31 janvier 2006

Nuit et brouillard

Réunion annuelle de la Fédération départementale des déportés et internés, résistants et patriotes des Alpes-Maritimes (FDIRP).

Comme chaque année, ils sont un petit peu moins nombreux…

Comme chaque année, les veines de leurs bras sont un petit peu plus bleues…

Comme chaque année, je pense au corps abandonné de mon grand-père sur un ballast de nulle part, entre Flossenburg et Prague.

Comme chaque année, je pense au corps martyrisé de mon père après deux ans de lointaine Germanie entre Nuremberg et Dachau.

Comme chaque année, malgré les souvenirs de nuit et de brouillard, je retrouve au fond d’un regard l’étincelle de la vie, celle qui vous donne la certitude que l’homme n’est pas un loup pour l’homme, celle qui vous suggère : « Nous avons relevé le défi, désormais plus rien ne pourra empêcher la chaîne d’union des vivants et des morts, d’œuvrer à l’achèvement d’une humanité réconciliée… »

30 janvier 2006

"Antisocial"

Dimanche. Rencontre à ma permanence avec des syndicalistes étudiants qui préparent la contre-offensive de la jeunesse contre le CPE.

Je confirme mon entière mobilisation contre cette mesure qui se révèle être un véritable symbole de la volonté de la droite française sous influence MEDEF (je préférais le sigle ancien, moins politiquement correct : CNPF) d’utiliser la pression de la mondialisation pour démanteler le code du travail et établir une précarité généralisée dans le monde salarié.

En effet, qu’est-ce que le CPE sinon le mépris affiché face aux inquiétudes de la jeunesse de notre pays ? On voudrait lui enlever tout espoir et en faire une main d’œuvre corvéable et licenciable à merci. Le CNE, concernant les entreprises de moins de vingt salariés n’a pas suffi aux patrons. En devenant CPE, il est généralisé à toutes les entreprises, pour les moins de 26 ans.

Désormais tout jeune qui prendra un emploi devra, pendant vingt-quatre mois, vivre en sachant qu’il pourra être mis dehors sans raison. Un peu trop indépendant, un peu trop syndiqué… Il suffira de déplaire. Pour le patron, que des avantages : il sera exonéré de cotisations sociales pendant trois ans !

Le gouvernement a enfin trouvé mieux que le CDD qui donnait encore trop de garanties : l’obligation d’aller jusqu’à la fin du contrat. Pensez donc !

Pourtant, même le bon vieux CDI ne constitue pas aujourd’hui un réel obstacle aux licenciements. Il impose seulement une motivation : une cause réelle et sérieuse ou un motif économique. Et ce motif économique est entendu de façon de plus en plus large par la jurisprudence. Ne vient-on pas de voir la Chambre sociale de la Cour de cassation considérer qu’un tel motif n’était pas subordonné à l’existence de difficultés économiques à la date du licenciement et qu’il suffisait de vouloir sauvegarder la compétitivité de l’entreprise en la réorganisant… ! Il s’agissait en l’occurrence de la société Pages Jaunes avec un chiffre d’affaires en augmentation de plus de 6% et un résultat net de plus de 19%...

La droite poursuit sans relâche son entreprise de casse systématique de notre droit du travail. Dans les cabinets, on réécrit le Code du travail. Dans quelques mois les ordonnances seront prêtes pour l’un des plus scandaleux retours en arrière que notre pays ait connu. On ne peut les laisser faire.

Aussi, dès lundi et la rentrée du second semestre, je compte bien être aux côtés de mes étudiants, en fac et probablement dans la rue…

29 janvier 2006

Pirandello.com (bis)

Après Laurène (Nice), et Bérangère (Marseille), c'est au tour de Mathieu, étudiant en Master d'infocom à Lille, de s'intéresser au blog et à l'apport d'internet à la communication politique.
L'histoire du blogger qui a vu le blogger qui a vu le blogger qui a vu l'ours continue donc.

28 janvier 2006

Million dollars baby


Samedi 11 heures. Le plateau de l'émission Témoin dans les locaux de France 3 La Brague.

J'accompagne Dominique, car il s'agit de son baptême du feu en matière de débat télévisé. L'adversaire est de taille puisqu'il s'agit de Christian Estrosi, un homme politique souvent raillé à ses débuts et qui a fait des progrès surprenants au point même d'être redouté par beaucoup d'entre nous. J'ai confiance car Dominique a fait preuve, lors d'émissions antérieures, de réelles qualités de communicante. Reste l'épreuve du débat.

Samedi 12 h 15. Le générique de fin s'enclenche. L'émission est terminée. Incontestablement Dominique a gagné son pari. Avec la pugnacité qu'on lui connaît dans la vie extra médiatique, elle a cassé la belle mécanique des explications consensuello-estrosiennes. Plus important encore, à travers ses explications sur le CPE et sur le logement social, elle a su faire passer cette fraîcheur de convictions qui avait fait son succès lors de la campagne dans le 7e canton. En un quart d'heure, elle a trouvé une partie de la solution pour contrer un Christian Estrosi visiblement ébranlé par cette résistance inattendue.

En regardant journalistes et témoins féliciter Dominique, en constatant le flot de SMS qui saturent nos téléphones portables, je ne peux m'empêcher de penser qu'il y a à peine deux ans, une coalition de médiocres n'avait pas jugé Dominique digne de figurer sur la liste du PS pour les élections régionales... Comme quoi les électeurs sont parfois plus lucides que certains militants. Après tout, ce n'est peut-être pas une si mauvaise nouvelle que cela pour la démocratie.

27 janvier 2006

Le voyage des comédiens

27 janvier. Conseil général. Séance plénière. Rapport 9 : politique de soutien aux activités cinématographiques.

Je prends la parole pour soutenir cette initiative avec un enthousiasme modéré.

Enthousiasme, car depuis plus de dix ans, au sein du Conseil général, du Conseil municipal de Nice et même du Conseil régional lorsque j’y siégeais (de 1986 à 1992 et en 1998), je n’ai cessé de proposer régulièrement une politique publique locale du cinéma pour valoriser notre patrimoine et nos atouts en la matière.

Enthousiasme modéré, car le plan proposé reste modeste. Des institutions emblématiques (ESRA, studios de la Victorine…) en sont absentes et les rapports avec la CCI et sa Commission du film restent ambigus.

J’esquisse donc devant l’assemblée les contours de ce qui serait une véritable filière du cinéma dans les Alpes-Maritimes. Les bloggers intéressés peuvent retrouver mon intervention sur le site du Conseil général (vidéo). Je défends notamment l’idée d’états généraux du mouvement associatif cinéphilique, proposé par le collectif CINEAC, autour de la salle du Mercury rachetée récemment par le Département. Et au final, je ne peux m’empêcher de proposer au rapporteur d’engager des négociations avec le FIF (Festival de Cannes) pour dédoubler l’une des sélections parallèles sur Nice.

Il est vrai que j’ai la nostalgie de ces soirées des années soixante-dix et quatre-vingt quand la Quinzaine des Réalisateurs était projetée en temps réel pendant le Festival de Cannes à la MJC Gorbella.

Des frères Taviani à Fassbinder, de Herzog à Denys Arcand, c’est au cours de ces soirées que j’ai appris à aimer le cinéma.

C’est au cours d’une de ces soirées que j’ai connu ma plus belle émotion de cinéphile. Elle est née au rythme du parcours initiatique d’un groupe d’artistes à travers la campagne grecque en hiver…

Il s’agissait d’un film de Théo Angelopoulos : « Le voyage des comédiens »

25 janvier 2006

Rugova est en voyage d'affaire...


La mort du charismatique et ambigu Ibrahim Rugova (souvenons-nous de son étrange voyage à Belgrade en pleine guerre), surnommé le Gandhi des Balkans, relance le débat sur l’avenir du Kosovo. Pour les albanophones, la solution réside évidemment dans l’indépendance définitive de leur petit territoire vis-à-vis de la Serbie-Montenegro (elle-même soumise à de fortes tensions entre ses deux composantes).

Personnellement, je ne suis pas persuadé que cette solution soit la meilleure, et cela pour au moins deux raisons :
1) Les Serbes ont quelques droits historiques et des lieux de pèlerinage orthodoxes sur cette terre qui est le berceau de leur Nation dont ils ont été jadis chassés par les Turcs et donc un Kosovo indépendant et ethniquement « pur » ne sera jamais vraiment accepté par la Serbie.
2) L’indépendance du Kosovo ne pourrait qu’activer la question de la grande Albanie, c’est-à-dire le regroupement dans une même entité étatique des Kosovars, des Albanais de Macédoine et des Albanais… d’Albanie. Au prix probablement d’une ou de plusieurs guerres régionales, de celles que les grandes puissances laissent faire car elles ne menacent pas leurs intérêts.


Après tout, on ne vivait pas si mal que ça au Kosovo du temps de Tito, avec le statut d’autonomie reconnu par la constitution fédérale. Je me souviens avoir fait à l’époque plusieurs séjours dans la région (Priština, les villages de la frontière albanaise) et avoir rencontré des Albanais plutôt heureux, qui étudiaient leur langue, vivaient leur culture et pratiquaient avec modération la religion musulmane.

La sagesse voudrait plutôt que l’Union Européenne préconise un statut d’autonomie renforcée au sein d’une Fédération Serbie-Montenegro, dont les institutions seraient préalablement et définitivement démocratisées. En échange de cet effort, l’Europe pourrait offrir à cette fédération nouvelle une perspective d’adhésion rapide. Ainsi, l’Union Européenne éviterait de répéter l’erreur tragique des années quatre-vingt-dix qui avait conduit à l’éclatement d’une Yougoslavie à laquelle on n’avait fait aucune proposition concrète en terme d’adhésion.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, au moment du sommet de Nice, j’étais un partisan acharné de l’élargissement de l’Europe. En effet, en proposant l’adhésion aux dix nouveaux pays, nous avons probablement évité, au moins, deux autres guerres civiles.
- La première dans les pays Baltes : sans la pression de l’Europe, les gouvernements letton, lituanien et estonien auraient probablement continué à réduire les droits des minorités russophones. Jusqu’à ce que celles-ci appellent au secours le grand frère Poutine, avec les conséquences qu’on peut imaginer.
- La deuxième entre la Hongrie et la Slovaquie, dont le gouvernement nationaliste brimait ouvertement les droits de sa minorité hongroise. Là aussi, la perspective de l’adhésion a poussé les Slovaques à plus de sagesse.

C’est aussi pour cette raison que demain, je serai pour l’adhésion de la Roumanie (minorité hongroise et question moldave) et de la Bulgarie (minorité turque et question macédonienne).

Parce que, pour moi, l’Europe c’est avant tout la Paix.

24 janvier 2006

Ray... Basta ?

Deux belles soirées de football en une semaine à marquer d’une pierre… rouge et noire ! Mardi, Nice-Bordeaux depuis la tribune présidentielle. Samedi, Nice-PSG de retour à ma place d’abonné aux populaires Sud en compagnie de l’autre abonné de Nice Plurielle… Bruno Della Sudda !

Au-delà de l’euphorie de la double victoire, ces deux soirées m’ont donné l’occasion de sonder les supporters sur le Grand stade. Ayant marié les deux derniers présidents du club des supporters, la tâche est relativement aisée…

Jusque-là partagés, voire hostiles (l’association Ray e basta fut un temps très active), les supporters semblent s’être fait à l’idée du transfert à Saint Isidore : un certain fatalisme encouragé par l’image flatteuse de la maquette du projet proposé. J’enregistre cet état de fait avec une certaine neutralité, observant que l’opinion est parfois fluctuante et que la démagogie est souvent mauvaise conseillère quand on se veut un élu responsable.

Pour moi, trois questions fondamentales restent en suspens. Elles étaient déjà préoccupantes au début de la procédure, elles deviennent franchement cruciales dans la dernière ligne droite.

La première est celle du financement. En effet, on privatise la construction, on privatise l’exploitation, mais on ne privatise pas vraiment le financement !

La deuxième est liée à la jauge retenue : 18 000 spectateurs, à mettre en perspective avec les 8 000 de Nice-Bordeaux et les 11 000 de Nice-PSG… deux matchs de gala ! Le tout pour un stade de… 32 000 places.

La troisième tient au devenir de l’emplacement du stade du Ray. Seuls les lecteurs de Barbara Cartland peuvent croire que les promoteurs immobiliers ne seront pas partie prenante pour densifier ce secteur déjà sinistré de Nice Nord.

21 janvier 2006

Devine qui vient dîner

La lecture de la presse relatant les événements de Côte d’Ivoire me fait penser à une anecdote plutôt étonnante.

Nous sommes au début des années 80. Ce soir-là, avec Dominique, nous avions invité une fois de plus à dîner nos amis Emile et Boniface. C’étaient des étudiants ivoiriens avec lesquels nous avions sympathisé dans nos DEA respectifs. Issus de milieux sociaux modestes et ruraux, ils réussissaient un parcours universitaire particulièrement brillant, tout en militant pour faire évoluer leur pays, encore englué dans le néo-colonialisme « gaullo-africain », vers la démocratie et une vraie indépendance.

Leur marxisme était parfois un peu rude dans sa formulation. Il n’avait pas la subtilité dialectique de celui de Berlinguer alors en vogue chez les étudiants progressistes modérés que nous étions. Mais notre tiers-mondisme nous interdisait toute critique vis-à-vis de ces camarades du Sud qui luttaient si fort contre "l’impérialisme" et la "bourgeoisie comprador"…

Au delà du militantisme politique, Emile et Boniface étaient de charmants compagnons et ils s’étaient intégrés sans problème à notre cercle d’amis. A nos familles aussi, puisqu’il leur arrivait de partager des repas de fête comme à Noël.

Ce soir-là, je me souviens très bien du coup de fil de Boniface nous demandant, légèrement embarrassé, s’ils pouvaient venir accompagnés d’un ami compatriote qui faisait ses études à Paris et qui était de passage… Nous avons tout naturellement accepté. Et l’invité surprise se révéla drôle, cultivé et extraordinairement pertinent dans l’analyse des phénomènes politiques africains. Son argumentation était subtile, même si parfois affleurait, au détour d’un raisonnement, une saillie un peu dogmatique. Il jouissait apparemment d’un grand prestige auprès de nos deux amis.

Ce fut une belle soirée.

Aujourd’hui, vingt-cinq ans après, nous avons perdu la trace de Boniface. Nous savons qu’Emile, qui entre-temps était devenu ministre de l’Intérieur de son pays, a été assassiné. Quant à l’invité surprise, il va bien. Nous avons même régulièrement de ses nouvelles.

Il s’appelait Laurent Gbagbo.

Pirandello.com

Après Laurène, étudiante en infocom de Nice, qui a choisi ce blog comme objet d’étude pour son mémoire de Master, c’est au tour de Bérangère, également étudiante en infocom, mais marseillaise, d’intégrer l’analyse de mon blog dans sa recherche sur « La communication politique et Internet ».

Pour le prof, élu et apprenti blogueur que je suis, la situation devient quelque peu pirandellienne…

20 janvier 2006

Habeas corpus

L'affaire d'Outreau débouchera peut-être sur une énième réforme de la justice. Il importe de veiller à ce que notre très répressif Garde des Sceaux n'en profite pas pour sortir des tiroirs de la Chancellerie, déjà toute prête, la réforme souhaitée par l'aile la plus droitière de la majorité gouvernementale et qui consisterait à supprimer les juges d'instruction, jugés trop indépendants du pouvoir, pour mettre en place une procédure accusatoire à l'anglo-saxonne abandonnant la charge de la preuve aux parties elles-mêmes. En clair, il s'agirait d'institutionnaliser une justice à deux vitesses, avantageant ceux qui auront les moyens de se payer les meilleurs avocats.

Au-delà de cette éventuelle réforme, il est indéniable que l'affaire d'Outreau a provoqué un électrochoc salutaire dans la société française.

Avant Outreau, le "Français moyen" avait tendance à croire que toute disposition légale contribuant à renforcer les droits de la défense visait à protéger les voyous en empêchant la police et la justice d'accomplir son travail de répression indispensable à la protection des braves gens (ceux qui « n'aiment pas que... » comme disait feu Georges Brassens). C'est ainsi que, il y a encore quelques mois, les manifs contre les lois Perben étaient bien clairsemées.

Avec Outreau, chacun a pu mesurer que personne n'est à l'abri d'une bavure judiciaire. Assurer la protection du citoyen par une vraie présomption d'innocence devient une nécessité voire une priorité pour une majorité de nos concitoyens.

Le martyre judiciaire des victimes d'Outreau ne sera peut-être pas vain s'il permet aux Français de comprendre que, dans un Etat de droit, l'honneur de la justice conduit à préférer prendre le risque de ne pas condamner un coupable que celui de condamner un innocent.

19 janvier 2006

Pope star

Interview de 20 minutes par la très professionnelle Alessandra Pope sur le plateau de NTV. Actualité internationale, nationale et locale. Passage ce soir toutes les deux heures à partir de 18 h 50 (dernier passage à 0 h 50) sur la chaîne locale (Canal 40).

Nouveau Nouvel


Mario Basso, le jeune et talentueux architecte déjà auteur d'un remarquable projet alternatif de réaménagement du quartier de la Gare du Sud (visible à ma permanence, 3 avenue Cyrille Besset), me présente son dernier travail : une réflexion sur la réhabilitation-réaménagement-reconstruction intérieure du fort du Mont Alban.

Depuis 2001, nombreux sont les créateurs, les décideurs, les chercheurs qui me contactent pour me présenter des projets susceptibles de nourrir la réflexion de ceux qu’ils considèrent comme étant les futurs responsables de l’avenir de la Ville. C’est ainsi qu’ils zappent le pouvoir municipal actuel, d’ailleurs plus par pragmatisme que par idéologie. Ils ont simplement fait le constat qu’on ne peut engager le moindre dialogue au royaume d’Ubu.

La liste des opportunités gâchées par le pouvoir actuel est impressionnante. Un exemple particulièrement… pittoresque ! Madame Augier, la patronne du Negresco, m’a raconté qu’il y a quelques années, elle avait proposé au maire la création d’un Musée d’art contemporain à ciel ouvert sur la Promenade des Anglais. Clés en main et assurances payées ou sponsorisées. Magnanime, le maire a proposé à la place… la promenade du Paillon qui, comme chacun sait, est la vitrine de notre ville !

Revenons au projet de Mario Basso. Il est magnifique : il s’agit de préserver l’aspect extérieur du fort tout en reconstruisant l’intérieur sous un puits de lumière. Personnellement, je suis sensible à une synthèse subtile entre le patrimoine et le contemporain (Vive Pei et Buren !).

Bien sûr, il s’agit d’ouvrir le débat. Je ne suis pas emballé par exemple par l’idée qui consisterait à faire de ce lieu magique (et coûteux) un musée des traditions niçoises. Il faut une tout autre ambition probablement culturelle, mais nationale, voire internationale. Mais le débat est lancé. Il le sera notamment sur le site de réflexion qui sera ouvert à la fin du mois et dont j’assumerai la responsabilité en tant que rédacteur en chef.

En tout cas, d’ores et déjà, bravo Mario !

18 janvier 2006

Good bye Lenin

Aujourd'hui mes étudiants passent leurs examens de fin de semestre. Comme il se doit, je surveille mes propres épreuves. Une fois de plus, je me dis que l'étude des amphis de LEA (langues étrangères appliquées), filière largement ouverte aux étudiants étrangers, est un bon indicateur... géopolitique !

Je note la quasi-disparition des étudiants libanais et iraniens, autrefois assez nombreux. Les Européens de l’Ouest sont également en voie de disparition, notamment les Italiens et les Allemands encore présents il y a quelques années.

Par contre, nous sommes toujours dans l’Europe « post-chute du Mur » avec, par exemple, un important contingent d’étudiants bulgares généralement étonnés et ravis de trouver un prof qui connaît bien leur pays et qui leur parle plus de Cristo Botev que de Sylvie Vartan. Les Polonais, étudiants sérieux et concernés, sont également très présents. Comme les Russes et les Ukrainiens. Quelques Baltes et quelques Roumains aussi. Cette année, je pointe l’arrivée d’un petit contingent de… Moldaves (au fait, cher blogueur, où se trouve la Moldavie ?).





Mais la nouveauté réside incontestablement dans l’arrivée d’un nombre étonnant d’étudiants chinois. Dans le seul amphi de deuxième année, j’en dénombre vingt-deux, ce qui est d’autant plus surprenant que je ne les ai jamais vus en cours…

Cela dit, je trouve émouvant de me trouver en face d’amphis dont un quart d’étudiants n’auraient pas pu franchir les frontières de leur pays lors de la décennie précédente. Après la chute du Mur, le monde n’est pas devenu plus juste, mais il est incontestablement plus ouvert. Mes amphis en témoignent.

BLACK BLANC BEUR

Dans leur composante nationale… et niçoise, mes amphis deviennent chaque année un peu plus « black blanc beur », plus qu’en fac de Droit. La sociologie de la fac de Lettres s’ouvre à toutes les composantes de la population de la ville, à tous les quartiers, aux « quartiers ».

C’est même la raison pour laquelle, année après année, j’ai fait glisser mon service d’enseignant du côté de la fac de Lettres, moi le prof de Droit. Parce que j’avais l’impression d’être plus utile auprès d’étudiants issus des Moulins et de l’Ariane, qui ont généralement fait de gros sacrifices pour accéder à l’enseignement supérieur, et qu’il ne faut pas les décevoir.

QUESTIONS POUR UN CHAMPION

Je ne résiste pas au plaisir de donner à réfléchir sur les deux sujets posés par mes soins à cette session.

Pour les deuxième année, c’était un peu provocateur : « Selon-vous, la notion juridique de service public est-elle toujours d’actualité ? ».

Pour les Master, c’était également provocateur, mais probablement au deuxième degré : « Evaluez le rôle de la France dans la construction européenne ».

A priori, les étudiants ne se sont pas plaints. Alors, pour les amateurs, bon courage !!!

17 janvier 2006

De Mac Luhan à Clochemerle


Une réflexion judicieuse de mon coéquipier de Nice plurielle, Paul Cuturello, à propos des débordements en tout genre que l'on peut constater sur certains blogs et forums prétendument politiques du 06 : « Mac Luhan avait annoncé le village planétaire à l’ère de la communication globale, et bien maintenant, nous avons les ragots de village ! »

16 janvier 2006

El pueblo unido jamás será vincido

Dimanche 15 janvier : Michelle Bachelet gagne l'élection présidentielle au Chili. Une femme de gauche triomphe dans un pays qui, il y a encore quelques mois, n'osait pas condamner Pinochet... Quel symbole !

Retour vers le passé.

C'était en septembre 1973, dans un camping de la périphérie d'Athènes. La rumeur se propage à travers les oliviers, de tente à tente, de transistor à transistor : la Moneda est en flammes, il serait mort, il est mort...

Instantanément, sans avoir besoin de vérifier la nouvelle, avec Dominique et Luc, nous comprenons qu'à dix mille kilomètres de là, c'est l'espoir d'un monde plus juste qui est en train de se consumer avec l'austère palais présidentiel. Et dans nos têtes, petite musique lancinante pour grande manifestation colorée, le slogan de nos vingt ans : «El pueblo unido jamás será vincido !»

C'est que nous avions beaucoup investi sur notre Jaurès des antipodes. Avec lui, nous avions fini par croire que, sous le soleil de Santiago, le peuple pouvait refuser et la jungle et le zoo... Avec lui, nous avions rêvé à une troisième voie : celle qui allait réconcilier la révolution et la démocratie, Che Guevara et Olaf Palme. Génération épargnée par les guerres, nous avions oublié que l'Histoire est tragique. Ce soir-là, elle s'est rappelée à notre bon souvenir...




Retour vers le futur.

Incontestablement, l'élection de Michelle Bachelet est une étape supplémentaire dans le processus qui fait, dans le sllage de Lula, basculer le continent latino-américain dans le camp du progrès. Et cela - malgré quelques poussées populistes comme au Venezuela - plutôt sous les couleurs de la social-démocratie.

Ce mouvement de fond - l'élection d'Evo Morales en Bolivie en est une récente illustration - est porteur d'espoir. Celui d'avoir des sociétés plus justes en Amérique latine, dans le respect des populations autochtones (élection d'un indien) et le rejet du traditionalisme sociétal (élection d'une femme). Cet espoir que Lula a su si bien incarner est une absolue nécessité pour des sociétés qui restent probablement parmi les plus inégalitaires de la planète.

Mais au-delà de cette heureuse évolution, c'est sur le plan géopolitique que les changements en Amérique du Sud peuvent se révéler déterminants pour tous ceux qui militent pour un autre monde. En effet, c'est toute une puissance régionale qui est en train de se bâtir en prenant ses distances avec les Etats-unis d'Amérique. Associée à d'autres puissances en devenir comme l'Afrique du Sud et l'Inde, c'est tout l'équilibre (ou plutôt le déséquilibre) des rapports Nord-Sud qui peut être remis en cause.

Pour la première fois depuis la chute du Mur, on peut se prendre à rêver à un monde multipolaire. Bien sûr, l'évolution en Amérique latine n'est pas linéaire : Lula est actuellement en difficulté, l'élection d'Ollanta Humala au Pérou poserait autant de questions qu'elle apporterait de réponses, les dérives à caractère antisémite de Chávez ne peuvent qu'inquiéter...). Mais globalement, il semble qu'une dynamique est en train de se développer.

L'Union européenne se doit d'apporter son aide à ce mouvement de fond. Mais le peut-elle ? Le veut-elle ? Ceci est une autre histoire.

14 janvier 2006

Hare Krishna





Au conseil municipal, vendredi 13.








« Monsieur le Maire, dans la conclusion de votre rapport de présentation, vous reprenez la même formulation qu'en 2005 : "amélioration du cadre de vie, moyens financiers ajustés, services rendus aux administrés, étape forte..." Ces propos sont en effet les mêmes que l'an dernier. Mot pour mot. A l'époque, nous avions noté une superbe illustration de la méthode Coué, cette année, nous sommes obligés de constater que vous avez versé dans le mode incantatoire façon Haré Krishna (...). Heureusement que la publicité mensongère ne s'applique pas aux délibérations du Conseil municipal ! »

L'ouverture de mon intervention est accueillie par ce qu'on a l'habitude d'appeler des bruits divers, quelques invectives et la moue du sénateur-maire. Et pourtant ce n'est qu'un début !

Mandaté par le groupe pour intervenir sur les principaux dossiers de ce conseil, je démontre que le budget 2006 sacrifie une fois de plus la vie quotidienne au profit de ces grands travaux que les Niçois ne veulent pas. Je dénonce aussi un budget qui, au nom d'un présent coûteux et contestable, hypothèque l'avenir avec une reprise de l'endettement.

Sur le dossier du stade, que je qualifie de "véritable vivier à Judas", j'explique que l'opération conduit les Niçois à financer une structure dont ils n'auront pas la maîtrise. En fait, la construction et l'exploitation sont privatisées, pas vraiment le financement !

Par contre, nous acceptons de nous impliquer dans la candidature de la Ville de Nice comme capitale européenne de la culture en 2013. Sans illusion majeure...

A 13 heures, la séance est levée, interviews radios, télé et presse écite... C'est terminé. En règle générale, nos séances s'achèvent vers 20 heures. J'ai l'impression d'avoir gagné un après-midi de vacances... Ce ne sera pas vraiment le cas.

13 janvier 2006

Marathon man

Le président du groupe d'opposition dans une collectivité a généralement la lourde tâche de préparer le discours budgétaire qui va critiquer la politique de l'exécutif tout en esquissant des propositions. Et c'est ce vendredi que cette question va être appelée à l'ordre du jour du Conseil municipal.

Pendant trois ans, je me suis livré à ce petit sport au Conseil général, quand je présidais le groupe "socialiste et Verts". Depuis 2001, c'est en mairie et comme président de "Nice plurielle" que j'ai pris la succession de Paul Cuturello, que j'avais bien étudié lors du mandat précédent...

La tâche est ardue, surtout quand on n'est pas un spécialiste. Après une discussion assez générale avec les copains du groupe, il s'agit de retrousser ses manches et de se plonger dans les documents officiels. Ce travail peut prendre des heures et des heures d'études et de calculs (je "pique" la vieille calculette chinoise de Dominique). Je suis heureusement secondé par un petit réseau de spécialistes et de fonctionnaires amis.

Ardue, la tâche est passionnante, car il s'agit de donner un sens politique à des chiffres et de démasquer objectivement les intentions réelles du maire et de sa majorité. Quel que soit le discours, on ne triche pas avec les chiffres.

Mais quelque intérêt que l'on trouve à l'exercice, en apposant le point final à mon discours, j'éprouve, une fois de plus, le sentiment de délivrance que j'avais jadis, à la fin d'un marathon, quand je voyais la banderole d'arrivée.

12 janvier 2006

"Jobs en douceur"

Mercredi après-midi, inauguration du local de l'entreprise d'insertion "Jobs en douceur", rue Gutemberg, au coeur du 5e canton. Arrivé un peu en avance, le directeur me fait les honneurs de son entreprise de restauration à domicile - traiteur - patisserie... Il me présente son personnel.

A l'heure dite, la foule envahit l'espace réduit du salon d'accueil. Parmi cette foule, beaucoup d'élus. Que du beau monde : des adjoints, des parlementaires, des élus locaux... De droite, de gauche, du centre...

Une fois de plus, je constate que mes collègues n'ont rien de plus pressé à faire que de se regrouper pour échanger entre eux les quelques banalités qui sont généralement de mise entre adversaires politiques qui n'ont pas grand-chose à se dire. Mais ça ne fait rien, on est entre soi, on est entre élus, et on ne remarque même pas le regard goguenard des autres convives quand on s'agglutine devant l'objectif du photographe pour le traditionnel cliché de groupe qui paraîtra peut-être demain dans Nice-Matin.

Pour ma part, je préfère dialoguer avec un groupe d'éducatrices spécialisées que je ne connaissais pas et qui me connaissaient peu. Elles me racontent leurs difficultés, leurs problèmes, mais surtout, elles me font partager leur passion. C'est ce que j'appelle "toucher mon salaire".

11 janvier 2006

Disraeli street

Si ce blog a évidemment une vocation locale, c'est en pensant à mes amis d'Israël que j'entame ce journal. L'incertitude liée à la disparition politique d'Ariel Sharon ouvre une période particulièrement dangereuse au Moyen-Orient, au moment même où la paix avait quelque chance de progresser. Aussi, ce matin, mon esprit est plutôt du côté de la petite rue Disraëli dans la banlieue de Haïfa où habitent les parents de mon ami David, ancien collaborateur d'Itzack Rabin et militant de la paix.
Paradoxalement, c'est la Gare du Sud qui me semble bien lointaine aujourd'hui...

10 janvier 2006

Pourquoi un blog ?

Pourquoi un blog ?

Je ne suis pas, je dois l'avouer - et loin s'en faut - un familier des nouvelles technologies en général et du net en particulier. Pourtant, je ne cache pas mon intérêt pour tout progrès technologique susceptible d'améliorer la communication voire les relations entre les hommes. Pendant longtemps, j'ai considéré - et ce sentiment ne m'a pas vraiment quitté - que, devant un écran d'ordinateur, l'individu est plus solitaire que solidaire.

Mais devant l'explosion du nombre des sites, des forums et autres blogs, le responsable politique et surtout l'élu local que je suis ne pouvait rester sur le bord du chemin. D'où quelques expériences partielles comme le site de Nice Plurielle pendant les élections municipales ou mon site d'élu conçu et entretenu par un ami passionné, bénévole et dévoué (http://www.patrick-mottard.org).

Cependant, partisan résolu de la démocratie participative, je ne pouvais me contenter de cet engagement minimal. Je me devais de jouer plus franchement le jeu. Même si ce que je peux voir de l'utilisation de l'internet sur le plan de la politique locale me semble plutôt décevant. Au lieu de mettre cet instrument au service d'une nouvelle conception de la politique, on l'asservit bien souvent aux poncifs de "la vieille politique" (égocentrisme du microcosme, irrespect de l'adversaire... ou du partenaire politique, professionnalisation à outrance de l'espace politique) avec des moyens à la fois désolants et puérils (le forum bidonné étant l'exemple le plus frappant).

Mon optimisme naturel me conduit plutôt à faire le pari d'une communication sur le Net tirant le débat public vers le haut. C'est ainsi, par exemple, qu'à côté de ce blog et de mon site personnel, j'ai accepté de participer à l'aventure collective de la création d'un site local de réflexion qui verra le jour à la fin du mois.

Mais aujourd'hui, c'est du blog qu'il s'agit. Il me semble normal, au préalable, de prendre quelques engagements vis-à-vis des futurs visiteurs :
1) Le blog sera plus ou moins régulier en fonctions de mes activités professionnelles (je suis professeur et ce blog fera d'ailleurs l'objet d'un mémoire de maîtrise réalisé par une étudiante en info-com), mais la continuité sera assurée.
2) Je serai toujours l'auteur des textes et des réponses aux éventuels commentaires (je trouve détestable le fait que certains blogs soient rédigés par des salariés de l'auteur officiel).
3) Je ne me laisserai jamais entraîner dans les querelles politiciennes microcosmiques et picrocholines qui n'intéresssent personne, si ce n'est un si petit monde...

En échange, je souhaiterais que les commentaires émanent de visiteurs déclinant leur identité pour rompre avec le petit jeu - assez puéril mais confortable - des pseudos.

Cela dit, il me reste à succomber au vertige de la page blanche, même si celle-ci est représentée par un écran d'ordinateur...