De rouille et d'os
Bon début de festival avec trois films très différents mais
qui ne laissent pas indifférents.
Moonrise Kingdom, Wes Anderson (USA)
Sur une île au large des côtes de la Nouvelle-Angleterre
(magnifiques paysages), au cœur de l’été 1965, deux enfants de douze ans
tombent amoureux et s’enfuient ensemble. Alors que toute la petite communauté
se mobilise pour les retrouver, une tempête va déferler et bouleverser la vie
des îliens.
Avec un style faussement naïf qui me rappelle un peu celui
des premiers films des frères Coen (Arizona junior), Wes Anderson nous offre un
conte moderne sur la nécessité d’engloutir les codes sociaux. Et peu importe
si, pour parvenir à ce résultat, on se sert d’un petit événement intime (la
fugue des enfants) ou d’une grande catastrophe (la tempête).
L’interprétation (Bruce Willis, Bill Murray, Frances
McDormand, l’inénarrable Tilda Swinton, et les deux enfants, tous présents sur
la scène avant le film) est savoureuse, les images extrêmement léchées, mais
cette histoire minimaliste est parfois un peu longuette.
De rouille et d’os, Jacques Audiard (France)
Ali, boxeur au chômage, un peu (beaucoup) paumé, se retrouve
avec Sam, sonfils de cinq ans, sur les bras. Il trouve refuge chez sa sœur à
Antibes. A la suite d’une bagarre dans une boîte de nuit, il rencontre
Stéphanie, une jolie dresseuse d’orques du Marineland tout proche. Celle-ci ne
prête pas beaucoup d’attention au looser. Mais un drame va changer la
donne : elle perd ses jambes au cours d’un numéro de dressage et, contre
toute attente, Ali va l’aider, non sans maladresses ni hésitations, à revivre.
Bon, là, n’ayons pas peur des mots : comme aurait dit
papa Audiard, « c’est du brutal ». un mélodrame tranchant comme une
lame de rasoir, mais un mélodrame plein d’espoir, où l’on apprend que les plus
grands malheurs (un accident mutilant, la perte potentielle d’un enfant)
peuvent être source d’humanité.
L’interprétation de Marion Cotillard est impeccable, celle
de Matthias Schoenaerts, son partenaire belge, en zombie sentimental qui finit
par avoir besoin de l’autre restera probablement inoubliable.
Après la bataille, Yousry Nasrallah (Egypte)
C’est l’histoire de la rencontre de Mahmoud, un des
cavaliers de la place Tharir qui, manipulés par le régime de Moubarak, ont, en
février 2011, chargé les jeunes révolutionnaires, et de Reem, une jeune égyptienne
divorcée, moderne et laïque vivant dans les beaux quartiers.
Un bon point pour le cinéma égyptien et sa réactivité à
mettre en scène sa propre actualité politique, mais un moins bon pour les a
priori du scénario.
En effet, ce face à face entre la bourgeoisie
révolutionnaire et moderniste que les médias nous ont « vendu »
pendant tout le printemps arabe et le Lumpenproletariat aux ordres du pouvoir corrompu
est très réducteur. Rien n’est dit sur la dimension réactionnaire du mouvement
avec la montée en puissance de l’intégrisme. Pas un barbu dans Après la
bataille, ce qui, compte tenu de l’évolution de la crise égyptienne
laisse plutôt pantois.
3 commentaires:
C'est le retour des tontons flingueurs à Cannes ?
ça flingue avec les poings qui sont finalement peut-être des genres de silencieux (on ne peut pas toujours trouver les mots ou en tous cas pas tout de suite). Ce sont des poings destinés aux femmes, aux enfants, aux hommes aussi (et pas les plus tendres), à la vie (cette chienne de vie!)et pour finir, aux glaces. A la fin, et même un peu avant, j'en aurai bien placé un dans la bobine pour couper là, net de chez net, où le mélo (c'est pas mon genre!) m'a un peu gaché la grande émotion éprouvée devant des scènes magnifiques de sobriété.
En rentrant, j'ai cherché le clin d'oeil paternel mais tu as publié sur ton blog avant moi, je m'incline.
Le côté "mélo" du film peut irriter mais j'ai surtout vu 2 êtres en reconstruction l'une désespérée, l'autre en balourd des sentiments qui aime sans savoir le dire (tant son fils que Stéphanie)
Autant dire que j'ai adoré.
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