20 juillet 2008

Il faut aider la CPI







Le procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo

La Cour Pénale Internationale vient d’inculper le président du Soudan Omar El-Béchir pour génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre au Darfour. Cette inculpation d’un Président en exercice pour des faits qui appartiennent encore à une actualité tragique montre un incontestable progrès sinon du droit international, du moins de la justice pénale internationale (pourtant toujours handicapée par la non-participation des Etats-Unis).

En clair, le procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo, accuse celui qui est arrivé au pouvoir grâce au soutien des islamistes d’avoir saisi le prétexte d’une insurrection pour perpétuer un génocide (bilan provisoire : 35 000 civils tués et « mort lente » de 80 000 à 265 000 autres à cause des déplacements de population).

En fait, les responsables soudanais veulent trouver une porte de sortie devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies en obtenant le report des poursuites. Pour cela, ils espèrent un veto de la Chine, leur principal soutien et pourvoyeur d’armes. Si ce blocage pour le moins scandaleux se concrétise, il faudra le mettre en parallèle avec le refus chinois de condamner le hold-up électoral de Mugabé au Zimbabwe.

Au delà de la question du Tibet, c’est l’ensemble du positionnement international de la Chine qui pose problème. Certes, il n’est pas question d’ignorer « un quart de l’humanité », mais entre stigmatiser la population chinoise et donner un brevet de respectabilité au régime de Pékin, il y a certainement une marge. Se rendre en grande pompe à la cérémonie d’ouverture des J.O., c’est franchir cette marge…

Par cet acte symbolique, le président Sarkozy va renouer avec la légendaire couardise des gouvernements de droite français face aux régimes communistes : effets de menton sous les préaux d’écoles pendant les campagnes électorales, servilité et collaborationnisme sous les lambris des palais nationaux dans l’exercice du pouvoir.

Il reste encore quelques semaines pour réagir. Subordonner la participation à la cérémonie à un certain nombre de conditions liées au droit international ne serait en rien une marque d’hostilité envers le peuple chinois mais une façon d’encourager les institutions qui, à l’instar de la CPI, s’efforcent de moraliser la société internationale.

Qu’en penses-tu Bernard ? (Kouchner… bien sur !)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Techniquement, la Chine, ce n'est pas "le quart de l'humanité", mais le cinquième, et si on ne prends en compte que les chinois qui ont une influence quelconque sur la diplomatie chinoise, il faut se limiter aux 2217 membres du "congrès national du parti communiste chinois". La question serait donc plutôt "peut-on dire au trois-millionième de l'humanité: «vous êtes des ordures»"

Mais s'il y a surement un côté couard dans le comportement de Sarko, il y a aussi une authentique (hélas) connivence entre la droite mondiale, et le régime de Pékin: Nixon admirait Mao, non sans raison: Mao, si longtemps admiré, n'a jamais cru en ses propres discours et a toujours considéré les idéologies commes des instruments de coercision devait servir les intérêts de l'élite dirigeante, ce qui correspont indéniablement à la "vision" politique de la faction dominante à l'heure actuelle chez les conservateurs: une petite élite (que Mao avait baptisé "les grands héros") qui domine une population décrétée trop limitée pour avoir un avis valable sur la direction politique.

La Chine est une dictature dirigée par des élitistes sans scrupule: c'est ça, et non les illusoires "réussites" du modèle Chinois (70 millions de personnes qui vivent à l'occidentale dans les vitrines des "Zones économiques spéciales" et 1 millard 300 millions maintenus de force par le gouvernement dans le tiers monde, sacrée "réussite") qui plaît tant à certains de nos dirigeants

Anonyme a dit…

Un papier et un commentaire (de laulau) qui critique le gouvernement chinois tout en ne l'amalgamant pas avec la population, j'en ai rêvé, Mottard et Weppe l'ont fait.