
Mais devant les nombreux commentaires qui affirment avec inconscience que ces affaires sont révélatrices de l’efficacité des contrôles et que le Tour 2007 serait le Tour de la rupture avec au final un jeune et innocent vainqueur, je pense que ce bon vieux thermomètre n’est pas aussi inutile que cela pour remettre les pendules à l’heure.
Qu’on en juge.
Sur les dix repères que je proposais, au moins neuf permettent de conclure que, même débarrassé de ses tricheurs les plus voyants, le palmarès 2007 est aussi insincère que les précédents.
1er repère : la moyenne. Soutenue en plaine, elle est devenue infernale en montagne où les records d’Amstrong ont été battus… C’est tout dire !
2e repère : présence massive d’une équipe dans les classements. Premier clm (contre la montre) : trois Astana dans les quatre premiers. Deuxième clm : trois Discovery dans les six premiers. Général : trois Discovery dans les huit premiers.
3e repère : la place des Français. Le premier est 27e… probablement le plus mauvais résultat de tous les temps.
4e repère : la place des Espagnols. En plus du vainqueur surprise, il y en a trois dans les cinq premiers, six dans les dix premiers, treize dans les vingt-cinq !!
5e repère : le nombre d’abandons. Si on exclut… les exclus du calcul, il est l’un des plus faibles de ces dernières années. Même remarque pour les éliminés.
6e repère : les résurrections. En la matière, Vinokourov a fait une concurrence effreinée et déloyale à… Bernadette Soubirous.
8e repère : les révélations tardives. L’implacable victoire de Leiphemer dans le dernier clm (il a failli gagner le Tour) laisse sceptique.
9e repère : les interviews sans essoufflement. Une fois de plus, on ne pouvait qu’être étonné par ces vainqueurs qui, dix secondes après l’arrivée, étaient capables de disserter doctement sur la conduite de leur course.
10e repère : les blessés. Vinokourov et Kloden,gravement blessés, ont poursuivi leur course en restant dans l’allure. Quand l’affaire Astana éclate, Kloden est même encore le grand favori de l’épreuve.
Au-delà de ce constat édifiant, il y a surtout la personnalité du vainqueur, Alberto Contador, victime d’une rupture d’anévrisme suivie de quelques semaines de coma, il y a à peine deux ans : un coureur qui a été successivement dans l’équipe de Manolo Sainz (au centre du plus grand scandale de dopage espagnol), puis dans celle de Lance Amstrong. Ne pas connaître de pratiques dopantes dans ces deux équipes semble à peine aussi réaliste que de rester fidèle dans « L’île de la Tentation »…
Et si on avait encore un doute, il suffit de revoir les images où il gravissait les cols avec encore plus de facilité que le désormais proscrit Rasmunsen.
En résumé, affaires et suspicions permettent bien de conclure que l’eau qui a coulé à flots sur le Tour n’était pas très claire, elle était plutôt chargée, lourde, très lourde.
Mais, si après cette édition 2007, nous pouvons dire « Le Tour est mort », rien ne nous permet d’affirmer qu’en 2008 nous pourrons dire « Vive le Tour ! ».
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