17 août 2009

Une prom pas classic à Bucarest

Hôtel Intercontinental et Hommage aux héros de 1989

Sans être des familiers de la capitale roumaine, nous avons, au fil du temps, tissé des liens particuliers avec cette ville de Bucarest si souvent chahutée par la géographie (tremblement de terre) et l’histoire…

Ainsi, nos premiers séjours sous le communisme, le climat très lourd, la « Securitate » omniprésente, mais aussi des moments de grâce comme cette promenade en barque sur le lac Herastrau.

Ce fut également notre présence sur place tout de suite après la révolution de 1989, au rythme d’une lambada promue hymne officiel. Avec, notamment, cette nuit de Pâques magique, la première après la chute du régime où, avec Georges, notre ami roumain un peu porté sur la religion, nous avons fait le tour des petites églises orthodoxes de Bucarest qui venaient de rouvrir après quarante années de stalinisme.

C’est pourquoi, un léger entraînement matinal m’a semblé être une bonne idée pour renforcer cette intimité avec la ville en mixant, au fil des kilomètres, souvenirs personnels, lieux historiques et sensations nouvelles. C’est aussi pour moi un moyen d’éviter de prendre trop de retard sur le couple infernal Laurent-Clotilde et sur l’ami Claudio en prévision du marathon de Nice !

Il est donc un peu moins de six heures quand je m’élance de l’hôtel dans la Calea Victorei, fièrement vêtu de mon T-shirt orange « Prom classic ». Très vite, je traverse la place de la Révolution, jetant au passage un regard sur le balcon de l’immeuble de l’ancien Comité Central du PC rendu célèbre par les télévisions du monde entier quand elles ont montré le dictateur Ceauşescu perdant pied devant une foule qui se mettait enfin à crier sa colère. Un peu plus loin, je fais le tour de la place Victorei au style mi-Mitteleuropa, mi-stalinien, fréquent à Bucarest. Tout de suite après, je cafouille un peu malgré un road book digne de Daniel Elena préparé la veille. Je récupèe toutefois le trajet et me retrouve comme prévu sur la sympathique place Romana. Puis, c’est l’enchaînement de boulevards d’une largeur invraisemblable : six à huit files de circulation de front. Le coureur se sent tout petit malgré le trafic somme toute réduit de ce dimanche matin.

A l’heure de course, j’arrive sur les trois kilomètres du boulevard Unirii, les Champs Elysées du Conducator, la voie royale conduisant à l’incroyable Palais du parlement, deuxième bâtiment au monde par sa grandeur après le Pentagone. Depuis ma dernière visite, il a pris un coup de vieux, mais constitue toujours le symbole éclatant des dérives du communisme stalinien.

Le retour se fait par la célèbre place de l’Université, dominée par l’hôtel Intercontinental où Georges nous montrait les caches depuis lesquelles les militaires du régime tiraient sur les étudiants en 1989.

Cet hôtel est aussi le théâtre d’une anecdote personnelle. Dans les années soixante-dix, je me souviens avoir profité un peu cyniquement d’une des nombreuses pannes d’électricité pour refiler au bureau de change de l’Intercontinental des billets de banque… souillés par de l’huile d’olive dont la bouteille s’était malencontreusement renversée dans notre Renault 5 et qu’on avait refusé de nous changer aux frontières comme s’ils étaient faux. A une époque où il n’était pas question de cartes de crédit, ce subterfuge nous a probablement évité un retour… en stop !

L’heure et demie de course est dépassée quand je remonte le boulevard Regina Elisabeta en direction de l’hôtel. Je passe à deux pas du restaurant où, la veille, nous avons excellemment dîné en buvant une bouteille d’un très bon vin rouge roumain en compagnie de Pascale, une étudiante stagiaire française rencontrée dans l’après-midi.

Une fois revenu à mon point de départ, je m’aperçois que c’est plus de treize kilomètres de j’ai au compteur. La Prom classic de Bucarest a été plus longue que celle de Nice. Le taux de change kilométrique s’est donc révélé très avantageux…

Forrest Gump dans la Calea Victorei

1 commentaire:

Claudio a dit…

C'est en regardant derrière qu'on peut apercevoir l'ami Claudio. Aucun risque pour le retard. Après 2 mois et demi d'abstinence forcée, ce n'est qu'hier que j'ai rechaussé les Saucony pour un très modeste 53' en alternance course et marche. Aussi, le marathon n'est qu'espoir pour le moment. Mais content d'apprendre que la liste des participants s'étoffe. Mais qui va filmer alors ?