16 mai 2008

Family life

De l'intérieur du Palais...


On se souvient tous de la première phrase du roman de Tolstoï, Anna Karenine : « Les familles heureuses se ressemblent toutes, les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon… ». En ce vendredi cannois pluvieux, ce sont deux histoires très différentes de deux familles malheureuses qui nous sont proposées en sélection officielle.


Un conte de Noël, d’Arnaud Desplechin (France)

La famille Vuillard appartient à la bourgeoisie roubaisienne (décidément, les Ch'tis sont à la mode !). La mère, Junon (Catherine Deneuve), est condamnée par une maladie en principe incurable sauf si elle bénéficie rapidement de la greffe d’un proche.

Cette recherche du sauveur va se faire au moment du regroupement familial des fêtes de Noël. Autour d’Elisabeth (Anne Consigny), l’aînée rancunière, et d’Henri (Mathieu Amalric), le fils maudit et d’une dizaine de personnages, va se développer un chassé-croisé hystérique qui fera remonter à la surface tous les secrets et toutes les rancoeurs de cette famille pas comme les autres. C’est long (deux heures trente), bavard, et un tantinet prétentieux. A recommander à ceux qui râvent d’assister en direct live à une greffe de moelle osseuse (un régal !).


Les trois singes, de Nuri-Bilge Ceylan (Turquie)

Autant la famille de Desplechin est bavarde voire saoulante, autant celle de Ceylan est taiseuse…

Le père accepte d’endosser la responsabilité d’un accident mortel causé par son patron, un politique sans scrupule. La mère profitera du séjour en prison de son époux pour le tromper avec ledit patron. Le fils, plutôt molasson jusque-là, va finir par assassiner celui par qui sont arrivés tous les malheurs de la famille.

Dans un premier temps, on est un peu désarçonné par la lenteur de la réalisation et les ellipses du scénario, puis on s’habitue. Et on se prend à parer Les trois singes des oripeaux de la tragédie grecque. Ce qui, vous l’admettrez, est audacieux pour un film… turc !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Décidément, nous ne sommes guère en phase en ce début de festival... J'ai franchement peu apprécié le minimalisme excessif du film turc. Le titre est particulièrement bien adapté, non seulement aux personnages (encore que je ne suis pas sûre qu'en l'occurrence surdité, cécité et silence les aient conduits à la sagesse), mais aussi aux spectateurs qui bien sûr ne parlent pas (ce qui est assez naturel dans une salle obscure), mais plus bizarrement n'entendent et ne voient presque rien. très très lent.

Par contre, je souscris volontiers à l'analyse du Desplechin. Bavard et un brin prétentieux (et long...). Assez curieusement, allez savoir pourquoi, je ne m'y suis pourtant pas ennuyée (et je précise que je ne suis en rien une aficionada des greffes de moelle osseuse !).

Anonyme a dit…

Le "psychanalysme" du film de Desplechin est affligeant, tout autant que cette "sainte famille " inversée. Jouissance du malheur, malheur de la jouissance y feraient bon ménage si les bons sentiments finalement étaient restés hors de cette entreprise qui cherche son "intelligence".
Il n'y a aujourd'hui en France pas plus de succès esthétique qu'il n'y a de succès politique.
;-))

Anonyme a dit…

wesh wesh Dominique !! t'assures !! enfin tu donnes ton avis sur les films que tu vois !! trop fort... let's go on please !!
Dommage que tu n'aies pas aimé les singes de Ceylan... ceci dit, je ne l'ai pas encore vu donc...
en tous cas, je le redis, 2 critiques très interessantes, en direct live du festiv, franchement, c'est trop trop bien !!