07 juillet 2006

Tacite tacle Peyrat

Dans un contexte particulièrement houleux, je prononce, dans l’enceinte du Conseil municipal réuni ce 7 juillet, le discours suivant :

Une affaire de plus, une affaire de trop. Les Niçois n’en veulent plus, les Niçois n’en peuvent plus.

Après Vialatte, votre homme de confiance recruté dans la lointaine et sulfureuse Essonne, et Orengo, votre adjoint, à propos de l’affaire du Grand stade,
Après Le Deunff, votre subdélégué aux sports et ses indélicatesses dispatchées sur deux mandats,
Après Monleau, votre fidèle Monsieur tramway, et l’affaire Thales,
Après votre directrice de la Communication et ses arrangements entre ex-collègues,
Après votre chargé de mission au passé footballistique chargé et ses ventes de biens appartenant à la collectivité,
Après tout ça, vous voilà confronté à une nouvelle affaire, celle dite du terrain Sulzer. D’emblée, deux nouveaux Judas ont été identifiés.

Tout d’abord, votre chef du Protocole, directeur des affaires internationales, ce qui, vous l’admettez, n’est pas anodin pour la réputation de notre cité. J’avais même compris qu’il serait l’animateur de la candidature aujourd’hui plombée de « Nice, capitale européenne de la Culture »… Le collaborateur dont vous disiez encore, le 4 novembre 2005, c’est-à-dire il y a quelques mois, « qu’il assumait un rôle considérable, qu’il tenait bien dans tout l’ensemble des fonctions que vous lui aviez confiées », ce qui, à vos yeux, justifiait une substantielle augmentation de traitement car « il fallait qu’il soit payé à la hauteur de ce qu’il assume, redoutant qu’il puisse être appelé sur d’autres fonctions à d’autres endroits… ».

Pour faire bon poids, ce fut au tour de votre Directeur de la Police municipale d’être mis en examen et de se retrouver aux portes de la fourrière.

Cela dit – et chacun le sait – cette dernière affaire n’est pas bouclée. Et nous avons tous conscience, vous le premier, que le pire reste sans doute à venir.

Aussi, l’air de notre mairie, pour ne pas dire de l’ensemble de la ville, devient irrespirable.

Et puis, il y a cette nouvelle bombe à retardement : la Mission Locale dont vous êtes, il faut le rappeler, le Président. Depuis des années, le personnel, les syndicats, nous-mêmes, parfois même certains de vos élus, vous mettions en garde contre une Direction despotique, inefficace et peu scrupuleuse. Et bien aujourd’hui la bombe vient d’éclater et quand la fumée se dissipera vous entonnerez, une fois de plus, l’air de la trahison. L’audit du cabinet indépendant Amnyos est accablant (et je n’ai eu que sa synthèse…) : soupçons de fausses factures, mises en concurrence irrégulières, partenariat douteux, discrimination sociale, avantages injustifiés d’une minorité… Là encore, vous êtes en première ligne, car vous ne pouviez pas ne pas savoir et vous avez couvert.

Chaque jour, la ville de Nice est un peu plus stigmatisée par les médias nationaux, chaque jour, nous recevons à Nice Plurielle, des courriers qui dénoncent pratiques douteuses et petits arrangements entre amis. Lorsqu’ils ne sont pas attentatoires à la vie privée et à la dignité des personnes, nous les transmettons bien sûr, comme c’est notre devoir, à la justice.

Mais on comprend très bien que tout cela ne peut pas durer. Même si, au milieu de ce champ de ruines – je vous l’accorde, Monsieur le Sénateur maire – vous n’êtes pas seul.

Au sein du Conseil municipal, vous êtes soutenu par une majorité en apparence unie, souvent critique dans les couloirs, mais apparemment prête à couler avec le capitaine du Titanic.

J’avoue ne pas comprendre. Il y a certainement dans cette majorité des femmes et des hommes honnêtes (il me semble même en connaître). Ils ne peuvent pas continuer à cautionner de telles dérives. Qu’ils le disent, qu’ils se manifestent, qu’ils se désolidarisent, et, pourquoi pas, qu’ils démissionnent…

Qu’ils sachent qu’aux yeux de la population, il n’y aura pas de voie médiane. Il y aura ceux qui auront eu le courage de se démarquer au moment où il le fallait et les autres. Les autres, dans l’esprit de la population, feront partie de la bande…

Même remarque pour vos puissants protecteurs nationaux et locaux de l’UMP. À ce titre, nous avons interpellé Monsieur le Ministre de l’Intérieur, Monsieur le Préfet des Alpes-Maritimes et Monsieur le Président de l’UMP 06. À ce jour, nous n’avons pas eu de réponse. Là non plus, il n’y a pas de voie médiane. Qui ne dit mot consent. En clair, tout ce beau monde vous couvre.

Malgré les affaires qui se succèdent,
Malgré un climat délétère,
Malgré le déshonneur qui contamine l’ensemble de la ville,
Vous vous accrochez à votre pouvoir.
C’est votre responsabilité.
Mais c’est aussi celle de ceux qui vous soutiennent sans nuance dans cette enceinte. C’est aussi celle de ceux qui vous protègent en haut lieu.

Même si cela ne vous dédouane en aucune façon. Incapable de diriger, incapable de vous entourer, incapable de comprendre les femmes et les hommes de cette ville, vous illustrez parfaitement cette phrase de Tacite : « Nul n’aurait douté qu’il fut capable de commander … s’il n’avait commandé ».



Un discours qui me permet d’évoquer le nouveau scandale lié à la Mission Locale. Une affaire que je suivais depuis de nombreuses années, avec notamment la Conseillère régionale Pascale Gérard, et qui semble enfin arriver à son terme.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Encore une? Décidemment, les affaires Niçoises donnent encore plus le vertige qu'un manège à la foire du trône.

Les élus de la majorité peuvent t'ils seulement se regarder l'un l'autre dans les yeux?

ANTONIN