20 mars 2006

Nous sommes tous des Arméniens de Van


De quoi avoir honte de la République ! ou plus exactement de ce qu’ils font de la République…

Les forces de répression, si performantes pour évacuer la Sorbonne (j’avoue avoir été sidéré le week-end dernier en comptant une centaine de bus de CRS aux abords du Boulevard Saint Michel), ont été mises à contribution samedi à Lyon pour une autre "noble" cause : il s’agissait de protéger une manifestation négationniste contre un projet de mémorial dédié au génocide arménien.

« Il n’y a jamais eu de génocide arménien », lisait-on sur les pancartes brandies par les manifestants.

Il y a un peu plus de deux ans, je visitais précisément, à travers le Kurdistan turc, les terres historiques de l’Arménie du sud en compagnie des descendants des victimes du génocide. Au pied de l’Ararat, à Kars, à Ani, à Bitlis, à Van, nous sommes allés de ruines abandonnées en tombes banalisées à la rencontre de la mémoire arménienne. Une errance de quelques jours au milieu de paysages sauvages et de villes devenues anonymes, hantées par les fantômes d’un million et demi de femmes et d’hommes massacrées au nom de l’idéologie de la grande Turquie. C’est ainsi qu’au détour d’un chemin, par un témoignage de hasard ou la grâce d’une réminiscence, certains de mes compagnons de voyage ont retrouvé un peu de leur mémoire.

Que la République française, qui s’est honorée sous François Mitterrand d’être une des premières à avoir reconnu le génocide, autorise et protège sur son sol une manifestation de négationnisme nationaliste turc est intolérable.

Merci à ces Lyonnais anonymes, salariés et étudiants, qui, en hommage à leurs compatriotes d’Arménie, ont crié face aux manifestants et à la police : « Nous sommes tous des Arméniens ».

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci Monsieur Mottard pour cette information.
Le négationnisme turc frappe encore en plein coeur de l'Europe comme en témoignent les récents évènements de Berlin.
Mercredi 15 Mars 2006, Place du Canada (Paris 8ème), devant la statue Komitas, quelques cinq cent personnes se sont réunies pour manifester contre les commémorations prévues à Berlin par un comité turc en l'honneur de Talaat Pacha, principal ordonnateur du génocide arménien de 1915.
Ces commémorations paraissent inadmissibles en Europe, terre de droit, et particulièrement en Allemagne, pays qui a su faire un long travail de mémoire sur son histoire.
Alors ministre de l'intérieur, Talaat Pacha fut condamné à mort par contumace par un tribunal militaire turc en 1919 et se réfugiera en Allemagne, à Berlin où il fut assassiné par un arménien, Soghomon Tehlirian, en 1921. Tehlirian sera acquité par le Tribunal de Première instance de Berlin face à l'énormité des crimes de Talaat Pacha et du gouvernement Jeunes-Turcs.
Le procès demeure célèbre dans l'histoire car son issue sera interprétée comme une condamnation des responsables du génocide.

Anonyme a dit…

Je viens de lire dans le monde ceci:

«La manifestation a débuté alors que celle des anti-CPE venait à peine de s'achever. Résultat : dès le début du rassemblement, à proximité de l'emplacement du futur mémorial, qui doit être inauguré le 24 avril, des heurts violents ont opposé les manifestants turcs aux étudiants, ainsi qu'à des représentants de la communauté arménienne venus dire "Non aux fascistes et aux négationnistes" et "Oui au devoir de mémoire".

ECHAUFFOURÉES

Alors que les CRS étaient complètement débordés, le cortège s'est mis en branle pour remonter la rue Edouard-Herriot jusqu'à la place des Terreaux, devant l'hôtel de ville. Un entonnoir où, de nouveau, des manifestants anti-CPE l'attendaient et où de nouvelles échauffourées ont eu lieu.»

Visiblement, il n'y a pas, malheureusement, que la faiblesse des autorités face aux extrémistes: les organisateurs eux-mêmes ont été assez malin pour utiliser la manifestation anti-CPE comme bouclier.

Anonyme a dit…

Bonjour et bravo pour votre photo du mont Ararat. A ce douloureux problème historico-politique, je ne peux répondre que par ma passion pour la géographie qui pourrait transcender toutes les différences.L'université américaine de Berkeley diffusait il y a peu encore toutes les cartes soviétiques au 100000 ème de nombreux pays du monde. Actuellement les meilleures après les françaises de l'IGN.Quel dommage que la France n'arrive pas à s'imposer davantage dans ce domaine.Avec l'arrivée de Geo portail en juin, l'IGN présentera la France en 3D avec photos aériennes, donc plus précises que Google Hearth américain satellitaire.