27 mars 2006

De battre mon cœur s’est arrêté


Séance de rattrapage sur Canal + pour voir le film multi césarisé de Jacques Audiard que j’ai manqué lors de sa sortie en salle, "De battre mon cœur s’est arrêté".

Pas vraiment un mauvais film, pas vraiment un bon non plus. En tout cas, rien qui puisse justifier l’enthousiasme quasi unanime de l’Académie César, qui avait pourtant fait preuve d’audace l’an dernier avec "L’esquive".

Cette histoire d’un voyou qui a des problèmes relationnels avec papa (immature et très provisoirement vivant) et maman (artiste et suicidée) et qui veut assurer sa rédemption par la musique (classique bien sûr c’est plus chic…), est bien artificielle.

En fait, on retrouve dans le film de J. Audiard les caractéristiques de nombreux films français contemporains : des acteurs épatants, des personnages improbables, et une histoire chichiteuse complètement déconnectée de la réalité sociale. Cette dernière n’est pas absente dans "De battre, mon cœur…" : droit au logement, immigration, délinquance ; mais elle n’est que la toile de fond d’une histoire qui reste superficielle. La violence, elle-même omniprésente, hésite parfois entre "Orange mécanique" et les "Sopranos", mais au final apparaît comme plaquée sur l’intrigue. Hésitant entre réalisme documentaire et réalisme poétique, mal servi par un scénario bancal (comment cette petite frappe peut-elle seulement envisager de devenir pianiste de concert ?), le réalisateur n’arrive pas à imposer son univers.

Ce film est en fait une bonne traduction des limites actuelles du cinéma français et même de la fiction française tout entière (Cf. La faiblesse des séries TV). Cela dit, même dans ce contexte morose, il y avait nettement mieux à césariser cette année. Les deux films "étrangers" des César avaient une autre dimension. "L’enfant", des frères belges Dardenne, palme d’or à Cannes, renouvelle le naturalisme cinématographique (même si, dans le genre, on pouvait préférer "Rosetta"). Et "Caché", de l’Autrichien Haneke, a le mérite de mêler destin individuel et inconscient collectif à propos de cette guerre d’Algérie, si peu traitée dans le cinéma français.

Avoir oublié le sensuel "Peindre ou faire l’amour" des frères Larrieu, est également anormal, sans parler de l’inquiétant "Lemming" de Dominik Moll, avec sa scène culte, le dîner à quatre avec Charlotte Rampling et André Dussolier.

Et si on voulait à tout prix honorer Romain Duris, dans son nouveau rôle de tête à claques talentueux du cinéma français, le choix des "poupées russes" était peut-être plus pertinent que le film d’Audiard.

Les palmarès, césars, oscars, Cannes ou Venise sont faits pour être discutés. Discutons-en.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Nous sommes trois !