30 octobre 2012

Des nouvelles des nouvelles (2)




Au mois de juillet, sur ce blog, je vous avais parlé de ce recueil de nouvelles à la fois niçoises et fantastiques que j’étais en train d’écrire.

Aujourd’hui, je suis en mesure de présenter deux nouveaux extraits, preuve que l’ouvrage avance avec cinq histoires au compteur.


            De ce jour, j’étais à moitié mort. Bien sûr, personne ne s’en rendit compte car j’avais les gestes de la vie. Pendant cinq années, je fus un demi-vivant tout à fait fréquentable. Les qualités relationnelles qu’on m’avait toujours reconnues étaient apparemment intactes. Elles étaient même valorisées, on disait de moi : « Quel courage, quand même, après ce qu’il a vécu… » Parfois, le commentaire était plus fielleux : « Il s’est quand même vite remis… » Mais rien ne pouvait m’atteindre car j’étais devenu indifférent aux choses, aux autres, plus rien n’avait d’importance sans Marlène.
            Me retrouver dans la boîte n’est pas traumatisant car il y a bien longtemps que j’ai fait la moitié du chemin. (Colomars, l'amour, la mort)


            La vie n’avait pas été facile pour Mauricette depuis la mort de son mari, victime d’un accident du travail dès l’ouverture de l’usine de construction de chariots élévateurs construite sur la Prospect Lénine (ex « Promenade des Anglais ») lors du premier plan quinquennal.
            Il est vrai qu’à l’époque, on s’était moins intéressé aux dispositifs de sécurité de l’usine qu’à la grosse colère des camarades bulgares qui estimaient que, dans le cadre de la division internationale socialiste du travail, ils avaient le monopole de la production de chariots élévateurs.
            Après quelques réunions houleuses et l’arbitrage du Comecon, la querelle avait été réglée par le jumelage du Mont Vitocha, sur les hauteurs de Sofia, avec la colline du Château de Nice. Cet accord permit chaque année de donner l’occasion à des camarades responsables bulgares de venir reconstituer leur force de travail dans les somptueuses datchas de la Riviera, et chacun fut satisfait de ce gentleman agreement à la sauce internationaliste. (1er mai, Place Maurice Thorez)

28 octobre 2012

Solidarité avec les Niçois d’origine arménienne



 Depuis des décennies, les Niçois d’origine arménienne enrichissent la vie sociale, économique et culturelle de notre Cité et jouissent de ce fait d’une sympathie générale.

Les responsables historiques de ces Niçois qui ont l’Ararat au fond du cœur ont toujours veillé à ce que le poison du communautarisme ne vienne pas contaminer l’expression d’une juste et souhaitable différence (chaque manifestation, drapeau tricolore et Marseillaise en tête, est placée sous l’autorité de la République).

Ils ont également veillé – et le Centre Barsamian en est la preuve – à ce que la laïcité soit toujours respectée. Enfin, depuis l’indépendance de la jeune République d’Arménie, ils n’ont pas ménagé leurs efforts pour soutenir un pays victime à la fois de la guerre et de catastrophes naturelles.

C’est donc avec inquiétude que nous constatons que cette communauté exemplaire est de plus en plus infiltrée par des éléments étrangers qui utilisent le canal de l’Eglise arménienne pour imposer leurs vues dans un climat délétère qui peut aller jusqu’à l’intimidation et la violence (Cf. Nice-Matin 22 avril 2010).

Il s’agit, dans un premier temps, d’inféoder l’école à l’église, puis, de faire main basse sur le prestigieux Centre Barsamian. Cette offensive se déroule dans une atmosphère très particuliere. Ainsi, le prêtre envoyé d’Arménie pour s’occuper du diocèse de Nice de 2003 à 2010 est actuellement poursuivi devant le tribunal correctionnel pour trafic de fausse monnaie, proxénétisme et blanchiment d’argent (voir l'article de Nice-Matin ci-dessous). Même en tenant compte de la présomption d’innocence, admettons qu’on est loin de l’atmosphère traditionnelle – familiale et bon enfant – du quartier arménien de la Madeleine. Nice-Matin, dans son édition du 11 mars 2011, avait même parlé de « l’ombre de la mafia arménienne ».

Face à cette situation, les autorités locales se montrent assez peu solidaires de leurs concitoyens qui, depuis des années, assument la représentation de la communauté arménienne de Nice. Pour ces grands ténors du sécuritaire, il serait peut-être temps de distinguer le bon grain de l’ivraie. On sait à quel point les généralisations peuvent être hâtives en la matière : il ne faudrait pas que l’attitude de quelques-uns puisse avoir des conséquences sur l’image jusque-là préservée d’une communauté pas loin d’être exemplaire.

Pour ma part, c’est la ligne de conduite que je me fixe.

Nice-Matin, 26/10/2012

25 octobre 2012

Zlatan Ibrahimovic, Martin Luther King et le temple baptiste




A la fin de la semaine dernière, le petit temple baptiste de la rue Vernier fêtait ses 100 ans. Lieu de culte protestant, il est aussi au centre d’un réseau de solidarité qui profite au seteur, à l’aide d’associations satellites à caractère social (aide aux devoirs et secours d’urgence par exemple). Avec le collège tout proche et la Ruche, administrée par la Semeuse rue Trachel, c’est l’un des rares amortisseurs sociaux d’un quartier populaire attachant mais instable.

C’est donc bien volontiers que j’ai participé à la cérémonie d’anniversaire de ce lieu qui m’est assez familier depuis ma première élection dans le 5e canton en 1998. L’assistance était fournie mais l’ambiance, comme d’habitude, était conviviale, presque familiale.

Cela dit, je fus quand même un peu surpris d’entendre un des pasteurs (Suédois) présents illustrer son propos sur le thème du miracle en citant… Ibrahimovic, auteur d’un but « miraculeux » qui a permis il y a quelques jours à l’équipe de football de Suède de se réveiller pour obtenir un match nul (4-4) après avoir été menée 4-0 par l’Allemagne. Zlatan du PSG plus fort que Jésus de Nazareth ? Qui l’eut cru ?

Du coup, je me suis trouvé terriblement classique et convenu lorsque, après avoir appris d’un autre pasteur (Suisse celui-là) qu’à Orléans, un arrêt de la ligne 2 du tramway qui venait d’être mise en circulation avait été appelé du nom du plus illustre des baptistes, Martin Luther King, j’ai proposé aux représentants de la municipalité de faire de même à Nice. L’assemblée a chaleureusement applaudi ma proposition mais, en ces temps de confusion des valeurs, j’espère qu’au final la station s’appellera bien Martin Luther King et non Zlatan Ibrahimovic 

23 octobre 2012

Brasil Azur sur les fonts baptismaux




Vendredi, nous étions à la soirée inaugurale de Brazil Azur, association culturelle « à but non lucratif, indépendante et pluraliste », à l’Espace Magnan, un de ces lieux niçois qui a conservé une ambiance « Maison de la culture » (ce que l’Espace était à l’origine).

Plusieurs raisons pour que je sois présent à cet événement.

Tout d’abord, l’amitié : la présidente est une collègue de fac et le trésorier m’accompagne parfois le temps d’un entraînement sur le canal de Gairaut.

Ensuite, ma qualité d’élu : dans cette ville, la naissance d’une association culturelle – qui plus est polyvalente (littérature, cinéma, musique…) – n’est jamais anodine. Surtout si elle nous permet d’aborder les rivages un peu lointains d’un monde nouveau.

Mais enfin, ma présence était surtout justifiée par mon amour du Brésil. Un amour qui naquit tardivement et presque brutalement, après un voyage, il y a quelques années. De l’Amazonie à Bahia, de Rio aux grands plateaux, nous avons été littéralement ébranlés, secoués par la découverte d’un pays continent à des années lumières des clichés habituels.

Politiquement, c’est aussi avec beaucoup d’admiration et de respect que j’ai vu avec Lula le pays émerger sur la scène mondiale. Brasilia plutôt que Caracas ou La Havane fut rapidement mon credo.

C’est peu dire que la soirée fut à la hauteur de nos attentes, avec des moments forts comme le duplex avec le vice-président, Celson Lima, en direct d’Amazonie, le propos introductif passionné de la présidente ou l’initiation à la musique choro dont les rythmes syncopés et joyeux accompagnèrent les participants jusqu’au cœur de la nuit.

Une belle soirée pour un beau départ. Bon vent à Brazil Azur !

Rendez-vous sur le site de l’association.


22 octobre 2012

Capitaine Daniel Brière




Manuel Valls, les régiments alignés, la famille digne, écrasée de chagrin, le cercueil drapé de bleu blanc rouge, les décorations posthumes sur leurs coussinets… Ce matin, j’ai eu l’impression de revivre un mauvais rêve. Moins d’un mois après le policier Amaury Marcel, c’est au gendarme Daniel Brière que nous rendons hommage, sous la pluie, dans la cour de la caserne de gendarmerie Ausseur à Nice Ouest.

Fauché par la voiture d’un délinquant sans scrupule, le major Daniel Brière est la dernière victime de cette violence que le Ministre de l’Intérieur a qualifiée « d’intolérable, d’insupportable, d’inqualifiable ». Cet époux, ce père, ce fils était un professionnel de qualité et notamment un enquêteur d’une redoutable efficacité. C’était aussi, d’après Sami qui l’a bien connu, un homme de paix, de dialogue et de consensus. Un grand serviteur de la République.

Tout en rappelant que « la polémique n’avait pas sa place, face à de tels drames », le ministre ne s’est pas contenté de constater que « les forces de l’ordre sont exposées quotidiennement aux manifestations les plus violentes de la société ». Il a annoncé qu’en accord avec le Président de la République, il avait non seulement renoncé à la règle du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux à la retraite pour les forces de l’ordre, mais aussi prévu le recrutement de 500 policiers et gendarmes en 2013 (au total 6000 postes) pour commencer à compenser les 10 000 postes supprimés ces dernières années.

Une annonce forte qui démontre que, sans gesticulations démagogiques, le gouvernement joue la carte de la fermeté à sa façon : en renforçant le service public de la sécurité. Le contraire de ce qui a souvent été fait.

Une annonce qui a valeur d’engagement puisque faite devant le cercueil du major Daniel Brière qui venait d’être promu, à titre posthume, au grade de capitaine.

20 octobre 2012

Bonjour, Monsieur le Président




Un peu moins de sept mois après son meeting au Théâtre de Verdure dans le cadre des élections présidentielles (voir sur ce blog : 29 mars 2012), François Hollande était  de retour parmi nous pour la clôture du Congrès de la Mutualité française à Acropolis. Mais aujourd’hui, ce n’était plus « Bonjour François » mais « Bonjour Monsieur le Président ».

Certes, l’homme est toujours le même. Quelques kilos en plus peut être, mais toujours cette disponibilité, ce calme, ce sourire, ce sentiment qu’il donne de vous avoir quitté la veille.
Pourtant, devant moi, je n’ai plus François le débonnaire, mais celui qui va continuer à incarner notre République pendant cinq ans.

Bien sûr, même si l’actualité est dévoreuse d’essentiel, je ne l’avais pas oublié : surtout après avoir écouté son impressionnant discours sur la santé publique et l’avenir de la protection sociale en France (voir le blog de Dominique Boy-Mottard).

Mais, avoir la confirmation en live, quasi physiquement, de cette métamorphose au service de mes valeurs les plus chères fut source d’une indicible émotion.

L'occasion de retrouver de vieux amis mutualistes

16 octobre 2012

Albanne, Savoie


Tableau René Mottard

Il y a une trentaine d’années, mes parents s’étaient lancés dans une courageuse recherche généalogique sur les origines de la famille Mottard. Grand était leur mérite car, béotiens, ils avaient épluché les registres paroissiaux, visionné les microfilms des archives publiques (rien n’était informatisé à l’époque) et écumé… les cimetières.

Ils firent tant et si bien qu’au final ils avaient réussi à remonter le fil des générations jusqu’à 1650 ce qui, pour une famille qui n’appartient pas à l’aristocratie, est un petit exploit.

Au-delà de celui-ci, ce travail nous a livré quelques secrets sur notre famille dont certains étaient étonnants.

- Ainsi, les Mottard sont originaires d’Albanne, un tout petit village de montagne de Savoie, rattaché en 1969 à la commune de Montricher-le-Bochet qui devînt alors « Montricher-Albanne » (à l’initiative du maire d’Albanne, Armand Mottard), situé sur les hauteurs qui dominent la vallée de la Maurienne.

- Un certain Blaise Mottard (décédé le 21 juillet 1711) a épousé une Albana… Bois (née en 1649). Comme la coïncidence était trop belle, nous avons cherché et trouvé également un Jean-Louis Mottard qui avait convolé en justes noces, le 10 juin 1770 avec une Anne-Marie Bois. En fait, cela n’a rien d’anormal car, lors d’une visite sur place, nous avons pu constater que le cimetière du village est monopolisé à 70% par les Mottard et à 30% par les Bois. De quoi faire de nombreux Bois-Mottard !

- Au cours de cette visite, nous nous étions rendu compte que la mémoire historique de ce village isolé était particulièrement vive puisqu’on parlait encore d’événements qui s’étaient déroulé pendant la Révolution ! C’est ainsi que j’ai appris qu’un de mes ancêtres avait tué deux soldats révolutionnaires (bien sûr, à l’époque, il s’agissait de soldats étrangers, la Savoie n’étant pas la France !) sur le petit pont à la sortie d’Albanne.

- Une autre de mes ancêtres est morte le 4 août 1839 dans l’incendie de l’église du village. Petit détail : elle s’appelait… Marie-Illuminée !

- Enfin, confronté aux difficultés économiques (et peut-être aux risques de la consanguinité !), un autre ascendant, lui aussi prénommé Blaise, né le 17 septembre 1824, décida de descendre dans la plaine puis de rejoindre la Bourgogne pour exercer le métier traditionnel des petits savoyards : ramoneur.

Mais si on se replace dans le contexte historique de l’époque, cet homme était un ressortissant du royaume de Piémont-Sardaigne auquel appartenait la Savoie. Alors, il n’y a pas de doute possible : mon ancêtre était un travailleur immigré. Comme quoi, le slogan de beaucoup de manifs : « Nous sommes tous des enfants d’immigrés » est loin de n’être qu’un slogan…



13 octobre 2012

Réminiscence automobile



 Profitant d’un séjour parisien, j’ai visité, il y a quelques jours, le Salon de l’Automobile (aujourd’hui on dit « le Mondial… »). J’ai conscience qu’en ces temps d’ « automobilophobie » et de licenciements, cette visite n’est pas vraiment politiquement correcte.

Circonstance aggravante (ou atténuante ?) : je ne suis pas un vrai amateur de voitures. Pendant longtemps, c’est sans passion excessive que j’achetais des Renault avec pour objectif d’avoir un véhicule capable de me trimbaler tout au long de l’année civile et d’assurer de longs raids à travers l’Europe l’été arrivant. Il fallut attendre mon improbable histoire d’amour avec une Rover (voir, sur ce blog, Latin rover), pour que je mette un peu d’affect dans tout cela. Mais, dans l’ensemble, je suis plutôt un automobiliste tiède peu sensible aux vrombissements des moteurs et aux galbes des carrosseries.

Pourtant, une fois de plus (la quatrième, si je ne m’abuse), il a suffi que je pénètre dans l’enceinte du Palais des expositions de la Porte de Versailles pour que je me sente à la fois nostalgique et joyeux. C’est qu’instantanément, j’ai retrouvé le monde de mon enfance. Celui où on regardait régulièrement les reportages quasi quotidiens en noir et blanc de feu l’ORTF. Où, en famille, on choisissait avec délectation la prochaine voiture : la Dauphine jaune avec son toit noir, la P60 bleu ciel avec sa calandre carnassière, l’impressionnante Opel Record et son compteur tricolore (vert-orange-rouge). Où, dans le journal Tintin, j’admirais les merveilleux dessins de Jidehem et les aventures de Michel Vaillant.

Le salon était un lieu exotique et sophistiqué presque inaccessible. Un lieu que je me promettais d’investir quand je serais plus grand.

Maintenant, je suis grand, et, sous l’œil faussement sévère de ma coéquipière, je zigzague avec une certaine frénésie entre les décors de rêve et les carrosseries rutilantes, les concepts cars et les collections vintage. Et je suis heureux, tout simplement heureux.


09 octobre 2012

Démocratie participative au Ray


C'était déjà les voeux que je formulais pour l'année nouvelle

Les 11 comités de quartier de Nice Nord – parmi les plus importants et les plus structurés de la ville – se sont réunis pour plancher sur le devenir des terrains prochainement libérés par le stade du Ray.

Face au flou que l’on devine plus spéculatif qu’artistique des propositions de la mairie, le projet qu’ils ont élaboré a le mérite de la cohérence et de la fidélité par rapport aux souhaits maintes fois exprimés des habitants du quartier : « De l’air pur pour le Ray ».

Je ne peux que souscrire à ce projet.

- Pour une question de méthode tout d’abord. En effet, dès 2001, j’avais placé la démocratie participative au cœur de notre projet municipal (à une époque où ce n’était pas vraiment à la mode !) Aussi, je ne peux que me réjouir de la méthode adoptée par l’Union des Comités de Quartiers.

- Pour une question de fond ensuite. Le projet retenu est proche de celui que j’appelle de mes vœux avec Gauche Autrement depuis deux ans (notamment pendant la campagne des élections cantonales).

C’est donc avec détermination que je soutiendrai, pendant la phase de « concertation » qui va s’engager (one more…), le projet suivant :

- espaces sportifs de proximité (salle omnisports de 500-600 places, petit terrain de foot, piste d’athlétisme, maintien des équipements voués au billard, à l’escrime et au tennis, espace pour les arts martiaux et à la gym) ;

- espaces sportifs en libre accès à leurs heures d’ouverture (basket par exemple) ; aménagement d’espaces verts publics avec extension de l’actuel jardin d’enfants ;

- utilisation des « dents creuses » du boulevard Gorbella pour faire du logement, des commerces et installer des services publics ;

- un parking souterrain de 600 places et une aire permettant la jonction des bus collinaires avec le tram.

06 octobre 2012

Des pépites dans le mainstream





« MAINSTREAM : adj. – Mot d’origine américaine : grand public, dominant, populaire. Un film mainstream : qui vise un large public » (in Mainstream : enquête sur cette culture qui plaît à tout le monde, Frédéric Martel, 2010, Flammarion ; un ouvrage passionnant et remarquablement documenté sur les industries culturelles dans le monde)

Le cinéma mainstream, celui des multiplexes, du pop corn et des produits dérivés, peut parfois réserver de bonnes surprises. Comme le chercheur d’or peut, à force de patience, trouver une pépite dans le lit de la rivière, le cinéphile peut trouver matière à émotion, à réflexion ou à distraction dans un blockbuster.

C’est très exactement ce qui m’est arrivé ces derniers jours en visionnant les deux Batman de Tim Burton et les deux OSS 117 de Hazanavicius.

Relativement déçu cet été par The Dark Knight Rises de Christopher Nolan, le dernier opus de Batman pourtant précédé d’une publicité tapageuse, j’avais profité d’une visite à la cinémathèque de Paris pour assister à l’exposition Tim Burton et faire l’acquisition de l’intégrale de son œuvre, dont les deux Batman (Batman et Batman, le défi). J’avoue avoir été impressionné par l’esthétique et l’atmosphère des deux films. Mais c’est surtout l’interprétation hallucinée des deux méchants par Jack Nicholson et Danny DeVito qui restera pour moi inoubliable. Ces acteurs, jouant les rôles du terrible et ricanant Joker et celui du gluant et cruel Pingouin, font la démonstration qu’un grand acteur peut donner vie à n’importe quelle création de fiction, fut-elle une silhouette de Comics. Il y a, en effet, derrière les masques grimaçants du Joker et du Pingouin, ce rien d’humanité qui dérange et qui rassure tout à la fois.

Autre pépite : les deux OSS 117 du réalisateur de The Artist. Rio ne répond plus et Le Caire, nid d’espions sont deux parodies réussies des films d’espionnage des années 50 : cinémascope, exotisme de pacotille, jolies filles et un James Bond version Super Dupont, joué par l’inénarrable Jean Dujardin. Cet admirateur inconditionnel du Président Coty, « Un homme qui marquera l’Histoire » (OSS 117 dixit), amateur de jeux de mots pourris à faire pâlir de jalousie notre Bernard (« On peut dire que le soviet éponge ») est non seulement drôle et décalé mais aussi, par son arrogance involontaire, sa prétention inconsciente et son absence totale de curiosité pour l’autre, une assez crédible caricature du Français (de certains Français) à l’étranger. Ne dit-il pas aux agents du Mossad : « Rechercher un nazi avec des Juifs ? Quelle drôle d’idée ! Il va les reconnaître… » et à une représentante du gouvernement égyptien : « L’Islam est une drôle de religion, vous allez vite vous lasser, ça n’a aucun avenir » ou encore « Le problème de l’arabe (la langue), c’est qu’il n’est pas très visible, même au niveau du son ». Pourtant, il n’est ni raciste, ni xénophobe. Il est engoncé dans une posture qui le conduit à penser que le monde a besoin de la France, de sa grandeur et de ses lumières et que tous les autres peuples sont arriérés ou immatures.

Du coup, à travers le personnage de Dujardin, j’ai eu l’impression de retrouver ces voyageurs français croisés un peu partout depuis des décennies. Par exemple, celui rencontré à l’entrée d’Athènes et qui avait eu la bonté de nous mettre en garde : « On fait grand cas d’Athènes mais, franchement, à part les ruines, il n’y a rien à voir »…

02 octobre 2012

Claude Puel superstar au CDS


Avec José Boetto

Sa personnalité débonnaire ne doit surtout pas faire oublier que le Président José Boetto est d’une efficacité redoutable. Sous sa houlette, le CDS (Club des supporters de l’OGCN) ne cesse de croître et de se multiplier tout en affirmant son autorité et son esprit de responsabilité.

A chaque réunion de début de saison, la foule est un peu plus nombreuse. Ce soir encore, aux Palmiers, nous étions plus nombreux que l’an dernier. Avec toujours cette ambiance conviviale, presque familiale, qui est la marque de fabrique du CDS.

Cette année, la (super)star fut incontestablement Claude Puel, ce technicien XXL qui désormais entraîne l’équipe de Nice. Lors de ma prise de parole, je n’ai d’ailleurs pas hésité à dire qu’il était pour moi le meilleur entraîneur de France. Preuve en main, puisque je n’ai pas hésité à brandir la copie d’un billet de ce blog en date du 31 mai 2011 (Et pourtant Claude Puel était le n° 1) pour prouver que mon affirmation n’était pas un effet de tribune.

Puis, avant de replonger dans la foule d’amis et de supporters, de joueurs actuels et d’anciennes gloires (heureux de retrouver Bocchi), je me suis risqué à un pronostic public : cette année, pour le Gym, une Coupe et une place entre la 6e et la 8e. Un peu en retrait dans le public, Claude Puel m’a fait un signe qui voulait dire : « Ce n’est pas impossible, on va essayer ». Oui, Claude, « on » va essayer…

Claude Puel et quelques joueurs

01 octobre 2012

Radicalement Européen




Après moult congrès du PS, j’ai assisté ce week-end, au Parc floral de Vincennes, à mon premier congrès Radical de Gauche. Un peu plus d’accent (du Sud-ouest) et un peu moins de langue de bois (encore que…), mais au total une séquence de trois jours qui ne m’a pas vraiment dépaysé.

Cela dit, l’absence de courants statutaires modifie quand même le climat général des débats. Au PS, l’orateur consacre une bonne partie de son discours à balancer quelques vacheries aux autres courants ou, au contraire, à prendre des précautions oratoires pour ne vexer personne. Sur le fond, les nuances exprimées ont souvent pour fonction de nourrir le débat interne quand elles ne prennent pas carrément la forme de private jokes.

Au PRG, par contre, l’intervention est plus brute de décoffrage et est consacrée, la plupart du temps, à des thèmes solidement ancrés dans la mémoire du radicalisme ou le programme du Parti. La spécificité du PRG dans la nouvelle majorité est donc assez facilement identifiable au bout de quelques heures de débat. Et il va sans dire que cette spécificité me convient très bien.

Ainsi, pendant le Congrès, nombreux sont les intervenants qui ont insisté sur la nécessité pour le gouvernement de réaliser sans plus attendre un certain nombre de réformes de société : mariage gay et homoparentalité, droit de mourir dans la dignité (belle démonstration de Roger-Gérard Schwartzenberg), droit de vote des étrangers et même la très controversée dépénalisation de la consommation du cannabis.

Autre thème historiquement fondateur de la pensée radicale : la laïcité. Pas un orateur qui n’évoque de près ou de loin cette exigence républicaine et sa conséquence politique contemporaine : la lutte contre les communautarismes. Il y a là sur cette question une expression forte qu’on est loin de retrouver dans la gauche française et au PS (à l’exception, peut-être d’un certain… François Hollande).

Mais, en raison de l’actualité, c’est un autre engagement fort du PRG qui s’est retrouvé au centre des débats : l’Europe. Les Radicaux sont fédéralistes et fiers de l’être. Là où le discours des socialistes – pourtant souvent Européens de cœur – est souvent inaudible à force de précautions, les radicaux affichent sans complexe leur engagement pour les Etats-Unis d’Europe. C’est ainsi que l’invité d’honneur de Vincennes, le Premier ministre (voir le blog de Dominique Boy Mottard), a pu repartir de la salle des congrès avec l’engagement d’un soutien ferme des radicaux pour la ratification du Traité d’équilibre budgétaire et du pacte de croissance.

C’est donc avec conviction que j’ai brandi, avec la quasi totalité des délégués, mon mandat, lors du vote final sur cette ratification. Je l’ai fait en me remémorant la formule de François Mitterrand, rappelée par Jean-Marc Ayrault : « La France est notre patrie, l’Europe est notre avenir ».