
« La politique culturelle de la ville de Nice est sous dimensionnée par rapport à la réputation de la ville, à l’attrait qu’elle a exercé et exerce, et à la présence du travail des artistes et des intellectuels dans des domaines aussi variés que la peinture, la littérature, le cinéma, la musique, les arts du spectacle vivant ou dans les champs de recherche des sciences et techniques. Cette vitalité et cette richesse ne se traduisent que très imparfaitement dans la politique culturelle de la ville ».
Ce diagnostic figurait en tête du chapitre consacré à la culture dans le programme de Nice plurielle en 2001. Il est frappant de constater à quel point il reste d’actualité, malgré une meilleure cohérence depuis l’arrivée du nouveau directeur de la culture. C’est dire que la politique que nous préconisions à l’époque pour remédier à cette situation reste toujours d’actualité.
Cette politique s’inscrivait dans le projet global d’une démocratie participative sous la forme d’un « Colloque permanent », structure de débat et d’échange entre les acteurs de la culture à Nice : professionnels, amateurs, population. Au sein de cette instance d’expression et d’écoute des besoins et demandes, les citoyens devenaient acteurs et bénéficiaires d’un projet culturel de la ville. En cela, Nice plurielle ne dissociait pas citoyenneté culturelle et dimensions sociale, économique et touristique de la culture. Il s’agissait tout à la fois de respecter et valoriser le patrimoine de la cité, de renforcer son image, de favoriser l’épanouissement individuel et la cohésion sociale, de faire de la différence une richesse et de contribuer à créer des emplois.
Respectant la dimension programmatique du contrat que nous proposions aux Niçois, nous avions fait toute une batterie de propositions (pour la plupart toujours d’actualité) autour de trois objectifs :
- assurer une plus grande accessibilité,
- favoriser la création et la diffusion,
- développer l’éducation artistique et culturelle des enfants et des jeunes.
En 2008, il n’y a pas de raison de ne pas reprendre les orientations et les propositions de 2001. Mais il est possible et probablement nécessaire d’enrichir ce travail. Il me semble utile de réaffirmer que, dans la tradition républicaine, la culture n’est ni une marchandise, ni un supplément d’âme, mais un moyen d’émancipation. Une politique culturelle, qu’elle soit nationale ou locale, se doit donc d’être l’instrument privilégié de cette grande et belle ambition.
À la réflexion, notre projet de 2001 était peut-être trop fidèle à une tradition française tournée vers l’offre. Pour l’enrichir, il est nécessaire de renforcer les instruments de création de la demande. En clair, d’aider encore plus l’Education Nationale à ouvrir pour tous les petits Niçois les portes de la culture, de collaborer avec l’éducation populaire pour corriger les inégalités persistantes (notamment dans le cadre de la politique de la ville), de faire une priorité du développement de l’éducation artistique (qu’elle conduise à l’excellence ou aux pratiques amateurs, elles-mêmes génératrices de demande).
Niactv jouera tout son rôle en fournissant des éléments de débat sur ce sujet. En préambule, il nous a paru intéressant d’ouvrir la réflexion par le double éclairage d’un observateur aigu du paysage culturel local, Raphaël Monticelli, et d’un artiste jeune mais déjà confirmé, Martin Caminiti. Leurs témoignages sont passionnants, parfois émouvants. Ils constituent une belle préface à cette réflexion de fond dont le travail, pourtant intéressant, de 2001 ne nous exonère pas. Bien au contraire.