22 mai 2007

Les ados de Gus, les bimbos de Quentin

Entre lundi et mardi, seulement trois films au compteur, mais pas n’importe lesquels : ceux de deux anciennes palmes d’or, Gus Van Sant et Quentin Tarentino, et celui, plus inattendu, du peintre-cinéaste Julian Schnabel.


Paranoid Park de Gus Van Sant

Alex, jeune skateur de seize ans, tue accidentellement un agent de sécurité tout près du skate park le plus mal famé de Portland (Oregon), le Paranoid Park. Après avoir hésité, il décide de ne rien dire.

Personne ne filme le monde de l’adolescence comme Gus Van Sant. Même pas la Sofia Coppola de « Virgin suicides ». Flottant, sans mémoire et sans avenir, dans un présent amniotique, la plupart des ados américains attendent avec résignation le passage du train sans retour de l’american way of life. Certains n’arrivent pas à s’y résoudre et cela donne « Elephant ». Alex, lui, est un peu entre les deux. Il s’interroge beaucoup sur ce monde d’adultes évanescents (ils sont symboliquement floutés à l’écran) et côtoie la marginalité au skate park ; mais il faudra le drame dont il est le responsable involontaire pour qu’il comprenne qu’il ne sera jamais comme les autres. Pour le meilleur et pour le pire, le drame impuni mais assumé l’empêchera de rentrer dans le moule. Pas forcément une mauvaise nouvelle.

Une histoire simple, servie par le style elliptique et fluide de Gus Van Sant, injustement oublié au palmarès en 2005 pour son magnifique « Last days » (les derniers jours du chanteur de Nirvana).


Boulevard de la mort de Quentin Tarentino

L’auteur de « Pulp fiction », couronné à Cannes il y a déjà treize ans, nous gratifie d’un film « Grindhouse » (du nom de la chaîne de cinémas qui, dans les années soixante, programmait des doubles séances de films bon marché).

Stuntman Mike (Kurt Russel en méchant de BD) est un serial killer d’un genre particulier : il tue à la chaîne les bimbos texanes de la région d’Austin avec sa voiture de cascadeur, en provoquant des accidents d’une brutalité inouïe. Mais, il trouvera ses maîtres, ou plutôt ses maîtresses, sous la forme d’un trio de jolies cascadeuses qui le réduisent en bouillie à la suite d’une course-poursuite d’anthologie. C’est drôle, violent, décalé, mais au final, il faut bien avouer que ça ne casse pas trois pattes à un canard. Qu’il est loin le Tarentino de « Kill Bill » !


Le scaphandre et le papillon de Julian Schnabel

L’histoire vraie de Jean-Dominique Bauby, rédacteur du magazine Elle, paralysé à la suite d’un accident cérébral, et qui trouve assez de ressources pour écrire un livre et dicter le texte en clignant de son œil valide.

La première demi-heure (le réveil du malade en caméra subjective) est insoutenable. Bauby, paralysé mais tellement lucide, comprend petit à petit ce qui lui arrive, et le spectateur est au bord du malaise physique (c’était mon cas). La suite est plus classique, puisque le réalisateur filme Mathieu Amalric jouant Bauby (la sempiternelle performance d’acteur à la « Rain man ») sans toujours échapper aux lieux communs et à un style parfois lelouchien.

Effrayant dans sa première partie, convenu ensuite, je ne suis pas sûr qu’il faille recommander ce film.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

hey Gus tu connais Charlie Mingus.