30 novembre 2011

Ana Sofia, Anastasia, Anna et Hobi se sont engagées



 Il y a quelques semaines, Hobi, étudiante malgache en L3 - LEA (3e année de licence, Langues étrangères appliquées), a une idée : installer un stand de l’UNICEF dans le hall de la Faculté des Lettres pour sensibiliser les étudiants à la condition des enfants dans le monde tout en recueillant des fonds pour l’organisation internationale en profitant des fêtes de fin d’année. Ana Sofia, niçoise de Nice Nord, va vite être convaincue par le projet de sa copine d’amphi et devenir la porte-parole du groupe en sensibilisant avec pédagogie les amphis. Puis Anna, la Slovaque de Kosice (voir mon billet « Le beau Danube est bleu ») et Anastasia, originaire d’une petite ville à l’est de Moscou, ont rapidement complété l’équipe.

Les quatre sont mes étudiantes et je suis très fier d’elles. En effet, j’en ai plus qu’assez des « contes de Noël » frelatés que les médias nous vendent en période des fêtes (voir le billet de Dominique « Je ne crois plus au Père Noël »). Une démagogie destinée à donner bonne conscience sur la base de cas individuels et isolés instrumentalisés pour l’occasion.

Je préfère de loin la démarche des ces étudiantes qui, en apportant leur concours à l’action d’une agence de l’ONU, ont préféré privilégier la solidarité à la charité.

Bien sûr, elles ne verront jamais le sourire des enfants qui seront aidés grâce à leurs actions et aux multiples ventes qu’elles vont réaliser d’ici Noël. Et pourtant, ce sont elles qui ont raison en faisant le choix de l’humanisme contre celui de la pleurnicherie médiatisée.

Et même, si le mot n’est plus trop en odeur de sainteté chez les clercs qui font l’opinion, elles méritent notre respect car elles sont engagées. Bravo les filles !


27 novembre 2011

Master Federer


Yes ! Il est 21 h 05 et Roger Federer vient de réussir sa balle de match. Il remporte pour la sixième fois les Masters et je suis littéralement fou de joie.
 Roger Federer, après la victoire, sur W9

Moi qui n’ai jamais joué un seul set de tennis, moi qui n’ai assisté qu’à deux matchs à la télévision avant 2004 (la finale victorieuse de Noah à Rolland Garros et la partie survitaminée de « L’inconnue du Nord Express » d’Hitchcock), je suis devenu un supporter inconditionnel de Federer.

Toute l’année, je suis match par match, set par set, les exploits du plus grand joueur de tous les temps. Je peux me lever en pleine nuit pour suivre en direct sur Internet un match qui se déroule à Dubaï ou à San Francisco, je peux me passionner pour une partie à Pékin ou à Melbourne grâce à mon téléphone portable pendant une réunion pourtant sérieuse… Bref, quand Roger joue, je suis intenable..

C’est que le sportif est phénoménal, son style n’est pas bodybuildé comme celui de la plupart des athlètes professionnels. En plus, l’homme est sympa, son entourage aussi. Mais, par dessus tout, quand la plupart des sportifs et des artistes (n’est-ce pas Bernard ?) français se domicilient en Suisse pour ne pas payer d’impôt, Roger Federer a le bénéfice du doute : il est Suisse !!!

26 novembre 2011

Elles te feront un blanc manteau…



Depuis dix jours, nombreux étaient les amis ou connaissances qui me recommandaient d’aller voir le dernier film de Robert Guédiguian, Les neiges du Kilimandjaro, que nous avions manqué lors du dernier festival de Cannes où il était présenté dans le cadre de la sélection « Un certain regard ». C’est fait depuis ce samedi, et ils avaient bougrement raison.

Ce nouveau drame social du réalisateur marseillais est effectivement un très beau film, je dirais même plus : deux très beaux films ! En effet à la lumineuse aventure du couple Marie-Claire/Michel (Ascaride/Darroussin), se juxtapose un documentaire crépusculaire sur la fin d’un monde, celui de la civilisation industrielle, de la mémoire ouvrière et des vertus républicaines.

Si l’histoire qui sert de fil rouge au film est un véritable conte de fées (où la fée serait membre de la CGT) librement inspiré du poème « Les pauvres gens » de Victor Hugo, l’environnement dans lequel elle se déroule est d’une tristesse infinie avec des personnages sans espoir parce que sans avenir comme ce jeune ouvrier qui sombre dans la délinquance après un licenciement pour subvenir aux besoins de ses deux jeunes frères ou cette mère qui largue amarres et enfants pour vivre sa pauvre vie…

Du coup on a envie de pleurer deux fois. La première comme à la fin d’un film de Frank Capra, la deuxième comme devant un plan de licenciements après délocalisation.
Dans la scène-clé du film, l’héroïne proteste avec tendresse quand sa famille reprend en cœur et en son honneur Les neiges du Kilimandjaro, sa chanson fétiche, en disant « Ce n’est pas un peu triste, non ? ». Peut-être, mais tellement dans le ton du film où Guédiguian nous dit qu’il faut s’accrocher à de belles histoires parce que tout fout le camp. Inexorablement.

24 novembre 2011

Les phrases que j’ai aimé dire…



De 1995 à 2008, j’ai eu le bonheur de célébrer plus de cent cinquante mariages en mairie de Nice. Autant de mariages, autant de discours pour lesquels il m’est arrivé de citer quelques auteurs lorsque l’ambiance ou l’histoire familiale s’y prêtait.

Voilà quelques-unes de celles que j’ai préférées. A vous de deviner les raisons pour lesquelles précisément je les avais choisies. Répondre à la question revient en fait à découvrir la personnalité des mariés à qui la citation était adressée.

« Dans la vie, l’instant qui prend couleur d’éternité nous enivre mais cela est sans valeur au prix de l’éternité revêtant l’aspect d’un instant. » Yukio Mishima, Le Pavillon d’or.

« Je suis arrivé à un âge où il faut prendre parti, décider une fois pour toutes qui on veut aimer et qui on veut dédaigner, se tenir à ceux qu’on aime et, pour réparer le temps qu’on a gâché avec les autres, ne plus les quitter jusqu’à la mort. » Marcel Proust, A la recherche du temps perdu.

« Rien n’est pire que l’impérialisme d’une mémoire commune, si ce n’est le chantage des mémoires éclatées. » Gérard Slama.

« Le prêtre du Dieu des choses comme elles sont perd du terrain par rapport au prêtre des choses telles qu’elles devraient être. » Rudyard Kipling.

« Le soleil n’est jamais aussi beau que le jour où l’on se met en route. » Jean Giono.

« Lui faisait-on remarquer qu’il était originaire d’Emilie, il répondait qu’on appartenait au pays qu’on habitait. Il ajoutait que depuis les Vedianti, première peuplade occupant la région, Grecs, Phocéens, Romains, Barbares, Wisigoths du bas Danube, Ostrogoths de Ravenne, Francs, Saxons, Lombards avaient fait souche à Nice.
On avait même fait appel à des Génois pour repeupler les environs quand les populations furent décimées par la peste. Ce brassage l’autorisait à se considérer Niçois comme s’il l’était de longue date et, patriote rétrospectif, à s’insurger contre les attaques dont les habitants furent victimes. « Aucune région du monde, affirmait-il, n’a eu à subir autant de guerres, parce qu’aucune région du monde n’est plus belle et que tous l’ont convoitée. » Sa bonne foi ne faisait aucun doute. Louis Nucéra, L’avenue des Diables-Bleus.

21 novembre 2011

Les courants et la peau de l’ours




Le journal Nice-Matin a dévoilé dimanche les candidatures socialistes pour les prochaines élections législatives dans le département des Alpes-Maritimes. Une lecture un peu informée de cette liste prouve que la logique d’appareil a une fois de plus prévalu sur l’efficacité politique.

C’est un peu comme si, au lieu de chercher circonscription par circonscription les meilleurs candidats pour faire gagner la gauche dans un département où la compétition sera de toute façon très difficile, on avait cherché à panser les plaies du dernier congrès et des primaires.

En effet, si on examine la liste dans le détail, on frise la caricature : une candidature Hollande, une candidature Hamon-Emmanuelli, une candidature Royal, une candidature Aubry et une candidature Delanoé.

La candidature incongrue de Ségolène Royal à la présidence de l’Assemblée Nationale nous avait mis la puce à l’oreille. Les socialistes considérant la victoire acquise commencent à se répartir les postes et les responsabilités en fonction des équilibres d’appareil. Ce n’est ni très républicain, ni très démocratique. C’est surtout, au vu des derniers sondages, une manière de vendre la peau de l’ours d’une façon tout à fait indécente vis-à-vis d’une majorité de Français qui veulent tourner la page Sarkozy.

20 novembre 2011

La rédemption par le Baou




Quand, après plus de deux mois de préparation scrupuleuse, vous êtes obligé de renoncer à votre marathon annuel à cause d’un pépin physique (bénin mais rédhibitoire), vous avez le moral qui descend dans vos chaussettes.

Comme il aurait été trop douloureux d’assister à l’événement en spectateur, j’ai décidé d’aller chercher une forme de rédemption sur les hauteurs du Baou de Saint Jeannet en compagnie de ma coache habituelle qui se trouvait pour le coup en chômage technique.

Et il est vrai qu’en contemplant la plaine du Var enveloppée dans son nuage léger de brume automnale et le plateau lunaire parsemé de blancs rochers qui prolonge le baou, je me suis dit que tout cela n’était pas bien grave et que très vite je serai de retour sur le circuit où je retrouverai avec plaisir et entre autres : Antoine, Bérangère, Cathy, Claudio, Clotilde, Franck, Laurent, Véro…

Juste un petit pincement au cœur en apercevant dans le lointain la vague bétonnée de Marina où je sais que, comme chaque année, le fidèle Gérard Corboli attendait mon passage. En vain.

17 novembre 2011

De qui se MOX-t-on ?


La négociation entre EELV et PS me laisse pour le moins perplexe. En effet, ce marchandage « centrales contre circonscriptions » entre apparatchiks obscurs est parfaitement antidémocratique.

Il intervient trop tard ou trop tôt.

Trop tard si l’on considère que les Verts auraient dû participer aux primaires citoyennes pour défendre dans un premier temps leurs propositions devant les électeurs de gauche. Ils auraient probablement réalisé un score flatteur qui leur aurait donné une bonne marge de négociation pour les circonscriptions tout en éloignant le spectre d’un nouveau 21 avril.

Trop tôt car, à partir du moment où l’occasion des primaires avait été gâchée, la démocratie exigeait qu’on attende le verdict des électeurs aux Présidentielles pour négocier autour d’un nouveau rapport de force. En effet, les conséquences d’un 35-5 entre Hollande et Joly n’auraient pas tout à fait le même sens qu’un 25-15.

Ainsi chacun aurait pu – socialistes, verts… et citoyens – prendre ses responsabilités en toute transparence et la pantalonnade autour du combustible MOX n’aurait jamais eu lieu.

15 novembre 2011

Voyage au cœur de l’Europe

Place 1992, à Maastricht

Profiter du week-end du 11 novembre pour passer quelques jours dans le cœur historique de la CEE en ces temps d’Europe incertaine et d’euro flageolant peut passer pour une incongruité, j’en conviens…

A elle seule, la première étape était presque une provocation. Il s’agissait de Maastricht, en Hollande, la ville qui a donné son nom à un traité honni par les Eurosceptiques de tout poil. Aucun complexe en ce qui me concerne car j’ai toujours considéré que cet accord bancal, mal foutu et bourré de contradictions était quand même l’acte fondateur d’une Europe politique, justement celle qui nous manque tant aujourd’hui. En clair, si l’Europe est malade ce n’est pas à cause de Maastricht, mais d’un manque de Maastricht.

C’est donc avec bonne conscience et un brin d’esprit militant que nous avons fait le pèlerinage du Gouvernement régional du Limbourg où les accords ont été signés et arpenté la grande place de « 1992 » curieusement recouverte de dalles sur lesquelles est parfois représenté un... €.

Pour le reste, cette ville est vraiment celle des étudiants. C’est un bonheur de voir jour et nuit cette jeunesse sillonner la ville à toute allure sur des bicyclettes d’un autre âge ou, plus ponctuellement, se déguiser joyeusement pour la présentation du carnaval de la ville (voir les photos sur le blog de Dominique). Du coup, en se promenant du Vrijtohf à Market, les deux places emblématiques de la ville, on en oublierait presque que c’est au cours du siège de Maastricht, en 1673, que notre D’Artagnan national fut occis.

Liège, la deuxième étape, est une ville urbanistiquement chahutée, probablement à la suite des destructions des dernières guerres mondiales (qui furent au départ, ne l’oublions pas, des guerres européennes) et de son passé industriel déclinant. L’immigration est très visible dans la cité wallonne, lui donnant ce climat international qui est désormais, de Barcelone à Stockholm, la marque des grandes villes du continent. Mais, comme une des plus belles églises s’appelle Saint-Barthélemy et qu’on peut aussi trouver un temple antoiniste semblable à celui de la rue de l’Assomption, le conseiller général a pu respirer dans la ville comme un air de 5e canton…

Aix-la-Chapelle, en Allemagne, était la troisième étape. C’est de toute éternité la ville de Charlemagne, peut-être le premier grand Européen… Apercevoir, même furtivement, son trône et la châsse où il repose depuis de si longs siècles dans le cadre de la chapelle palatine est donc forcément émouvant, très émouvant.

Quant à la ville d’arrivée qui sera aussi celle du départ – Bruxelles – chacun sait qu’elle est la véritable capitale de toutes les institutions qui, de la CEE à l’UE, ont incarné le continent.

Pays-Bas, Belgique, Allemagne. Quel que soit le contenu de cette Europe à géométrie variable ou à cercles concentriques qu’on nous promet, ces trois pays feront partie, n’en doutons pas, du noyau central. Cette petite escapade au cœur de l’Europe n’est donc pas près de perdre son actualité…

09 novembre 2011

Les premières phrases que j’aurais aimé écrire



J’aime les premières phrases de roman quand elles sont courtes et qu’elles ouvrent presque par effraction les portes du temps et de l’espace d’un univers littéraire.

Quelques exemples :

« Longtemps, je me suis couché de bonne heure. »
(A la recherche du temps perdu, Proust)

« Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. »
(L’étranger, Albert Camus)

« J’appartiens à l’une des plus vieilles familles d’Orsenna. »
(Le rivage des Syrtes, Julien Gracq)

« Ridiculement seuls dans les déserts vacillants du petit matin, sur les trottoirs où pourrissait un reste de neige. »
(Place des angoisses, Jean Reverzy… un très grand roman)

« Je ne suis pas un garçon comme les autres. »
(Un adolescent d’autrefois, François Mauriac)

« Un jour, j’étais âgée déjà, dans le hall d’un lieu public, un homme est venu vers moi. »
(L’amant, Marguerite Duras)

« Toutes les familles heureuses se ressemblent mais chaque famille malheureuse l’est à sa façon. »
(Anna Karénine, Léon Tolstoï)

… Bon, à vous de jouer, amis blogueurs !

06 novembre 2011

Pour Michel Garibbo…



Il y a quelques années, j’avais failli être victime de la chute d’un rebord de balcon tombé de la façade d’un immeuble (municipal) de la place de la Libération.

Fort de cette expérience pour le moins traumatisante, je n’ai cessé par la suite d’intervenir au sein de Conseil municipal afin d’alerter la municipalité Peyrat sur les risques encourus par nos concitoyens et sur la nécessité de purger l’ensemble des façades des immeubles de la ville présentant les mêmes caractéristiques que celui qui m’avait joué un mauvais tour. A chaque fois, on me répondit plus qu’évasivement, parfois même avec condescendance…

Et ce qui devait arriver arriva en  novembre 2010 (voir sur ce blog « Le destin a bon dos ») : un fonctionnaire des impôts en retraite, Michel Garibbo, est tué par la chute d’un morceau de balcon alors qu’il allait acheter son pain dans une superette située dans l’avenue Malausséna.

La municipalité ayant changé, c’est donc Christian Estrosi que j’ai alerté en lui rappelant qu’en tant que maire il est individuellement détenteur des pouvoirs de police administrative liés à la sécurité. Il me répondit, presque par retour de courrier en promettant qu’une enquête serait diligentée.

Hélas, cette bonne volonté n’a été – plus d’un an après – suivie d’aucun effet et les incidents ont continué à se multiplier : avenue Malausséna, rue Veillon, avenue Jean Médecin, zone piétonne… La boucle fut même ironiquement bouclée le jour où une nouvelle chute d’éléments de façade intervint à partir de l’immeuble de la place De Gaulle déjà à l’origine de ma mésaventure quelques années plus tôt (voir, sur ce blog, « Libération, quartier de tous les dangers »).

Jeudi, un nouvel accident a eu pour cadre la rue Emmanuel Philibert. Devant l’inertie de la mairie, la discrétion de l’opposition municipale sur le sujet et, il faut bien le dire, l’indifférence de la population, j’ai repris mon bâton de pèlerin en alertant à nouveau publiquement le maire de Nice sur ces événements qui mettent gravement en danger la vie de nos concitoyens et qu’il ne peut se contenter d’observer en spectateur.

Nice-Matin n’ayant pas relayé mon initiative, je prends donc à témoin les lecteurs de ce blog.

Il est consternant de penser que Michel Garibbo a payé de sa vie cette irresponsabilité générale ; il serait navrant de constater que sa mort n’a même pas servi à nous obliger au principe de précaution…

Lettre à Christian Estrosi


03 novembre 2011

Le lait de Rosette

Rosette, la veille de sa mort


Dans la nuit de lundi à mardi, Rose Deville, née Gouilloux, s’est éteinte paisiblement dans son sommeil. Je dois beaucoup à cette dame dynamique et perpétuellement de bonne humeur qu’on appelait familièrement Rosette ou, selon une tradition rurale, « la Rosette ». C’est qu’elle a sauvé la vie de mon père René à son retour de déportation.

En effet, celui-ci, après s’être évadé d’une colonne de déportés qui venait de quitter Dachau pour l’Est, avait, après quelques jours de liberté retrouvée grâce à l’armée américaine, attrapé le typhus. Malgré son état de faiblesse, il fut rapatrié dans un train composé de wagons à bestiaux. La suite, il l’a écrite dans un petit récit intitulé « De l’autre côté de la rue », quelques années avant sa mort.

« (…) Mais mon état de faiblesse est tel que j’ai de la peine à avancer. Soudain, tout bascule : le trou noir.

Je reprends connaissance sur la paille d’un châlit et je vois deux frimousses de femmes penchées sur moi. Tout en me secouant, elles me racontent qu’elles m’ont ramassé sur le ballast sans connaissance et qu’avec des amies elles m’ont hissé dans leur wagon. Elles ont le crâne rasé et flottent dans des guenilles blanches et bleues de déportées. La petite blonde qui semble avoir dirigé l’opération est vraiment très charmante. Elle s’appelle Rose Gouilloux ; elle est originaire d’un petit village de montagne dans l’Ain où elle a été arrêtée très jeune avec son frère et quatre autres personnes pour avoir abrité et nourri des maquisards (en mesure de représailles, les S.S. ont d’ailleurs brûlé leurs fermes). Elle revient du camp de Ravensbruck, Kommando de Zwodau. Rose me fait boire du lait et manger un peu, elle me rassure sur mon train qui est toujours devant ; je suis très ému et je crois bien que je pleure car, sans aucun doute, elle m’a sauvé la vie.

Le typhus est toujours là mais je reprends le dessus. Il paraît que j’ai de la chance, car de nombreux déportés sont morts de cette maladie.

Les femmes sont très gentilles avec moi : elles me racontent leur vie dans les camps ; c’était vraiment l’enfer et la vie était encore plus dure pour elles que pour nous. Dès que je me sens tenir debout, je rejoins mon wagon non sans avoir reçu une grosse bise de Rose. »

Je peux donc affirmer que, grâce à Rose, le fil ténu et fragile du destin ne s’est pas rompu, ce qui permettra à mon père de vivre, à ma mère de rencontrer mon père, et à moi de naître. Tout simplement.

Merci Rosette.

02 novembre 2011

Je m’abonne à nouveau à Charlie Hebdo




Très franchement, je ne suis pas un inconditionnel de l’humour de Charlie Hebdo. Question d’épiderme et de sensibilité probablement. Pourtant, je me suis abonné une année  il y a quelques temps à cet hebdomadaire satirique. C’était après l’affaire des caricatures. Car si je ne suis vraiment amateur de l’humour- maison, je soutiens sans nuance la ligne éditoriale anti-intégriste du journal. Conseiller municipal, j’avais même affiché la une de l’hebdo sur la porte de mon bureau en signe de solidarité. La liberté de la presse doit être défendue car elle est l’essence même de la démocratie.

Puis le temps passa et je n’ai pas éprouvé le besoin de renouveler mon abonnement. Aujourd’hui après le lâche attentat de la nuit dernière, c’est avec fierté que je vais renouveler mon engagement d’il y a quelques années. C’est que le combat contre la bête immonde de l’intégrisme n’est jamais achevé et que Charia-Hebdo le vaut bien.