04 janvier 2011

Hommage à Bernard Paquin


Il y a déjà une semaine, nous étions très nombreux à accompagner Bernard au crématorium de Saint Isidore. Avec Antonin, Annie, Edith, Faouzia, Gérard, Henriette, Henri, Jean-Claude, Jean-Louis, Joëlle, Lucien, Maurice, Sami, Rose et bien sûr Dominique, Gauche Autrement était représentée.

Mais la période étant très particulière - entre Noël et le jour de l'An - de nombreux amis de notre association m'ont fait part de leur regret de ne pas avoir pu assister à la cérémonie. Pour eux, voici le texte de l'intervention que j'ai faite au nom de tous.

Avec les camarades du PS de Nice Nord, avec les amis de la Gauche Autrement, avec Dominique, nous avons côtoyé et aimé Bernard dans ce qu’il faut bien appeler désormais la dernière partie de sa vie.

Ce fut un vrai bonheur car c’est probablement pendant ces années, celles de la maturité et de la plénitude et non celles de la retraite et du déclin, que Bernard a donné le meilleur de lui-même, c’est-à-dire lui-même, tout simplement.

Bien sûr, il avait toujours ce physique impressionnant d’élégance et d’équilibre, le geste juste, la démarche souple. Bien sûr, il avait toujours ce feu intérieur, cette soif de justice, cette capacité d’indignation, cette rage de et dans l’action.

Mais en plus, il avait ce recul, cette sérénité que donne l’expérience de la vie. Un peu comme s’il avait compris que pour changer les hommes, il faut changer le Monde, mais que pour changer le Monde, il faut aussi changer les hommes, et que tout cela est un peu compliqué.

Cependant, cette distance prise avec les certitudes de la jeunesse n’a jamais correspondu à de l’éloignement ou du désintérêt pour l’humain. Loin de plonger, comme beaucoup, dans le pessimisme ou le cynisme, Bernard a tiré de son expérience de militant et d’homme engagé suffisamment de force pour regarder les autres au-delà de leurs faiblesses et de leurs incohérences. Il le faisait avec générosité et même avec tendresse. Cette tendresse que l’on pouvait surprendre dans un sourire ou dans ce regard si direct qui semblait dire : « je n’en pense pas moins, mais je respecte ce que tu es ».

Cette tendresse s’exprimait aussi à travers son active participation aux rares moments de convivialité que ménage la vie politique. C’est peut-être là, dans la gratuité de l’instant, que Bernard, avec sa générosité et sa joie de vivre, était le plus précieux. Avec Muguette, sa chère Muguette, parfois avec Manuel, il était souvent présent, matérialisant ce bonheur d’être ensemble en confectionnant des tartes à la rhubarbe qui, au fil des saisons, sont devenues légendaires dans notre petite communauté.

C’est ainsi que pour moi, pour Dominique, pour nous tous, s’est imposée avec Bernard l’image du grand frère. Vous savez, ce type costaud qui sait à peu près tout sur tout et à qui vous faites appel quand vous avez des problèmes dans la cour de récréation. Problèmes que le grand frère va résoudre en jouant l’apaisement ou en distribuant quelques gifles si le besoin s’en fait sentir.

Et Dieu sait si ces dernières années, nous avons eu des problèmes de cour de récréation et d’autres, bien plus graves encore. A chaque fois, Bernard était là, mesuré, calme, serein, mais déterminé, fort, ne cédant rien sur l’essentiel.

Ce Bernard-là, je pourrais en parler des heures.
De sa fidélité à toute épreuve dans un monde de girouettes et d’invertébrés.
De sa disponibilité jamais prise en défaut et si bien symbolisée par ce scooter qu’il conduisait à la Nanni Moretti.
De son intelligence analytique quand il avait fallu débusquer les indélicatesses électorales dont avait été victime Dominique.
De sa joie simple les soirs de victoire.
De sa présence revendiquée les soirs de défaite.
De ses combats intimes secrets et pudiques.

Le souvenir étant le seul paradis dont on ne peut être chassé, ces images-là, ces sentiments-là, nous les garderons toujours au fond de notre cœur.

Bernard, au nom de tous les amis des 3 et 10 avenue Cyrille Besset, merci. Merci d’avoir été ce que tu fus.

Et parce que je suis de ceux qui pensent que l’amour est plus fort que la mort, je ne te dis pas « Adieu », mais « A tout à l’heure ».

4 commentaires:

Emmanuel a dit…

Quel bel éloge et quel beau texte!

laborelli helyette a dit…

Je pense qu il n y a plus rien a rajouter...Ton éloge en dit long sur l homme qu etait Bernard Paquin.Désolée d etre absente ce jour là...Je reformule mes condoléances a sa famille,ainsi qu a ses amis..

Clotilde a dit…

Oh la la, je ne l'ai appris qu'hier, j'étais bien loin. C'est très beau ce que tu as écrit, et tellement vrai.

Pakinami a dit…

Il est superbe ton texte (et tellement vrai !!), ça fait plaisir à lire, vraiment !!