Dans les années quatre-vingt, nous avions eu l’idée un peu saugrenue de sillonner par deux fois ce qu’on appelait alors l’URSS avec notre petite voiture allemande et notre tente canadienne.
De Leningrad à Odessa en passant par Novgorod, Kharkov et Kiev, tout se passa finalement assez bien. Certes, mon Opel Kadett fut par quatre fois désossée aux frontières (la pauvre ne s’en remit jamais tout à fait : trois ans après je retrouvais encore dans l’habitacle des boulons d’origine incertaine). Certes, nous eûmes aussi, quelque part en Biélorussie, le désagrément de subir un interrogatoire de police sous le buste de Lénine (il s’agissait d’expliquer pourquoi on nous avait retrouvés à Pinsk plutôt qu’à… Minsk, notre destination officielle : en réalité, Dominique, mal habituée à l’alphabet cyrillique, avait confondu les deux lettres russes correspondant au M et au P).
Mais globalement, il faut reconnaître que l’expérience fut plutôt intéressante et humainement enrichissante : nous n’avions pas regretté d’avoir eu l’audace de passer de l’autre côté du miroir… de fer.
Depuis la chute du Mur, nous avons eu l’occasion de folâtrer avec notre voiture personnelle dans plus d’une ex-République soviétique : Lituanie, Lettonie, Estonie, Ukraine, Moldavie, la plupart du temps sans formalités excessives et le plus souvent sans visa.
C’est ainsi, qu’en toute innocence, nous avions prévu de retourner cette année en Russie, de Saint-Pétersbourg à Moscou. Nous pensions franchement obtenir sans difficulté les autorisations que l’URSS communiste nous avait accordées somme toute aisément. Ce fut une erreur.
En effet, quelle ne fut pas notre surprise quand un haut fonctionnaire russe lui-même nous déconseilla un voyage de ce type (en voiture personnelle) car nous risquions d’être victimes de racket de la part de la mafia… des administrations locales ! Un « officiel » qui dénonce de cette façon sa propre administration, ça vaut quand même son pesant de zakouskis !
Face à ce qui ressemblait fort à une fin de non-recevoir, nous nous sommes rabattus sur un visa court de trois jours pour visiter Kaliningrad (la mythique Koenisberg). Du coup, entre le site Internet, le consulat de Marseille et l’antenne de Nice, les autorités russes nous ont demandé une poignée de documents et une liasse de roubles. Comme l’une et l’autre étaient à géométrie variable, nous avons décidé, après une ultime visite à l’antenne niçoise, de jeter l’éponge. Le risque était grand de ne pas obtenir le fameux visa avant la date prévue pour notre départ.
Morale de l’histoire : ce n’est pas céder à l’Ostalgie de dire que l’URSS de Brejnev était beaucoup plus accueillante que la Russie de Poutine.
Lénine, reviens, ils sont devenus fous... Je plaisante, bien sûr !
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6 commentaires:
T'as qu'à aller en vacances à Monaco c'est moins compliqué!!
Il faut essayer la Normandie, pas de visa ni de crème solaire mais juste un parapluie et une petite laine pour assister à de jolis couchers de nuages.
... et La Rochelle et ses iles alentours.
En effet, bien que l'on se voile la face pour ne pas le voir, le côté "cerveau reptilien" n'est pas encore détrôné, que ce soit ici en Russie ou ailleurs. L'évolution de l'homme reste ainsi avec de nombreuses réserves à lever, et je supposerais même son existence.
Pour entretenir la confusion de l'autre côté du miroir, et si le M.se lit p et le P. m, Matric Pottard, ce serait difficile à trouver sur une carte. Quoi que! Quelque part entre Matrix et Harry Potter peut-être. Mais pourquoi suis-je encore aller sur le causse Méjean boire du lait de brebis cul sec?!
T'as raison Cleo le causse Mejean c'est très beau; mais juste en face de l'autre coté des gorges du Tarn il y a le causse du Sauveterre....et qui est également magnifique.
De retour d'une traversée en Méditerranée/Proche Orient sur un cargo italien, j'ai vécu l'enfer à Ashdod avec les services de l'immigration. Et je me suis souvenue d'un voyage que j'avais effectué par Aeroflot en URSS en 1978. Atterrissage à Minsk fin octobre sur un aéroport militaire et montée à bord des Vopos en Chapka qui nous ont demandé de montrer nos portes-monnaie et déclarer notre argent. Deux heures bloqués sur notre siège. Je prévois, toujours en bateau de visiter les capitales baltiques dont St-Petersbourg. J'ai quitté Leningrad en 1978... on verra. Je crois avoir compris qu'il était difficile aujourd'hui de voyager seul(e), hormis traverser les USA en train peut-être.
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