04 juillet 2010

L’Alphabet va nous manquer



En ce jour de disparition du grand Laurent Terzieff, l’émotion était palpable dans la petite salle en gradins du Théâtre de l’Alphabet. C’est que Catherine et Henri Legendre avaient choisi ce 3 juillet pour mettre un terme à l’aventure théâtrale de vingt-cinq ans qui les a conduit à tenir un rôle si important dans le paysage culturel de la ville et dans le cœur de si nombreux Niçois, acteurs ou spectateurs de la petite Blackbox du boulevard Carabacel.

Pour cette ultime soirée, nous avons droit à un « medley » de scènes tirées de l’œuvre de Molière. L’occasion de se faire surprendre par l’extraordinaire efficacité de l’auteur (débarrassé des interminables scènes gnangnan entre amoureux transis) et d’apprécier le talent des comédiens qui avaient le redoutable honneur d’être les représentants de plusieurs générations d’acteurs imprégnés de la Legendre touch.

Il y avait bien sûr Bernard (et son Avare pathétique, presque tragique, et pourtant si drôle), Didier (Misanthrope-Tartuffe tête à claques inspiré) et Huguette (en Frosine roublarde à souhait), mais aussi, avec Elodie, Mikaël et Sylvain, une partie de la distribution de ma dernière pièce.

Il est vrai que j’avais des raisons d’être nostalgique ce soir. En 2005, 2006 et 2007, pour deux pièces (Fragments de Nice et Sur un air de cithare) et une quinzaine de représentations, Henri Legendre a fait confiance à l’auteur artistiquement aléatoire et politiquement encombrant que j’étais.

J’ai gardé de ces soirées magiques un souvenir ému qui s’est avivé jusqu’à la tristesse lors de l’ultime accolade avec l’ami Henri.

Pour rendre hommage à ces souvenirs heureux, voilà trois billets écrits en ces temps-là, dans l’euphorie des lendemains de représentation.

11 juin 2006 « Merci Bernard »
25 avril 2007 « Cithare à L’Alphabet »
29 avril 2007 « Merci Bernard, Henri, Elodie, Mikaël, Sylvain, Lucile et Didier »

Oui, L’Alphabet va bien nous manquer.

2 commentaires:

cléo a dit…

C. comme: chapeau! Et un petit hommage au théâtre d''Henri que j'ai peu connu. La jeune femme de dix-sept ans que j'étais, l'a vu déambuler pour deux jours, dans notre cours de théatre du lycée de valbonne sophia-antipolis. Ces deux jours là, j'ai appris deux choses, un mot: les empedimentas (nous devions les avoir sur nous) et j'avais surtout dû prendre d'abord un dictionnaire pour savoir ce que je devais avoir sur moi... ce qui par la suite,devait être déposé (un peu comme on dépose des armes à l'envers, après avoir été désarmée). La deuxième chose: ce que pouvait contenir un chapeau.A la manière des gibis, il devait bien y avoir sous le sien, quelques idées à mettre en scène, en corps, en texte, en voix. j'imagine aisément que le théâtre était une continuité du chapeau d'Henri.
Quant à laurent Terzieff! Il faut l'entendre vivre ces mots de Milosz écoutant la berline arrêtée dans la nuit: "Non Madame je n'entends rien". Ces mots réécrits dans mon journal le 23 janvier de cette année afin de ne pas oublier qu'ils ont été vraiment dit. Parfois, on aimerait ne pas être inspiré, peut-être attendre... dix ans encore.

bernard gaignier a dit…

Et oui c'est fini!!
Pour le moment je ne peux réaliser.
L'alphabet c'est 25 ans de ma vie; j'ai participé à cette aventure depuis le début.
En 25 ans beaucoup de grands rôles, beaucoup d grands textes!!
beaucoup de souvenirs d'amitiés, d'aventures partagées!
de Molière à Mottard en passant par Pirandello, Desproges, Sartre et bien d'autres!!
Je suis maintenant très triste! Éloigné de Nice depuis quelques années je ne venais jouer qu'en pointillé! Et au moment ou je vais revenir sur Nice ma maison a fermé!
Mes remerciements à Henri et Catherine pour toutes ces aventures qu'ils ont permises!
J'espère que les orphelins de l'Alphabet se retrouveront!