21 août 2006

Ils ont oublie les Tatars...

Carnet de voyage numero 6


Le Palais de Livadia est une patisserie blanche plantee sur une de ces collines escarpees, vertes et odorantes qui tombent a pic dans la mer Noire a l'ouest de Yalta. Ce palais blanc de style Renaissance italienne matinee d'influence mauresque est celebre pour avoir abrite les quatres derniers etes de la famille Romanov. Mais si nous sommes ici, ce n'est pas pour cette raison. Si nous sommes ici, c'est que Livadia a accueilli en 1945 la celebre Conference de Yalta, celle du partage du monde entre Churchill, Roosevelt et Staline.

Dans un premier temps, a plus de quatre mille kilometres de Nice, nous sommes un peu etourdits par la charge emotionnelle que constitue une promenade dans le jardin ou le patio de Livadia a la recherche des fantomes des acteurs de la Conference.

Mais, les minutes passant, la raison prend le pas sur l'emotion. C'est Dominique qui declanche le processus en faisant remarquer que ces immenses hommes d'Etat que furent Churchill et (surtout) Roosevelt, ne se sont pas grandis en se faisant manipuler par Staline. En effet, en 1945, on en savait deja assez pour comprendre qu'en finir avec Hitler en s'appuyant sur Staline ne pouvait etre qu'un marche de dupes. Sans aller tres loin, ni Roosevelt, ni Churchill ne pouvaient ignorer que cette terre de Crimee, qui les accueillait pour la Conference, avait ete le theatre, quelques mois plus tot, d'un crime collectif perpetre par Staline et son gouvernement. A partir du 18 mai 1944, les Tatars, peuple musulman installe depuis deux cent cinquante ans dans la presqu'ile de Crimee, sont accuses d'intelligence avec l'ennemi et deportes en Ouzbekistan ou en Siberie. Sur les 250 000 deportes, la moitie moururent la premiere annee. En Crimee, leur langue fut interdite et leurs mosquees furent detruites. En fait, leur histoire, rappelle, un demi-siecle plus tard, celle du peuple Armenien, accuse, lui aussi, d'intelligence avec l'ennemi, avant d'etre deplace de force et extermine.

Ce crime contre l'humanite, Roosevelt et Churchill en avaient forcement connaissance. C'est donc deliberement qu'ils ont accepte de pactiser avec le diable en lui permettant de descendre le rideau de fer et de construire un mur de la honte.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je viens de faire un beau voyage d'une seule traite, c'est merveilleux, j'ai les yeux tout illuminés, j'ai aussi pris un cour d'histoire, une histoire que je ne connaissais pas bien,
car je n'ai pas beaucoup fréquenter le lycée.
je vais garder tout cela précieusement
merci,
bisou à tout les deux et bon retour zineb