15 mai 2008
Richie Havens lance le 61ème
Richie Havens, l’homme de Woodstock, fait partie de ces chanteurs qui continuent à hanter nos légendes intimes et à nourrir notre nostalgie tout en nous persuadant qu’ils ne sont plus de ce monde depuis bien longtemps.
Miracle de Cannes : la cérémonie d’ouverture du 61ème FIF nous a ressuscité Richie Havens qui, pour l’occasion, a chanté « Freedom » avec sa voix si caractéristique, en l’honneur du bad boy – good politic – Mister Président, Sean Penn.
Ce moment de grâce bien vite évaporé, il nous restait à entrer de plain-pied dans la compétition avec :
Blindness, de Fernando Meirelles (Brésil)
Une ville (Sao Paulo ?) est frappée par une épidémie de cécité qui se propage à une vitesse fulgurante. Mis en quarantaine puis livrés à eux-mêmes, les contaminés s’efforcent de survivre à n’importe quel prix. Pour Sartre, être sous le regard des autres c’est l’enfer, y échapper, pour Meirelles, ce n’est pas beaucoup mieux…
La mise en scène est efficace (insoutenable séquence de viol collectif), mais on reste un peu en retrait par rapport à une histoire dont on ne comprend pas vraiment la signification profonde. Métaphore il y a, incontestablement, certainement. Mais, au fait, quelle métaphore ?
Après ce film d’ouverture décevant, la première journée sera nettement plus intéressante. De toute façon, la première journée, c’est aussi l’occasion de retrouver Michel Dubreuil et ses potes : vingt ans de complicité festivalière, ça compte !
Leonera, de Pablo Trapero (Argentine)
La vie n’a pas été tendre avec Julia. Abandonnée par sa mère (Elli Medeiros), exploitée et humiliée par ses copains, elle est accusée du meurtre du père de l’enfant qu’elle porte. Incarcérée, elle va donner naissance à un petit Thomas. Sa mère et la société veulent lui enlever son enfant. Et là, tout bascule : notre dentellière argentine, qui traînait sa vie comme un boulet, va utiliser son instinct maternel pour reconquérir son destin.
Yeux embués et émotion garantie. Le personnage de Julia, par sa dignité et sa détermination dans l’adversité, n’est pas sans rappeler Otilia, la jeune Roumaine héroïne du film palmé l’an dernier. Un bon présage ?
Tokyo !, de Michel Gondry, Leos Carax, Bong Joon Ho (France-Japon)
Petite incursion salle Debussy pour le lancement de la sélection « Un certain regard ». Ce film regroupe en fait trois séquences réalisées par trois auteurs différents et prenant comme décor la ville de Tokyo. Jubilatoire. Deux petits contes urbains et une énorme farce.
« Intérieur design », de l’Anglais Michel Gondry, est l’histoire très poétique d’une jeune fille si effacée, si transparente aux yeux des autres, qu’elle décide de se transformer… en chaise pour être utile.
« Shaking Tokyo », du Coréen Bong Joon Ho, raconte les amours difficiles de deux cloîtrés volontaires qui refusent de sortir de chez eux.
« Merde », de Leos Carax : le premier éclat de rire de ce festival qui s’annonce bien sombre. Un monstrueux et répugnant marginal un brin nippophobe (Denis Lavant) sème la terreur dans toute la ville de Tokyo. Un avocat français (Jean-François Balmain), qui arrive à parler le même dialecte que lui, vient lui prêter main-forte. La fin est tragique : Merde (oui, c’est le nom du « héros ») sera pendu. Mais on s’en fout un peu parce que Leos Carax nous promet une suite à la fin de la séquence.
Valse avec Bashir, d’Ari Folman (Israël)
Un film d’animation-documentaire, autant dire que ce film israélien est un OCNI (objet cinématographique non identifié). Des soldats israéliens essaient de décrypter leurs névroses nées de la guerre du Liban à laquelle ils ont participé au début des années 80. Avec, en point d’orgue, les massacres de Sabra et Chatila.
L’option choisie (animation + documentaire) pouvait se révéler un peu vaine. En réalité, elle est extrêmement efficace. Le graphisme un peu statique nécessite quelques minutes d’adaptation, mais on est très vite subjugué, au-delà de sa beauté formelle, par la vérité du film.
Quand une production aussi honnête et aussi courageuse sera produite par un pays arabe, nous ne serons pas loin de la Paix Maintenant.
Les reconnaissez-vous...?!
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5 commentaires:
pfff... Edouard Baer, Richie Havens, Claude Lanzman, Sean Penn, Natalie Portman, Alfonso Cuaron, Jeanne Balibar, Sergio Castellito, Marjane Satrapi, Rachid Bouchareb, Apichatpong Weerasethakul... Par contre les 2 types sur la photo du bas, aucune idée... scénaristes? producteurs, distributeurs, diffuseurs, réalisateurs? premier film alors !!
Ta critique est vraiment agréable à lire !! très bon édito... héhé...
Peuxt’aider réponds
Les 2 types.?? il me semble bien que celui de « droite" c’est un acteur qui fait de la pub sur un blog pour son livre et sa pièce de théâtre « fragments de Nice » mais alors là ça déchire grave sans son blouson et sa chaine de moto
Pénélope
Que très partiellement d'accord avec ces critiques. Particulièrement celle sur "Leonera". Je suis restée assez extérieure à ce film argentin qui ressemblait un peu trop à un documentaire sur les prisons pour femmes avec enfant. Pour moi, l'émotion n'était pas au rendez-vous.
Tokyo ne pas pas emballée non plus : une petite prime toutefois à la séquence due au réalisateur coréen.
Par contre j'ai été enthousiasmée par le film d'animation documentaire israélien... et sans besoin d'une période d'adaptation. D'ailleurs, j'ai très rapidement zappé le fait qu'il s'agissait d'un film d'animation. Remarquable.
Entièrement d'accord sur le film d'ouverture : j'attends toujours que quelqu'un veuille bien me donner la signification de la métaphore...
Trop forte jeudes1000cents !
Une petite info concernant Michel Gondry... c'est le réalisateur du film "Eternal sunshine of the spotless mind" petit bijou racontant l'histoire d'un couple qui ne voyant plus que le coté négatif de leur histoire décide de se faire "laver" la mémoire à ce sujet par le laboratoire Lacuna... dans la ligné de Truman Show (Jim Carey à contre emploi dans les 2 et ça lui réussi bien)
un autre réalisateur français (cocorico !!) en pleine effusion créative... ça l'fait !!
Il est actuellement à l'affiche avec "Rembobinez s'il vous plait"... L'histoire de 2 types qui taffent dans un vidéoclub et qui par erreur effacent certaines bandes... ils décident de faire des remake des films avec leurs propres moyens... hmmm...
je ne l'ai pas vu, enfin je crois, je sais plus si je suis passée chez Lacuna ou pas... arf...
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