Il a suffi de trois films, succès commerciaux accumulant les récompenses internationales, pour que les médias s’extasient sur « le renouveau du cinéma français » : The Artist, Polisse et Intouchables. J’avais déjà vu au Festival de Cannes 2011 les deux premiers (voir sur ce blog les billets du 13/05/2011 et du 17/05/2011) et c’est la semaine dernière, dans une salle de Perpignan que j’ai (enfin) vu le troisième.
Il est vrai que le palmarès est étourdissant : un succès planétaire pour The Artist avec oscars, césars et prix d’interprétation à Cannes, deux millions et demi de spectateurs, d'un prix du jury sur la Croisette pour Polisse et de plus de dix-neuf millions de spectateurs pour Intouchables, agrémenté d’un césar pour l’interprétation d’Omar Sy.
Si on aime le cinéma français, on ne peut qu’être satisfait devant un tel carton. En effet, de Malraux à Jack Lang, la France s’est dotée d’un système d’autofinancement de son cinéma qui, en s’adossant à l’exception culturelle, est d’une redoutable efficacité quand il s’agit de convertir les succès populaires en investissement à long terme pour l’ensemble de la filière. Au delà de l’effet d’image, notamment à l’étranger, ces films apportent oxygène, sang frais et espèces sonnantes et trébuchantes au cinéma français.
Mais ce n’est pas bouder notre plaisir devant cette réalité que de dire que ces trois films ne sont pas forcément des chefs d’œuvres du 7e art, même si l’ensemble reste très honorable.
The Artist
Il fallait du culot à Michel Hazanavicius et à Dujardin pour se lancer dans le tournage d’un film muet en noir et blanc. Mais, peut-être bluffés par leur propre audace, ils se sont interdits d’aller plus loin qu’un scénario convenu sur le passage difficile du cinéma parlant pour les stars du muet. Du coup, on a un petit film sympathique à la limite du pastiche. C’est dommage car le réalisateur aurait pu aller beaucoup plus loin. The Artist est audacieux, mais il manque d’ambition.
Polisse
Le film de Maïwenn a peut-être un style et un ton nouveaux pour le cinéma hexagonal mais, si on élargit le spectre de la comparaison, on n’a là qu’un honnête « pilote » d’une série TV américaine… le politiquement correct et le psychologisme à la française en plus…
Intouchables
Cette fable sociale (même tiré d’une histoire réelle – on nous l’a assez dit –, on a du mal à croire au scénario) est un film bien classique. Reste le phénomène de société : il semblerait que des millions de Français aiment bien l’image de tolérance qu’Intouchables renvoie d’eux-mêmes. En ces temps de lepenisation des esprits, le constat est plutôt encourageant. Du coup, on se demande si le film n’est pas que cela : un miroir qui aurait été brandi au bon moment à la face de la société française.
Si mon ressenti artistique sur ces trois films est plutôt mitigé, je me réjouis de voir que leur succès a conduit un certain nombre de mes compatriotes à reprendre le chemin des salles obscures. Quant à leurs retombées économiques, elles permettront peut-être à une Nouvelle Vague de s’épanouir…
10 commentaires:
Belle réussite commerciale et médiatique en effet. Mais franchement je n'ai vu aucun de ces trois films et je ne pense pas me déplacer au cinéma pour les voir.
Je me demande si avec ces énormes succès, le cinéma français n'y perd pas un peu son âme!
Pour ma part, je n'ai vu que "intouchables". Si ce film est relativement pauvre au niveau mise en scène, il a le mérite de mettre les Français face à une réalité souvent occultée.
Comme tu le dis Patrick, si ces 3 films donnent envie aux gens de retourner au cinéma, c'est gagné !
Je n'ai pas vu "Polisse". J'ai vu les deux autres.
Le renouveau du cinéma ? Bof ! L'adaptation aux réalités commerciales ? Sans aucun doute.
Pour "The Artist" j'ai pas mal baillé. Je ne regrette pas son succès, c'est plutôt sympa pour nous. Mais personne n'est dupe du produit marketing, anticipé dès l'idée.
Pour "Les intouchables", j'ai passé un bon moment. Ce n'est QU'UN film de divertissement, avec toutes les ficelles de ce qui marche : le choc entre les milieux sociaux, c'est un peu éculé, mais pourquoi pas, ça reste drôle. Mais alors, je trouve tout à fait absurde d'en faire un film social ou politique en sortant l'artillerie lourde des bons sentiments : Incroyable, !... un handicapé peut rire des blagues qu'on fait sur lui. Incroyable !... un bon gars de banlieue (noir en plus) est un type généreux et sympathique. Incroyable hein ?! Et on a atteint des sommets quand on nous a expliqué qu'un gars de banlieue a eu un césar, genre revanche des cités et des défavorisés. On aurait donc pas récompensé un talent et une performance ? Cette marmelade de bons sentiments bien conventionnels et conservateurs nous font plus de mal que de bien, à nous.
(Patrick, tu publies ce commentaire si tu veux. Mais, ça me ferait teeeeeeeellement plaisir que Clotilde lise l'amicale pensée que j'ai pour elle ;-)
Pareil qu'Emmanuel.
Aucune approche en texte ou en image ne m'avait donné envie, mais la "réussite commerciale et médiatique" de ces films est telle que j'en suis à enrager rien qu'à lire -et relire- sans fin leurs titres sur les plus divers supports que j'ai le malheur de croiser.
Et ce n'est pas ce billet qui me fera changer d'avis: enfin une critique exempte de prosternation béate devant ces "monuments" imposés du cinéma français, voilà qui rafraîchit... et donne envie de lire les prochains avis pour éventuellement retourner au ciné!
C'est comme dans d'autres domaines, il y a ceux qui vont voir quelque chose pour apprendre et analyser et ce qui y vont pour le plaisir, la détente. les deux cohabitent parfaitement sur les lieux et sont en plus complémentaires et indispensables.Comme disait mon adorable grand-mère, il en faut pour tous les gouts.
Alexandre
Succes des intouchables Devant "Rien à déclarer" de Danny Boon (8,13 millions) et le dernier épisode de la saga "Harry Potter" (6,5 millions) sans commentaires ...
franchement si ont n'a pas vu les films en question ont ne s'autorise pas un commentaire...
moi jai vu les trois et mon commentaire est BOF surtout pour intouchables.
des 3 polisse m'a le plus interessé.
allez voir LE TERRITOIRE DES LOUPS, LA DAME DE FER,
CHEVAL DE GUERRE,
SARAFA,JOHN CATER,SECURITE RAPPROCHEE,FELINS,DOS AU MUR, voila du cinema oui je sais pas français mais cela ne me pose aucun probléme surtout quand ces CANAL + ET TF1 LES PLUS GROS FINANCEUR DU CINEMA FRANCAIS.
parsus06
Il y a deux catégories de"bons" films ceux qui marquent pour toujours, qui restent dans la mémoire et ceux qui permettent de passer un "bon moment". Pour moi, intouchables et the artist relèvent de cette deuxième catégorie.
Pour intouchables certes je suis d'accord avec ta constatation Patrick , mais tant pis si je tombe dans le "politiquement correct", le scénario est très bien écrit, le jeu des acteurs et notamment d'Omar est excellent; il y a de l'humour et de l'émotion. Certes la réalité des handicapés est évidemment différente; mais comme l'a dit Simone de Beauvoir, "on ne peut as toujours regarder la mer en pensant au prix du poisson."
The artist est effectivement un pastiche des films en noir et blanc de l'époque mais c'était le but; et en celà il est parfaitement réussi et grâce a jeu des acteurs, dont le chien, et de la super bande musicale on passe un excellent moment sans s'ennuyer une seconde.
Certes le déluge de "récompenses" est sidérant......mais j'ai passé un excellent moment et à mon "panthéon" personnel c'est beaucoup.
Quand à Polisse le film qui est plutôt un reportage sur la vie d'une brigade de police qu'un film avec une histoire, m'a fait forte impression .
Peut être parce que j'ai connu quelqu'un qui a travaillé dans ce service et qu'il m'en a souvent parlé, avec l'énorme difficulté psychologique qu'il y a à affronter les situations rencontrées!
Aucun doute, je ne fais pas partie de la catégorie de "cinéphiles avertis."
Qu'attendrai au juste le spéctateur d'un "bon" film ???
Pépito
A l'anonyme du dessus, comme il s'agit d'une notion totalement subjective tu as ta propre réponse.
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