08 mai 2008

Les tirailleurs du Trabuquet


Moins d’une semaine après les réfugiés espagnols, les Juifs et les Harkis de Rivesaltes, c’est à d’autres oubliés de la République que nous rendons hommage en ce 8 mai. Un peu dans l’esprit du film « Indigènes » qui a ému la France entière il y a deux ans, l’Association Mémoire du Tirailleur Sénégalais (AMTS), soutenue par les copains de SOS Racisme et d'autres associations, organisait une marche du souvenir entre Nice et Menton. Le souvenir de ces soldats africains (parmi lesquels de nombreux Sénégalais et Malgaches) enterrés au Trabuquet, le grand cimetière de Menton. Il s’agissait des soldats de la Première Guerre Mondiale, blessés ou malades, rapatriés des fronts du Nord et qui, après un séjour dans les hôpitaux de la région, n’avaient pas survécu.

Nice Autrement se devait d’être au rendez-vous, le devoir de mémoire étant pour nous le socle de toute action politique. De fait, la délégation avait fière allure avec Bernard (Paquin), Rose, Lulu, Roxan, Clotilde, Carolyne. La conseillère générale du 7e canton était sur la ligne de départ pour nous encourager, Corinne et Michel à l’arrivée pour nous féliciter.

Il faut dire que l’épreuve était rude : 12 kilomètres de marche de Rauba Capeu à Eze, un petit entracte en TER d’Eze à Roquebrune, 9 kilomètres à nouveau du Cap-Martin au parvis de l’Eglise Saint-Michel de Menton, et enfin l’ascension vers le cimetière du Trabuquet pour la cérémonie du souvenir.

Mais l’équipe de Nice Autrement n’a pas à rougir de sa performance avec un Lulu plus que fringuant en Indiana Jones de la Basse corniche, Clotilde et Roxan toujours en tête du peloton, la mâchoire volontaire et le regard conquérant, Bernard, en esthète de la marche, Caro et Rose en promeneuses du dimanche (même un jeudi !), chahuteuses et gaies.

On dit fréquemment que la route qui mène au but est aussi importante que le but. Ce n’était pas le cas aujourd’hui. Le plus important se fut ce moment d’intense émotion quand, devant ces tombes saturées de corps (face à l’hécatombe, on a enterré dans la précipitation, en empilant les cadavres sans véritable souci de la dignité des tirailleurs), des enfants ont évoqué la mémoire de leurs ancêtres, ces demi citoyens soldats à part entière, à travers un poème de Léopold Sédar Senghor.

Sous le déjà chaud soleil de ce mois de mai, les participants ont eu un court moment la sensation de réparer une immense injustice. Avec le sentiment de racheter un peu cette République qui a oublié tant de ses enfants.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bravo à vous tous !
Vous avez accompli un devoir de citoyen en vous associant pleinement à cette marche fortement symbolique.
Nice autrement est encore en force et en forme,cela fait plaisir et démontre que notre combat ne s'arrête pas aux suffrages des electeurs.
France 3 à bien relayé la marche d'aujourdhui et cela est une bonne chose pour notre mémoire à tous.
SAMI