Le 26 avril 2008 sur ce blog, à contre-courant de la gauche institutionnelle, je faisais partie des rares hommes de gauche qui soutenaient la réforme institutionnelle initiée par Nicolas Sarkozy.
J’avais même titré ce jour-là mon billet « Et si c’était la VIe République ? ». Regrettant la tournure prise par un débat centré sur une disposition parfaitement secondaire de la réforme (la possibilité pour le Président de faire un discours devant les assemblées… franchement depuis vous avez vu une différence ?), je soulignais la véritable révolution que constituerait pour les citoyens français la possibilité de remettre en cause une loi au nom des principes républicains auxquels renvoie le Préambule de notre Constitution en évoquant l’exception d’inconstitutionnalité devant les tribunaux.
Ainsi nous aurions comme dans toutes les démocraties adultes, avec le Conseil Constitutionnel, une sorte de Cour Suprême capable d’endiguer les excès d’une majorité politique.
Le projet fut voté en juillet de la même année malgré la gauche et les réticences d’une partie de la droite particulièrement lucide sur la nocivité d’une telle réforme pour ses propres intérêts. Au final, le texte, qui devait recueillir une majorité qualifiée, fut adoptée… à une voix près, celle de Jack Lang, seul parlementaire de l’opposition favorable à la réforme. Il fut voué aux gémonies et accusé de traîtrise.
Aujourd’hui les premiers effets de la révision donnent raison aux hommes qui avaient soutenu le texte : en quelques mois, les questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) sont devenues incontournables dans le paysage juridique et surtout politique. Deux décisions sont particulièrement emblématiques en la matière.
- Celle de Mai 2010 (commentée à l’époque par Dominique) va permettre enfin aux « indigènes » de l’armée française d’être traités comme leurs frères d’armes nationaux ; ce que des décennies de lutte et le film de Rachid Bouchared n’avaient pas réussi à obtenir, une simple QPC y est parvenu sans coup férir.
- Celle de juillet 2010 sur la garde à vue est une décision historique qui confirme que nos lois bafouent la présomption d’innocence et les grandes libertés fondatrices du pacte républicain ; et dans la foulée le Conseil constitutionnel exige une nouvelle législation (voir aussi le billet de Dominique).
Ces deux décisions montrent que la gauche humaniste n’a qu’à se féliciter d’une réforme qui protège ses valeurs bien au-delà de l’obsolète séparation des pouvoirs. Nicolas Sarkozy – notamment après cette dernière décision qui contredit son actuel discours sécuritaire – doit se demander quant à lui s’il n’a pas ouvert la boîte à Pandore. Quoi qu’il en soit, Jack Lang n’était pas un traître mais un républicain fidèle à ses convictions.
Quant à la VIe République, je persiste et signe, de QPC en QPC, elle est sur rails… Qu’en penses-tu Arnaud ?
02 août 2010
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3 commentaires:
Bonjour,
ci-joint ce que j'ai publié sur mon blog alors....
Un juste rappel sur votre blog...
Jean-Paul AUDOLI
mardi 22 juillet 2008
UN PEU DE DECENCE......
Les condamnations quasi unanimes des dirigeants du parti , à l'encontre de Jack LANG, suite à son vote favorable lors de la révision de la constitution, discréditent un peu plus le parti socialiste, et démontrent bien, que désormais, seuls les positionnements, en vue du congrès et du poste de 1er secrétaire, conditionnent les attitudes des uns et des autres.
Parce qu'il est clair que :
- ce qui a été adopté reprend pour une part bon nombre de propositions souhaitées par la gauche,
- que le PS souhaitait fondamentalement voter cette réforme,
- que cette position d'opposition frontale est contraire à l'évolution naturelle et nécessaire du parti,
- que les victimes d'hier de ces pratiques, participent aujourd'hui à l'hallali (voir la déclaration de Ségolène ROYAL),
Je partage sans réserve ce qu'expriment, dans le monde, quatre députés socialistes, Manuel VALLS, Gaétan GORCE, Jean marie LEGUEN, et christophe CARESCHE, à propos de la manière de s'opposer à SARKOZY,et sur l'analyse de la stratégie adoptée dans cette affaire.
Un petit regret cependant, si ces quatre députés étaient pour la réforme pourquoi ont-ils voté contre?, et non pour comme Jack LANG?
La rénovation de parti socialiste demande un peu de courage!
Publié par Jean-Paul Audoli à l'adresse mardi, juillet 22, 2008 0 commentaires Liens vers ce message
Dans le même sens, comment prendre au sérieux les actuelles élucubrations sécuritaires de Sarkozy et de son clone Ciotti ? Chacun sait que ça ne passera pas l'obstacle du Conseil constitutionnel...
pourquoi pas:)
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