La foule est dense et joyeuse, c’est la dernière ligne droite. A deux cents mètres de l’arrivée, Dominique, qui me guettait, se met à courir à mes côtés, tout en me félicitant pour ma « mine superbe ». A cinquante mètres du portique, elle s’écarte, j’accélère en passant devant les marches du Palais et je termine comme un Kenyan en levant les bras au ciel… 4h 28'54", à une minute près, le temps que je m’étais fixé. Que du bonheur ! Je suis champion du monde… Heu... enfin presque ! (6413ème sur 10276 partants)
Quelle jolie matinée…
Maison du département et de la montagneDès 6 h 30, je retrouve l’équipe du Conseil général, tout de vert vêtue. A part Benoît Kandel, essentiellement des fonctionnaires, comme Jef (qui finira en moins de 4 heures), Isabelle, Cathy ou Bertrand, que je croise avec plaisir Entre deux photos de groupe, j’ai la surprise de voir arriver un supporter inattendu, Gérard Blaise. C’est en effet une belle marque d’amitié, on connaît les réticences de l’ami Gérard quand il s’agit de se lever tôt.
Le départLe temps de saluer Bernard Paquin en aficionado débonnaire, je pénètre dans le sas pas plus
rassuré que cela : un marathon, c’est quand même une course à part. Je retrouve, bien sûr, Laurent et Clotilde. Laurent, sourire en coin, a déjà son idée derrière la tête (mon Dieu que ce garçon est sournois !). De fait, après avoir accompli ses obligations mondaines, il va disparaître et on ne le reverra pas jusqu’à l’arrivée où il signera un superbe 4 heures et sept minutes. Clotilde, elle, retrouve son gang de marathoniennes aguerries, véritables Calamity Jane aux sourires angéliques. Et puis Claudio arrive. Charmant, charmeur, un brin mutin, pas du tout le Claudiogène du blog qui souvent rouspète et engueule. Il est vrai qu’il y a peu de fumeurs au départ d’un marathon…
La Prom’ classicMise en train un peu pépère, même si le rythme du gang de Clotilde, que je suis mine de rien, me semble un peu rapide. Dominique nous attend pour la désormais traditionnelle photo du Negresco. Je loupe malheureusement Antonin, présent m’a-t-on dit du côté de Magnan.
Saint-Laurent-du-VarSur le pont du Var, le photographe du CG fend le peloton pour me shooter en plein effort. Du coup, mes voisins de course me regardent avec curiosité en me prenant peut-être pour Julien Lepers ou Albert de Monaco !
Cagnes-sur-merLe gang va décidément trop vite. Comme j’ai la trouille de ne pas arriver à Cannes, je lève le pied en passant devant l’église de Cagnes et contourne l’hippodrome seul comme un grand. A la sortie de la commune, je suis applaudie par Véro, la prof de philo, qui fréquente parfois le 10 avenue Cyrille Besset. Du coup, je ne résiste pas au plaisir de lui serrer la main au passage, ce qui me conduit à dévier de 2,50 mètres par rapport à la trajectoire idéale (notez-donc que mon marathon, en fait, fera 42,197 km et 50 centimètres).
Villeneuve-LoubetA la sortie de Marina, je côtoie pendant quelques centaines de mètres Claudio. Toujours souriant, mais déjà un peu plus critique : «
il y a moins d’ambiance que l’an dernier ». Ce manque d’ambiance ne l’empêchera pas de pulvériser son temps de 2008 de plus d’une demi-heure. Une descente – j’adore les descentes – me permet de revenir sur le gang.
La ligne droite Marina-Fort carréSur la route du bord de mer, je retrouve comme prévu mon ami Gérard Corboli. Emu par une telle fidélité, je lui claque deux bises sonores au passage. Première séquence émotion : tout le long de la ligne droite, je me souviens qu’adolescent, un été, j’ai fait le vendeur ambulant de glaces sur les plages situées entre Marina et la Siesta.
AntibesA la hauteur du Fort carré, je brûle un ravitaillement pour faire comme les régionaux de l’étape dans le Tour de France qui faussent compagnie au peloton pour saluer famille et amis sur le bord de la route. Je laisse le gang en arrière et retrouve dans un premier temps Dominique qui fera là sa première pige marathonienne de la matinée, en m’accompagnant une centaine de mètres. A l’approche des remparts de la vieille ville, c’est, avec Edith, Rose et Carolyne, trois générations qui me font fête. Semi-marathon en 2 h 04’ 45": c’est une bonne dizaine de minutes plus vite que prévu.
Le cap d’AntibesJe passe assez bien la redoutable côte de la Garoupe. Idem pour le soit-disant fatal trentième kilomètre : la sorcière aux dents vertes n’est pas au rendez-vous. En fait, je suis surpris de ne pas souffrir : aucune douleur, pas de coup de bambou. Par contre, probablement par manque d’entraînement foncier (certain(e)s vont ricaner !), mes jambes vont moins vite et je n’y peux rien. C’est la raison pour laquelle, après une « pause pipi », je perds définitivement le contact avec le gang (Clotilde va terminer avec un magnifique 4h 25’37", même si on peut être certain qu’elle peste car elle voulait faire encore mieux).
Vallauris-Golfe JuanLa plus belle foule du marathon. Les spectateurs scandent nos prénoms inscrits sur les dossards. Pour moi, évidemment, cela donne du «
Patriiiiiick ! »), et j’ai soudain l’impression d’être une réincarnation marathonienne du beau Bruel. Plutôt valorisant. Au trente-cinquième kilomètre, deuxième séquence nostalgie. Le temps de passage de 3 h 39’ correspond à mon record marathon d’il y a… bien longtemps.
CannesLa route en corniche, avec ses faux-plats est assez pénible, il faut dire que, quels qu’ils soient, les cinq derniers kilomètres d’un marathon sont toujours un peu longs. Heureusement, une voiture nous accompagne pendant quelques minutes, avec un morceau de Queen,
I want to break free. Du coup, je suis tout ragaillardi par Freddie Mercury, et je plonge avec entrain sur le Palm Beach. Reste la Croisette où, au mois de mai, j’aime déambuler entre deux films. Et quand, au loin, j’aperçois la silhouette familière du bunker, je me dis que c’est gagné. Je suis champion du monde… Heu... enfin presque !
Deux organes de presse évoquent la course du conseiller général du 5e canton de Nice