30 juin 2007

La CRC donne raison à Nice Plurielle

France 3 Nice, 29 juin 2007

Comme prévu, le rapport définitif de La Chambre Régionale des Comptes constitue le point fort du Conseil Municipal de ce vendredi. En fait, ce document qui analyse la gestion de l’actuelle municipalité confirme avec éclat les critiques que je formule au nom de Nice Plurielle depuis des années au cours des débats budgétaires. Pour vérifier cela, il suffit de consulter alternativement le texte de la CRC et celui de mes discours (voir sur mon site mes différentes interventions plus particulièrement à l'occasion du vote des budgets primitifs). Le rapport ne devrait pas tarder à être en ligne sur le site de la CRC.

Aussi, après le discours introductif lénifiant du maire, je récapitule les points de convergence dans la critique entre la CRC et Nice plurielle. C’est ce que j’appelle – suscitant l’ire des conseillers de la majorité – les dix flops les plus retentissants de la gestion Peyrat. A savoir :

1) Le niveau élevé du coût de la gestion ordinaire pour un rendu médiocre.
2) La faiblesse du taux de réalisation budgétaire des investissements.
3) La reprise de l’endettement.
4) L’absence de programmation et de perspectives à long et moyen terme.
5) La légèreté dans l’attribution des garanties d’emprunt.
6) Le recours excessif à des bureaux d’études extérieurs.
7) Le flou qui entoure les critères d’attribution des subventions.
8) Les effectifs pléthoriques du cabinet du maire.
9) Le recours trop fréquent aux contractuels.
10) La faible lisibilité de la politique d’urbanisme et des appels d’offres qui s’apparentent à des adjudications.

Après mon intervention, le maire refuse de donner la parole à d’autres conseillers de Nice Plurielle : il est à l’évidence sur la défensive. Mais, pas de chance pour lui et sa majorité, nous avons décidé lundi dernier, lors de notre séance de préparation du CM, de largement communiquer sur ce rapport.

Heureusement pour moi, la suite de la journée sera plus légère avec la distribution des prix au collège Vernier (une semaine après Henri Fabre… je deviens un spécialiste !) et surtout le superbe concert de Michel Polnareff (voir Lettre à France) avec, au final, cette affirmation somme toute rassurante : « Nous irons tous au Paradis ».


Le texte complet de mon intervention est en ligne sur mon site.

Retransmission intégrale du Conseil municipal du 29 juin 2007 sur Nice Télévision (NTV).
- Samedi 30 juin à 10 h et à 21 h 30
- Dimanche 1er juillet à 13 h
- Tous les samedis soirs à 02 h 30

26 juin 2007

Du CADAM au CLAJ

L’émotion est intense dans l’hémicycle du Conseil Général quand l’assemblée rend ce qu’on appelle un dernier hommage à Jean-François Knecht. Sur proposition de notre groupe, il est décidé que la dernière œuvre humanitaire de notre ami sera abondée par notre institution. Il s’agit de la construction d’une école en Afrique. Quelques courtes minutes dans le hall du CG avec Françoise et Nicolas et déjà la politique reprend ses droits : intervention générale de Christian Estrosi, belle réplique de Paul Cuturello, interventions des six membres du groupe… A l’occasion d’une interpellation sur le suivi du Plan « Jeune 06 », Dominique nous permet de vérifier que sous le vernis de l’ouverture Benetton la vigueur thatchérienne d’Estrosi et des siens est intacte. Pour ma part j’interroge le Président sur ses intentions réelles concernant le dossier de « Nice, capitale européenne de la culture ». La réponse reste assez floue pour encourager les spéculations.

La séance va se prolonger paresseusement jusqu’à la fin de l’après-midi. Heureusement que les interventions de la conseillère du 7e canton ont le don d’énerver Monsieur le Ministre de la Martinique et de la Réunion, ce qui a pour conséquence d’animer quelque peu la séance ! Pour moi, il est déjà l’heure de rejoindre au CLAJ, pour le traditionnel rendez-vous de préparation du Conseil Municipal, Michèle, Pierre, Mariluz, Danièle, Bruno, Rémy et les autres. Après la longue parenthèse électorale, le plaisir de se retrouver est palpable avec un superbe cadeau en prime : le rapport définitif de la Chambre Régionale des Comptes qui valide les critiques que je formule depuis 2001 dans mes interventions sur le budget et la gestion de la municipalité Peyrat. Mais j’attendrai vendredi et le Conseil pour en dire plus sur ce blog. J’ai en effet remarqué que le Maire est un lecteur assidu de patrickmottard.blogspot.com car il fait de nombreuses citations en séance. Aussi je ne veux plus lui gâcher le suspens en annonçant lundi ce que nous allons faire… vendredi !

24 juin 2007

« The house of the rising sun »

There is a house in New Orleans
They call « The rising sun »
And it’s been the ruin of many a poor boy
And God I know I’m one.

Une fois de plus, bloqué par les travaux du tramway, j’écoute sur Radio Nostalgie le premier couplet de « The house of the rising sun », ce standard mythique popularisé par The animals dans les années soixante et connu en France grâce à la version too much de Johnny « Le pénitencier ».

Aussitôt, je déclenche la procédure habituelle : je prends mon portable, je compose le numéro de Dominique, et je colle l’appareil contre le haut-parleur de l’autoradio. Sans un mot, Dominique comprendra, car cette chanson s’est insinuée dans notre vie depuis plusieurs décennies. Nous l’avons entendue sur tous les continents, dans n’importe quelle circonstance, dans de multiples versions. Elle a fini par devenir le jingle de notre vie.

Aujourd’hui, parmi tous ces souvenirs, deux s’imposent à moi.

Mount Isa, fin des années quatre-vingts, Queensland.

Dans cette petite ville du désert australien, nous sommes entrés, le soir de notre arrivée, dans un immense pub enfumé. Au fond de la salle, derrière les volutes bleues, un cow-boy local, chapeau en cuir et santiags poussiéreuses, sorte de John Fogerty (période Creedence clearwater revival) revisité en Crocodile Dundee, jouait à sa façon le fameux « The house of… ». La mélodie, servie par l’accent guttural et traînant de l’anglais australien nous fit prendre conscience que ce soir-là, nous étions au bout du monde.


Madrid, 1992.

Ambassade de Bulgarie en Espagne. Notre ami, Michel Petkov, social-démocrate rescapé des geoles communistes, nous fait les honneurs de sa toute nouvelle ambassade. La chute du Mur est encore récente, aussi, le bâtiment et sa décoration semblent sortis tout droit d’une BD d’Enki Bilal. Le kitch communiste dans toute sa splendeur. Au sous-sol, Monsieur l’Ambassadeur nous fait visiter l’immense salle de réception au milieu de laquelle, isolé, trône un piano. Dominique ne résiste pas et se met à jouer « The house of… ». Cinq minutes plus tard, les Animals n’avaient qu’à bien se tenir : un groupe franco-bulgare était né !

En réalité, je pourrais multiplier les anecdotes de ce style. Mais si je devais en retenir une seule, ce serait bien sûr cette soirée aux Palmiers, où celle qui n’était pas encore la conseillère générale des lieux, fêtait un anniversaire en 0. Avec la complicité de mon ami chanteur Isaac, elle fut accueillie par une chorale d’une cinquantaine d’amis qui lui chantèrent, bien sûr, « The house of… ». En fait, non… c’était ce soir-là « Le pénitencier ». Probablement pour faire plaisir à Bernard Gaignier !

21 juin 2007

United colors of Sarko


L’ouverture façon Sarkozy ne laissera pas plus de traces dans l’histoire de notre pays que les ministères Michel Jobert ou Jean-Pierre Soisson sous Mitterrand. Nous sommes là dans le tactique et l’anecdotique.

La nomination de Fadela Amara, par contre, suscite quelques interrogations de fond.

En effet, la pratique (celle du ministre) et le discours (celui du candidat) de Nicolas Sarkozy étaient jusqu’à présent orientés vers une forme de néo-communautarisme très inspiré par le modèle anglo-saxon. A l’inverse, la raison d’être de Ni putes ni soumises de Fadela Amara était la défense (critique) du modèle républicain français jusqu’au cœur des cités.

Par conséquent, comme disait le regretté Fernand Raynaud, « Y’a comme un défaut ». En réalité, on peut échafauder deux hypothèses et deux seulement.

La plus souhaitable : Sarkozy a compris qu’il faisait fausse route en déroulant le tapis rouge (plutôt vert…) devant les clones nationaux de Tarek Ramadan et opère un virage à 180 degrés avec Fadela Amara comme symbole.

La plus probable : la « benettonisation » du gouvernement est une pure opération de communication, on débauche les plus fragiles et les plus clinquants pour faire jeune-black-beur.

Comme on ne peut pas sérieusement penser que Fadela Amara ait la capacité d’infléchir la ligne politique de Sarkozy, elle risque très vite de passer du statut de symbole à celui de gadget. Et c’est désespérant pour tous les militants (et surtout les militantes) qui, comme Zineb dans le 06, se sont tant investies pour la défense du modèle républicain d’intégration individuelle dans les cités ou ailleurs.

20 juin 2007

Le salon d’Albert 1er

Photo "paparazzi"

A la fin de la semaine dernière, j’ai eu le plaisir de participer avec « Fragments de Nice » à mon premier salon du livre : celui de Nice, bien sûr, dans le jardin Albert 1er. Des dizaines de dédicaces, des centaines de visites, le défilé devant mon stand fut impressionnant. A tel point que le libraire organisateur du stand 24, qui regroupait une vingtaine d’auteurs, me félicita pour être arrivé en tête des ventes, derrière… Guillaume Musso. Et probablement derrière Max Gallo qui restera une matinée en face de moi. Sentiment étrange que de me retrouver à quelques mètres de ce Républicain de l’autre rive pour lequel j’avais tant milité jadis à Nice lorsqu’il était député de la 1ère circonscription.

Les visiteurs me parlent de politique (le deuxième tour rédempteur n’a pas encore eu lieu), mais aussi de mon livre (« Moi aussi, j’ai connu Jean Bouin, l’amphi 200, Mitterrand… », « Comme vous, j’aime Paul Auster, Angelopoulos, Miles Davis, Manhattan, Ayers Rock, les Balkans, Pasteur, Nice Nord, la Baie des Anges… »). Un authentique VIP (Julien Lepers) me demande une dédicace. Beaucoup d’amis aussi, quelques élus de gauche, Robert Charvin, à qui j’explique que le prof à qui je dois mon premier cours de droit constitutionnel (page 105 de Fragments) n’est autre que… lui-même. Les représentants d’au moins trois blogs amis me font le plaisir de me rendre visite. Encore que l’une d’entre eux joue aux paparazzi en me photographiant à mon insu.

Dans mon stand, je suis entouré de deux romancières confirmées qui m’accueillent avec beaucoup de chaleur sans jamais me faire sentir que je suis, malgré tout, une « pièce rapportée ».

Véronique Lamoureux est une jeune femme qui a déjà à son actif une dizaine de récits historiques et philosophiques. A l’instar de l’héroïne de Kieslowski, Véronique a une double vie, puisqu’elle est aussi commerçante non sédentaire et sillonne les marchés de notre région.

Clotilde Bernos, après une vie d’aventures, un tour du monde en bateau et beaucoup d’enfants, s’est plutôt spécialisée dans la littérature enfantine. Mais son dernier ouvrage, « L’emprise », traite de la… perversité.

Un bien bel entracte au milieu de ces dures semaines de campagne électorale.

17 juin 2007

Le PS n’est plus en réa

Si le résultat du 2e tour n’est en aucun cas une raison de ne plus s’interroger sur notre double défaite (Présidentielle et Législatives), il ne peut que réjouir les démocrates. Une opposition crédible et substantielle (notamment en matière de réformes constitutionnelles) siègera à l’Assemblée. Ce groupe restera très minoritaire par rapport à une UMP qui a la majorité absolue, mais il a gagné une tribune pour s’opposer et pour proposer.

Ce résultat a été obtenu en grande partie parce que la question sociale (TVA, cotisations…) s’est enfin retrouvée, au-delà des paillettes et des effets de manche, au centre du débat, comme pendant les élections régionales.

Hélas ! la mini vague rose n’a pas atteint les rivages des Alpes-Maritimes, puisque les résultats de la 1ère circonscription, celle de Virgile Barel et de Max Gallo, sont décevants (22 points d’écart) et même en recul par rapport à 2002, alors qu’un peu partout en France, les résultats sont supérieurs à ceux des dernières législatives.

Par conséquent, l’ensemble de nos analyses de la semaine se trouvent validées.

1) Au plan national, une réforme en profondeur de notre parti – programme et structures – doit se faire rapidement et collectivement, mais en évitant la précipitation, la confusion… voire le vaudeville !
2) Au plan local, rien n’est perdu, si nous sommes capables d’offrir un véritable projet de rassemblement et une ouverture à la société civile. Mais là aussi, rien ne sera possible dans la division.

Et puis entre nous, de grâce, évitons d’utiliser les lourdes défaites comme base de reconquête… Cela va finir par faire sourire la droite et agacer nos électeurs !

13 juin 2007

Objectif 2008

Ce n’est pas faire injure aux copains que les hasards des divisions de la droite obligent à se battre une semaine de plus – et pour lesquels, d’ailleurs, je suis entièrement disponibles – que de dire que les résultats de ces législatives dans les Alpes-Maritimes sont et seront, de toute manière, particulièrement décevants (c’est ce qu’on appelle, je crois, un euphémisme !).

A Nice, cette défaite a une dimension essentiellement nationale, ce qui nous interpelle en tant que militants socialistes, sur l’avenir de notre Parti (voir Le fond de la piscine). Mais, parallèlement à cette nécessaire remise à plat, la vie continue.

Candidat aux élections municipales de Nice en 2008, j’avais fait savoir, depuis de longs mois, que je ne souhaitais pas être candidat à ces Législatives. J’ai donc pu continuer mon travail de leader de l’opposition municipale et préparer cette prochaine échéance avec un peu plus de disponibilité.

Les résultats de dimanche ne sont certes pas un atout pour l’échéance de 2008. Ils ne sont pas pour autant rédhibitoires. J’en veux pour preuve mon itinéraire personnel qui m’a vu être battu en 2002 aux Législatives par une parachutée nommée Marland-Militello, avant de la battre en 2004 dans le 5e canton avec… dix points d’écart.

Nous devons donc garder notre calme. Notre calme et, si possible, notre unité. Fort de la légitimité que me confère le résultat de 2001 (*) et l’inlassable et efficace travail d’opposition de Nice plurielle (Port de Nice, Gare du Sud, affaire Monleau, Parc Phoenix, stade du Ray, Palais de l’Agriculture, salle 700 Nikaïa, parking Sulzer…), il serait dommage d’affaiblir nos chances en se lançant dans un débat interne destructeur et forcément un peu dérisoire compte tenu du contexte. Si la victoire devait nous sourire, il y aurait largement des responsabilités pour tous.

Cela dit, optimiste par nature, je me dis que le pire n’est jamais sûr et que nous avons les moyens de rebondir en 2008 pour les Municipales et les Cantonales (le canton de Marc Concas est renouvelable). Dans l’unité.


(*) La liste que je conduisais en 2001 avait fait 41% (alors que la liste de gauche unie en 1995 avait fait 18%), et cela malgré une liste de gauche dissidente. Peyrat, avec ses 43%, ne nous avait devancés que de 3000 voix.

12 juin 2007

Le fond de la piscine

Toujours sur FR3, dimanche soir, Dominique affirmait à propos des résultats du PS que lorsqu’on touche le fond de la piscine on ne peut que remonter. Voir. L’hydrocution est toujours possible !

En effet, au delà des raisons institutionnelles qui rendaient quasiment inéluctables les résultats, il reste à se poser la question générale de la défaite présidentielle.

Si nous laissons de côté la langue de bois, il faut bien avouer que notre parti est arrivé aux élections à bout de souffle, sans propositions vraiment mobilisatrices et surtout sans véritables perspectives.

Une transformation politique, idéologique, culturelle devient incontournable. Comme de nombreux militants anciens ou nouveaux, cliqueurs ou non,
- je ne veux plus d’un parti où les soirs de meeting on prône la Révolution pour se plonger le lendemain dans la mollesse du fatalisme gestionnaire ;
- je ne veux plus d’un parti qui prend l’air du temps et les paillettes pour le vent de l’Histoire ;
- je ne veux plus d’un parti qui pense avoir raison seul contre tous les autres socialistes d’Europe.

Ce que nous voulons c’est :
- un parti qui choisisse définitivement entre Blum et Lénine,
- un parti d’expérimentation et de transformation sociale,
- un parti qui redevienne un intellectuel collectif et un vecteur d’éducation populaire,
- un parti avec une vraie vocation internationaliste,
- un parti où les courants ne seraient plus le cache-sexe des plans de carrière foireux, des ambitions médiocres et des ego surdimensionnés,
- un parti qui serait au centre de l’Union et non plus à sa périphérie,
- un parti où l’on retrouverait la camaraderie, l’amitié et pourquoi pas la fraternité.

Celui où celle, ceux qui sauront me donner l’envie d’avoir envie en initiant une vraie mutation idéologique et structurelle auront tout mon soutien mais aussi toute mon énergie, toute mon utopie…

On commence quand ?

11 juin 2007

Gueule de bois

Dominique Boy-Mottard à France 3


Le coup était prévisible. Il est terrible.

Comme l’a dit Dominique sur le plateau de France 3, le télescopage institutionnel du quinquennat et de l’inversion du calendrier fait de l’élection législative le simple prolongement de la présidentielle. Dans toutes les démocraties du monde, les législatives jouent un rôle déterminant (même aux USA). Ce ne sera plus le cas en France, ce qui amène à s’interroger sur l’avenir d’une République devenue présidentialiste (et non présidentielle) presque par inadvertance.

Ainsi, sur le plan local, nous avons la transcription presque parfaite des résultats présidentiels :
Dominique Boy-Mottard sur la 2e circonscription (+1,80%)
Patrick Allemand sur la 1ère circonscription (+ 1,39%)
Elodie Jomat sur la 3e circonscription (+ 0,14% sur la partie niçoise)
Paul Cuturello (- 0,13% sur la partie niçoise contre l’homme fort du département).

Au final, seule la division de la droite permet deux deuxièmes tours : à Cannes (droite contre droite), à Nice 1 (droite contre gauche, mais là aussi le score des deux candidats de droite – plus de 54% - est comparable au score des autres circonscriptions).

Je tire donc deux enseignements de ces législatives :
1) elles sont vampirisées par la Présidentielle
2) elles ne permettent pas aux élus locaux de jouer leur partition comme aux élections cantonales et municipales.

Une façon de se rassurer : si l’avenir est sombre, il n’est pas bouché.

08 juin 2007

Le gregario des Acacias


Vendredi, huit heures du matin, le soleil est déjà haut dans le ciel quand Dominique prend position près des feux tricolores du carrefour des Acacias, avenue Henry Dunant.

Sans le savoir, cette nouvelle opération militante va me permettre de réaliser un rêve d’enfance. Enfin, presque. Amoureux de la petite reine, j’aurais voulu être un champion cycliste professionnel capable de gagner le Tour de France. Plus modestement, c’est le rôle d’équipier que me permet de tenir ce matin la sémillante candidate de la 2e circonscription. En effet, me voilà transformé en porteur d’eau comme disent les amateurs, en « gregario » comme disent les tifosi…

En effet, Doms remonte inlassablement la file de voitures arrêtées au feu rouge pour se présenter, avec un petit document, aux automobilistes. Au bout de huit à dix voitures, elle est obligée de décrocher pour revenir à son point de départ. C’est à ce moment-là que, flanqué de Gérard et d’Henri, j’interviens, en lui tendant une petite bouteille d’eau qui lui permet de se désaltérer et de retrouver une voix claire. Un rôle, on le voit, très modeste.

Mes rêves de Copi, de Merckx ou d’Hinault en prennent un coup, mais c’est pour la bonne cause. Et si le maillot jaune (rose ?) est au bout…

07 juin 2007

Mamadou soutient Dominique



Pour cette réunion trois jours avant le premier tour, Dominique a eu la bonne idée d'organiser, dans un sympathique bar de Pasteur, « l’Onnis » (à deux cents mètres de cet Arc-en-Ciel où j’ai vécu en arrivant à Nice), une rencontre de la fraternité pour décliner les propositions de la gauche en matière de citoyenneté.

Le Président 06 de SOS Racisme, Mamadou Thioye, est venu apporter un soutien sans ambiguïté à une candidate qu’il considère comme très proche des valeurs défendues par son organisation. On pouvait noter aussi la présence du responsable de « La paix maintenant » dans les Alpes-Maritimes, ainsi que celle de la Présidente de « Ni putes, ni soumises ». La communauté gitane est également venue en force pour ce rendez-vous mosaïque, ainsi que des habitants du quartier de toutes origines.

La candidate très en verve, tolérante (elle se prononce pour une mosquée à Nice), mais ferme sur les principes de la laïcité (elle rappelle notre souhait d’une Charte constitutionnelle), stigmatise à la fois le communautarisme et les faiblesses de notre modèle républicain. Mais au final, c’est pour ce dernier qu’elle plaide avec conviction en rappelant les propos de Alain Gérard Slama : « Rien n’est pire que l’impérialisme d’une mémoire commune si ce n’est le chantage de mémoires éclatées ».

05 juin 2007

DBM team

Photo Henri Cottalorda

Depuis dix jours, je participe jour après jour, heure après heure à la campagne législative de la 2e circonscription. Et j’avoue être épaté. Moins par le talent et le dynamisme de la candidate qui nous rejoue à la puissance 4 sa partition victorieuse du 7e canton que par la superbe équipe qu’elle a su cristalliser autour d’elle. Qu’on en juge :

Bien sûr il y a Magic Dario, le directeur de campagne que la France entière nous envie, avec Joël en embuscade ! Mais Dario n’est pas seul. Il y a le suppléant Pierre Laigle, véritable marathon man capable de couvrir seul un quartier entier de tracts tout en assurant l’affichage, le tout en costume cravate… Il y a la garde rapprochée (les « sabras » du 7e) Henri et Gérard, les petits nouveaux, Loïc et Marion, les grands anciens, Lucien, Antonin et Ange (mon ange gardien), Joëlle, l’étoile montante. Il y a aussi les équipes de permanence : Jocelyne, Agnès et Rachel, les « stars » de Clément Roassal, Odette, Jean-Claude, Edith, les « traditionalistes » de Cyrille Besset. Nouveauté de la campagne : les équipes spécialisées par zone géographique, ce qui suscite une certaine émulation, limite rivalité (!!). Richard, Patrice, Michel, Corinne et l’équipe des lycéens dans le 4e, Zineb et son bataillon de charme dans le sud du 5e, Momo et la famille Pupier, en gardiens de la Libé, Sami, souverain de Pasteur, Roxan, Mata Hari de Florès. N’oublions pas non plus Albert, le spécialiste des bureaux de vote, Eliane, la championne de la distribution aux feux rouges, Clotilde, la Liliana Cavani de la campagne, sans oublier un certain Patrick Mottard, qui fait ce qu’il peut pour aider !

Au total, on peut estimer à une cinquantaine le nombre de participants réguliers (je ne parle pas bien sûr des dizaines de sympathisants qui ont participé à l’inauguration de la Permanence, au Virgin show, au meeting des candidates ou à la rencontre de Florès).

Une équipe qui transforme cette campagne électorale en aventure collective. Il avait bien raison, l’Allemand (Goethe il me semble) qui disait que les pas qui mènent au but sont au moins aussi importants que le but lui-même.

02 juin 2007

Dommages collatéraux

La collision entre un chantier du tramway mal préparé, mal dirigé,mal entretenu et le mépris absolu de la majorité municipale pour l’humain a provoqué de nombreux dommages collatéraux notamment chez nos concitoyens commerçants. Comme élu municipal, j’ai souvent été confronté à cette détresse. Avec Jean-François Knecht, nous avons fait de notre mieux pour atténuer les conséquences de l’inconséquence. Sur un plan général nous avons contribué à une redéfinition des critères d’indemnisation, il y a quelques mois, et nous avons personnellement suivi un certain nombre de dossiers individuels. Et pourtant…

- Monsieur G avait un commerce de vente de journaux sur Borriglione, une entreprise plutôt prospère grâce à son sens du contact humain et de la communication. Hélas ! un accident de chantier (du tramway) l’oblige à quitter les lieux pour des raisons de sécurité. Indemnisations tardives, propositions de remplacements dérisoires, Monsieur G dégringole financièrement et se cloître chez lui de nombreux mois (les voisins inquiets appelleront d’ailleurs plusieurs fois les pompiers). Actuellement, il est sur le point d’être expulsé de son appartement et vit de petits boulots chez ses ex-collègues commerçants du quartier.

- Monsieur C était l’heureux propriétaire d’une boulangerie proche de la place de la Libé. Le chantier provoque une perte de clientèle mais surtout un dégât des eaux conduisant à une fermeture de plusieurs mois. Là aussi, la descente aux enfers est inexorable : licenciements de quatre personnes, perte d’une grande partie de la clientèle et les inévitables conséquences sur la vie personnelle et familiale qui accompagnent souvent les désastres professionnels. Après une sévère dépression, il essaye courageusement de repartir quasiment à zéro.

- Monsieur M a un tabac-presse sur Gorbella. Jeune et dynamique, il est très apprécié par ses clients (en particulier les plus âgés à qui il rend de multiples services). Hélas ! le chantier réduit ses efforts à néant car son commerce est presque inaccessible depuis de longs mois. Ne pouvant plus honorer ses emprunts à cause d’une indemnisation tardive, il ne peut plus renouveler ses stocks d’où, là aussi, dépression personnelle et ruine économique.

- Monsieur A a un commerce de souvenirs touristiques à la lisière du Vieux-Nice, côté Jean Jaurès. A nouveau le même scénario : le chantier éloigne une clientèle spécialement volatile, indemnisations insuffisantes et tardives, impossibilité de renouveler les stocks, et la faillite comme horizon. Je n’oublierai jamais les sanglots de cet homme de cinquante ans m’expliquant sa situation.

- Monsieur T a une petite entreprise de travaux à domicile sur Borriglione : mêmes causes, mêmes effets, et un soir, cette scène lugubre. Comme il avait entamé une grève de la faim, j’étais passé lui rendre visite afin de tenter de le dissuader de poursuivre cette action. D’un geste, il me demanda d’aller voir dans la pièce d’à côté, et je me suis trouvé face à un petit tabouret surmonté d’une corde qui pendait au plafond… Le pire fut évité, mais que dire d’une telle désespérance ?

Le chantier terminé, la ville retrouvera probablement son équilibre, mais je n’oublierai jamais les victimes de cette période. C’est aussi un peu pour elles que j’ai envie de me battre, pour que plus jamais le mépris soit le mode de gouvernement de notre cité.