Le mépris
C’est donc à un véritable vagabondage cinématographique que je me suis livré tout au long de ce week-end prolongé de la Toussaint.
Le premier film fut Trainspotting, de Danny Boyle, que j’avais manqué lors de sa sortie en salle : l’histoire d’une bande de jeunes écossais entre chômage et drogue. Si le scénario est dans la (bonne) tradition du cinéma social britannique, la réalisation est pour le moins originale : fiévreuse, parfois burlesque, n’hésitant pas à faire quelques incursions dans la scatologie. Mais ces pieds nickelés d’Edimbourg sont trop caricaturaux pour vraiment nous émouvoir.
Après Danny Boyle, ce fut Sergio Leone, histoire de revoir le film qui marqua l’apothéose (et la fin) du western spaghetti, Il était une fois dans l’Ouest. Histoire aussi de vérifier que les films du réalisateur italien ont moins vieilli que les grands westerns classiques que j’ai tous revus, il y a deux ans, après notre visite aux studios d’Old Tuckson dans l’Arizona. D’ailleurs, le thème du capitalisme corrupteur, très présent dans le film, a probablement inspiré les scénaristes d’HBO pour la série Deadwood.
Puis, sans transition comme on dit à la télévision, ce fut Le mépris, de Jean-Luc Godard, un grand film, un très grand film, qu’il faut voir et revoir. Cette brutale désagrégation d’un amour, sur fond d’incommunicabilité, propulse Camille et Paul au Panthéon des couples de cinéma. Mais, au-delà ou plutôt en deçà, Le mépris c’est aussi un anti-générique étonnant, le grand Fritz Lang qui accepte avec humilité un rôle secondaire, la musique entêtante de Georges Delarue, l’Odyssée – thème du film dans le film – revisitée par le mépris de Pénélope, Paul-Michel Piccoli murmurant : « Je t’aime totalement, tendrement, tragiquement » à Camille-Brigitte Bardot nue sur un lit et qui interroge : « Tu aimes mes chevilles ? tu aimes mes genoux ? tu aimes… ». Une Brigitte Bardot à la beauté confondante qui incarne la femme, la vraie, celle d’avant la chirurgie esthétique.
Enfin, le vagabondage s’est achevé par un objet cinématographique non identifié, qui reste bien à part dans la filmographie de l’immense Antonioni, Zabriskie Point. Ce road movie, qui met en scène un couple de jeunes révoltés plus « love » que « peace », date de 1970. Il en a la générosité et la naïveté. Mais, pour moi, ce film est surtout l’occasion de retrouver Zabriskie Point. C’est en effet dans ce petit morceau de la Vallée de la mort, dans le Nevada, qu’avec Dominique nous avions fait une promenade, en décembre 1995, au lendemain d’un événement important…
Zabriskie Point
4 commentaires:
Vagabondage j’ai suivi… en empruntant un parcours quelque peu différent quant au corps, mais alors pas du tout quant à l’esprit.
Transpotting : le métropole à Lille.
Il était une fois dans l’ouest : Holesovice( Prague 4) sur mon canapé.
Le mépris : le café des images à Hérouville st clair.
Z. point : la cinémathèque à Nice.
Finalement, cela fait pas mal de distance! Les étirements vont s’imposer, non ?
Nous saurons très bientôt si ce vagabondage varié peut être validé comme un plan d'entrainement fiable. A très bientôt.
Un choix eclectique mais de très grande qualité où figure en bonne position le cinéma italien. Mes préférences iront vers un cinéaste de très grande qualité qu'ètait Antonioni. Mais où as-tu pu voir tous ces films à la suite ?
Pour l'anecdote, Zabriskie Point et la Death Valley sont en Californie, non loin du Nevada il est vrai
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