25 mai 2008
600 marches pour Wim Wenders
En franchissant la 600e marche (25 fois 24 marches, le compte y est), nous ressentons une petite morsure au cœur en constatant que l’aventure 2008 du Festival s’achève pour nous avec la projection officielle du film de Wim Wenders.
En réalité, deux heures après, ce sentiment sera largement compensé par le bonheur d’applaudir pendant près d’un quart d’heure, avec l’ensemble de la salle enthousiaste, le plus beau film de la compétition.
En fait, la journée avait commencé bien plus tôt, dès la matinée, avec la projection de deux films.
Entre les murs, de Laurent Cantet (France)
Un peu lassé par les films de « quartiers » (qui ont tendance à devenir un genre à part dans le cinéma français), c’est presque à reculons que je me suis rendu au Palais dès potron-minet pour voir le film de Cantet. Eh bien, je l’avoue, j’avais tort. Cette histoire simple de prof face à sa classe dans un collège des quartiers populaires de Paris est un film rare. Sans paternalisme, sans démagogie, en évitant les pièges de la caricature et du politiquement correct, ce film est, à travers le portrait de François ( François Begaudeau), jeune prof de français, une formidable réhabilitation du métier d’enseignant si souvent critiqué.
On y voit un homme passionné mais lucide qui expérimente, qui tâtonne, qui essaie de faire au mieux, face à des élèves fragiles à la personnalité beaucoup plus complexe que pourrait le laisser supposer leur arrogance de façade. C’est souvent drôle, parfois poignant, jamais facile. Et, en ce qui me concerne, comment ne pas penser pendant toute la séance aux enseignants de « mon » collège Vernier…
Le bon, la brute et le cinglé, de Kim Jee-Woon (Corée du Sud)
Ce film hors compétition est un remake improbable du film de Sergio Leone dans les plaines de… Mandchourie. Les paysages sont magnifiques, les poursuites infernales et, à la fin, on peut dénombrer environ trois mille morts. Exotique.
Et puis, après une après-midi niçoise pour cause de correction de copies, ce fut le grand soir.
Rendez-vous à Palerme (Palermo shooting), de Wim Wenders (Allemagne)
Photographe de renommée mondiale, Finn n’aime plus sa vie. Pour en changer, il s’envole vers Palerme. Dans cette ville si belle dont il essaie de percer les secrets en la photographiant, une nouvelle vie s’offre à lui grâce à Flavia, une jeune artiste peintre dont la simplicité est à des années lumières de la sophistication des modèles qu’il fréquente habituellement. Mais, paradoxalement, il ne pourra goûter à cette nouvelle vie qu’après s’être confronté à la Mort dont Palerme est la ville matrice. Ce face-à-face singulier lui permettra de comprendre, après quelques péripéties, que la grande faucheuse (qui d’ailleurs se révèle être un homme : fabuleux Dennis Hopper) n’est pas celle que l’on croit et qu’au lieu de la craindre, on ferait bien de l’aimer car c’est elle qui donne son vrai sens à la vie.
Avec Palermo shooting, Wenders retrouve la grâce des « Ailes du désir », en évoquant, avec cette poésie qu’on lui connaît, ces questions si graves qui pèsent si lourdement sur nos consciences et dans nos cœurs.
Emotion personnelle supplémentaire : une partie de la musique originale du film a été composée et jouée (à l’accordéon) par mon ami Serge Ferrara. C’est donc tout naturellement à lui qu’après la standing ovation à Wenders, Hopper, Campino et Milla Jovovich, je téléphonerai mon dernier message cannois de l’année. Un message d’amitié et de félicitations bien sûr.
MES PRÉFÉRENCES
Avec le dernier générique vient aussi l’heure du bilan. Si on met de côté quatre films hors compétition, ce sont 21 des 22 films de la sélection officielle que nous avons visionnés. Seul manque à l’appel « Che » de Steven Soderbergh. Sur ces 21 films, histoire de me « mouiller » avant le verdict du jury, je propose aux lecteurs de ce blog une liste préférentielle de cinq titres :
1 – Palermo shooting, évidemment…
2 – Le silence de Lorna, même si une troisième palme pour les frères Dardenne, c’est peut-être beaucoup pour le jury…
3 – Entre les murs, même si le système franco-français risque d’être un peu abscon pour un jury international.
4 – Two lovers, au risque d’être en froid avec la conseillère générale du 7e canton…
5 – Leonora (même remarque que précédemment).
Voir notre album photos du Festival ici.
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3 commentaires:
Nous terminons ce festival plus en phase que nous ne l'avions commencé...
Mes préférences à moi :
1 - Palermo shooting
2 - Delta
3 - Le silence de Lorna
4 - Entre les murs
5 - Divo
6 - Linhea de passe
sympa les photos....
je vous laisse, formule 1 oblige....
Mon classement à moi :
1- Palermo shooting (très beau film)
2 - Two lovers (je me trouve dans la meme situation ou presque mais schuuuuut....)
3 - Entre les murs
4 - Le silence de Lorna
5 - Leonora
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