04 septembre 2010

Liberté Egalité Fraternité


Nous étions plus de deux mille entre la place Garibaldi et le Port pour exorciser l’été de la honte. C’est assurément un beau succès pour une manifestation de rentrée sur le thème de la défense des droits de l’homme. Ce n’est pas encore une déferlante mais c’est beaucoup plus qu’un frémissement. Il est vrai qu’au-delà de l’hystérie anti-Roms et l’invention de la nationalité à géométrie variable par le ministre Hortefeux, nous vivons à Nice la douloureuse saga des demandeurs d’asile soumis à la loi de l'errance et des petits matins blêmes. Une raison de plus pour qu’organisations, militants ou tout simplement humanistes se mobilisent.

Pour masquer les difficultés du moment et notamment la navrante affaire Bettencourt, le pouvoir n’hésite pas à jouer les incendiaires avec le feu de la xénophobie. Il le fait avec cynisme car je ne pense pas que ces femmes et ces hommes du gouvernement, expérimentés et politiquement cultivés, croient un seul instant à l’efficacité de leurs gesticulations dégradantes pour l’image de la France en termes de sécurité.

Il fut un temps où certains politiques psalmodiaient sur les estrades : fraternité, fraternité, fraternité… Nous n’en sommes plus là. Qu’est-ce que la Fraternité quand l’Egalité n’est plus assurée entre les citoyens ou, plus largement, entre les hommes qui résident sur le territoire français ? Et qu’en est-il de l’Egalité si elle ne prend pas racine dans le terreau de le Liberté ?

C’est donc bien pour la totalité du triptyque Liberté Egalité Fraternité que deux mille Niçois en colère ont manifesté, dans un réflexe de défense républicaine, à travers ces beaux quartiers historiques de l’est de la ville. Ceux-là même qui accueillirent, au début du siècle dernier, tant d’immigrants.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Toute la difficulté de la gauche et en fait la clé du succès en 2012 sera de faire comprendre quand luttant contre la xénophobie, on ne néglige pas pour autant la lutte contre l'insécurité d'où qu'elle vienne.
ricciarelli

cléo a dit…

2500 mais... dans la cinquième ville de France! L'insécurité n'est certes pas qu'un sentiment diffus et la sécurité est une réalité qu'il faut assurer pour que les libertés de tous soient épargnées mais aussi puissent s'exercer. Pour ma part, la mienne est entamée dès lors qu'un gouvernement y porte atteinte et j'ignore ce que pourrait être une liberté sans droits, pas seulement des droits reconnus mais respectés. Ce sont des évidences... mais qu'il faut parfois reconstruire ensemble.

Antoine a dit…

Je ne m’exprime que rarement sur la chose politique, préférant laisser cela aux convaincus et à ceux dont c’est le métier. Et puis, cela peut être parfois source de discorde lors des réunions familiales. Mais chaque règle à son exception et si je sors de ma réserve c’est parce que des choses me choquent aujourd’hui.
Cela ne date pas de cet été, mais l’an dernier déjà lorsque M. Besson a renvoyé des sans-papiers en Afghanistan, pays en guerre.
Puis, après les Régionales, il y eu le retrait de la taxe carbone (« l’écologie ça commence à bien faire » aurait dit notre Président) simplement parce la taxe était impopulaire mais rien n’est proposé d’autre, aucune proposition n’est faite pour espérer un jour inverser la courbe du réchauffement climatique. M. Rocard allant jusqu'à juger la situation de « criminelle ».
Cet été, comme nous tous, j’ai observé comment M. Woerth s’accrochait pathétiquement à son siège au lieu de démissionner pour assainir le climat et pour « préparer sa défense bien qu’il soit innocent » comme on dit dans ces cas là.
Cet été, comme nous tous, j’ai observé comment un gouvernement pouvait s’acharnait sur les Roms, citoyen européen si je ne m’abuse.
Patrick, vous utilisez avec M. De Villepin le terme de « honte ».
Je suis un ancien porteur de la petite main jaune (il y a presque trente ans !) et plutôt électeur de droite –étrange démarche que d’exprimer cela sur votre blog- je n’ai pas « honte » de mon vote de 2007, mais j’en ai une grande amertume.