04 décembre 2010
Romain Bouteille dans le Bocal
Le Bocal est un charmant (tout) petit théâtre de la rue Prince Maurice à deux pas de la Gare du Sud, au cœur du 5e canton. Depuis de nombreuses saisons, l’animateur Jean-louis Russo et la Compagnie résidente « Série illimitée » (spécialisée dans un répertoire de qualité qui emprunte beaucoup à Eugène Ionesco) offrent un programme varié et imaginatif avec quelquefois en prime des pépites dont la valeur est inversement proportionnelle à l’exiguïté des lieux.
Ainsi, ce vendredi, nous avons eu la chance d’assister au dernier spectacle du mythique Romain Bouteille, « L’ordinateur occidental ». Retrouver dans ce lieu si familier le cofondateur (avec Coluche) du Café de la Gare, le découvreur de Patrick Dewaere, Miou-Miou et autre Renaud, était forcément très émouvant. Pas seulement.
Le spectacle, one man show étiqueté par l’auteur comme « une fiction anticléricale », était plus qu’un prétexte pour rencontrer un personnage emblématique. Avec « L’ordinateur occidental », un Romain Bouteille vraiment iconoclaste dynamite, à l’aide d’un monologue – en vers, excusez du peu – d’une heure et demi, l’Eglise, ses clercs et ses prophètes… Le résultat est étonnant, drôle, et tout sauf anodin.
Morceaux choisis :
« A voir un serviteur de l’Eglise apportant
Cet enthousiasme aux foules avec tant de grâce
Et d’aristocratie on mesure le temps
Phénoménal qu’il a passé devant sa glace. »
« Il paraîtrait que l’âme, d’après ma cousine,
A longtemps fait office de panneau-réclame
Aux missionnaires blancs d’Afrique Sarrasine.
Elle a lu ça dans le Figaro Magazine. »
« Aussi, plutôt que de malmener ces curés
En m’appuyant sur les fortunes qu’ils ont faites,
Je préfère vous inviter à la curée
Finale d’une chasse édifiante aux prophètes. »
« De même, ce serait un hasard prodigieux
Qu’un Tout-puissant ait pour obsession number one
L’âme des pratiquants, l’anorexie des moines
Et le confort douillet de leurs chefs religieux. »
Et, celui que je préfère :
« Un naïf, par exemple, va se dépêcher
De tirer le premier sur la femme adultère
Afin d’être celui qui n’a jamais péché. »
Etonnant, non ? comme aurait dit en son temps le professeur Cyclopède.
Puis, dans la bonne tradition des soirées au Bocal, le spectacle continuera avec un after bon enfant où les spectateurs partageront le verre de l’amitié avec le héros du jour. Détendu et disponible, Romain fut un interlocuteur charmant d’une simplicité tellement évidente qu’il fallait se pincer pour ne pas oublier que nous avions là devant nous une légende de la scène française.
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5 commentaires:
Etonnant non ! Fantastique Romain Bouteille, découvreur de talents (Coluche et les autes d'accord mais Renaud en remplacement d'un acteur qui lui ressemblait et dont j'ai oublié le nom) qui a toujours voulu resté en arrière de la société du spectacle ultra médiatisée. Quel classe et tous cela à deux pas de chez moi et je ne le savais même pas, quel dommage pour moi et quelle chance pour toi. Il s'en passe des choses dans le cinquième canton là où bat le coeur de Nice...
Emmanuel, il y a encore une représentation ce soir. Mais je ne sais pas s'il reste des places...
Au risque de passer pour une imbécile qui aime découvrir un univers inconnu (j'avoue humblement de pas connaître Romain Bouteille et le Théâtre du Bocal), je volerai une minute nécessaire à Monsieur Cyclopède pour trouver ces morceaux choisis réellement étonnants, tout à la fois criants de vérité et pleins d'humour, plus que réalistes sur l'hypocrisie de l'Eglise... çà ne nous empêchera pas de faire une prière pour souhaiter que le voeu du retour de notre ange de Saint Barthélemy soit bien vite exaucé par d'autres prophètes à l'âme panneau-réclame de nos journaux quotidiens... on n'imagine même pas tout ce qui se passe dans ce cinq de coeur...
Oh je ne savais pas qu'il passait sur Nice. Romain Bouteille, la seule personne que Coluche ait vraiment idolâtré ... J'adore !!
La première fois que j'ai vu Romain Bouteille, c'était en 1970 au café de la gare. Il y avait aussi Miou Miou et Gérard Depardieu dans ce spectacle.
A l'époque, le café de la gare n'était pas à son emplacemet actuel. Il n'y avait pas de billets non plus! Mais des numéros: Ils faisaient tourner une grande roue.. et les tarifs dépendaient du hasard. Cela pouvait même se terminer par un remboursement. A la fin du spectacle une soupe était offerte aux spectateurs...
Si vous allez un jour au café de la gare à Paris vous pourrez y voir peut être Romain Bouteille... et la grande roue qui est toujours là comme décor!
Le temps est passé mais c'est un lieu ou je vais toujours avec plaisir.
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