29 novembre 2012

Du Ray à Trachel, les citoyens proposent



Lundi dernier, une grande mise en scène, intitulée « un peu » pompeusement « Les assises de la Proximité », a été organisée par la Municipalité avec, comme objectif, de vendre aux comités de quartier une dizaine de propositions aussi vagues et passe-partout que « Poursuivre la valorisation du patrimoine » ou « Favoriser l’offre de stationnement »… En fait, cette communication descendante est aux antipodes de la démocratie participative telle que je l’avais proposée aux Municipales de 2001 et de 2008.

A l’inverse, deux autres réunions m’ont renforcé dans l’idée que les citoyens de notre cité sont tout à fait mûrs pour être les acteurs majeurs d’une véritable démocratie participative qui les verrait prendre leur destin en main.

Ainsi, la semaine dernière, au Théâtre de la Photographie, les élus municipaux ont fait le bilan de la concertation menée sur l’avenir des terrains libérés par le déplacement du stade du Ray (lire, sur ce blog, « Il n’est pire sourd… »). En fait, une fois de plus, ce sera l’occasion de botter en touche pour une Mairie qui ne veut rien dire de ses projets probablement déjà bouclés par les technocrates de la Métropole. Par contre, il existe un vrai projet citoyen élaboré par l’ensemble des comités de quartier de Nice Nord (lire, sur ce blog, « Démocratie participative au Ray »). Ce projet équilibré et réaliste serait, comme je l’ai rappelé ce soir-là, une bonne base de discussion. A ce jour, jamais le Maire ne l’a pris en compte.

Autre exemple : au CAL Notre-Dame, la toute nouvelle association « Sauvegarde du square Colonel Jeanpierre » nous avait conviés pour nous présenter son contre-projet à l’aberrant programme de rénovation du quartier Trachel (voir, sur ce blog, « Les indignés du 42 Bis »). Là encore, les propositions sont innovantes, raisonnables et bien moins coûteuses que le projet initial de la Métropole (voir le schéma ci-dessous).

Du Ray à Trachel, les citoyens proposent. Il serait bien peu démocratique que la Mairie dispose.


25 novembre 2012

Moisson automnale




Quelques films grapillés dans les salles niçoises ces dernières semaines.

Dans la maison, François Ozon (France)

Un lycéen s’immisce dans le foyer d’un de ses camarades de classe pour observer sa famille et en fait le récit dans de surprenantes rédactions remises à son professeur de français. Ce dernier, grâce à cet élève hors norme mais doué, reprend goût à l’enseignement et va l’encourager. Ce qui ne sera pas sans conséquences sur sa vie professionnelle et personnelle.

Sur le thème du voyeurisme, voire sur celui, adjacent, de la crise de l’école, on aurait aimé un face à face plus vénéneux. Le jeune Ernst Unhauer et Fabrice Lucchini (une fois n’est pas coutume) sont trop lisses pour un scénario qui demandait plus de perversité. Beaucoup plus. Seule Kristin Scott Thomas est vraiment à la hauteur, mais son rôle est secondaire.

Skyfall, Sam Mendes (USA)

La critique presque unanime avait salué ce 23e James  Bond comme étant un des meilleurs de la série. Je suis entièrement d’accord avec elle. Dans des paysages à couper le souffle (Istambul, Shanghai la nuit, l’île de Hashima, la lande écossaise autour de Skyfall, le manoir des « Bond »…), James et son redoutable adversaire, Tiago Rodriguez alias « Silva », nous entraînent dans une histoire de cyber-terrorisme si haletante qu’à côté, la série 24 heures chrono semble avoir été tournée dans les années 60 aux studios des Buttes-Chaumont. Daniel Craig y a une présence incroyable et Javier Bardem est un méchant hallucinant. Or chacun sait l’importance du « méchant » pour réussir un bon James Bond.

Et, cerise sur le gâteau, ou plutôt olive dans le cocktail, on retrouve avec émotion, dans la scène finale, la bonne vieille Aston Martin DB5 bourrée de gadgets un peu ringards qui dormait apparemment dans un garage écossais depuis la période Sean connery. Nostalgie, quand tu nous tiens !

Comme des frères, Hugo Gelin (France)

Charlie, une jeune scénariste talentueuse vient de mourir. Trois hommes qui lui étaient apparemment très attachés (même s’ils appartiennent à des générations différentes) décident de faire le voyage en Corse qu’ils s’étaient promis de faire avec leur amie lorsqu’ils avaient appris sa maladie. Le road movie est devenu un genre à part entière, il permet en général de réaliser des films chaleureux et émouvants à défaut d’être ambitieux. C’est tout à fait le format de Comme des frères, qui nous permet en plus de découvrir dans des premiers rôles trois nouveaux visages du cinéma français : François Xavier Demaison, Nicolas Duvauchelle, Pierre Niney. 

22 novembre 2012

La fin des militants


En versant un torrent de larmes sur ces pauvres militants UMP scandalisés, humiliés, trompés, les médias sont une fois de plus à côté de la plaque. Exactement comme en 2008 quand ils faisaient passer en boucle des images de militants socialistes supposés être consternés par le choc Aubry-Royal.

La vérité est qu’à part une minorité d’idéalistes souvent âgés, il n’y a pratiquement plus de militants, au sens classique du terme, dans les partis de gouvernement.

Avec la décentralisation et la multiplication des postes électifs à pourvoir, le mouvement initié par l’affadissement des idéologies s’est accéléré. Désormais, dans ces partis, on ne trouve plus que des élus et ceux qui aspirent à les remplacer. Dans leur sillage, une cohorte de supporters et de clients comme, par exemple, les employés de la collectivité dirigée par l’élu ou les responsables d’associations touchant une subvention de ce même élu.

Prenez les dernières élections internes de l’UMP ou du PS, retranchez des votants ceux qui appartiennent aux catégories que je viens d’énumérer, et vous vous retrouvez avec des effectifs squelettiques.

Mais, d’une certaine façon, s’il n’y a plus de militants, ce n’est pas grave car on ne milite plus dans ces partis : on n’affiche plus, on ne tracte presque plus, on débat du bout des lèvres entre les périodes électorales, c’est-à-dire presque jamais. Même la cotisation n’est plus essentielle depuis la mise en place du système de financement public des partis politiques.

Du coup, les véritables dépositaires de la ligne politique du Parti ne sont plus ses militants mais ses électeurs. D’où la pertinence des primaires ouvertes à la place des consultations dites militantes organisées par l’appareil. Cela constitue incontestablement une américanisation de la vie politique, mais avons-nous vraiment le choix ?

20 novembre 2012

Elections d’appareil : élections-magouilles




Le faible écart entre Copé et Fillon est presque un aveu : le scrutin ne pouvait pas échapper au candidat qui tient l’appareil du parti. Exactement comme il y a quatre ans, la victoire ne pouvait pas échapper à Martine Aubry (de quelques voix également), la candidate de l’appareil face à Ségolène Royal.

En fait, les élections militantes à l’intérieur d’un parti politique appartiennent à deux catégories :
- les élections sans enjeu, et en général, tout se passe bien avec un faible taux de participation ;
- les élections avec enjeu de personne, et dans ce cas, le candidat de l’appareil jouit d’un avantage considérable (choix des lieux, des horaires et des dates de vote, possession de fichiers, possibilité de régulariser certaines cartes au dernier moment, bourrage d’urnes, commission de recours aux ordres).

Pour ma part, je me suis trouvé confronté assez souvent à ce type de situation lors d’une vie antérieure au PS (pour une échéance importante, il y a quelques années, on m’a même avoué benoîtement une inversion du résultat…)

C’est la raison pour laquelle j’ai jeté l’éponge en 2007 pour l’investiture des municipales, sachant très bien que, comme Fillon, comme Ségolène, je serai battu des quelques voix nécessaires (un mois avant l’échéance, je ne connaissais toujours pas le corps électoral…).

Il faut donc éviter ces pseudos votes militants et suivre l’exemple du PS qui a su, par les primaires présidentielles, sortir du cauchemar du Congrès de Reims. Avec un corps électoral important, les manœuvres d’appareil perdent une grande part de leur efficacité et la démocratie interne devient ainsi une réalité.

A méditer.

18 novembre 2012

Le sermon sur la chute de Rome



N’en déplaise aux esprits chagrins, il n’est pas fatal que le Goncourt soit un mauvais livre choisi par défaut dans le petit cénacle des représentants des grandes maisons d’édition. Aussi, même si ce n’est pas une habitude, il m’arrive de lire le lauréat de l’Académie quelques jours après sa consécration chez Drouot (voir, sur ce blog, « Houellebecq ou le Goncourt Vache qui rit »).

Cette année, ma suppléante Joëlle Vacca, grande passionnée de littérature, m’a conseillé… et offert l’édition 2012 « Le sermon sur la chute de Rome » (Actes sud) de Jérôme Ferrari. Après lecture, je peux le dire sans ambages : ce livre – malgré une pagination assez réduite – est un grand livre.

L’histoire démarre comme un roman de Giono qui se déroulerait en Corse avant de basculer dans un universel troublant et dérangeant.

L’action se passe dans un village de l’Ile de Beauté où deux amis parisiens originaires de Corse décident d’abandonner leurs études (de philosophie) pour reprendre la gestion d’un bar perdu dans la montagne. Fidèles à Leibniz, ils veulent faire de leur rade « le meilleur des mondes possibles ». Mais, après une période idyllique, l’utopie va virer au cauchemar.

Aucune folklorisation qui aurait pourtant pu être encouragée par l’actualité insulaire même si l’un des héros « ne veut pas quitter son village pour aller s’enterrer dans un autre village désespérément semblable, accroché comme une tumeur au sol d’une île où rien ne change car, en vérité, rien ne change ni ne changera jamais ».

A des années lumière du roman provincial, Jérôme Ferrari fait de sa petite histoire de bistrot une somptueuse illustration du sermon de Saint Augustin, « Sur la chute de Rome », celui-là même qui explique la tragique propension de l’âme à se corrompre et la malédiction qui condamne les hommes à voir s’effondrer les mondes qu’ils édifient, « cette nouvelle inconcevable que des hommes existent encore mais que leur monde n’est plus ».

Paradoxale, l’écriture est à la fois sèche et riche, brutale et sophistiquée. Elle est parfaite pour disséquer tout un monde pathétique et même dérisoire aux prises avec un destin de tragédie grecque.

A lire. Le plus vite possible.

17 novembre 2012

Fragments aux Enfants du Paradis


Avec Valérie et Eric, les enfants du paradis

Après l’Alphabet historique du boulevard Carabacel, la Blackbox du CAL Bon Voyage et ses 300 places et le nouvel Alphabet de la rue Delille, c’est au tour du théâtre « Les Enfants du Paradis » au centre de Sophia Antipolis d’accueillir « Fragments de Nice » pour une énième reprise.

Perdu au milieu de la forêt, l’endroit est à la fois insolite et un peu mystérieux. Plus prosaïquement, c’est un bonheur en matière de stationnement. La salle elle-même est chaleureuse. Si l’on ajoute que ce vendredi Bernard et Peggy ont montré une forme éblouissante, il n’y a donc aucune raison que vous ne veniez pas assister à la deuxième représentation ce samedi à 20 h 30.

Bernard et Peggy

14 novembre 2012

Les états généraux du square Jeanpierre




Ce devait être un simple rendez-vous avec les indignés du 42 Bis (voir sur ce blog) pour faire le point sur la mobilisation contre l’aberrant projet technocratique de la Métropole dans le secteur Trachel (pour faire simple : détruire un grand jardin pour construire des immeubles et, en échange, casser un fier et bel immeuble pour réaliser un petit jardin). Quelle ne fut pas notre surprise, avec Patrick Allemand qui représentait la Région, de voir près d’une centaine de personnes, toutes générations confondues, dans le square Jeanpierre, lieu emblématique du quartier où se retrouvent régulièrement troisième âge, enfants et boulistes…

Du coup, ces états généraux improvisés deviennent le symbole de la lutte de tout un quartier contre l’arrogance de la Métropole et l’entêtement du maire.

Les cahiers de doléances, euh… excusez-moi, la consultation publique étant ouverte, il s’agit, et l’assistance l’a bien compris, de se battre, de mobiliser, et de faire reculer la municipalité comme celle-ci l’avait fait, par exemple, pour le parcours du tram sur la Promenade des Anglais.

Pour ma part, j’ai confirmé qu’en tant que conseiller général du 5e canton mitoyen, j’apportais mon soutien – et même un peu plus – à cette foule magnifique.

Que la municipalité prenne garde : pour ne pas avoir compris le sens des états généraux, certains se sont retrouvés confrontés à un 4 août…

12 novembre 2012

Le bateau de Thésée



 Le bateau de Thésée est remorqué dans un chantier naval pour réparation. De fil en aiguille, les travaux sont plus importants que prévu. Chaque vieux morceau de bois ou chaque morceau de structure est au fur et à mesure remplacé par un neuf. Le travail fini, le bateau reprend la mer. Cependant, un petit malin, ingénieux et travailleur, avec probablement des idées de Vendée Globe dans la tête, récupère les anciens morceaux jetés et les assemble à nouveau. Le bateau reconstitué est mis à la mer. Lequel de ces deux navires est à présent le vrai bateau de Thésée ?

Bon, maintenant, considérez un instant que toutes les cellules de notre corps sont remplacées avec le temps. L’homme est-il donc un ensemble de morceaux de matière ou une manière continue d’organiser la matière en constant renouvellement ?

J’adore la philosophie quand elle nous demande de répondre à des questions qu’on ne se posait pas…

09 novembre 2012

A propos des municipales



 Suite à l’article de Nice-Matin du 8 novembre 2012 (Municipales : vers des primaires à gauche ?), il semble bien que le débat sur les prochaines élections municipales à Nice soit lancé.

Pour ma part, je fais le constat suivant, en partant du principe que, dans un contexte national difficile, le rassemblement sera plus que jamais nécessaire. 

- Si rien ne change par rapport aux procédures actuelles, il est évident que la tête de liste sera un socialiste désigné par son appareil. C’est la logique du système.

- Par contre si, comme le demande Marc Concas de l’intérieur du PS, il y a des primaires, le jeu est forcément plus ouvert puisque des milliers de citoyens pourront s’exprimer et affirmer leur choix. Cette formule a par ailleurs l’avantage de créer une dynamique pour l’élection elle-même, la victoire de François Hollande en étant la preuve.

Les partenaires du PS sont forcément favorables à cette option, mais c’est au parti le plus important de franchir cette étape indispensable pour la démocratie locale pour que la victoire demeure possible.

Affaire à suivre.

07 novembre 2012

Forward Obama





Il est 5 h 18 du matin (heure française), quand l’Iowa, ce petit état que nous avons traversé en une seule journée l’été dernier apporte ses 6 voix pour permettre à Barack Obama de franchir le cap décisif des 270 grands électeurs. La victoire est enfin acquise au bout de la nuit.

Pour nous, c’est un moment de bonheur comme la vie politique en offre peu. Pourquoi cela ?

- D’abord, parce qu’avec les copains de Gauche Autrement, nous nous sommes investis pour Barack Obama dès qu’il a émergé du complexe paysage de la vie politique américaine (voir, sur ce blog, « I have a dream for november », « Yes they can », « CLAJ sur Potomac », « Nuit blanche à Seattle », et sur celui de Dominique Boy Mottard, « Obamasséna »). La soirée organisée en 2008 dans la galerie de notre ami Christian Depardieu pour l’élection, avec notre colistière Irène en duplex de New York, peut en témoigner (voir, sur ce blog, « Le premier jour de l’après 4 novembre », et sur celui de Dominique, « Obama président : nous y étions !).

- Ensuite, parce que si on examine le programme d’Obama, celui de Romney, et le contexte économique, social et sociétal de l’élection, on a le sentiment d’être en France au mois de mai dernier. Dès lors, je ne vois pas comment un électeur de François Hollande – ce que je fus – peut-être autre chose qu’un supporter fervent du Président américain sortant.

- Mais, enfin et surtout, si la victoire de Barack est si belle, c’est qu’elle est celle de l’Amérique qu’on aime : celle de la Déclaration d’Indépendance, du New Deal, du D Day, du I have a dream, de Woodstock, du premier pas sur la lune, de West Wing et de toutes les nouvelles frontières…

Alors, comment ne pas approuver « le boss » Bruce Springsteen lorsqu’il a affirmé, lors du dernier meeting de campagne que la réélection d’Obama sera la meilleure façon de continuer à réduire la distance entre le rêve américain et la réalité américaine ?

Forward, Obama !


04 novembre 2012

Voyage en Mitterrandie


Au Mont Beuvray

C’est l’histoire d’un voyage générationnel et amical que seule notre laïcité militante nous a empêchés d’appeler pèlerinage.

C’est en fait l’histoire de quatre jours en Mitterrandie profonde.

Tout commença à Mâcon, par une soirée au Saint Laurent, ce restaurant du bord de Saône qui vit en 1993 François Mitterrand partager au soir de sa vie un repas avec Mikhail Gorbatchev.

Puis, ce fut un matin l’ascension de la Roche de Solutré, haut lieu préhistorique, devenu à partir des années d’après-guerre, le prétexte, chaque dimanche de Pentecôte, à une randonnée intime avec famille et amis pour celui qu’on appellera pourtant plus tard le Promeneur solitaire.

Quelques heures après, c’est au cimetière de Cluny la médiévale que nous rendons hommage à Danielle, cette grande dame déjà un peu oubliée.

Enfin ce fut, le jour suivant, la montée vers le Mont Beuvray, l’éduenne Bibracte où Vercingétorix fédéra les tribus gauloises et où François Mitterrand eut un temps le désir de se dissoudre dans les paysages immuables du Morvan éternel.

Pour le final, c’est bien à l’Hôtel du Vieux Morvan de Château-Chinon que nous nous retrouvions. Devant le balcon célèbre sur lequel l’homme à la rose acta son triomphe un certain soir de mai.

Quatre jours en Mitterrandie, quatre jours qui ne furent en aucun cas le puits sans fond d’une nostalgie stérile mais l’opportunité de respirer à pleins poumons le grand air de l’Histoire, exercice on ne peut plus salutaire quand on prétend encore caresser l’espoir…