15 octobre 2009

Pyrrhus était place Masséna

Ils étaient une petite centaine place Masséna pour fêter l’abandon du projet de ligne 2 du tramway sur la Promenade des Anglais. Quantitativement modeste, le rassemblement est politiquement hétéroclite puisque seuls manquent à l’appel Gauche Autrement et le Parti communiste. Et pourtant, sans s’en rendre compte, tout ce petit monde célèbre en fait une victoire à la Pyrrhus.

En effet, aiguillonné par une opposition qui, pour une fois, avait fait preuve de subtilité, le maire de Nice avait décidé d’aller très au-delà de son programme électoral initial en décidant la mise en chantier d’une ligne de tram Est-Ouest. Une ligne a priori souhaitée par les Niçois qu’on n’avait bien entendu pas informés des conséquences financières d’une telle aventure.

La revendication d’une deuxième ligne étant satisfaite, l’opposition se porta sur le tracé proposé. Faire passer le tram sur la Prom’ parut vite insupportable aux hôteliers et aux professionnels. Leur courroux avant tout commercial fut relayé par un certain nombre de Niçois qui voulaient garder la Promenade telle qu’elle est. C’était bien leur droit.

Le PS, qui a l’habitude de pratiquer à Nice depuis les municipales une opposition un peu « bourrin » à connotation chauvine, s’engouffra dans la brèche en étant persuadé d’être le catalyseur des mécontentements.

En fait, ce rôle fut tenu par un Jacques Peyrat en grande forme qui, même s’il ne se fait plus d’illusions sur son avenir politique, adore pratiquer une opposition jubilatoire et goguenarde.

Après un peu de résistance pour la forme (on a sa fierté quand même !), Christian Estrosi a vite compris qu’il n’avait rien à gagner en s’entêtant. Par contre, le front du refus allait lui permettre de rebondir en se sortant du guêpier de la ligne 2. L’opposition de gauche lui avait planté une épine dans le pied, cette même opposition allait la lui retirer.

Faire la ligne 2 supposait deux à trois ans de travaux. Que ce soit avec le tracé Prom ou le tracé Centre-Californie, les riverains auraient manifesté un vif mécontentement. De plus, les travaux auraient de toute façon paralysé une bonne partie de la circulation urbaine, exaspérant les actifs. Enfin, le prix exorbitant de l’opération aurait plombé le budget, obligeant le maire à renoncer aux autres projets qui eux étaient des promesses électorales.

D’où le petit chef-d’œuvre de réalisme politique que constitue le nouveau projet de Christian Estrosi. Il renvoie la construction de la ligne 2 à l’après-crise, voire aux calendes grecques, avec un projet forcément consensuel puisqu’on enterre le tram, épargnant ainsi professionnels, riverains et automobilistes. Or, chacun sait qu’à chaque fois qu’il est question d’un projet urbain, il se trouve toujours des bonnes âmes pour proposer qu’on l’enterre (c’est ainsi que, par dérision, Henri Revel, maire de Saint-Laurent-du-Var, avait proposé qu’on enterre… l’aéroport pour limiter les nuisances sonores !).

Christian Estrosi a donc trouvé une façon assez élégante quoiqu’un peu cynique de botter en touche en effaçant le faux-pas accompli en début de mandat.

Les manifestants de Masséna ont sans doute, sans le savoir, fait d’une pierre deux coups : ils ont fêté leur victoire et, peut-être aussi, un probable deuxième mandat de Christian Estrosi.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

opposition "bourrin", c'est tout à fait cela! et plus elle est bourrin et plus christian assoit son pouvoir....
grotesque et ridicule rassemblement!

Sylvie a dit…

Le PS local allié d'un ex FN ; c'est comme le PS national allié de Marine Le Pen dans l'affaire F.Mitterand.
Comment les électeurs peuvent-ils s'y retrouver ?
A part Sarko ou les écologistes, plus aucun parti n'a de programme ni de valeurs.
Tout le monde dit un peu n'importe quoi et fait un peu n'importe quoi selon comment le vent tourne.

Anonyme a dit…

Ce qui me choque sur la photo de Nice Matin c'est de voir un Peyrat encore en forme comme le chef de l'opposition alors qu'on connait ses positions extrèmistes avec Allemand ,Concas et Mirauchaux qui sont souriant en arrière plan.
Je ne pensais pas que le PS tomberait si bas en s'associant avec des fachos!
On a vu avec Concas sur le 1er canton qui a accepté les voix des rebelles niçois et de Peyrat,son épouse également sur le 12 ème en ne refusant pas les voix du candidat peyrat et encore là sur la place masséna.
Et les valeurs dans tout çà?
Et ce sont les mêmes qui nous font des leçons de morale!
Basta Cosi le PS

Anonyme a dit…

La subtilité, le réalisme et la manipulation en politique sont la marque et la force des vrais leaders.

Les autres, les loosers de la gauche actuelle, s'opposent forcément à tout, parce que simplement c'est l'autre qui le propose. Tant que ce sera comme cela si vous êtes au PS ne vous dérangez plus pour voter, allez à la pèche!

Julien a dit…

"ils ont fêté leur victoire et, peut-être aussi, un probable deuxième mandat de Christian Estrosi"

Pourquoi, vous doutez qu'il soit réélu ?
Moi pas. A mon humble avis il est là pour au moins deux mandats. Hélas...
Sauf si la Gauche arrive à se rassembler, mais si c'est c'est le cas je crois que le monte à genoux jusqu'à Laghet.

Anonyme a dit…

je ne pense pas que Christian Estrosi ne soit Maire que pour un ou deux mandats, mais pour plusieurs...à l'instar de Jean et Jacques Medecin ; de plus, quelle "opposition" lui fait face? certainement celle de la rue, des professionnels aux associations, je doute sincèrement que ce ne soient les mousquetons de "changer d'ère" ; quant à Peyrat, il a tenté un coup d'éclat médiatique ; pour les régionales, le PS compte peut-être, une fois de plus, comme pour les dernières cantonales partielles, sur le vote frontiste, après tout, Peyrat pourrait peut-être prendre sa carte au PS, pourquoi pas, mais on peut se poser la question de savoir pourquoi le PS a viré Mottard pour finir par faire du pied à Peyrat.

Richard a dit…

Il faut pas exagérer. On peut bien admettre que le PS et le groupe de Peyrat ccupent les mêmes cortèges pour s'opposer à un projet qu'ils refusent les uns comme les autres. Cela ne fait de Peyrat un affreux gauchiste, et du PS local l'anti-chambre du front national. Rien à voir avec le cas Mittérand.

Richard a dit…

Encore deux précisions : Le PS local est bien entendu ridicule dans cette affaire, car le PC absent du mouvement, et de "changer d'ère" n'avait que de divergences très légères avec le tracé qu'avait prévu Estrosi. Alors, claironner "victoire" contre ceux dont le PS a partagé si longtemps le même groupe... Quant à Peyrat, il joue sa partition, rappelez vous du "Ne faites pas cela" en réunion publique.

Anonyme a dit…

Nous avons tous reçu dans nos boîtes la taxe d habitation et foncière ,avec cette belle augmentation pour payer le plan de com de Estrosi et Ciotti.
Je pense que rien de tous les projets annoncés par le maire seront finalisés avant la fin de son mandat.
Il s'agit de faire purement de la com à outrance pour montrer qu'il s'occupe et qu'il est présent sur sa ville ,alors que tout le monde sait maintenant qu'il est sur Nice un jour et demie par semaine et un jour dans sa montagne.
La gauche (PS) devrait dénoncer celà et occuper le terrain et pas tomber dans le piège de répondre à des plans de communication bien orientés et bien gérés par notre Maire.
Une fois de plus Allemand tombe dans le panneau ,une fois de plus il ne comprend vraiment rien en stratégie politique alors qu'il y a un boulevard à agir pour le bien être des Nicois!!!
Mr Mottard ,il est temps de reprendre les choses en main!!!