18 septembre 2009

Vive le BNB !

Alexandre le bienheureux

A propos d’un article de Pascal Lamy, le directeur de l’OMC, je me posais ici même la question des limites anthropologiques de l’économie de marché. Quelques semaines plus tard, nous pouvons considérer que le rapport de la Commission « sur la mesure de la performance économique et du progrès social », missionnée par le Président de la République et présidée par le prix Nobel d’économie américain Joseph Stiglitz, constitue un début de réponse prometteur.

Pour Stiglitz, secondé par le prix Nobel indien Armatya Sen et l’économiste français Jean-Paul Fitoussi, il faut changer de modèle statistique, sortir de la stricte logique (souvent illogique) financière et mesurer… le bien-être et le bonheur. En fait, tout ce que le marché ne peut pas calculer. Prendre en compte la qualité de la vie, la santé, l’environnement, les réseaux sociaux, permettrait de changer les instruments de mesure et nous conduirait ainsi à proposer une autre forme de développement économique plus respectueux des hommes et de l’environnement.

L’enjeu serait, ni plus ni moins, de faire émerger, à côté du PNB crispé sur la production économique et la rentabilité financière, un… BNB (bonheur national brut). En fait, un PNN (produit national net), qui permettrait de prendre en compte la dépréciation de toutes les catégories de capital ayant contribué à la production des richesses. Comme les hommes ou la Nature.

Les rapporteurs font, dans la foulée, une douzaine de recommandations pour modifier et compléter les statistiques internationales économiques, condition préalable à la création d’un système nouveau. Ainsi, « mettre en place une mesure synthétique de la qualité de la vie », « accorder plus d’importance à la répartition des revenus » ou encore « évaluer de manière exhaustive les inégalités ».

Le travail des rapporteurs, qui ont le courage de rappeler que l’économie est autant une science qu’une idéologie, est d’autant plus crédible que la réflexion initiale a été engagée avant la crise. Une réflexion qui, en faisant la part belle aux valeurs de solidarité (sociale, géographique, générationnelle), peut être considérée comme étant plutôt à gauche.

Aussi, n’est-il pas inintéressant de Stiglitz considère que la gouvernance du FMI par DSK va plutôt dans le bon sens : « Il en a changé en partie la philosophie ».

Dans un contexte où les petits camarades de DSK négocient indéfiniment avec Augias, pointer ce satisfecit est tout sauf anodin…

4 commentaires:

Léo a dit…

Comment l'Etat organise le contrôle de la pensée et lutte contre la liberté de la la Presse, c'est arrivé a plusieurs journeaux de la Presse Alternative ces dernieres années :

Appel du magazine"Grandir Autrement" (grandirautrement.com)

Nous venons de recevoir un courrier de la "Commission paritaire des publications et agences de presse" (CPPAP) nous informant que notre dossier de renouvellement d'inscription était refusé pour le motif suivant :

"En ce qui concerne Grandir Autrement, au vu des pièces versées au dossier, notamment le numéro 13 de septembre 2008, la commission s'appuyant par ailleurs sur les conclusions de la direction générale de la santé qu'elle a préalablement saisie pour avis, a constaté que cette publication contenait certaines informations et prétentions médicales qui ne paraissent pas conformes aux préconisations thérapeutiques en vigueur et aux règles de déontologie médicale. Sur la base de ce constat, la Commission a considéré que la publication était dépourvue du caractère d'intérêt général quant à la diffusion de la pensée exigé par les textes."

Sans cette inscription, nous ne bénéficions plus du régime économique spécifique à la presse, soit des tarifs postaux préférentiels et une TVA réduite à 2,1% sur les recettes de vente au numéro et des abonnements.

Nous allons rapidement déposer un nouveau dossier d'inscription et espérons ré-obtenir les conditions offertes habituellement à la presse. Nous allons également approfondir les raisons de ce désaccord.

alain a dit…

Merci Patrick pour cette fenêtre ouverte sur le jardin de la raison. Çà fait du bien d'imaginer, de sentir qu'il est possible de croître, mais cette fois de notre intérieur, de stopper cette économie de marché avide de notre sérénité. Cela me fait penser un peu au début du film "Le sens de la vie".

Richard a dit…

Nicolas Sarkozi, d'après ce que j'ai entendu à la radio, s'aproprierai les thèses de Stiglitz. Je crois qu'avant d'être Président, il ne connaissait pas sa litérature (lol). Bref, comme tu le fais remarquer ce sont des thèses plutôt de gauche. Je me demande comment se sentent les camarades qui pendant les débats sur le TCE, défendaient l'idée de la concurence libre et non faussée.
(relol)

Anonyme a dit…

merci beaucoup pour ce résumé qui m'a beaucoup aidé a comprendre (j'avais besoin de ces renseignements pour une dissertation)