10 novembre 2010
C’est Nicolas qu’il faut changer…
Borloo, Baroin, Alliot-Marie, re-Fillon… L’issue du grand loto des premiers ministres est à peu près aussi incertaine que celle du championnat du monde de Formule 1.
En faisant fi de la jurisprudence politique de bon sens de la Ve République, le Président s’est mis dans une bien délicate situation.
Depuis 1958, en effet, un mandat présidentiel commence toujours par la nomination d’un Premier Ministre à forte équation personnelle. Grâce à cette autonomie, il joue un rôle essentiel dans la définition des options gouvernementales tout en étant un fusible politique utile pour l’Elysée. Ainsi, le Président, libéré de la gestion au jour le jour, peut veiller à l’équilibre des institutions et se consacrer à son rôle de rassembleur.
Ce fut le cas quand de Gaulle nomma un Michel Debré pourtant en désaccord avec lui sur la politique algérienne, quand Pompidou adouba Chaban-Delmas, chantre d’une « nouvelle société » pas vraiment voulue par le nouveau Président. Même attitude de Giscard d’Estaing désignant son rival Chirac comme Premier Ministre. Mitterrand choisit lui pour ses deux premières entames de mandat d’anciens adversaires au sein du PS : Pierre Mauroy puis Michel Rocard. Quant à Chirac, il installa à Matignon Juppé pour son premier mandat et Raffarin pour le second (la plus forte personnalité de la majorité de l’époque et un centriste).
Puis, l’usure du Premier Ministre se manifestant quels que soient ses mérites (généralement aux alentours de la troisième année), il revenait au Président de monter lui-même au créneau, voire de plonger les mains dans le cambouis de l’action gouvernementale. Pour cela, il nommait comme Premier Ministre un proche qui avait souvent, en plus, le profil d’un technicien.
C’est ainsi que De Gaulle nomma un Pompidou, cadre bancaire à l’époque inconnu, ou que le même Pompidou devenu Président fit appel au discret et fidèle Messmer. VGE agira de même en nommant « le meilleur économiste de France », Raymond Barre. Mitterrand, quant à lui, assurera la promotion de trois personnalités considérées comme proches de lui au sein du PS : Laurent Fabius, Edith Cresson, Pierre Bérégovoy. Idem pour Chirac avec la désignation de son Directeur de cabinet, Dominique de Villepin.
Nicolas Sarkozy a par contre inversé le processus en montant en première ligne dès le début de son mandat et en nommant un Premier Ministre discret à qui il ne laissa aucune marge de manœuvre. Résultat des courses : après trois ans d’hyper présidence, le Premier Ministre Fillon n’est pas tellement usé, puisqu’il n’a pas servi, et Sarkozy, les sondages en témoignent, est cramé par une trop forte exposition aux rayons de l’actualité.
Du coup, le pauvre Nicolas, complètement démonétisé, ne sait plus vraiment quel choix faire. Si le nouveau Premier Ministre a beaucoup de personnalité, il risque de devenir rapidement un rival, s’il n’en a pas assez, il ne pourra pas le soulager en incarnant une nouvelle étape du quinquennat.
En fait, en ces jours d’anniversaire de la mort du Général De Gaulle, on se dit que dans la logique des institutions de 1958, c’est plutôt Nicolas Sarkozy qui devrait partir et Fillon rester.
LOL, comme disent mes étudiants !
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13 commentaires:
Dans la présidence sarkozienne le premier ministre et les ministres ne servent pas à grand chose puisque tout se décide à l'Elysée avec des conseillers (Guéant, Soubie, Louvrier...) tous aux ordres du président. Alors qu'importe le nom du nouveau premier ministre et comme l'avait fait Caligula en nommant son cheval sénateur à Rome, on peut donc envisager toutes les hypothèses...
Il reste 543 jours avant le 6 mais 2012, date probable de l’élection présidentielle… Patience...
De toutes façons il s'agit surtout d'un coup pour créer une "diversion" médiatique. La technique de NS est toujours la même: occuper l'espace médiatique. La ficelle devient tellement grosse que même "Le Figaro" en est gêné. C'est dire!!
Dans la série, ensemble tout devient possible. Qui va devenir notre nouveau premier ministre, le suspense devient insoutenable et on attend avec impatience et angoisse. Il me vient une idée. La réforme des retraites vient d'être promulguée et c'est une fantastique victoire pour le vertueux Woerth. Le ministre du travail devient donc ainsi un prétendant au poste...Quoi j'ai dit une bétise ? Mort de rire comme disent les jeunes...
Emmanuel, j'adore ton sens de l'humour :-)
542 jours c est énorme,surtout quand un homme se prend pour le centre de la terre.Il a largement le temps de mettre la France sans dessus dessous.Espérons que les électeurs n auront pas la mémoire courte sinon...c est la fin des haricots....HELYETTE.
Qui Nicolas nommera t-il après François, si Jacques avait nommé Dominique; François : Laurent, Edith et Pierre ;Valery : Raymond ; Georges : Pierre ; et Charles: Georges ?
Comme je débute en course « automobile » (formule 1), est-ce que les voitures nous sont aussi familières que les hommes politiques, et ne portent aussi que des prénoms ? Si Monsieur Mottard veut bien me répondre…
Ben oui Cléo ça va se jouer à Abu Dhabi entre Fernando l'espingouin,Mark le aussie,Sebastian le teuton et Lewis le rosbeef...
Patrick, en parlant de course mais à pied, fais-tu le marathon Nice Cannes de dimanche ? Si oui bon courage à toi et bonne chance pour le classement.
pourquoi ne pas faire aussi un commentaire sur le comportement des médias sur le feuilleton d'un éventuel changement de 1er ministre.
france inter nous gave de cela depuis 4 ou 5 mois , pas un journal sans qu'il en parle. ils vont finir par me faire écouter RIRE ET CHANSON ... PTDR comme dise les jeunes .
Bien sûr Emmanuel que je fais le marathon Nice-Cannes. Et ma seule ambition est de terminer en aussi bonne forme que l'an dernier...
çà ne fait aucun doute, et je souhaite une superbe course au valeureux marathonien avec tous mes encouragements admiratifs
On pense bien à vous pour demain.
Bon courage.
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