Depuis vingt-cinq ans, les sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon étudient au sein de la société française une bien étrange tribu : les riches. Là où beaucoup de leurs confrères s’intéressent aux exclus et autres damnés de la terre, ils ont choisi d’étudier ceux qui organisent la ségrégation sociale et en profitent.
Leur dernier ouvrage, « Le Président des riches », reprend les principales conclusions de ces travaux en insistant tout particulièrement sur les liens entre l’économique et le politique en terre sarkozienne. Ils voient d’ailleurs dans la célèbre soirée du Fouquet’s, où se sont précipitées toutes les composantes de la classe dominante – patrons du CAC 40, politiques et show-biz – l’acte fondateur du quinquennat.
Il résultait de leurs travaux antérieurs que les familles fortunées défendent bec et ongles leurs espaces en exerçant un contrôle vigilant sur leurs institutions, leurs cercles et leurs clubs. A l’école, elles veillent notamment à ce que leurs enfants fréquentent le moins possible les autres jeunes. Ainsi, la bourgeoisie s’affirme comme classe consciente d’elle-même et de ses intérêts. A un moment historique où la conscience de classe s’effrite dans les classes populaires, on serait tenté de dire, en suivant le raisonnement du couple Pinçon, que les riches sont les derniers marxistes !
Mais, la particularité du sarkozisme est que cette classe, riche entre autres de son capital social (ses réseaux, son système de relations) n’a jamais été autant en connivence avec le monde politique. Les liens entre Monsieur de Maistre et le ministre Woerth illustrent parfaitement cette proximité qui s’affiche presque sans complexes. Du coup, on comprend mieux l’entêtement du pouvoir à maintenir le bouclier fiscal ou alléger les droits de succession.
Le seul problème, précisément, est que l’actuel Président est tellement décomplexé par rapport à ce concubinage entre le monde des affaires et la politique qu’il en devient dangereux pour l’oligarchie qui pourrait choisir assez vite un représentant moins voyant.
Au final, le portrait de la République qui se dessine en pointillés derrière la démonstration de Monique et Michel Pinçon est plutôt inquiétant pour la démocratie. Alors, comment résister ? Les auteurs donnent une réponse inattendue : suivons l’exemple des riches. « Voilà des gens qui ont une éminente conscience de leur classe, qui sont solidaires quand la mode est à l’individualisme, qui sont organisés et mobilisés, qui défendent énergiquement leurs intérêts. Faisons comme eux. Battons-nous ».
29 septembre 2010
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3 commentaires:
Ha bon, j'ai eu peur, j'ai cru lire le président des niches...
Les liens entre la "phynance" et la "poolitic" (comme pool, piscine ou bassin ou bassinet où l'on crache)? Faut-il attendre les "Cinq dernières minutes" pour dire en se frappant la paume gauche du poing droit, comme le faisait Sou... rappelle-moi son nom : "Mais c'est bien sûr"
Les liens entres finance et politique sont des liens de subordination. Le Capital décide et l'exécutif exécute. J'aime beaucoup l'humour que tu y mets, mais il est vrai qu'il s'agit de "choses" nationales, voire mondiales, et, donc, on peut plaisanter.
La plaisanterie locale est moins évidente. Pourtant, à y bien regarder, on peut peut-être risquer aujourd'hui des sourires d'exclus, là ou hier on noyait ses grimaces dans une soupe éponyme.
"Il est normal de tenir compte de l'espérance de vie au moment de la retraite, faute de quoi on mettrait des charges insupportables sur le dos des jeunes", a-t-il dit(EW).
Non seulement notre gouvernement est empreint de philanthropie, mais en plus il uniformise l'espoir!! Je ne savais pas que l'ésotérisme et la philanthropie étaient au pouvoir...
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