Lorsque le bilan de l’actuel Président est évoqué, il est généralement admis que si, sur le plan de la politique intérieure, la cause est entendue et l’échec caractérisé, il en est rarement de même au niveau international. Un quasi consensus s’opère entre médias et opinion publique pour dire que Nicolas Sarkozy a été performant et qu’il a même fait bouger les lignes.
Pour ma part, si je suis prêt à reconnaître quelques points positifs au bilan présidentiel, notamment en matière institutionnelle, j’ai toujours considéré la politique étrangère pipolisée du quinquennat inefficace, contreproductive, et même dangereuse pour la réputation diplomatique de notre pays. Me trouvant un peu isolé sur ce créneau, c’est donc avec un grand intérêt que j’ai lu l’ouvrage de Gilles Delafon, Le règne du mépris, sous-titré « Nicolas Sarkozy et les diplomates 2007-2011 ».
Journaliste spécialisé dans l’actualité diplomatique et internationale depuis vingt-cinq ans, l’auteur porte en effet un regard très sévère et dresse un bilan négatif de ce mandat « du mépris ».
Il fait notamment une analyse assez rude de deux revirements qui m’avaient particulièrement choqué en début de quinquennat :
- L’hallucinante affaire de la libération des infirmières bulgares où, pour des raisons de promotion familiale (c’est… Cecilia qui avait négocié !), Sarko avait autorisé, en signe de reconnaissance, Kadhafi à planter sa tente à deux pas des Champs Elysées.
- L’affaire géorgienne, où, sous couvert d’une médiation, le Président français avait servi la soupe (le bortsch !) à Poutine, transformant deux provinces de Géorgie en Sudètes caucasiennes (voir, sur ce sujet, mon billet « A propos de la Géorgie »).
Les choses ne s’améliorèrent guère par la suite avec le pschitt de l’Union Méditerranéenne, la gestion catastrophique de l’affaire Florence Cassez au Mexique, la gesticulation suivie d’un garde-à-vous sans gloire devant les dirigeants chinois à propos du Tibet, les sommets européens à répétition pour nourrir le « 20 heures », l’alignement servile sur l’Allemagne, le rendez-vous manqué avec la Révolution tunisienne.
Même l’aventure libyenne s’avère être une victoire à la Pyrrhus : l’équipe adoubée par Nicolas Sarkozy dans ce pays est en effet composée d’un certain nombre de tortionnaires des infirmières bulgares et d’intégristes qui ont rétabli la charia dès leur premier jour au pouvoir.
Mais l’auteur, qui n’évite pas toujours le piège du corporatisme et de la connivence avec le Quai d’Orsay, considère que l’aspect le plus néfaste de la politique internationale du Président français est d’avoir toujours privilégié le court terme et le spectaculaire en déstabilisant cette belle machine de paix qu’est la diplomatie française. Et là, d’après lui, les dommages risquent d’être irrémédiables. On veut bien – hélas ! – le croire.
7 commentaires:
Pourquoi ne pas faire le bilan positif de l'actuel Président..Cela devrait prendre une a deux lignes,et encore.
Je suis surprise que "Le règne du mépris" soit en vente.Nous avons encore la liberté d'expression? Mais chut,ne donnons pas de mauvaises idées,et profitons de cet excellent ouvrage.
Merci
FX
Les choses ne s’améliorèrent guère par la suite avec le pschitt de l’Union Méditerranéenne
Hoooooo: je l'aime beaucoup cette union: Plutôt dérouler le tapis-rouge à des vieux autocrates tellement corrompus qu'ils tenaient plus du méchant de bande dessinée ou de la blague des grosses tête (l'Histoire économique de l'Égypte vu par les Égyptiens: Sous Nasser: le Socialisme humanisé par le Bakchich; sous Sadate: le Capitalisme perfectionné par le Bakchich; sous Moubarak: le Bakchich) que de laisser à la Turquie une chance d'entrer... tout en intégrant les islamistes au pouvoir au PPE: qu'on ne dise pas que la Droite manque de principes: ceux-ci sont juste non euclidiens: les angles droits font des courbes, les parallèles se croisent et les grands principes sont aussi variables que l'état de santé du chat de Shroedinger.
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l’alignement servile sur l’Allemagne
Si encore c'était un alignement servile sur l'Allemagne: là on a eu droit à l'alignement servile sur un parti allemand toujours donné à 3% aux prochaines élections.
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l’équipe adoubée par Nicolas Sarkozy dans ce pays est en effet composée d’un certain nombre de tortionnaires des infirmières bulgares et d’intégristes qui ont rétabli la charia dès leur premier jour au pouvoir.
Ahem: la Charia n'avait pas besoin d'être rétablie: elle était déjà en place depuis Kadhafi. Et franchement, ce sont les locaux, en prenant goût à la liberté de dire merde à leurs dirigeants, qui enrayeront les salafistes, pas les efforts au mieux maladroit des notables européens.
J'ajouterai son attitude par rapport à la Turquie.
Une politique étrangère faite de revirements, de reniements et de coups médiatiques où BHL dispute ses talents à Bernard Kouchner.
On éspère que cela ne nous a pas fâché avec le monde entier.
On repense à l'Union pour la Méditerranée avec les dictateurs aujourd'hui licenciés, la reception de Kadhafi à Paris, la brouille avec la Turquie, la Côte-d'Ivoire où l'on ne savait plus qui soutenir, l'aide proposée à la Tunisie pour lui enseigner le maintien de l'ordre, le suivisme de l'Allemagne, les revirements en Afghanistan...
J'en oublie certainement!
Redonnons du calme et de la stabilité à la politique étrangère de la France (il semblerait que le ministre actuel des affaires étrangères travaille en ce sens).
et le retour à l'OTAN...
Est il possible de clamer certaines valeurs de la République, en un moment opportun, de les glorifier, tout en en piétinant d'autres?
Nous en cauchemardions, il l'a fait.
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