28 février 2006

United colors of Vernier

En cette fin d’après-midi, j’assiste à mon énième Conseil d’Administration du Collège Vernier, instance dont je suis membre en tant que représentant du Conseil général depuis 1998. Malgré leur longueur (souvent plus de trois heures), j’apprécie ces réunions où se retrouve toute la communauté éducative d’un collège qui est – le conseiller général peut en témoigner – le poumon républicain d’un quartier populaire plein de vie et de diversité. Un quartier qui, sans le collège (et quelques associations particulièrement dynamiques), pourrait facilement rejoindre la liste navrante des quartiers "difficiles".

Ici, au sein de ce Conseil d’Administration, pas de profs corporatistes, pas de parents d’élèves recroquevillés sur les intérêts de leurs propres enfants, bien au contraire ; et une Principale et une équipe administrative qui se sentent à l’évidence investies d’une vraie mission de service public.

Pourtant Vernier fait partie de ces établissements accueillant des enfants représentant des dizaines de nationalités. Le plus beau fleuron du collège étant incontestablement la classe FLS (français langue secondaire) qui permet à des petits étrangers de tous les horizons de rejoindre le cursus classique en une seule année scolaire. J’avoue que chaque année, je suis très ému quand les élèves de cette classe, qu’ils soient Tchétchènes, Capverdiens, Moldaves, ou Cambodgiens, m’offrent la plaquette qui relate leurs activités de l’année, une plaquette qui plus est dédicacée…

Pour autant, Vernier n’est pas qu’un sas d’intégration, L’équipe de direction et les enseignants ne cèdent rien sur le terrain de l’excellence : enseignement du latin et du grec (d’où un mémorable reportage au JT de… TF1 !), enseignement du niçois, classe patrimoine, sorties et voyages thématiques, utilisation poussée de l’informatique, réalisation de projets artistiques de grande qualité, labellisation prochaine du collège en pôle scientifique...

La réalité de cette mixité sociale et ethnique, j’ai pu la vérifier, il y a quelques mois, en accompagnant une classe à Auschwitz à la recherche de la mémoire concentrationnaire. Ce jour-là, qu’on soit des collines niçoises ou de la rue Trachel, qu’on soit black, blanc, beur ou asiatique, tout Vernier a communié avec les victimes de la barbarie.

Bien sûr, tout n’est pas parfait et la violence de la société cogne parfois aux portes du collège (quelques incidents sérieux ces derniers mois). Mais la gestion de l’établissement est imaginative tout en restant étonnamment maîtrisée, même si les moyens ne sont pas toujours à la hauteur (le collège n’a plus d’assistante sociale depuis plusieurs mois, absence de médecin scolaire, rejet d’un beau projet pédagogique sur le Paris médiéval…).

Dans quelques minutes, après avoir évoqué la dotation globale horaire, les prochaines sorties scolaires et les fameuses « questions diverses » (la terreur des gens pressés !), nous prendrons en commun la petite collation de l’amitié. Et une fois de plus, en bavardant avec les uns et les autres, je me dirai que nous sommes à des années-lumière des caricatures qui circulent sur l’Education Nationale, la jeunesse… et l’avenir des quartiers de Nice nord.

Depuis l’affaire Ilan, je dois dire que j’ai un peu mal à la République. Ces quelques heures avec les "hussards noirs" de Vernier me démontrent une fois de plus que c’est dans l’action et par l’éducation que l’on combat la désespérance sociale…

25 février 2006

Good night and good luck !


Quelques jours passés dans les PO ont permis une certaine mise à jour de mon actualité cinématographique.

À cette occasion, j’ai pu vérifier accessoirement que l’offre cinéma (exploitation et programmation) de Perpignan était supérieure à celle de Nice, ville pourtant trois fois plus peuplée. C’est dire si les états généraux prévus par le collectif CINEAC sont urgents pour remédier à cette situation navrante (malgré – je ne me lasse jamais de le rappeler – la vitalité des associations, la bonne volonté de la direction du Rialto, le travail intéressant de l’espace Magnan, et la Cinémathèque…). Trouver des solutions est urgent : cela est nécessaire pour faire de « Nice, ville du cinéma », un concept que nous pourrions mettre en place dès 2008.

Côté film, j’avoue avoir été impressionné par la rigueur, l’efficacité et… l’engagement du nouveau cinéma politique américain à travers deux films : Good night and good luck de Georges Clooney et Munich de Spielberg. Le premier traite de la liberté des médias sous le maccarthysme, le second de la traque des auteurs de l’attentat de Munich perpétré en 1972 contre la délégation olympique israélienne.

Les deux sujets sont datés, presque historiques, mais le propos est à chaque fois étonnamment actuel dans le contexte de l’après 11 septembre et de l’Amérique de Bush. La liberté d’opinion est-elle un luxe quand plane une menace extérieure ? Le terrorisme doit-il être combattu avec les armes du terrorisme ? La réponse de Clooney, sobre et forte (le film, en noir et blanc, est très réussi), est sans ambiguïté : la démocratie, en se reniant, rend les armes contre ceux qu’elle prétend combattre… Celle de Spielberg est plus nuancée : combattre la violence par la violence engendre encore plus de violence, mais l’inverse n’est pas forcément juste non plus…

La réussite de ces deux films m’a rendue plus amère la déception engendrée par le dernier Chabrol, L’ivresse du pouvoir. Le film, comme une promo insistante nous l’a seriné pendant une semaine, évoque "l’affaire Elf", sans être vraiment l’affaire Elf. En réalité, ce qui se veut un film à tiroirs est un prétexte à private jokes pour initiés (un comble pour un tel sujet !), un festival de fausses audaces qui réalise l’exploit de rendre les juges encore plus antipathiques que les corrupteurs et les corrompus.

Par ailleurs, j’ai été touché par deux très beaux films sur le thème de l’amour impossible.

Le secret de Brokeback Mountain est un film qui plaira beaucoup aux fans de « Sur la route de Madison » de Clint Eastwood. L’histoire est belle mais triste. Forcément triste : cow-boys dans les années soixante et homosexuels, il est évident que les amoureux du film de Ang Lee ont placé la barre… un peu haut !

Le Nouveau Monde de Terrence Malick, c’est, au premier degré, l’histoire d’amour entre l’Indienne Pocahontas et le pionnier John Smith. Une histoire là aussi forcément difficile, difficile comme le choc des civilisations que représente l’arrivée des Européens dans le Nouveau Monde. En fait, l’histoire de Pocahontas et du capitaine Smith est une allégorie : celle d’un Vieux monde pétri de certitudes qui refuse de considérer qu’il n’est pas à lui seul LA civilisation. John Smith va jusqu’à douter, mais le courage lui manque pour aller au-delà. Pocahontas, elle, franchira le pas, mais elle en mourra.

Trois films français complètent ce mini festival.
- Le charmant Je vous trouve très beau d’Isabelle Mergault qui, sous la forme d’un conte, évoque la question des mariages économiques (émigrantes de l’est pour célibataires ruraux…).
- Le prétentieux Fauteuils d’orchestre de Daniel Thomson qui met en scène un petit monde de personnages artificiels promenant leurs faux problèmes dans les théâtres, bistrots et salles des ventes de l’avenue Montaigne.
- Le décevant Les bronzés 3 (issu de la génération "Splendid", j’aurais aimé aimer…) qui réunit des acteurs paresseux qui jouent aux bronzés jouant les bronzés.

Pour ces deux derniers films, mon amertume n’est pas totale car, malgré leur médiocrité, ce sont de beaux succès publics : ils vont donc alimenter le Compte de soutien et permettre à d’autres réalisateurs de faire de bons films !

23 février 2006

Ilan

Dégoût
La bête immonde a encore frappé, son ventre sera-t-il éternellemnt fécond ?

Découragement
La mémoire d'Abraham bien évoquée par Marek Halter est-elle comdamnée à errer à la surface des malheurs du monde ?

Détermination
Ilan est victime de l'antisémitisme de la nuit des temps, celui des ghettos et des pogroms, celui que Lénine appelait "le socialisme des imbéciles". Mais ne nous y trompons pas : antisémitisme religieux, antisémitisme idéologique, antisémitisme mondain, antisémitisme négationiste, antisémitisme tiers-mondiste, tous les antisémitismes se valent, mieux, ils se nourrissent.
C'est pour cela qu'il faut tous les affronter avec la même détermination. Sans exception.

19 février 2006

Niac a la niac


Quelques jours après la mise en ligne de Nice Alpha Canal, il est encore bien trop tôt pour dresser un vrai bilan.

Notons toutefois la présentation chaleureuse de notre confrère nice-première et de nombreux témoignages extrêmement positifs qui, pour la quasi-totalité, confirment l’intuition qui nous a conduits à prendre l’initiative de NiacTV : ce nouveau média, qui n’a pas, semble-t-il, d’équivalent dans le paysage de l’Internet, peut être un instrument utile au développement du débat citoyen.

À suivre…

Gym tonic

De mon poste d’orientation favori (Populaires sud, virage est), j’assiste pour la troisième fois de l’année 2006 à la victoire du Gym sur une grosse cylindrée de la Ligue 1 : Monaco, après Bordeaux et le PSG.

Pas de doute, cette année, nous tenons « l’équipe ». Le recrutement, y compris au mercato (David Bellion), a été judicieux, Antonetti dirige l’équipe efficacement, et l’esprit à la Cobos hérité du miracle de l’été 2002 fait toujours des merveilles…

On peut même avancer qu’avec un peu plus de réussite en début de saison, le Gym pourrait se battre à armes égales avec les équipes qui visent l’UEFA, voire la troisième place de Champions league. Cela dit, en étant finaliste de la Coupe de la Ligue, les Aiglons n’ont pas dit leur dernier mot en ce qui concerne l’Europe (je ne parle pas de la déprimante coupe Intertoto).

Ce soir, en suivant la prestation navrante de la Principauté, le fidèle lecteur de l’Equipe que je suis ne peut que constater avec un certain amusement que le volume de littérature "dostoïevskien" dont bénéficie le trio des équipes de pseudos stars (ou les pseudos équipes de stars) est inversement proportionnel à leurs résultats et à la qualité de leur jeu.

Face à ce parti pris médiatique, le roi Lyon lui-même a dû attendre deux ou trois titres avant d’intéresser vraiment les journalistes…

Cela dit, en bon supporter des Rouges et noirs, je préfère, à tout prendre, qu’on parle peu du Gym mais que celui-ci se bâtisse un palmarès digne de l’équipe de Juninho. On peut toujours rêver...

18 février 2006

Michèle Mangion


Ce samedi matin, ma permanence est le rendez-vous du souvenir. Du souvenir et de l’amitié. Les militants de Nice 6/7 ont décidé de donner le nom de "Michèle Mangion" à leur section.


En présence de France et Camille, ses parents, et d’Antoine, son compagnon, de nombreux socialistes mais aussi des sympathisants et amis expriment leur affection pour celle qui leur a fait la mauvaise farce de les quitter en plein été il y a six mois.

La grande famille de Nice Plurielle est également représentée. Jean-François Knecht et Paul Cuturello sont là. Mari-Luz Nicaise et Simone Monticelli prennent la parole pour évoquer, chacune à sa façon, le souvenir de leur coéquipière du Conseil municipal. Bruno Della Sudda, absent du département, a quant à lui adressé un message fraternel. Pour ma part, je lis un texte manuscrit de Laurent Fabius qui, tout en rendant hommage à Michèle, rappelle que le socialisme va plus loin que nos vies.

L’émotion est palpable quand Dominique, en tant que secrétaire de la nouvelle section « Nice Michèle Mangion », rappelle ce que représentait celle qui était son amie, particulièrement quand elle conclura son discours par ces quelques phrases simples.

« C’est parce que Michèle représentait tout cela, ce concentré d’humanité dans ce qu’elle a de plus digne, que nous sommes fiers d’appartenir à une section qui désormais portera son nom. Et ce choix n’est pas neutre. De nouvelles générations de militants arriveront et on leur expliquera les raisons de ce nom. Et on aimera les leur expliquer. Le nom restera et avec lui le souvenir, la vitalité du souvenir.

À la fin de son roman, "L’humeur vagabonde", Antoine Blondin écrit : « Un jour peut-être nous abattrons les cloisons de notre prison, nous parlerons à des gens qui nous répondront, le malentendu se dissipera entre les vivants, les morts n’auront plus de secret pour nous. Un jour, nous prendrons des trains qui partent ».

D’où elle est, j’en suis persuadée, Michèle, ce matin, nous demande, nous exhorte de prendre, tous ensemble, nous sa famille, ses amis, ses camarades, des trains qui partent. »

16 février 2006

Peer to peer... pire en pire...


La conférence-débat qui se déroule les mercredis à ma permanence (consultez le programme sur le site patrick-mottard.org, bienvenue à tous !), est consacrée cette semaine à la question très sensible du téléchargement.

La conférencière du jour est Clotilde Gimond (par ailleurs animatrice de « Sauvons la recherche »). Pour elle, pas de doute, la culture a un coût et s’il ne faut pas stigmatiser outre mesure les "téléchargeurs", surtout quand ils sont jeunes, il faut réagir. Elle estime que la licence globale, sortie du chapeau de quelques élus PS et UDF est une fausse bonne idée qui ne protègera en rien les créateurs et par conséquent la création.

Pour avoir participé d’assez près, il y a plusieurs années, au débat sur le prix unique du livre, je suis assez spontanément d’accord avec ses arguments. C’est que le débat sur la loi Lang m’a appris à me méfier des idées simplistes en matière de culture. Ne disait-on pas à l’époque que moins les livres seraient chers, plus la culture serait accessible à tous… ? En réalité, les livres à bas pris bradés dans les supermarchés étouffaient petit à petit le réseau des libraires et la diversité de l’offre. Heureusement que la loi Lang…

Aujourd’hui, j’ai l’impression que nous sommes dans le même débat. Télécharger gratuitement, ce serait la culture à portée de tous… En fait, nous le savons bien, cela conduirait immanquablement à réduire l’offre artistique, surtout quand elle est novatrice, décalée, exigeante.

... Cela dit, à la permanence, le débat est de qualité et les "téléchargeurs", à l’instar de Michel, se défendent bien. J’avoue être séduit par leur propos, quand ils affirment ne pas être impressionnés par les pleurnicheries des industriels du secteur qui, du vinyle au DVD, en passant par la cassette et le CD, se sont largement payés sur le dos des consommateurs lors des précédentes décennies.

A l’évidence un compromis doit être trouvé. Les propositions du PS (cf. Anne Hidalgo) peuvent contribuer à rendre possible ce compromis. Il s’agit, par exemple, d’imposer une durée de vie commerciale des œuvres sur le Web, assortie de sanctions (plutôt civiles que pénales) en cas de téléchargement, pendant une période qui pourrait, par exemple, être de six mois. Il peut s’agir aussi de développer la pratique des « creative commons ».

En réalité, peu importe le détail des solutions, il faut sortir au plus vite du face à face entre la répression façon Donnedieu de Vabres et le flou pas tellement artistique de la licence globale.

En rappelant que la diversité culturelle a un coût. Et que si l’aspiration à la culture relève du désir, l’assouvissement de ce désir ne se réalise pas sans effort.

Retrouvez l’essentiel de l’intervention de Clotilde Gimond sur NiacTV dans la rubrique « Actualités ».

15 février 2006

Nice Alpha Canal (niactv.com)



Le grand jour est arrivé ! Le site Nice Alpha Canal que nous peaufinons avec la petite équipe de Michèle Bondi depuis plusieurs semaines est en ligne. Les réactions très positives des premiers visiteurs ne peuvent que nous rendre confiants. Mais quand même…

Seule la version haut débit est complète : il faudra patienter quelques jours pour la totalité du bas débit. En attendant, voici le texte de mon éditorial qui figure à la première page du premier numéro.


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Nice Alpha Canal : un nouveau site politique dans le paysage de l’Internet niçois. Un de plus, direz-vous ? À quoi bon ? Ils se ressemblent tous…

En fait, notre initiative résulte précisément de ce constat. De nombreux sites, blogs, forums couvrent la vie politique de Nice et de notre région. Mais depuis la disparition de Vianice et de Salade niçoise, et à de rares exceptions près dont le site de Franck Viano, il faut bien avouer que la quantité ne correspond pas à la qualité. C’est le moins que l’on puisse dire. L’ensemble est d’une grande médiocrité : forums bidonnés, ragots politiciens, manipulations dignes de l’inspecteur Clouzot, cristallisation obsessionnelle sur la municipale de 2008... Il ne faut pas s’étonner si cette utilisation très réductrice des nouvelles technologies n’a pas fait progresser d’un iota le débat citoyen.

Pourtant, je ne me résignais pas : faire de la vieille politique avec les nouvelles technologies est un gâchis. Avec l’équipe de Nice plurielle, nous avions axé notre programme municipal de 2001 autour de la démocratie participative : je ne pouvais pas laisser passer la chance que représente l’Internet et les TIC pour contribuer à animer le débat entre citoyens.

Forts de ce constat, avec Michèle Bondi, nous avons eu l’idée de NIAC TV, à savoir :
- un site de réflexion construit sur le modèle d’un magazine mensuel, avec sujet de fond et chroniques de proximité, une pointe d’humour et un zeste d’humeur ;
- un site qui fait appel largement à la vidéo, pour favoriser l’expression directe ;
- un site transparent où il n’est pas question d’avancer masqués, et c’est pourquoi nous avons pensé qu’il serait honnête que j’assume la responsabilité de la rédaction de Nice Alpha Canal, Michèle se chargeant quant à elle… de l’essentiel, c’est-à-dire de la mise en perspective technique et esthétique de notre ligne éditoriale.

Sous sa conduite, un petit groupe s’est immédiatement mis au travail, Clotilde et Joëlle en tête. En travaillant d’arrache-pied, elles ont pu livrer le premier numéro pour le 15 février.

Le premier bilan que l’on peut faire est que ce média correspond à un besoin : les personnes que nous avons contactées ont accepté avec enthousiasme de participer à cette aventure en toute connaissance de cause, quel que soit leur niveau d’intervention (interviews filmées, articles de fond, enquêtes dans les quartiers…).

Maintenant, c’est à vous de juger, pour que NIAC TV soit non seulement un média participatif, mais aussi un média interactif. Par le biais du courrier des lecteurs, vous avez la possibilité de faire part de votre sentiment, de vos idées par rapport aux sujets traités ce qui nous permettra de les enrichir.

L’Internet au service de la démocratie participative, de la transparence et de la citoyenneté ? Pour paraphraser Marc Lévy : « Et si c’était vrai… »

13 février 2006

Septimaniaque !

A propos du dérapage du Président de la Région Languedoc-Roussillon (Septimanie… !)

« Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît ».
Michel Audiard (Les tontons flingueurs)

12 février 2006

"Entraide et partage"

Dans le cadre austère de l’école Don Bosco, j’assiste à l’assemblée générale de l’association "Entraide et Partage", association de solidarité qui crée avec beaucoup d’efficacité du lien social dans le quartier populaire de Saint Roch.

C’est toujours avec plaisir que je retrouve Philippe Rossini et le père Didier, infatigables animateurs de cette belle entreprise.

Parfois irrité par la solidarité médiatique qui, du Téléthon aux pièces jaunes, donne le sentiment qu’on peut rendre la société meilleure avec du strass, des paillettes et un coup de baguette magique, j’avoue préférer le travail bénévole, humble, au jour le jour, des militants d’Entraide et Partage. Un vrai militantisme de proximité, obscur et obstiné, qui permet de gérer un commerce d’objets à bas prix, une friperie et de nombreux services d’entraide pour les familles et le troisième âge.

Avec peu de moyens institutionnels, cette association travaille aussi avec détermination dans un secteur qui me tient particulièrement à cœur, celui du combat contre les violences conjugales (et plus largement des violences domestiques). Ils ont ainsi mis à la disposition des victimes deux logements d’accueil. Ce qui est énorme dans une ville où, malgré les efforts considérables d’une autre belle association , « Accueil Femmes Solidarité », et la conversion récente d’une adjointe, tout reste à faire. Cela dans un contexte qui reste dramatique, comme le rappelle le dernier rapport d’Amnesty International.

Cela dit, j’ai une autre raison plus personnelle d’être assidu aux réunions d’Entraide et Partage. En effet, un des piliers de l’association n’est autre que Josette Annelli. Cette petite femme est une grande dame : c’est une des dernières résistantes de la Ville de Nice. Pleine de gaîté et de vitalité, elle avait accepté d’être la Présidente du comité de soutien de Dominique lors de sa campagne victorieuse dans le 7e canton. A chaque fois, Josette évoque avec moi cet épisode en riant, un peu comme lorsqu’on a réussi une bonne farce.

La fin de l’assemblée approche. Comme il se doit, je prends la parole. Le chanteur local qui animait les fêtes de l’association ayant émigré… aux USA, je propose à l’assistance de le remplacer en chantant « Mexico » de Luis Mariano ! Mais la journée étant exceptionnellement belle, je ne mets pas ma menace à exécution !!! Et c’est de façon beaucoup plus sobre que je me contente d’encourager les militants de l’association, le président Rossini et le Père Didier, qui nous propose, dans la foulée, d’aller admirer dans la cour le magnifique scooter rouge que lui ont offert les paroissiens de saint Roch reconnaissants…

11 février 2006

… Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port

Quai Lunel. Rendez-vous à la terrasse ensoleillée d’un restaurant avec un cadre de l’éducation populaire reconnu pour son travail sur la politique de la ville (le secteur dont il a la charge a été épargné par les événements de novembre dernier).

Sollicité par des élus, de droite comme de gauche, c’est pourtant avec moi – avec nous – qu’il veut s’engager en politique avec une cinquantaine d’amis. En fait, séduit par la démarche qui est la nôtre depuis 2001, il veut apporter compétence et énergie militante au beau projet de « Nice plurielle » : une ville à hauteur d’homme où la solidarité ne sera pas un vain mot.

Je suis évidemment enchanté par ce nouveau renfort qui confirme l’accélération de la mobilisation que je constate depuis l’automne. Militants associatifs, syndicaux, philosophiques, hauts fonctionnaires, chercheurs, dirigeants sportifs, artistes… : je ne compte plus les bonnes volontés qui souhaitent enrichir notre démarche collective.

Ces initiatives sont d’autant plus prometteuses que mes interlocuteurs sont la plupart du temps les représentants d’un groupe ou même parfois – c’est le cas aujourd’hui – d’un petit réseau.

Même avec le soleil qui tape vraiment très fort sur cette terrasse du port de Nice, et qui me vaut… un coup de soleil, le déjeuner est très agréable et utile.

Nous évoquons notamment la place de l’éducation populaire dans un projet municipal. Il y a longtemps que je suis convaincu. À côté de l’Éducation nationale, qui fait ce qu’elle peut mais qui reproduit les différences sociales (prof à la fois en fac de Lettres et en fac de Droit, je suis au cœur du problème), l’éducation populaire permet de lutter efficacement contre la fracture sociale. Comme à Nantes, il faudra utiliser, encourager, aider les militants très professionnels de ce secteur et leurs organisations. En la matière, créer des clones municipaux est une perte d’argent et de temps, en un mot, de l’électoralisme bête.

L’éducation populaire existe. Sachons, à Nice, la mettre au service d’un beau projet municipal.

09 février 2006

HBO attitude


Cette après-midi, entre un rendez-vous avec des jeunes de la Madeleine qui veulent s’investir à mes côtés en politique et une réunion de la Fédération des élus socialistes et républicains présidée par mon ami Jean-François Knecht, j’ai enfin pu visionner le premier épisode de la cinquième saison de Six feet under (à voir le dimanche à 22 h 30 sur Jimmy).

Dès les premières minutes, je suis rassuré : dans le nid douillet et glauque de leur petit Funeral home famlilial, les Fisher semblent être en pleine forme… c’est à dire en pleine crise !

Une année de plus, Nate, le veuf halluciné, Ruth, la mère immature, David, l’homo parano, et Claire, l’artiste macabre, vont assumer tant bien que mal leur concubinage avec la mort sale. Celle des sous-sols des morgues et des toilettes mortuaires. Dans ce cadre – on peut l’imaginer – les névroses vont bon train…

Mais, malgré tout, les Fisher résistent. Ils résistent au désespoir, ils résistent à la fatalité, ils résistent à l’absence. Cette résistance finit par révéler l’humanité profonde de leurs personnages, qui nous font comprendre que la mort est le prix à payer parce qu’elle est l’exact envers de la vie.

"Six feet under" est probablement l’exemple le plus flamboyant de ce genre à part qui se développe depuis quelques années dans l’univers artistique de l’audiovisuel : « la série télé formatée HBO », du nom de la chaîne à péage Home Box Office, spécialisée dans les séries télés haut de gamme.

Des Sopranos à Ally Mc Beal, de The shield à The West wing, ces petits chefs d’œuvre ont littéralement supplanté un cinéma hollywoodien formaté, consensuel et conformiste.

De Cold case à Sex and the city, de 24 h chrono aux 4400, ces concentrés d’humanité ont renvoyé les séries françaises au néant de leur insignifiance (à l’exception notable de la série Engrenages récemment diffusée sur Canal +).

C’est ainsi que, déjà passionné par les grands ancêtres comme Le prisonnier (souvenez-vous : « je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre… »), Twin Peaks (mais qui a donc tué Laura Palmer ?), et même plus récemment le désopilant Friends (Central Perk contre Central Park), je pratique désormais sans modération la « HBO attitude » !

Bonjour chez vous !

08 février 2006

La règle du jeu


Fac de Lettres. Ce matin, avec Dominique, nous bouclons l'organisation de l'opération annuelle "Projets de loi".

Il s'agit, dans le cadre de la première année LEA, de constituer des groupes d'environ cinq étudiants et de leur donner comme objectif d'apporter une réponse législative à un problème qui se pose à la société française et à laquelle le droit n'apporte pas de réponse satisfaisante. Ainsi, pendant un semestre, c'est une cinquantaine de groupes qui vont sillonner la cité à la recherche d’informations, de témoignages, sondant la population, organisant entre eux des débats passionnés.

Pour nous, cet exercice a plusieurs vertus pédagogiques. Il s’agit d’abord de vivre de l’intérieur les mécanismes qui conduisent les pouvoirs publics à la prise de décision. Par ailleurs, il permet de comprendre assez clairement que la loi est forcément la traduction d’un choix politique car les experts et autres spécialistes sont eux-mêmes situés et donc divisés.

En cas de désaccord, le groupe ira jusqu’au vote, faisant ainsi l’apprentissage de la dure mais incontournable loi de la démocratie.

Année après année, nous avons ainsi le sentiment de contribuer modestement mais concrètement à l’émergence de la conscience citoyenne de nos très jeunes étudiants à peine sortis du lycée. La promotion de cette année me semble particulièrement motivée et j’attends avec impatience la récolte du mois de mai.

Il me reste à faire les statistiques des sujets choisis car elles donnent une photographie pertinente de ce qui intéresse les étudiants de l’année en cours. Pour 2006, les sujets vedettes sont, ex- aequo, « Faut-il autoriser le mariage et l’adoption par les couples homosexuels ? » et « Faut-il interdire les sectes ? » (huit groupes chacun). Puis nous trouvons une floraison de sujets judiciaires (effet Outreau ?) : « Faut-il supprimer le jury d’assises ? » (sept groupes), « Comment réformer la justice pour sauvegarder la présomption d’innocence » (cinq groupes). Parmi les sujets en hausse : « Faut-il interdire le téléchargement ? » (cinq groupes) et « Comment lutter contre l’abstention ? » (trois groupes). En baisse sensible par rapport à l’an dernier : « Faut-il légaliser les drogues douces ? » (trois groupes) et « Faut-il légaliser l’euthanasie ? » (un groupe). Enfin, notons qu’un groupe a décidé de réfléchir sur la question des « quotas » et un autre sur la question du « travail salarié des étudiants ».

Bon travail à tous.

07 février 2006

The Wall



Hey, teacher !... C’est au rythme du célèbre manifeste des Pink Floyd que le cortège des manifestants anti CPE rejoint la Promenade des Anglais.

The Wall, le Mur… symbole fort de l’avenir de la jeunesse à la mode Villepin-MEDEF, celui que lycéens et étudiants refusent aujourd’hui.

En effet, comment ne pas se révolter contre la mise en pièces du droit du travail construit lutte après lutte par nos anciens ? Comment ne pas vomir un monde où les actionnaires du CAC 40 se nourrissent de la désespérance de la jeunesse ?

En cette belle après-midi d’hiver, la manif attendue, espérée, un peu redoutée, se déroule enfin. Les militants de Ciel qui, ce matin encore sur le parvis de la Fac me faisaient part de leur appréhension, semblent soulagés. Hélène, la responsable, conduit ses troupes avec allégresse : le nombre des participants, leur enthousiasme laisse augurer une mobilisation progressive et forte pour les semaines à venir.

Comme prof, comme élu, comme responsable politique, je serai bien sûr à leur côté. Avec une détermination qui doit exclure toute tentative de récupération. La révolte anti-CPE ne doit pas être un prétexte pour que PS en petite forme et nonistes en grande division se refassent une santé.

… Nous sommes déjà devant le Negresco. Décidément, ces jeunes manifestants ne connaissent pas les ficelles des vieux syndicalistes pour allonger les cortèges et la durée des manifestations…

Pour ma part, rassuré par l’ampleur du défilé, je peux me laisser aller au plaisir de la manif. Refusant par principe de rester dans le carré des notables, j’aime aller de groupe en groupe, de banderole en banderole. Sans exclusive. Et par-dessus tout, j’aime me fondre dans la foule. Une foule qui n’a rien d’anonyme. Forcément.

05 février 2006

S.R.U. au C.L.A.J.


Samedi. Séminaire de Nice Plurielle au Relais international de la Jeunesse « Clairvallon ».

Pour notre premier séminaire thématique, la participation est importante pour un nombre d’invitations limité. Toute la journée, ce sont près de quatre-vingts militants et sympathisants (PS, PCF, Verts, Alternatifs, associatifs) qui se sont succédé pour plancher, avec douze des quatorze élus du groupe au Conseil municipal et un certain nombre de spécialistes, sur le thème du logement.

En effet, depuis pratiquement le début du mandat, le logement est notre préoccupation première et l’on ne compte plus les interventions faites à ce sujet au Conseil municipal de Nice.

Nous avions traité avec beaucoup de rigueur cette question dans notre programme de 2001, mais l’aggravation de la situation dans notre ville est telle que nous avons décidé de doubler notre travail de groupe d’opposition d’une réflexion en profondeur sur le mal et les remèdes afin d’alimenter le débat public en propositions pour aujourd’hui… et pour demain.

Au cours de la journée, un état des lieux sans complaisance est établi par les spécialistes (Auguste Derrives, Laurent Lanquar), les élus (Paul Cuturello, Robert Injey), les associatifs spécialisés dans le secteur (Bernard Neuville) et des syndicalistes.

La loi de 1977 est stigmatisée, le coup de force du 26 janvier contre la loi SRU est dénoncé, et la politique de l’OPAM présentée comme un concentré… de ce qu’il ne faut pas faire.

Guy Marimot avance le concept très intéressant de logement évolutif, Frédérique Grégoire et Mari-Luz Hernandez-Nicaise rappellent les avatars de la gestion du domaine immobilier communal par la Ville.

À l’heure des propositions, sont évidemment évoquées les politiques des municipalités amies… de Valbonne à Paris ! La question de la maîtrise du foncier semble en tout cas centrale. Bruno Della Sudda insiste pour sa part sur la démarche citoyenne que doit comporter toute politique du logement.

Au final, un groupe de travail est chargé de faire des propositions à court terme (prochain Conseil municipal) et à moyen terme (plate-forme à présenter à la presse dans les meilleurs délais).

L’essentiel de cette journée a été filmé et sera diffusé sur le site d’informations dont je vais être le rédacteur en chef et qui sera mis en ligne dans quelques jours.

04 février 2006

La méthode Stanislavski


Vendredi soir. Après Marie-Georges Buffet à Acropolis, Claire Legendre au théâtre de l’Alphabet… Une petite foule sympathique et joyeuse se presse dans le local étroit à l’occasion de la séance de dédicace de Claire. J’aime bien ce lieu dont je suis désormais un familier. Il faut dire que le directeur du théâtre de Carabacel, Henri Legendre, a eu le courage (l’inconscience ?) politique de programmer six fois ma pièce « Fragments de Nice » (avis aux bloggers distraits : deux séances de rattrapage sont prévues les 10 et 11 juin prochains).

Ce soir, la fille d’Henri et de Catherine présente son cinquième roman, « La méthode Stanislavski ». A vingt-six ans, c’est déjà une romancière confirmée, à l’univers très personnel, reconnue par la critique nationale. D’une grande simplicité, jolie et souriante, pendant qu’elle me dédicace son livre, je l’imagine comme une sorte de symbole de ce Nice de la jeunesse, de la création et de l’intelligence qui un jour entraînera la ville tout entière dans une movida à notre façon... Pour peu qu’une équipe municipale soit capable d’accompagner cette lame fond qui ne demande qu’à déferler pour faire de Nice la grande ville culturelle à la fois méditerranéenne et européenne qu’elle mérite d’être.

Et si le ciel...?

Profitant de la tribune du Conseil municipal, j'exprime avec force mon soutien aux journaux qui, ayant publié des caricatures de Mahomet, sont victimes d'une mise à l'index frisant la fatwa.

Mon soutien ancien et reconnu aux musulmans de la ville notamment dans leur volonté d'avoir des lieux de culte décents donnera certainement plus de force à cette prise de position relayée par la presse locale. La liberté d'expression ne doit pas céder aux coups de boutoir du politiquement correct ou, pire, du communautarisme. Il y a quelques années, j'ai défendu avec la même intransigeance le film de Martin Scorcèse sur la vie du Christ ou la couverture de Charlie hebdo sur le « Bal tragique à Colombey… ». Une seule limite : le racisme, la xénophobie et la haine de l'autre.

Cela dit, je suis perplexe devant le silence assourdissant de la classe politique locale sur cette affaire. Les matamores de la droite sont bien silencieux. Quant au silence de la gauche, il me semble traduire un manque de courage navrant.

03 février 2006

L'esquive

Jeudi. Rue Calvino, au cœur du 5e canton, inauguration du nouveau « lieu-concept » de la Compagnie Miranda, dirigée avec dynamisme depuis de nombreuses années par mon ami Thierry Surace. Soirée sympathique, conviviale, presque familiale… Les acteurs de la compagnie, qui ont retapé eux-mêmes les locaux, nous présentent un petit film très drôle sur cette aventure.

Au-delà d’une activité théâtrale de qualité, Miranda investit depuis plusieurs années d’autres lieux que ceux de la création pure. À travers la politique de la ville et un partenariat avec l’Education Nationale, la compagnie donne le goût du théâtre à de très nombreux adolescents de notre ville et de notre département. Qu’ils habitent L’Ariane ou Cimiez.

Adepte d’une politique culturelle créatrice de demande, donc de désir, je suis évidemment tout à fait en phase avec cette démarche un peu dans l’esprit du très beau film « L’esquive », victorieux l’an dernier aux Césars.

Cerise sur le gâteau, c’est mon ancienne étudiante en ACL, Anne-Laure, qui dirige ce secteur chez Miranda. Ce soir, elle présente son travail avec un petit discours, plein de sincérité et d’enthousiasme, sur la mission sociale et pédagogique du théâtre. Le prof est fier, l’élu applaudit. À tout rompre.

02 février 2006

Septième ciel

Victoire éclatante du petit syndicat indépendant « Ciel » aux élections universitaires en fac de Lettres.

Composée de jeunes militants anti-racistes et progressistes, dont certains, comme Hélène, font partie de mes étudiants de LEA, cette nouvelle organisation triomphe et c’est justice. Présents sur le terrain toute l’année, il est normal qu’ils aient la reconnaissance de leurs pairs, surtout à un moment où se profile la mobilisation contre le CPE.

Mais, au-delà de ce résultat positif, comment ne pas regretter une fois de plus la faible participation des étudiants à ces élections universitaires ? Je me dis que j’ai bien fait de proposer une réflexion sur ce problème… en TD de 1e année. Qui sait ? Peut-être trouvera-t-on ensemble une solution pour la fois prochaine.