30 septembre 2011

Les pages que j’aurais aimé écrire (8)



Au début de « La promesse de l’aube », le jeune Romain Gary assiste à l’humiliation de sa mère devant leurs voisins – petits bourgeois haineux et xénophobes – de la ville polonaise de Wilno où ils se sont installés (aujourd’hui Vilnius en Littuanie, voir sur ce blog « Voyage au centre de l’Europe »). Mortifié par tant de méchanceté et submergé de honte le jeune Romain décide d’en finir avec la vie. Pour cela il rejoint sa cachette favorite au milieu d’un dépôt de bois situé au fond de la cour de son immeuble. Cet entassement de bûches est si fragile qu’une simple poussée des jambes et du dos peut provoquer l’effondrement fatal…


     « Je me mis en position.
     Puis je me rappelai que j’avais dans ma poche un morceau de gâteau au pavot que j’avais volé le matin dans l’arrière-boutique d’une pâtisserie située dans l’immeuble, et que le pâtissier laissait sans surveillance lorsqu’il avait des clients. Je mangeai le gâteau. Je me remis ensuite en position et, avec un gros soupir, me préparai à pousser.
      Je fus sauvé par un chat.
     Son museau apparut brusquement devant moi entre les bûches, et nous nous regardâmes un instant avec étonnement. C’était un incroyable matou pelé, galeux, couleur de marmelade d’oranges, aux oreilles en lambeaux et avec une de ces mines moustachues, patibulaires et renseignées que les vieux matous finissent par acquérir à force d’expériences riches et variées.
     Il me regarda attentivement, après quoi, sans hésiter, il se mit à me lécher la figure.Je n’avais aucune illusion sur les mobiles de cette soudaine affection. J’avais encore des parcelles de gâteau au pavot répandues sur mes joues et mon menton, collées par mes larmes. Ces caresses étaient strictement intéressées. Mais cela m’était égal. La sensation de cette langue râpeuse et chaude sur mon visage me fit sourire de délice – je fermai les yeux et me laissai faire – pas plus à ce moment-là que plus tard, au cours de mon existence, je n’ai cherché à savoir ce qu’il y avait, exactement, derrière les marques d’affection qu’on me prodiguait. Ce qui comptait, c’est qu’il y avait là un museau amical et une langue chaude et appliquée qui allait et venait sur ma figure avec toutes les apparences de la tendresse et de la compassion. Il ne m’en faut pas davantage pour être heureux.
     Lorsque le matou eut fini ses épanchements, je me sentis beaucoup mieux. (…)
     J’ai toujours pensé depuis qu’il vaut mieux avoir quelques miettes de gâteau sur soi, dans la vie, si on veut être aimé d’une manière vraiment désintéressée. » 

27 septembre 2011

La guerrière du 7e canton




Ce matin, le Tribunal administratif a annulé l’élection du 7e canton de Nice. En ces temps de conquête sénatoriale et de primaires présidentielles, la nouvelle peut sembler modeste. Elle représente pourtant un nouveau rebondissement d’une incroyable saga. Qu’on en juge !

- Janvier 2004. Après trente ans de militantisme discret au service des autres, Dominique Boy Mottard souhaite être candidate sur la liste PS des régionales. Une coalition d’intérêts personnels et de stratégies de courants va l’éliminer. Sans hésiter, elle décide, de son propre chef d’être candidate dans le 7e canton. Là, elle ne risque pas d’être contestée puisqu’il s’agit du fief historique du médecinisme, le secteur le plus à droite de la ville.

- Mars 2004. Avec ses proches, Henri Cottalorda et Gérard Blaise, elle réunit une petite équipe et mène une campagne extrêmement dynamique qui lui permet de défier au second tour l’adjoint au maire chargé de la sécurité, Jean Hanot. Il faudra, au cours d’une soirée électorale éprouvante, attendre la dernière minute et les résultats du dernier bureau de vote pour constater qu’elle est battue de… 19 voix.

- Printemps 2004 - Printemps 2005. En fait, elle va rapidement constater en consultant les listes d’émargement de très nombreuses irrégularités. Avec des amis, à la tête desquels on retrouve l’efficace et regretté Bernard Paquin, elle boucle un dossier très solide démontrant l’absence de sincérité du scrutin, plaidant elle-même sa cause devant le Tribunal administratif de Nice qui lui donne raison (octobre 2004). Quelques mois après, elle va à Paris pour assister à la séance du Conseil d’Etat qui confirmera la décision (Avril 2005).

- Juin 2005. Nouvelle campagne électorale : elle restera dans les annales. Soutenue par de nombreux amis, celle qu’on appelle désormais DBM marche, court, vole de collines en vallons, multipliant les réunions publiques dans les lieux les plus emblématiques du canton. Au final, elle bat sèchement au second tour Jean Hanot et sa police municipale omniprésente pendant toute la campagne. Cette élection partielle lui donne une notoriété qui dépasse largement l’agglomération niçoise.

- 2005 - 2011. Arrivée au sein de l’assemblée départementale, DBM va rapidement faire son trou et s’impose dans différentes institutions où elle représente la collectivité. Elue de proximité, sa silhouette devient familière aux habitants du canton qu’ils soient des quartiers populaires ou des « beaux quartiers ».

- Mars 2011. A l’approche des élections cantonales, elle apprend qu’elle est la seule candidate sortante de gauche du département à se trouver en concurrence avec un candidat Front de Gauche et un candidat d’Europe Ecologie. Elle relève pourtant le défi et, avec l’aide de son suppléant José Boetto, elle réalise l’un des meilleurs scores relatifs des candidats PS-PRG (plus de 26%) si ce n’est le meilleur. Hélas, elle est battue de 16 voix par le candidat UMP qui, heureux de l’aubaine de cette gauche divisée, gagne au deuxième tour contre le FN.

- Printemps - Eté 2011. Par acquis de conscience, DBM vérifie avec José, Sami et quelques autres les listes d’émargement du scrutin. A sa grande stupéfaction, elle relève à nouveau des irrégularités : les mêmes que six ans auparavant. L’expérience aidant, c’est seule qu’elle monte son dossier.

- Septembre 2011. Elle plaide à nouveau elle-même sa cause devant le Tribunal administratif et le rapporteur public conclut à l’annulation du scrutin. Il sera suivi par le tribunal qui a rendu son jugement aujourd’hui. Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de cas en France où un scrutin a été annulé deux fois de suite pour les mêmes raisons…

L’euphorie devant les dizaines et les dizaines de témoignages d’amitié étant dissipée, il restera à surmonter les deux prochaines épreuves : l’appel devant le Conseil d’Etat, que le candidat UMP ne va pas manquer de faire, et une nouvelle élection partielle… A cœur vaillant, rien d’impossible !

Eh bien, chers lecteurs de ce blog, je vous le dis (ne le répétez surtout pas : je compte sur vous), je n’aurais pas eu la moitié du quart de l’énergie que Dominique brûle depuis 2004…

Pas de doute : c’est une guerrière. Portée par ses valeurs, son indignation face à l’injustice et… sa petite équipe, elle est la guerrière du 7e canton.

26 septembre 2011

Usain Bolt gagne le marathon

La gauche gagnant au Sénat, c’est un peu comme si Usain Bolt avait gagné le marathon des JO. Pendant cinquante ans, c’était juste pas possible… Le mode de scrutin indirect, qui avantage outrageusement les zones rurales conservatrices, devait arrimer la chambre « du seigle et de la châtaigne » à droite pour l’éternité. Les victoires répétées de la gauche aux élections locales, la division de la droite et une réforme des collectivités territoriales honnie des élus locaux, ont pourtant transformé le mirage en réalité.

Faut-il que ce régime soit rejeté à un niveau rarement atteint pour en arriver à cette situation qui va faire, dès la fin de la semaine, d’un socialiste peu connu du grand public, un possible Président de la République intérimaire !

24 septembre 2011

La voie est libre pour les primaires

Sympathique petit débat à France 3 ce matin dans le cadre de l'émission "La voix est libre" entre les représentants des représentants locaux des candidats aux Primaires citoyennes.

Je ne sais pas si nous avons fait avancer le "schmilblick", mais l'ensemble me  paraît plutôt honorable en ces temps où les affaires empoisonnent la vie politique française.

Débat autour des primaires socialistes - La voix... par La-Voix-est-libre-F3-CA

21 septembre 2011

Qui va financer le mini Bercy du Ray ?



Le quartier rêvait d’un mini Central Park, il risque de devoir se contenter d’un mini Bercy… Après quelques mois de silence et en attendant la concertation qu’il m’a promise par courrier (voir « Contre la résignation citoyenne » sur ce blog), Christian Estrosi s’est prononcé pour la construction d’une grande salle omnisport sur les terrains qui seront bientôt libérés par le stade du Ray.

Je n’ai aucune objection de principe vis-à-vis d’une proposition qui semble faire reculer le spectre de la spéculation foncière rendue possible par le PLU voté en décembre par la majorité municipale.

Pour autant, des équipements sportifs légers et diversifiés, disséminés sur les 7 hectares de terrain et dédiés en priorité à la pratique amateur, ainsi que des équipements de loisirs continuent à avoir ma préférence.

Tout d’abord, parce que c’est la formule qui était plébiscitée par les habitants de Nice Nord. Ensuite et surtout parce que j’ai comme un doute : ce énième grand projet va devoir être financé dans un contexte plutôt difficile car les caisses de la ville sont vides. Il faudra donc faire appel, comme cela a été le cas pour le projet de la Gare du Sud, à un partenariat public-privé. Et, comme en la matière la philanthropie et le mécénat n’existent pas, il faudra bien donner des compensations immobilières et commerciales au partenaire privé (là encore comme pour le complexe de la Libération).

Du coup, j’ai bien peur que la spéculation foncière, chassée par la porte grâce à l’opiniâtreté des riverains, rentre par la fenêtre sous la forme d’un programme qui bétonnera un peu plus nos quartiers.

Cela dit, restons positifs : le maire est sensible au dialogue surtout quand il est sous-tendu par un rapport de force. Mettons la consultation promise pour la fin de l’année à profit pour faire évoluer le projet dans le bon sens. Celui qui – pour reprendre un terme à la mode – conduira à transformer ce vaste espace en éco-quartier.

18 septembre 2011

Rendez-nous le Prieuré du Vieux Logis



Bien sûr, ce n’est pas l’Hermitage. Ce n’est qu’un petit musée, un petit musée de province sans bornes interactives. Lové au cœur du 5e canton, il s’appelle le Prieuré du Vieux Logis. Malheureusement, depuis quelques années, il est presque toujours fermé.

Pour la journée du Patrimoine, la Mairie, propriétaire des lieux, a daigné entrouvrir la porte du Prieuré en organisant une série de visites guidées (instantanément « bookées ») sous la houlette du passionné Philippe Frey du Palais Lascaris.

Dans les années 1930, un dominicain, le père Alfred Lemerre, a remodelé de son propre chef une villa niçoise du quartier Saint-Barthélemy pour en faire la reconstitution d’un prieuré, en accumulant mobilier, objets usuels et collection d’arts religieux. Le résultat est à la fois étonnant et émouvant.

On plonge avec bonheur dans cette modeste faille temporelle où l’on peut zigzaguer du 14e au 17e siècle. Les pièces de la villa sont exiguës, mais recèlent bien des trésors : une collection de meubles du gothique flamboyant, une Pietà franc-comtoise, une cuisine Henri II, un lutrin Phoenix, une vierge flamande tout en chevelure, d’improbables sirènes dénudées d’origine vénitienne, sans oublier, sculpté dans le bois de l’autel de la petite chapelle, le patron, le boss, Saint Barthélemy lui-même. La lumière de cet été qui n’en finit pas pénètre à travers les petites fenêtres, réveille les pièces endormies et donne à l’ensemble un air presque joyeux.

Alors, pourquoi priver les Niçois et les visiteurs de cette promenade inattendue sortie de l’imagination du père Lemerre ? A un moment où l’association Colline Saint-Barthélemy Le Prieuré multiplie les animations dans le jardin qui a désormais retrouvé sa roseraie, il serait logique d’ouvrir plus largement la villa-musée. Elle coûterait trois francs (euros) six sous à la municipalité à qui il arrive de dépenser parfois moins judicieusement les deniers publics.

Rendez-nous le Prieuré du Vieux Logis !

16 septembre 2011

Utile

A vrai dire, je n’attendais pas grand chose de ce premier (long) débat télévisé sur les primaires. Eh bien, je dois avouer que je l’ai trouvé intéressant… mieux encore utile.

En effet, la chronologie des séquences et le talent des intervenants ont permis d’avoir une émission finalement assez pédagogique.

« L’invité » Jean Michel Baylet a apporté une note un peu exotique au milieu de tous ces socialistes. Notons que c’est le seul à s’être prononcé très clairement pour la légalisation du cannabis, l’euthanasie et l’Europe Fédérale.

« Les ailiers » furent très convaincants. A l’aile gauche, Montebourg avait des accents quasi mélenchoniens sur la démondialisation, à l’aile droite, Valls était très déterminé à lutter contre le déficit.

« Les poids lourds » ont eu la densité que l’on peut exiger d’un candidat à la présidentielle. Avec, à la clé, quelques divergences que nous avons pu relever sur le nucléaire et le contrat de génération. Au-delà du socialisme charentais (et poitevin) de Ségolène Royal, j’ai apprécié la conclusion presque lyrique de Martine Aubry et le plaidoyer enflammé de François Hollande sur l’éducation.

Enfin, il convient de noter que les six se sont résolument projeté vers l’avenir pendant toute la soirée. En effet, personne n’a cité François Mitterrand, un seul Lionel Jospin (François Hollande) et, avant la question ciblée d’un journaliste, seul Manuel Valls avait fait allusion au grand absent de la soirée : DSK.


13 septembre 2011

Il faut imaginer Sisyphe heureux

Dominique Boy Mottard déposant son mémoire au TA, il y a quelques semaines

En concluant à l’annulation de l’élection dans le 7e canton de Nice, le rapporteur public du Tribunal administratif a apporté une nouvelle pierre à l'édifice d'une incroyable saga électorale.

Bien sûr, rien n’est fait tant que le tribunal ne se sera pas effectivement prononcé, mais l’orientation est bonne.

A ce moment-là, nous serons en mesure d’affirmer avec certitude que nous sommes à l’aube d’une nouvelle aventure. Une de plus. Avec Dominique et José.

Voir également le blog de Dominique.

10 septembre 2011

Le 11 septembre d'Edith



Edith, ma mère, 75 ans à l’époque, était à New York le 11 septembre 2001 dans le cadre d’un voyage « Art et Vie ». Quelque temps après, elle accepta de rédiger ce petit compte-rendu pudique.

« Mardi 11 septembre : il est environ 9 heures et nous montons dans le car qui nous attend pour nous faire visiter certains endroits de la ville. La guide est arrivée : c’est une Française mariée à un Américain. Je vois qu’elle discute longuement avec le chauffeur. Et elle nous annonce qu’il vient d’y avoir un terrible accident. Un avion s’est écrasé contre une tour et la tour est en feu ! Tout le monde est consterné. Elle nous dit qu’il doit y avoir beaucoup de morts et de blessés. Et pendant que chacun commente un peu, l’autre nouvelle nous parvient : une deuxième tour est touchée, et cette fois, il n’y a pas de doute : c’est un attentat. Là-dessus, la radio annonce qu’un autre avion s’est écrasé sur le Pentagone à Washington et qu’un autre est dans le ciel et qu’on ignore où il va. Plus tard, nous apprendrons qu’il est tombé : il était, paraît-il, prévu pour la Maison blanche.


Notre guide est complètement affolée, elle téléphone à son mari et se renseigne pour ses deux enfants qui sont à l’école. Le téléphone est déjà coupé, mais les portables fonctionnent encore un petit moment. Après plus rien ne passera. Le car démarre et nous allons voir une église, comme c’était prévu. Lorsque nous arrivons, l’église a été fermée. Tout a été fermé immédiatement : églises, musées, métro, ponts, tunnels, etc. Impossible de sortir de Manhattan.


Entre temps, nous apprenons que la première tour est tombée et qu’au moins trois cents pompiers sont dessous. C’est vraiment l’horreur, on se demande quand tout ça va s’arrêter. Il est midi, nous allons déjeuner dans un restaurant où tout le monde est scotché devant la télé. Nous n’avions encore rien vu et là, on constate l’étendue du désastre. Tous ces gens qui se sauvent devant les tours qui s’effondrent. J’ai oublié de dire qu’une demi-heure après l’attentat, toutes les églises se sont mises à sonner le glas. Toujours impossible de téléphoner. Je me doutais bien qu’à Nice mes proches étaient au courant et j’avais envie de les rassurer.


A 13 heures, alors que nous étions encore au restaurant – je n’ai pas pu avaler grand-chose ce jour-là –, la guide nous prévient que le téléphone est rétabli, peut-être pour peu de temps. Tout le monde se précipite pour acheter une carte et pouvoir téléphoner dans la rue où il y avait deux cabines. Je suis dans les premiers – heureusement ! – car après les lignes ont été à nouveau coupées jusqu’au soir. Lorsque j’ai entendu Dominique, ma belle-fille, et qu’elle pleurait, ça m’a vraiment remuée et j’ai été contente de pouvoir les tranquilliser. J’ai téléphoné peu de temps car tout le monde était dans mon cas et voulait prévenir sa famille. Mais après ça, j’étais quand même plus sereine, contente d’avoir pu enlever l’angoisse à ma famille.


Après – il fallait nous occuper – tout notre programme était bien sûr bouleversé. La guide nous a amenés à Central Park et nous nous sommes assis en rond autour de la plaque de John Lennon. Chacun y allait de son commentaire. Tout le long du parc, sur le trottoir, il y avait des dizaines de camions militaires les uns derrière les autres avec les soldats. C’était très impressionnant. Tout à côté, il y avait un grand hôpital et sur le trottoir extérieur des brancards étaient alignés. A ce moment-là, on pensait qu’il y aurait des blessés. Mais il n’y en a pas eu beaucoup. Tout cela dégageait un étrange climat, très impressionnant.


En rentrant à l’hôtel, j’ai regardé la télé, évidemment je voyais les images, mais j’ai vraiment regretté de ne pas comprendre l’anglais : beaucoup de choses m’échappaient. Inutile de dire que cette journée fut bien triste. Nous ne pouvions éviter de penser à tous ces morts. Nous nous retrouvions au salon de l’hôtel pour discuter. Dans ces cas-là, il y en a toujours qui sont au courant de tout… Ce soir du 11 septembre, vous dire que j’étais très vaillante pour aller me coucher au 16e étage serait un gros mensonge !


A la suite de ces événements, l’aéroport ayant été fermé, nous sommes restés quelques jours supplémentaires à new York.


De ces journées, je retiens surtout, que devant chaque caserne de pompiers, il y avait des monceaux de fleurs et de bougies. Les gens défilaient devant jour et nuit. Il y en avait une à côté de notre hôtel. Et dans les squares, éteint tendus de grandes bandes de tissus, avec des stylos pendus, permettant d’écrire dessus. Les photographies de disparus étaient nombreuses, exposées dans toute la ville. Ont-ils jamais pu les revoir ? Il y a eu si peu de survivants…


A Broadway, les spectacles continuaient : des places gratuites avaient été distribuées dans les hôtels, car, avec ce qui s’était passé, la foule ne s’y précipitait pas. Avant le début, un hommage a été rendu à tous les morts avec l’hymne national américain, la main sur le cœur. C’était poignant : toute la salle était debout et chantait. On sentait une vraie communion entre eux. Tout le monde avait les larmes aux yeux. »

Il y a quelques jours, elle a eu du mal à réprimer son émotion lorsque je lui ai présenté une photo de la petite mosaïque « Imagine » de Central park prise cet été. Dix ans déjà…

Sur le 11 septembre, voir aussi le blog de Dominique Boy Mottard.

07 septembre 2011

Le candidat anti-21 avril




Avec Jean-Christophe Picard, les élus du PRG et quelques amis, nous avons présenté à la presse la candidature de Jean-Michel Baylet aux primaires citoyennes de la gauche.

Membre du Parti Radical de Gauche depuis un an, il était normal qu’avec Dominique nous soutenions le candidat de notre parti. En fait, cet engagement va bien au-delà d’une question de principe. Les primaires à gauche constituent l’arme absolue contre un nouveau 21 avril. Chacun peut en effet s’exprimer et représenter sa sensibilité sans risquer, au printemps 2012 de propulser Marine Le Pen au 2e tour de la Présidentielle.

Pourtant, la quasi totalité des formations de gauche a refusé de discuter ne serait-ce que le principe d’une participation à ces primaires avec le Parti Socialiste. En fait, on retrouve la même démarche schizophrénique qu’aux élections locales ou, après avoir dénoncé tous azimuts le danger représenté par le FN pour le démocratie, on ne fait rien pour l’empêcher d’accéder au second tour.

Dans ce contexte, la candidature de Jean-Michel Baylet est un acte responsable. Tout en donnant l’opportunité aux Radicaux de développer les thèmes qui leur sont chers, elle permet d’esquisser le début d’un rassemblement à gauche.

Et de profiter de cette conférence de presse pour nous exprimer précisément sur des sujets sur lesquels nos concurrents socialistes ne sont pas toujours très clairs : l’Europe fédérale (les Etats-Unis d’Europe), la laïcité (pas de complaisance pour le communautarisme), la VIe République (retour à une République parlementaire) par exemple.

Qu’il est bon de se détacher de la tambouille sondagière pour faire un peu de Politique avec un grand P !!!

05 septembre 2011

José met le feu au CDS

  


Grosse ambiance ce soir aux Palmiers pour la fête annuelle de l’officiel Club des Supporters de l’OGCN sous la houlette du président José Boetto.

L’occasion de faire connaissance avec le nouveau Gym, celui d’un autre président, Jean-Pierre Rivère, un homme courtois, à la fois déterminé et modeste.

Les nouvelles recrues, de Monzon à Meriem en passant par Abriel, Djalo, le petit dernier (à trois minutes près…), et quelques autres, avaient fière allure à la tribune avec le staff d’Eric Roy.

Entre le représentant de la mairie et Patrick Allemand, j’ai l’opportunité de prendre la parole pour rappeler que le Gym existe et perdure d’abord grâce à la fidélité de ses supporters. Et d’évoquer – une fois de plus – cette soirée pluvieuse d’il y a dix ans à l’époque où l’équipe de Nice, alors en 2e division, menée par 3 à 0 au bout d’une demi-heure de jeu devant Chateauroux, était quand même encouragée par quatre mille supporters frigorifiés. Ce soir-là, je me suis dit qu’avec une pareille ferveur, cette équipe serait immortelle.

Plus la soirée avançait et plus l’ambiance allait crescendo aux Palmiers pour atteindre son paroxysme au moment du tirage au sort de la tombola où un José, très rock and roll, mit le feu au CDS.

La semaine sera très foot car jeudi, de 20 h à 21 h, je suis l'invité de Fréquence Foot la nouvelle émission de Keevin Hernandez et Ridha Boukercha sur Fréquence K (103.4 FM).

Jean-Pierre Rivère

Pour d'autres photos, voir le blog de Dominique Boy Mottard

03 septembre 2011

Le pingouin Dagobert s’éclate au Prieuré



2011 sera l’année du décollage pour l’association Saint Barthélemy - Le Prieuré, celle où elle recueille les fruits d’efforts constants et d’initiatives parfois risquées pour animer ce petit quartier de notre cité. Il y a un peu plus de deux mois, la Fête de la Musique avait été un succès populaire considérable et, ce samedi, la Nuit du conte a rassemblé au moins cinq fois plus de personnes que l’an dernier.

Les enfants étaient nombreux même si, contrairement à ce qu’on peut penser, un récital de contes s’adresse aussi aux adultes. Une nouvelle fois, Yann Hemmer, tout en sobriété, a enchanté un public qui n’a pas hésité à participer.

Ainsi, après une incursion dans le sillage du Cyclope et d’Ulysse-Personne, nous avons tremblé devant un dragon un brin frankensteinien, un lion à mauvaise haleine et un génie de la lagune, inventeur des lignes de la main.

Mais, mon préféré sera le culotté pingouin Dagobert au ventre noir et au dos blanc qui en a marre sur sa banquise de vivre et de rêver en noir et blanc. Après un long raid, il rejoindra l’océan où il va découvrir les couleurs de l’arc-en-ciel grâce aux rayons du soleil qui enflamment le jet d’eau d’une baleine de passage.

La soirée sera aussi pour moi l’occasion de vivre deux (petites) premières. Je n’avais jamais chanté Pirouette, cacahuète : désormais, c’est fait ! Je n’avais jamais bu du jus de… banane : désormais, c’est fait aussi ! Trop fort le Président Lépine.


02 septembre 2011

La mousse espagnole dans le jardin du bien et du mal



Minuit dans le jardin du bien et du mal
est un roman de John Berendt.

Minuit dans le jardin du bien et du mal est un film de Clint Eastwood

Minuit dans le jardin du bien et du mal a pour cadre Savannah, une ville côtière de Géorgie où nous avons séjourné fugitivement (une soirée, une nuit, une matinée), il y a trois semaines. Une ville qui nous a laissé une forte impression. Peut-être la plus forte du voyage.

De retour, en attendant de lire le roman, j’ai donc revu le film pour retrouver l’atmosphère si particulière de la ville. Et je n’ai pas été déçu.

Sorte de Twin Peaks à la sauce Deep South, le film s’articule autour d’une intrigue policière – qui serait une histoire vraie – pour nous présenter une incroyable galerie de portraits dominée par Lady Chablis (une authentique Drag queen de la ville qui joue son propre rôle) et l’ambigu Jim Williams, antiquaire richissime accusé du meurtre de son petit ami.

Entre séance de vaudou dans les cimetières de la ville et soirées mondaines (celles des Blancs, celles des Noirs… on est dans le Sud !), la vérité a bien du mal à faire son chemin dans les prétoires de Savannah.

Le film de Clint Eastwood, assez classique sur la forme, rend à merveille l’atmosphère à la fois étrange et un peu étouffante de cette ville aux vingt-et-un squares et aux nombreuses demeures datant d’avant la guerre de sécession.

Du mystérieux cimetière Bonaventure aux nombreuses promenades ombragées, en passant par le quai bordé d’entrepôts en briques rouges qui borde le fleuve, le film a parfaitement joué son rôle en nous replongeant au cœur de l’âme de la cité.

Mais surtout, il rend une sorte d’hommage à ce qui est pour nous le symbole de Savannah : la mousse espagnole. On trouve ce parasite si esthétique qui a envahi les grands arbres de la ville dans à peu près toutes les scènes du film. Bien sûr, ces grappes de fines aiguilles qui se transforment en lourdes tentures nous les avons retrouvées dans d’autre villes, dans d’autres paysages, mais jamais avec cette obsédante abondance.

Grâce à elle (ou à cause d’elle), notre promenade nocturne sous les arbres de Savannah s’est transformée en une échappée entre les lignes d’un conte gothique un peu effrayant. Sans parler du cimetière Bonaventure. Merci Clint de m’avoir laissé entendre qu’en plus on avait une chance de croiser Lady Chablis.

Lady Chablis