31 mars 2009

Nice ne sera pas un paradis (anti)social


Dès potron-minet, je retrouve ce matin des élus (Emmanuelle Gaziello, Ladislas Polski), des responsables politiques (Bruno Della Sudda, Jean-Paul Duparc) et les deux « Jean-Pierre » (Fray et Lamort) de Gauche Autrement, au rassemblement syndical organisé devant l'hôtel Campanile de la Promenade des Anglais.

Nous sommes là pour protester contre la tenue d’un comité d’entreprise délocalisé de Continental, celle-là même qui veut fermer avec brutalité son usine de Clairoix dans l’Oise. Les dirigeants de Continental, voulant éviter tout contact avec les 1120 salariés menacés de licenciement, ont eu en effet la riche idée de se réunir loin, très loin de l’usine en question.

Au delà du fond de l’affaire (le meccano des multinationales en temps de crise et l’arrogance des dirigeants et des actionnaires), il s’agit avant tout – et c’est le sens de ma présence – d’expliquer que Nice n’est pas que la capitale du farniente, de la spéculation et des fortunes d’origine douteuse, mais une grande ville, avec ses salariés et ses syndicalistes, qui subit elle aussi les conséquences de la crise. Une ville qui a aussi le sens de la solidarité.

Il n’est pas question que notre ville devienne insidieusement la ville où se tiendraient régulièrement les réunions expiatoires du capitalisme financier. Après les paradis fiscaux, nous ne voulons pas de paradis (anti)sociaux….

C’est ce que dira le secrétaire général de la CGT au cours d’une intervention incisive qui lui permettra également de rappeler l’important rendez-vous unitaire du 1er mai.

Le rassemblement sera aussi l’occasion de commenter le décret gouvernemental sur les limitations apportées aux rémunérations patronales : trop tard, trop peu, trop limité, trop timoré, trop provisoire… et de le comparer aux décisions d’Obama sur le même sujet.

Un président des Etats-Unis donnant des leçons de justice sociale à la France !
- Nicolas, qui l’eût cru ?
- Laurence, qui l’eût dit ?

30 mars 2009

Latin Rover


Dimanche dernier, sur un blog ami, le jeu consistait pour les participants à expliquer l’attachement personnel qu’ils avaient pu avoir pour… une voiture. Telle la madeleine de Proust, ce petit jeu fit remonter en moi une foule d’émotions liées à l’aventure tumultueuse vécue il y a quelques années avec ma Rover 400.

Il faut dire qu’après une Renault 5, une Opel Kadett, une Renault 11 et deux Chamades, cette Rover était la première voiture que j’achetais sur un coup de cœur.

Elle avait fière allure avec sa carrosserie verte Mark &Spencer, son intérieur beige « cup of tea with nuage de lait », son tableau de bord en vrai faux-bois… Elle avait très exactement ce charme dit britannique que l’on accorde à la production mécanique de la perfide Albion. Un charme qui devenait franchement insoutenable dans la latinité ambiante de la Côte d’Azur.

La simple perspective de cet achat déclancha autour de moi un feu nourri de mises en garde et d’anecdotes frôlant la légende urbaine autour de la malédiction qui s’abattait sur les propriétaires de Rover.

Mais le charme de la belle était tel que rien ne me fit fléchir.

Deux mois plus tard, le roi (d’Angleterre) n’était pas mon cousin quand je m’installais enfin au volant de cette authentique trois volumes qui renvoyait ses rivales dans la catégorie des camionnettes.

De cette courte période, je garde le souvenir d’une promenade dans l’arrière-pays avec mon père qui, décédant quelques mois après, ne connaîtra que la période faste de cette voiture pour lui un peu exotique mais dont il appréciait le vrombissement du moteur.

Très vite, les choses se gâtèrent. Après 1.000 kilomètres, la climatisation explosa. Se retrouver dans un habitacle envahi par une fumée épaisse qui pouvait s’apparenter au célèbre smog londonien aurait pu être charmant… si nous n’étions pas au mois de juillet. Après 10.000 kilomètres, ce fut le moteur lui-même qui explosa du côté de Grasse. Quelque temps auparavant, un oiseau de mauvais augure m’avais dit : « Tu verras, les Rover explosent toutes à… 10.000 kilomètres. Comme c’était un ami de Patrick Allemand, je ne l’avais pas cru…

Après cet incident, je n’ai plus compté les séjours au garage de la belle anglaise car quand on aime on ne compte pas et, contre vents et marées, je continuais à l’aimer cette voiture-catastrophe.

Je l’aimais au point de ne plus supporter les lazzis et les quolibets de mes amis ou supposés tels (à la réflexion, je ne vois que le débat sur la Constitution européenne pour m’avoir mis dans un état semblable).

Parallèlement, la marque Rover poursuivait sa descente aux enfers. Après avoir été vendue par les Japonais de Honda et les Allemands de BMW (qui, en bons prédateurs, garderont la Mini), elle intéressera un court moment les constructeurs chinois avant d’être rachetée par un fond de pension réfugié dans un paradis fiscal.

Devant tant d’adversité, seul contre tous, je m’accrochais. Enfin, pas tout à fait seul : avec la discrétion des âmes nobles, Dominique faisait semblant de ne pas voir que j’utilisais de plus en plus sa voiture pour ménager mon aléatoire véhicule.

Puis, après des années d’amour vache et de galère, nous arrivâmes, elle et moi, au bout du chemin. La fin fut une forme d’apothéose : le moteur explosa une nouvelle fois devant le pub Valrose, en pleine circulation. La fumée fut si dense que des rumeurs d’attentat circulèrent dans le quartier.

Mon garagiste racheta l’épave et ce fut le temps de la séparation, après huit années de pas très bons ni très loyaux services. Mais, voyez-vous, s’il y avait de l’Odette de Crécy chez elle, il y avait du Swann chez moi, et croyez-moi si vous le voulez, je la regrette toujours. Et quand en ville je croise une de ses sœurs survivantes, il paraît que mon regard devient étrangement songeur…

27 mars 2009

Ecole élémentaire Jean-François Knecht



Moins d’un an après la demande que nous avions formulée avec Dominique à la nouvelle municipalité, on inaugurait ce 27 mars à Las Planas l’école Jean-François Knecht.

Lieu symbolique s’il en fut des activités et passions professionnelles, militantes et politiques de Jean-François, le choix du maire de Nice, suite à une proposition du conseil d’école de Las Planas et de sa directrice Patricia Martin, peut être considéré comme judicieux.

Sinon, que dire de la cérémonie ? Le discours de Christian Estrosi fut sobre et digne, la présence de trois de ses enfants et de sa compagne Françoise émouvante, la tristesse des habitants du quartier et de l’importante délégation de Gauche Autrement palpable.

Pour le reste… pour le reste… je préfère renvoyer aux posts publiés sur ce blog pendant les deux dernières années de sa vie. Histoire de rappeler que la médiocrité peut à tout moment transformer cette politique si belle pour laquelle se donnait Jean-François en un jeu cruel et vain.

JFK
Les premiers qui disent la vérité
Avec JFK
Jean-François Knecht
Notre JFK
« Porte-toi bien »
Le Conseil d’après

26 mars 2009

Mars (aux musées) attacks !

Mars aux Musées et le bleu Klein

Organisé par les étudiants du Master 2 « Ingénierie et médiation culturelle » dirigé par mon collègue Paul Rasse, « Mars aux Musées », cette année, a mis le feu à la culture niçoise qui, reconnaissons-le, en a bien besoin !

Ces étudiants qui, accessoirement et modestement, sont aussi mes étudiants le temps de quelques séminaires, ont organisé avec enthousiasme et professionnalisme cette manifestation unique en France. De l’affiche élégante, ludique et efficace aux événements inattendus, transversaux et… joyeux, ils ont tout imaginé, tout réalisé et tout assumé. Pendant un mois, de Saint-Jean d’Angély au MAMAC, du Palais Lascaris au TNN, en passant par le musée Matisse et le Parc Phœnix, ils ont investi les musées et les lieux de culture de la ville pour les faire vivre, pour les faire vibrer. Tout en mélangeant les genres et les gens.

Pour ma part, après avoir apporté ma contribution sous la forme d’un cours décentralisé à Chagall (c’est un des musts les plus sympas de Mars aux musées : des profs font leurs cours habituels dans un musée !), j’ai picoré ça et là quelques événements, bien peu en fait. Du coup, pour de raisons de disponibilité, je rêve d’un Mars aux Musées… en août !

J’ai quand même assisté au concert du Big Band de l’Université sur le campus Carlone le jour de l’inauguration, au spectacle de danse de la compagnie Rosella Hightower au Musée Chagall – sur les lieux mêmes où, quelques heures auparavant, j‘avais fait cours –, à la balade en tram à la recherche des œuvres qui accompagnent la ligne 1 (avec une mention pour l’étudiante qui a joué du clairon sous les fantaisies byzantines de la Porte Fausse) et à la médiation autour de l’émouvante exposition de Chasse Pot au Musée d’Art naïf…

Bravo à Fleur, Renata, Cyrielle, Damien, Sayhi, Estelle, France, Simone, Alexandre, Sabrina, Pénélope et les autres. Votre enthousiasme au service d’une culture pour tous est tel qu’il bat en brèche le traditionnel pessimisme qui est le mien quand je conclu mon cours de politique culturelle. A cause de vous, je vais être obligé d’en modifier la fin… dès l’année prochaine.

Les médiateurs de Chasse Pot (Musée d'Art naïf)

23 mars 2009

Le Père-Lachaise du 5e canton


Coincé entre l’église, le couvent, les entrepôts d’une entreprise de matériaux lourds et une école, il existe, au sommet de la colline de Saint-Barthélemy, un petit cimetière de campagne.

J’aime flâner de temps en temps dans cette enclave proche du centre géographique du 5e canton, petit morceau de Toscane calme et serein pourtant situé à vol d’oiseau à moins de cent mètres de l’agitation du boulevard Gorbella.

Mélange de tombes traditionnelles et de mausolées à l’italienne,le cimetière a même, dans sa partie haute, un mini columbarium. Se promener dans les allées à forte déclivité permet bien sûr de retrouver les « stars » du lieu, mais aussi d’aller à la rencontre des humbles, des sans grades, des oubliés… Les monuments funéraires sont parfois étonnants. Que dire, par exemple, de ce gisant si réaliste sous sa chapelle et qui rend un hommage quelque peu lugubre à un gosse de vingt ans mort en 1917, comme il se doit, « pour la France »…

Quant aux « stars », elles sont quand même assez nombreuses pour un si petit cimetière.

Tout d’abord, à tout seigneur tout honneur « autrement » (je pense bien sûr au « 3 » puis au « 10 »), dès la première rangée, on peut se recueillir sur la tombe de Cyrille Besset. Peintre paysagiste aujourd’hui oublié, l’artiste peut se consoler en observant en contrebas passants et circulation sur l’avenue qui porte son nom.

Ensuite, on peut retrouver deux femmes qui ont énormément compté dans la vie de Guy de Maupassant : sa mère, Laure Poitevin de Maupassant, qui repose depuis 1903 dans une tombe modeste, presque abandonnée, et une de ses maîtresses, la Comtesse Emmanuella Potocka. Celle-là même qu’il surnommait sa « gamine » et à qui il écrivait : « Je t’aime, je te cherche. Je tiens encore ton ombre chaude dans mes bras ». Du coup, on se recueille devant la chapelle funéraire de cette inconnue car on a toujours le sentiment que la maîtresse d’un artiste est bien plus qu’une maîtresse…

Autre rendez-vous émouvant : la tombe de Jean Behra, champion automobile des années cinquante, mort en course, et enfant chéri du quartier dont une rue porte le nom. Sur la photo de la pierre tombale, avec son casque rond, il donne l’impression de sortir tout droit d’un des premiers albums de Michel Vaillant.

Enfin, d’escaliers en recoins, d’allées en chapelles, on retrouve quelques grands noms niçois : la famille Arson (la villa éponyme est à quelques dizaines de mètres du cimetière), les Spitalieri de Cessole, Alexandre Durandy, Jacques Pauliani (à qui l’on doit l’hospice – aujourd’hui maison de retraite – qui porte son nom) ou Paul Bounin, fabricant d’huile et conseiller municipal, qui a donné son nom à une rue du canton… où j’ai failli habiter !

Mais un constat s’impose. Ce petit cimetière est plein comme un œuf, à la limite du surbookage… Dommage ! Après cinq ou six mandats, je me serais bien vu prendre mon éternel repos sur la colline inspirée de Saint Barthélemy, comptant les nuages blancs, papotant avec le gisant et les anges en plâtre, surveillant avec bienveillance mon successeur au Conseil général…

A l’évidence, ce ne sera pas possible. Du coup, si je n’ai qu’une idée très approximative du royaume qui m’attend, j’ai désormais la certitude que sa conquête commencera par un exil… cantonal !

21 mars 2009

Le cours et le Cantique



Lundi dernier, dans le cadre de l’événement « Mars aux Musées » organisé par les (mes) étudiants du Master 2 « Ingénierie et médiation culturelle », j’ai eu le privilège de faire mon cours hebdomadaire de « Politique culturelle » (de Malraux à Lang…) dans l’auditorium du Musée du Message biblique de Marc Chagall.

Parler, nimbé par la célèbre couleur bleue des vitraux, dans une salle caressée par la religiosité joyeuse du Maître, est euphorisant. Vous n’êtes plus dans un amphi, vous êtes dans une cathédrale. Vous ne faites plus cours, vous prêchez… enfin presque !

Et quel bonheur de filer en douce pendant l’intercours au fond du bâtiment du Message biblique pour plonger dans l’incandescence du Cantique des Cantiques, cette salle circulaire aux peintures rouges dévorées par le feu de la passion. Cette salle presque à l’écart que j’ai si souvent visitée, où j’ai si souvent médité…

Juste pour vérifier que le marié continue, de tableau en tableau, tout en survolant les ghettos biélorusses encore heureux du début du siècle dernier, de murmurer à l’oreille de sa jeune épouse le plus beau et le plus sensuel des textes de la Bible.

(…)
« Tes seins sont comme deux cabris, comme les jumeaux d’une gazelle, qui broutent parmi les anémones.
A la fraîcheur du soir, quand les ombres s’allongent, je compte bien venir à ta montagne de myrrhe et à ta colline d’encens.

Tout en toi est beauté, ma tendre amie et sans aucun défaut.

(…)
C’est que l’amour est aussi fort que la mort, comme la mort aussi la passion vous tient.
Elle est une flamme ardente, elle frappe comme la foudre.

Toute l’eau des océans ne suffirait pas à éteindre le feu de l’amour et toute l’eau des fleuves serait incapable de le noyer.
»

Et là, il m’a bien semblé entendre la jeune femme en blanc murmurer, comme pour ponctuer la déclaration de son époux : « C’est que l’amour est aussi fort que la mort… »

Rassuré, je pouvais retrouver mes M1, Malraux, Lang et même, soyons fou, Christine Albanel !

19 mars 2009

Des Tartares aux Tatars…



Ce Mercredi, séance budgétaire marathon au Conseil Général : onze heures avec pour seules interruptions une courte pause-déjeuner et l’annonce (fatalitas !) du choix d’Annecy pour les JO !

Dominique interviendra tout au long de la journée sur les collèges, la politique du handicap, celle du troisième âge, la protection de l’enfance et un rapport de la Chambre Régionale des comptes. Pour ma part je me contente de l’OIN, de la culture et du Plan jeune avenir 06. Il est vrai que j’étais chargé de prononcer en début de séance le discours de politique générale. C’est ainsi que j’ai rappelé d’emblée que « le moins que nous puissions dire est que la crise n’a rien à voir avec les Tartares de Dino Buzzati. A peine annoncée, elle était déjà là, développant dans les grandes largeurs toute la panoplie de ses conséquences dramatiques… »

Au delà, il s’agit pour Gauche Autrement de contester la hausse brutale de 15% des impôts directs devant compenser la chute des droits de mutation « …car ce ne sont pas les mêmes populations qui payaient les droits de mutation (souvent des non résidents aisés) et qui paieront le supplément de fiscalité directe locale… »

Une hausse des impôts qui tout en permettant de préserver la politique sociale du Conseil Général - ce dont nous nous félicitons - va surtout servir à financer un plan de relance Ciotti, copie conforme du plan de relance Sarkozy. Il s’agit en effet de relancer l’économie locale par l’investissement en s’appuyant sur les si peu fiables entreprises du BTP qui ont souvent joué contre l’intérêt général ces dernières années… « On peut bien sûr toujours espérer une rédemption suivie d’une conversion. Mais admettez que rien n’est moins sûr. Notre conviction est faite : si les 15% d’augmentation de la fiscalité doivent servir majoritairement à financer ce plan de relance aléatoire, ils ne sont pas justifiés… Pour nous, je l’ai dit au début de cette intervention, les Tartares sont déjà là et ce n’est pas avec des mercenaires que nous les arrêterons… »

Dès la fin de mon intervention, surgissant tel un diable de sa boîte, le Sénateur Ballarello affirme avec véhémence : « Tatar, pas Tartare… on dit Tatar, je le sais, je les ai rencontrés… en Ouzbekistan ! » Immédiatement d’autres élus prennent ma défense en lui rétorquant que c’est bien de « Tartares » que je voulais parler. Du coup, pendant quelques instants, l’hémicycle si sage du Conseil Général s’enflamme. La scène est surréaliste, presque irréelle… Ce n’est pas Kramer contre Kramer, mais Tartare contre Tatar. Le Président, passablement courroucé va rétablir le calme et, après quelques soubresauts, la fièvre tombera.

Plus tard, je me fais un devoir de réconcilier les protagonistes en les assurant que je suis à la fois un inconditionnel du « désert des Tartares » et un soutien sans faille de la cause du peuple Tatar, au point de lui avoir consacré un post sur ce blog au cours d’un voyage en Crimée (Ils ont oublié les Tatars…)

13 mars 2009

Les tops et les flops d’un an de gestion Estrosi


Conférence de presse, ce vendredi matin à la permanence de Cyrille Besset pour livrer l’analyse de Gauche Autrement sur la première année de gestion Estrosi en mairie de Nice… et le bilan de l’opposition municipale. Autour des élus et d’Antonin Colombo, le coordinateur, l’association a en effet travaillé ces dernières semaines sur le bilan du nouveau maire.

Représentant une opposition sans complexe, dégagés de la pesanteurs des appareils, nous pouvons en effet nous exprimer librement. Très librement. C’est donc sans arrière-pensée que d’emblée je dis que la première impression est celle d’une rupture avec la période antérieure. Pas forcément une révolution, mais une rupture.

« La politique municipale donne le sentiment d’être plus visible, peut-être plus cohérente, en tout cas assez volontariste. Elle traduit un dynamisme certain et une maîtrise affirmée des relations entre collectivités et avec l’Etat. Du fait de la dimension nationale du député-maire, la Ville de Nice est plus souvent intégrée dans les débats nationaux.

Mais cette première impression, somme toute positive, est vite dépassée par une contradiction majeure qui consiste à annoncer à jet continu et parfois de façon brouillonne des projets et des politiques nouvelles sans jamais véritablement prendre la mesure ni du bilan hérité des gestions antérieures, ni de la crise économique qui frappe notre pays. Du coup, l’augmentation des impôts de 15% a plutôt été mal comprise par nos concitoyens.

Un choix étant nécessaire, nous ne sommes pas persuadés que nous sommes partis pour qu’il se fasse dans la transparence. En effet – et c’est le principal échec de ce premier bilan –, les mécanismes de démocratie participative sont à ce jour particulièrement atones. Et pourtant, à un moment où, compte tenu de la multiplication des annonces, de la nécessité de faire des choix et de la faiblesse de l’opposition municipale, ces mécanismes sont indispensables à la lisibilité et surtout à l’efficacité démocratique de la vie de notre Cité.

En clair, nous considérons, par exemple, qu’il n’est pas possible d’envisager la ligne 2 du tram et une grande politique d’équipements de proximité, ou encore le grand stade et le recrutement de fonctionnaires dans la police municipale ou le nettoiement… Il faut donc impérativement engager le dialogue avec la population à travers les instances de démocratie participative afin de faire, en toute transparence, des choix qui appartiendront ainsi à tous.

Il n’est pas trop tard pour le faire. Mais, le moins que l’on puisse dire, est qu’il n’est pas trop tôt non plus. »

Puis Dominique enchaîne en énumérant les « tops », c’est-à-dire les points positifs de cette petite année, « tops » qui, pour la plupart, reprennent des propositions du programme de Nice Autrement : « la création de la communauté urbaine, l’aménagement du quartier Libération et de la gare du Sud, la suppression de la promenade suspendue de la gare routière, le tram-train de Nice-Saint Isidore, des progrès dans la transparence de l’attribution des logements sociaux, la réorganisation du service du nettoiement, une meilleure prise en compte du handicap en ville ». Mais aussi, « une disponibilité accrue des services de la ville et une bonne réactivité quand des problèmes leur sont signalés, une plus grande sensibilité aux propositions des élus (par exemple, nos demandes de rétablissement du baptême républicain ou encore d’attribution du nom de notre ami Jean-François Knecht à un lieu de notre ville), la bonne entente avec Michel Vauzelle et l’institution régionale. »


Mais, au-delà de ces points positifs, les « flops » sont nombreux et d'autant plus cruciaux qu'ils concernent la méthode :

« - Le défaut de démocratie participative (conseils de quartier en panne, Conseil communal consultatif pas encore réuni).

- Une centralisation excessive du pouvoir.

- Un jeu de chaises musicales électoral dévoreur de temps et d’énergie.

- Une augmentation des impôts locaux brutale et mal expliquée.

- Une politique d’annonces parfois confuse en l’absence de précisions concernant le calendrier et le chiffrage des projets (tram, logement social).

- Une politique de communication envahissante et coûteuse.

- Malgré certains progrès dans l’organisation, une politique de sécurité trop timide en matière de proximité et souvent démagogique (caméras, papys- fouettards, tasers).

- L’absence d’une véritable politique culturelle.

- Neutralisation de l’opposition façon Sarkozy, l’intégrant à la périphérie du pouvoir alors que l’équilibre démocratique exige une opposition indépendante et forte. »


Mais, bien entendu, le tour d’horizon n’aurait pu être complet sans une analyse du rôle de l’opposition municipale.

« - A la fois participationniste sur des questions importantes (présidence de la Commission des finances et de la Commission d’appel d’offres, site des Abattoirs, JO, OIN) et très querelleuse sur des sujets de moindre intérêt, son action est peu lisible.

- Au-delà de l’affaire Duez, son leader, Vice-président de la région PACA, est très gêné par l’entente plus que cordiale entre Christian Estrosi et Michel Vauzelle. Ces bonnes relations donnent le sentiment que, sur les sujets importants, le patron de la fédération 06 du PS ne joue pas dans la cour des grands.

- Cette opposition, qui ne semble pas travailler collectivement, est par ailleurs souvent divisée. Le vote sur le dossier majeur de la Communauté urbaine était très symbolique de l’état de cette désunion : les communistes votent contre, la majorité des socialistes s’abstient et l’une de leur colistière vote pour.

- D’autre part, elle peut faire preuve d’un amateurisme confondant. Avoir quitté la salle du Conseil municipal le jour de la hausse des impôts est une erreur politique impardonnable à ce niveau : le lendemain, en effet, la presse ne titrait plus sur la hausse mais sur la querelle politicienne… »

Bref, si on en juge par les micro-trottoirs, une opposition sévèrement jugée par les Niçois. On peut les comprendre...

10 mars 2009

la-gauche-autrement.org


Dans la webosphère de Gauche Autrement, il y a bien sûr - et pour cause - ce blog, celui de Dominique complètement relooké depuis quelques jours (structuré presque comme un site grâce à Wordpress), mais, peut-être moins connu, il y a aussi le site de Gauche Autrement.

Amoureusement mitonné par notre webmaster Richard, ce site est à la fois un journal d'actualité, un instrument d'information, un lieu de documentation et d'archives tout en étant un espace de débat et d'échange.

Adhérent ou sympathisant, chacun, à l'instar de Maurice cette semaine, peut venir s'exprimer, chacun peut donner une information ou un rendez-vous, chacun peut prendre l'initiative d'une rubrique.

Bref, vous m'avez compris : entre deux visites de blog, prenez le réflexe la-gauche-autrement.org, ne serait-ce que pour retrouver en archives les si belles vidéos de Clotilde et, en particulier, ma préférée, «Les 69 coups de cœur de Nice Autrement».

07 mars 2009

Pédophilies

Comme je venais de m’inscrire dans un groupe Facebook intitulé « Contre la pédophilie », une proche (très proche) me fait remarquer l’inutilité de ce type d’engagement en faveur de causes consensuelles. Qui peut être contre le fait d'être contre la pédophilie ?

S’il est vrai que les manifestations les plus médiatiques de ce phénomène font l’objet d’une hostilité que je qualifierais de rituelle, d’autres manifestations quantitativement beaucoup plus importantes bénéficient d’une certaine mansuétude de la part du grand public, de l’opinion publique, de nous-mêmes…

Haro sur le pédophile qui fait la une des journaux, ce monstre surgi des entrailles de la société. Il faut le supprimer : du bistouri à la guillotine, on n’a pas de remèdes assez radicaux dans les cafés du commerce pour éliminer ces créatures qui déshonorent le genre humain. C’est à ce prix que notre société pétrie d’humanité retrouvera sa quiétude. Certains hommes politiques ne sont pas les derniers à hurler avec les loups alors qu’ils savent très bien que la sanction, la répression, la punition n’auront aucune prise sur des malades qui agissent au gré de leurs pulsions et que, par conséquent, le risque zéro n’existera jamais.

Par contre, ces hommes politiques et le café du commerce seront beaucoup plus discrets lorsqu’on aura affaire à un cas de pédophilie incestueuse. Tous les travailleurs sociaux, tous les éducateurs sont d’accord pour nous dire que la pédophilie des bons pères de famille est largement plus répandue que la pédophilie des monstres. Mais voilà : celle-là dérange beaucoup plus car elle remet en cause la sacro-sainte cellule familiale. Ici la discrétion, donc la complicité, sont de mise. Vous comprenez : il ne faut pas troubler la famille, il faut sauver ce qui peut l’être, après tout, c’était quand même un bon père… Et c’est ainsi que les victimes deviennent suspectes et qu’on trouve tant de bonnes raisons pour ne pas agir. Pourtant là, la solution serait simple. Il suffirait qu’on soit un peu plus attentif, un peu plus courageux, pour que des milliers de vies ne soient plus brisées.

Nous pouvons tenir le même raisonnement pour la pédophilie exotique enkystée dans ce tourisme sexuel, monstrueuse métaphore de la domination du Nord sur le Sud. Même si certaines organisations internationales se battent courageusement, même si certaines lois, notamment en France, ont été votées, le phénomène ne cesse de se développer. On connaît ces pays, on connaît ces régions où hétéros ou homos, bons pères de familles ou détraqués, peuvent s’offrir des enfants.

Là encore, la solution pourrait être simple. Il existe bien un commerce équitable, inventons un tourisme éthique et boycottons ces destinations. Ainsi, cafés du commerce et hommes politiques auront matière à nourrir leurs discours. On peut rêver…

Alors finalement, adhérer à ce groupe contre la pédophilie est peut-être un acte vain. Il n’en est pas pour autant dépourvu de sens.

05 mars 2009

Fort Chabrol


Dire que le cinéma français n’est pas en très grande forme ces derniers mois est un doux euphémisme. J’en veux pour preuve cette tristounette cérémonie des Césars où, à l’exception de « Valse avec Bachir » (césar du meilleur film… étranger !), je n’avais pas vu les principaux films primés. Tout simplement parce qu’au moment de leur sortie en salle, ils ne m’avaient pas tenté…

C’est pourtant sur deux films hexagonaux que s’est achevée ma cueillette cinématographique pré printanière.

« Lol », de Lisa Azuelo

Ce film sur l’adolescence dit bien peu de choses sur l’adolescence. Ces enfants, qui pourraient être ceux des convives du « Code a changé », ne nous apprennent rien. Cette folklorisation de la « génération lol » est aux antipodes des vertigineuses plongées dans les mystères adolescents initiés par Sofia Coppola ou Gus Van Sant dans certains de leurs films.

« Bellamy », de Claude Chabrol

C’est finalement au vieux Chabrol (pas loin de 80 ans) que revient la lourde tâche d’incarner la résistance du cinéma français. L’histoire est simple : l’inspecteur Bellamy, coincé entre son petit frère déjanté et alcoolique et une épouse maternelle et sage (trop ?), retarde l’échéance de la retraite en participant en free lance à une enquête policière à tiroirs.

Et, mine de rien, ce petit chef-d’œuvre de finesse et d’humour – qui doit beaucoup à l’interprétation incroyablement subtile du désormais physiquement énorme Gérard Depardieu – nous explique qu’il est souvent plus facile d’aider les autres que les membres de sa propre famille. Lorsque l’on est immergé dans la vie publique, c’est en tout cas une question qu’on ne peut pas ne pas se poser…

03 mars 2009

Procès gagné par patrick.mottard.blogspot.com

A la suite d’un post (Tacite tacle Peyrat) écrit le 7 juillet 2006 sur ce blog et qui dénonçait la gestion de la Mission locale de Nice, j’avais été poursuivi pour diffamation par la directrice de cette institution. J’avais personnellement la conscience tranquille car ce billet, qui reprenait une intervention que j’avais faite au Conseil municipal, s’appuyait en grande partie sur un rapport très négatif de la Chambre régionale des comptes.

Deux ans et demi plus une demi-douzaine de reports plus tard, les juges actent enfin notre argumentation juridique. Je ne peux qu’être satisfait de constater que cette décision conforte la liberté d’expression sur le net. Même s’il n’y a pas lieu de sauter au plafond, la lenteur de la justice ayant en effet vidé la substance politique et la dimension pédagogique de la décision.

Quoi qu’il en soit, l’occasion est belle de rappeler qu’à l’époque, l’élu PS que j’étais, avait attendu en vain un soutien ou même – soyons fous ! – une marque de sympathie de la Fédération départementale de son parti. Il est vrai que la Région PACA n’avait dénoncé les dysfonctionnements de la Mission locale (qu’elle co-finançait !)… qu’à posteriori : Patrick Allemand, membre du Conseil d’administration de la Mission locale, n’avait peut-être pas envie de médiatiser cet épisode peu glorieux.

Par contre, le personnel et ses représentants syndicaux m’ont soutenu depuis le début (ils ont même offert leurs témoignages) car ils connaissaient la part que j’avais prise dans le combat qui était le leur au nom d’une certaine idée du service public et de l’intérêt des jeunes.

A l’énoncé du jugement, c’est d’abord à eux que j’ai pensé, car je sais que leur combat continue.

01 mars 2009

Les arapèdes solfériniennes

Sur l’Europe, on attendait avec impatience le positionnement du PS dans la perspective des élections de juin prochain. C’est que, écartelé entre les Ouistes et les Nonistes, le Parti socialiste, à force de ne pas choisir, a des orientations assez floues pour ne pas dire nébuleuses.

Or la réponse à cette interrogation vient d’être donnée ce week-end par le Conseil national sous la forme d’un « Embrassons-nous Folleville » à la fois surréaliste (on ne parle que des listes et des places, pas du fond) et hypocrite (l’encre de l’accord à peine sèche, on a recommencé à tirer les couteaux).

Comme d’habitude, l’appareil estime avoir fait l’essentiel en casant un maximum des siens sur des listes où les vrais élus de terrain porteurs de convictions européennes ont été sacrifiés au profit des éminences grises de courants, des recalés du suffrage universel et des arapèdes solfériniennes. Parfois même après des luttes fratricides, comme celle qui a opposé, pour la tête de liste en Ile de France, Harlem Désir (tendance Delanoé) et Benoît Hamon (tendance Emmanuelli), deux responsables qui ont la particularité de n’avoir jamais été élus en circonscription.

Le parachutage de Vincent Peillon (tendance Royal) est très significatif de ce point de vue. Battu aux législatives de 2002 en Picardie, re-battu en 2007, Peillon reçoit donc pour services rendus un parachute doré dans notre région.

Le choix d’Aurélie Filipetti (tendance Royal) est encore plus navrant. Elue député, déjà grâce à un parachutage dans une circonscription populaire de Moselle, la dame décide d’abandonner les électeurs qui lui ont fait confiance il y a à peine deux ans, en pleine crise sociale, parce que le futur redécoupage électoral ne lui assurait pas une réélection facile… en 2012 !!

« Je constate que les décisions ont été prises par un petit groupe pour satisfaire les intérêts d’appareil. (…) Je constate qu’elle [Marine Aubry] privilégie les amis au détriment des élus que l’on charge d’aller chercher des voix lors des scrutins uninominaux. (…) Je ne dois rien au parti, je vais reprendre mon indépendance ! »

Ces propos ne sont pas ceux d’un exclu du PS mais ceux de Gérard Collomb, maire de Lyon, élu en 2001, réélu en 2008 dans une ville sociologiquement très à droite.

Alors Gérard, « Lyon autrement » c’est pour quand ?