

Subtil et frémissant portrait de femme aux prises avec un dilemme vieux comme l’amour. Faut-il résister aux codes sociaux au nom de la passion ou s’incliner au nom de la raison ? La réponse apportée par Bertrand Tavernier (et Madame de La Fayette) est plutôt amère.

Un temps déstabilisé par la jeunesse de la distribution – particulièrement flagrante lors de la montée des marches – je me suis rapidement rendu à l’évidence : à cette époque, on était forcément jeune ! Un beau film classique. Trop ?

Biutiful, Alejandro Gonzales Inarritu (Espagne-Mexique)

Il y a deux ans, Woody Allen nous avait donné rendez-vous à Vicky Cristina Barcelona, une ville joyeuse et voluptueuse tout en couleurs et en lumière.

Avec Inarritu, « La ville des prodiges » se transforme en cité des damnés de la terre : celle des squats d’Africains, des ateliers clandestins asiatiques et du lumpenprolétariat local…

Uxbal (Javier Bardem en anti-héros après avoir été le séducteur dans le film de Woody Allen) est un trafiquant vaguement médium qui exploite cette misère humaine. Le personnage est complexe : père quasiment célibataire de deux jeunes enfants dont il s’occupe plutôt bien, il a une certaine sympathie pour les misérables qu’il exploite. Il faudra quand même un drame affreux et sa mort prochaine (il est atteint d’un cancer) pour qu’Uxbel éprouve enfin de véritables remords. Malgré des effets musicaux parfois un peu trop appuyés, Biutiful est un film dérangeant et poignant. Cette plongée dans les bas-fonds de la capitale catalane que nous pensions si bien connaître est d’une infinie tristesse. D’où, fugaces, les premières larmes de ma co-festivalière. C’est un signe.

Outrage, Takeshi Kitano

Dans une lutte impitoyable pour le pouvoir, plusieurs clans yakuzas se disputent la bienveillance du Parrain. Ça ne rigole pas chez les yakuzas : à côté d’eux, la bonne vieille mafia sicilienne, c’est le club Mickey !

Pour un oui pour un non, on s’étripe, on se transperce, on se décapite… sans oublier cette charmante coutume consistant à se couper soi-même le petit doigt pour l’offrir à celui qu’on est censé avoir outragé. Une vraie friandise !

Kitano nous avait habitué à mieux qu’à cette version saké des Tontons flingueurs (ou, selon la formule très drôle du critique d’Aujourd’hui en France, « des Nippons flingueurs »).

16 mai 2010

Les paumés de Mike, ceux de Woody

Another year, de Mike Leigh

Malgré six cents copies à corriger et les réunions de quartiers assez nombreuses en cette période de l’année, j’arrive à suivre à peu près correctement la compétition cannoise. Avec ses hauts et ses bas. Ainsi, après un vendredi mollasson composé d’un blockbuster décevant et d’un huit-clos coréen déroutant, nous avons pu assister à un magnifique samedi où Mike (Leigh) et Woody (Allen) nous ont offert deux variations brillantes sur le thème en forme de question : comment réussir sa vie ? ou tout au moins comment ne pas trop la rater ?


Wall street : money never sleeps, Oliver Stone (USA)

Dès le début du film, Gordon Gekko, gourou de la finance, sort de la prison dans laquelle on l’avait laissé à la fin de Wall street 1 en 1987. Avec l’aide plus ou moins volontaire de son futur gendre, Gekko va utiliser la rancœur accumulée pendant toutes ces années et sa science de la manipulation restée intacte pour reconquérir sa place dans le monde des affaires. Pour Oliver Stone qui insiste lourdement, la spéculation et la volonté de s’enrichir, surtout aux dépens d’autrui, sont inhérentes à la nature humaine et rien ne pourra y changer. Il nous livre même un scoop : la couleur de la prochaine bulle spéculative. Elle sera verte. Les petits gestes qui sauvent la planète vont générer les grands profits qui continueront à se planquer dans les comptes off-shore. Merci Oliver, mais on s’en doutait un peu…

Comme il fallait rentabiliser le seul rôle féminin de la distribution, le scénario est complété tout à fait artificiellement par une bleuette sentimentale qui n’a d’autre objectif que de nous suggérer que seules les bonnes vieilles valeurs familiales peuvent tempérer l’obsession spéculative du trader. D’où la scène, devenue aujourd’hui récurrente dans le cinéma américain, de l’échographie salvatrice. Ridicule.

The housemaid, Im Sangsoo (Corée)

Hoon est un riche bourgeois qui ne boit que des grands crus. Au grand dam de sa petite famille, il va engrosser la bonne. Belle-mère en tête, la petite famille va donc se défendre avec mesquinerie et cruauté dans une atmosphère qui rappelle Zola ou Mauriac. Les réalisateurs coréens semblent apprécier ce type de huis clos puisque l’an dernier Park Chan Wook nous avait déjà présenté une version sushi de Thérèse Raquin.

Cela dit, dans ce registre, The Housemaid serait plutôt convainquant si le film n’était pas gâché par une fin ratée digne d’un mauvais film d’horreur de série B.

Another year, Mike Leigh (G-B)

Pour Tom le géologue et Gerri la psychologue, l’heure de la retraite n’a pas encore sonné. Sexagénaires débonnaires, ils offrent l’image d’une complicité conjugale à toute épreuve, à l’automne d’une vie qu’on imagine active et riche.

En fait, leur bonheur attire autour d’eux toute une collection de paumés que la vie a maltraité : du grand frère autiste et veuf au vieux copain alcoolique en passant par la collègue mère célibataire. Mais, dans ce registre, la star est Mary, une quinqua à la beauté fanée, tant de fois plaquée et qui s’est cognée à à peu près toutes les fenêtres de la vie. Heureusement, le fils de la maison,plûtot mal parti, vient de rencontrer une énergique jeune femme qui aura tôt fait de lui faire rejoindre la voie du bonheur conjugal empruntée par ses parents.

Au rythme des saisons d’une another year, Mike Leigh nous fait partager la vie de ce petit groupe parfois pathétique, mais toujours fraternel. Et si un voile de mélancolie enveloppe ce film pourtant fort drôle, c’est que le temps qui passe nous murmure à l’oreille qu’il n’épargnera personne : ni ceux qui ont raté leur vie, ni ceux qui l’ont réussie.

You will meet a tall dark stranger, Woody Allen (USA)

Le couple Alfie-Helena est aux antipodes de celui composé par Tom et Gerri puisque dans le premier le mari a quitté sa femme après quarante ans de mariage pour expérimenter les charmes du viagra avec une ancienne prostituée plutôt délurée. L’épouse délaissée, quant à elle, trouve du réconfort auprès d’une voyante qui la rassure en lui prévoyant un avenir radieux. Sally, leur fille, est amoureuse de son patron pendant que son mari, écrivain raté est en train de voler le manuscrit d’un partenaire de poker qu’il croit mort tout en brisant les fiançailles de sa brune voisine (la lumineuse Freida Pinto).

Et tout ce petit monde de paumés s’agite frénétiquement en slalomant entre réalité et illusion, rêves et frustrations. Pas de doute : nous sommes bien dans une comédie purement « allenienne » avec cette drôlerie saupoudrée d’amertume qui n’est généralement que la face visible d’une morale discrète à la fois chaleureuse et un peu désabusée.

Celle de You will meet a tall dark stranger est en plus parfaitement iconoclaste : il vaut mieux faire confiance à une voyante roublarde qu’à soi-même pour réussir sa vie et rencontrer « le grand inconnu mystérieux »…

13 mai 2010

Allo papa bobo !

L'équipe de Tournée

Ma présence depuis janvier dans les salles obscures ayant été plus que modeste (seulement trois films : I love you Philip Morris, gentiment iconoclaste, Ensemble c’est trop, sans intérêt, et Invictus, la dernière livraison de Clint Eastwood à laquelle Dominique a justement consacré un billet sur son blog), c’est avec un plaisir évident que je monte allègrement les marches du Palais – précédant de peu Jean-Jacques Annaud et une sublime Salma Hayek en robe prune – pour la cérémonie d’ouverture de ce qui sera la 63e édition du festival de Cannes. Une première soirée ultra minimaliste présentée toutefois avec élégance par Kristin Scott Thomas et placée sous la haute autorité du Président du jury, le toujours ébouriffé Tim Burton. L’image du jour, c’est évidemment le fauteuil vide du réalisateur iranien Jafar Panahi, Lion d’or 2000 à Venise, emprisonné dans son pays par des ayatollahs qui n’apprécient pas le film qu’il serait en train de réaliser sur le hold-up électoral d’Ahmadinejad.

Robin Hood, Ridley Scott (USA)

Assez habilement, Ridley Scott ne nous offre pas une énième version cinématographique de Robin des Bois mais une histoire inédite de Robin avant les bois.

Celui-ci n’est encore qu’un humble archer au service de la couronne pour défendre le royaume contre ces maudits Français. C’est ainsi qu’au service de Richard Cœur de Lion puis du Prince Jean, Robin Longstride va écumer tous les champs de bataille de France et d’Angleterre.

Le problème est qu’il a la mauvaise idée d’entraîner le spectateur dans son périple et que, deux heures et quelques de cliquetis, de charges et de combats rapprochés, ça finit par être lassant même si les reconstitutions – à l’instar du débarquement avorté des Français – sont souvent très réussies. En s’achevant au moment où le héros prend le maquis dans la forêt de Sherwood, le film – surtout en ces temps d’élection de Cameron – donne plutôt envie de revoir les vraies aventures de Robin des Bois. Si possible avec un autre acteur que Russel Crowe qui a à peu près le charisme d’un consultant en tir à l’arc sur Eurosport…

Ce jeudi de l’Ascension, la compétition commence avec deux films qui traitent assez curieusement du même thème à savoir les remords d’une paternité mal assumée.

Rizhao Chongqing, Wang Xiaoshuai (Chine)

Un capitaine de bateau rentre après six mois en mer pour essayer de comprendre pourquoi son fils Lin Bo, un jeune homme de vingt-cinq ans issu d’un premier mariage, a été abattu par la police. Il ne supporte pas que celui-ci se réduise à la poignée de cendres dispersée par sa mère dans le Yang-tsé-Kiang et à l’image d’une ombre sur le film de vidéo-surveillance des lieux du drame.

L’enquête, qui est aussi une quête, le renverra à sa propre culpabilité : par égoïsme, il avait littéralement abandonné ce premier fils au profit de sa nouvelle famille. Lin Bo finira par disjoncter et sombrer dans une forme de démence meurtrière et suicidaire. Tiraillé par le remord mais peut-être enfin convaincu qu’il ne faut pas passer à côté de l’essentiel, il retrouve son jeune fils de neuf ans et peut-être un avenir. Mais on n’en est pas très sûr.

Cette histoire émouvante a pour décor Chongqing, énorme mégapole du Sichuan, sorte de Manhattan monstrueux et fascinant, qui se reflète dans les eaux calmes du fleuve et se dissout dans la ouate grisâtre d’un ciel éternellement plombé.

Tournée, Mathieu Amalric (France)

Joachim, ex-producteur télé à succès, a tout plaqué à l’aube de ses quarante ans pour repartir à zéro en Amérique. Il y a monté une troupe de stripteaseuses new burlesques qui jouent avec entrain de leurs physiques imposants et imparfaits dans des numéros où se mêlent joie de vivre, humour et sensualité exotique. A le voir évoluer parmi elles, on sent bien que Joachim a trouvé là une véritable famille dont il est à la fois la figure paternelle et l’éternel enfant. Il organise une tournée en France qui, du Havre à Toulon, s’avère être un grand succès.

Pourtant, on découvre petit à petit que cette tournée n’est en fait qu’un prétexte pour faire le point et peut-être renouer avec sa vie d’avant. C’est ainsi qu’à Paris, il retrouve ses ex-collègues, son ex-femme, et surtout ses deux jeunes fils. La réponse sera à la mesure de l’inconscience du questionnement : personne ne le regrette. Les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux… Même pas ses enfants, effrayés par ce père immature qui a oublié jusqu’à leur date de naissance.

Le coup est rude pour Joachim. Meurtri, il n’est toutefois pas vraiment surpris. Aussi, ne se fera-t-il pas prier pour rejoindre, sans doute définitivement, son royaume farfelu.

Sur l'ambiance du Festival, voir le blog de Dominique.

09 mai 2010

Jack Bauer au Mont Chauve


C’était un challenge. Participer à l’ascension du mont Chauve n’allait pas de soi. J’ai en effet un goût très modéré pour les courses de côtes et celle-ci est plutôt impressionnante avec 11 kilomètres de grimpette sur 12. Mais la magie du lieu a fini par me convaincre de participer à cette petite Alpe d’Huez de la course à pied.

C’est ainsi que, dès 9 heures ce dimanche, j’étais présent devant la rotonde du stade du Ray sur le territoire du 5e canton.

Le temps de retrouver les copains et d’évaluer la musculature sèche et le sourire carnassier de la plupart des participants et c’est déjà le départ.

Je prends immédiatement la mesure de l’effort qui m’attend. Tout au long de l’avenue de Gairaut une mini bronchite contractée dans les amphis glaciaux de Carlone m’enflamme la poitrine. Heureusement, après quelques kilomètres, la sensation désagréable disparaît et je trouve mon équilibre dans l’effort. C’est l’occasion de jouer un peu à cache-cache dans le peloton avec Clotilde, aisément repérable dans son maillot jaune fluo, et Véro, arborant à son poignet une montre qui est en fait un ordinateur de bord digne d’un Boeing. Laurent quant à lui est déjà devant.

Vers l’aire Saint Michel, je me surprends en appréciant une route moins pentue qui est pourtant, à l’automne, la difficulté principale de la course de Gairaut.

Après la chapelle, commence l’ascension proprement dite. Le citron fluo prend son envol et je m’applique à gérer mon effort. Et si la pente est rude – comme l’aurait dit ce cher Raffarin – j’adore progresser de lacet en lacet tel un coureur du Tour de France et voir en contrebas les concurrents attardés. Pendant quelques centaines de mètres, je bénéficie même d’un relais appuyé de Nora, une de mes colistières de 2001, qui joue ce matin un rôle de spectatrice active…

Le dernier kilomètre est particulièrement difficile mais, dans un ultime effort, je rattrape deux concurrents. Hélas nous sommes tous trois bloqués par un énorme 4x4 noir aux vitres fumées semblable à celui de Jack Bauer dans 24 heures Chrono. Etre stoppé brutalement en plein effort est assez traumatisant et c’est plutôt éprouvé (et énervé) que je passe la ligne d’arrivée sous les applaudissements de mon coach Dominique qui n’allait pas rater une course qui traverse en grande partie son canton. Je suis pourtant satisfait du temps (1h 27mn 43s) conforme à l’objectif que je m’étais fixé au départ. Véro et son Boeing, Clotilde et son Laurent, dans un émouvant duo conjugal, étaient déjà arrivés bien sûr. Mais ces coureurs expérimentés ont accueilli le « rookie » avec beaucoup de chaleur…

Au final une belle course qui me fera apprécier avec beaucoup de bonheur le steak frites du réconfort arrosé d’un inestimable Château Sainte Roseline.

07 mai 2010

"Bienvenue chez nous" à RDV-TÉLÉ


C’est en 2007 que Jean-François et Annick Bosch ont créé Nice Télé Web, la TV du Net niçoise, l’une des toutes premières interviews politiques étant d’ailleurs consacrée à une certaine Dominique Boy-Mottard…

Depuis, la chaîne s’est installée boulevard de Cessole, aux confins du 5e canton et a changé de nom pour devenir, en septembre 2009, RDV TÉLÉ.

Les émissions régulières se sont développées. La plus emblématique étant « Taratatouille », coup de projecteur mensuel sur la jeune scène locale, enregistrée au Casino Ruhl devant quatre cents personnes.

Mais c’est dans le cadre de « Bienvenue chez nous », émission quotidienne, que Jean-François m’a interviewé avant hier mercredi.

L’interview figure pour l’instant en page d’accueil du site. Elle sera plus tard visible dans les pages consacré à l'émission.

05 mai 2010

Nous sommes tous des Grecs

 Oui, mille fois oui.

Il faut aider la Grèce et les Grecs.

Sans ergoter, sans mégoter et sans tarder.

Mais cette aide ne doit pas être simplement la contrepartie d’une cure d’austérité drastique. En effet, tout en étant parfaitement anti-économique (comment relancer l’économie hellène sans carburant ?), celle-ci peut déclencher un cataclysme social aux conséquences politiques incalculables.

N’exigeons pas trop du gouvernement grec si nous voulons qu’il reste légitime, ne demandons pas trop au peuple grec si nous ne voulons pas qu’il perde la raison.Weimar n’est pas si loin, méfions nous de la désespérance sociale.

Bien sûr, il y a eu la spéculation, bien sur il y a eu la corruption, mais le temps n’est pas encore aux leçons de morale, il y a urgence : il faut sauver le soldat Papandréou. Manifester sa solidarité au peuple grec comme le font ici où là les protestataires institutionnels est peut être sympathique mais largement insuffisant. Les Grecs ont besoin de concret, pas de défilés rituels avec slogans virtuels.

C’est pour cela qu’il faut une véritable mobilisation des opinions publiques pour exiger de l’Europe et des gouvernements nationaux un soutien sans faille non pas tant à l’économie grecque qu’à la démocratie. Même si cet engagement a des conséquences financières sur les citoyens-contribuables que nous sommes.

Nous n’avons pas le choix.

Affirmer le contraire serait nier que, quelque part sous le soleil hellène, c’est l’avenir de l’Europe qui se joue. C’est-à-dire le nôtre.

Embarqués sur l’Argo de l’Union Européenne,
Nous sommes tous des Grecs…

PS (!) : Sur la situation du PS niçois, voir l’intéressante analyse du blog « Péripéties et Péripatétisme »

01 mai 2010

Les petits Beria de Biscarra

Chaque jour apporte son petit lot de révélations sur la stratégie stalinienne de la Fédé PS du 06. Dernière en date : le Premier Fédéral met comme préalable à tout accord avec les partenaires habituels de la gauche lors des prochaines élections cantonales, le non soutien à Patrick Mottard dans le 5e canton (et le soutien au candidat choisi par lui…) à quelque tour de scrutin que ce soit.

Le TSM (tout sauf Mottard) devient donc le signe de ralliement des petits Beria de Biscarra pour que demain les lendemains chantent enfin…

Penser que je peux avoir en tête l’idée de jouer un remake du martyr de Saint Sébastien est une douce illusion pour ceux qui n’ont eu de cesse de dire que je suis « trop tendre » pour le jeu politique. Et comme Dominique n’a pas vocation à jouer Sainte Blandine de Gairaut, on risque de rire (jaune plus que rose) aux prochaines cantonales…