22 juillet 2012
Antoni Tàpies à Céret
Tous les ans, le Musée d’Art Moderne de Céret (Pyrénées-Orientales) offre une exposition d’importance internationale que nous nous efforçons de ne pas manquer. Cette année, c’est une rétrospective de l’œuvre de d’Antoni Tàpies qui est proposée. Une exposition – on s’en doute – en forme d’hommage puisque le peintre catalan nous a quittés le 6 février de cette année. L’évidence de cet hommage a dû s’imposer aux responsables car ce sont deux œuvres de Tàpies qui, en façade, encadrent l’entrée du musée qui fait par ailleurs une large place à l’artiste dans ses collections permanentes.
Si les dizaines d’œuvres exposées ont évidemment suscité mon intérêt, j’ai des sentiments plus mitigés sur le sens de l’œuvre elle-même. C’est valable pour Tàpies mais aussi pour nombre de ses confrères contemporains : je suis toujours un peu perplexe devant l’écart qui sépare la pertinence des propos théoriques (Tàpies : « Mon illusion est d’avoir quelque chose à transmettre. Si je ne peux pas changer le monde, je désire au moins changer la manière dont les gens le regardent ») et la pauvreté (ce n’est pas pour rien qu’on parle d’arte povera) du véhicule esthétique que l’artiste met à notre disposition pour l’illustrer.
J’ai conscience que ce que je viens d’affirmer n’est pas très « artistiquement correct », mais j’aimerais bien avoir l’avis des lecteurs de ce blog sur le sujet…
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11 commentaires:
Les mots et les choses...
L'artiste est parfois trop moderne pour être compris de ses contemporains.
Le problème avec l'art moderne est : où s'arrête l'art et où commence le business ou inversement?
Oh non, pas de provocations !
La photo est belle, car harmonieuse dans les teintes des vêtements et le cadrage (et puis il y a quand même deux coeurs...).
Je crois que souvent les peintres contemporains dénudent, méprisent, et même ridiculisent le monde "beau" et conventionnel, voire ils le traitent en déchet, tout simplement : ils provoquent... Tapiès fait un pied de nez à l'art "ancien", en se servant de "la pauvreté" et de la "souffrance", il exprime son sentiment avec peu de couleurs, et des couleurs sombres, ternes, tristes... Il faut savoir entrer dans son univers pour "apprécier", mais sans pour autant être obligé de s'extasier devant ses oeuvres, et d'ailleurs je ne pense pas que ce soit le but...
Nous concevons (inconsciemment ou par habitude traditionnelle) l'art comme un moyen de détente, hors là c'est le contraire, et c'est justement ce qui est recherché...c'est mon point de vue.
Je ne suis pas fan de ce type d'expression (c'est dur ! c'est comme un roman noir du début à la fin...), mais je peux comprendre l'artiste...
Je dirai épure plus que pauvreté. Correspondance ou pas? Mais les maîtres calligraphes sont passés par là... et j'y suis extrêmement sensible comme je le suis pour l'oeuvre d'Alechinski.
Je m'excuse mais je suis un bon gars du bâtiment, un brut de décoffrage, donc j'ai toujours du mal à devoir penser pour voir, à devoir sentir pour entendre, à devoir goûter pour toucher.D'ailleurs comme l'est un bardage double-peau(???), l'ensemble de ce qui précède peut-être bien sûr "verlandisé". Sacrilège ....
AlexandreR
Une forme d'art contemporain me gonfle. Moi j'aime bien ressentir quelque chose et souvent je ne ressens rien. Devant un van Gogh je peux pleurer.
Devant le bleu de Klein je me dis c'est bleu et je m'en vais.
par contre je peux contempler le bleu du ciel pendant des heures!!
Cela fait du bien de voir que sur ce blog, au moins une personne est "NORMALE". Merci Bernard.
P.R.
Difficile de donner un avis quand on a pris l'illustration du billet pour une façade négligée à laquelle la municipalité ferait bien de donner un coup de frais...
Toute honte bue je l'avoue: tout ceci est bien trop intellectualisé pour l'être instinctif que je suis et me passe largement au-dessus du museau.
Pas d'avis, donc: avec la meilleure volonté du monde, je serais bien incapable d'en avoir un sur la question.
C'est sans doute très partial: mes goûts naturels s'accordent davantage avec des oeuvres comme celles de Charles Jacque- peut-être PM les appréciera-t-il aussi, un sujet de prédilection du peintre étant... le mérinos maintes fois rencontré sur ce blog :)
Petite illustration pour me faire pardonner mon inutilité à cette estivale réflexion artistique:
Springtime
@PR
Nous sommes tous comme Bernard !
Après c'est juste une question de subtilité, et d'harmonie, quand on voit la sculpture monumentale de Bernar VENET placée là où elle est (à Nice), elle étouffe l'endroit, et elle s'étouffe en même temps, elle perd toute sa splendeur, elle ne cadre pas, il lui faudrait un immense espace pour l'accueillir.
L'art contemporain ne peut s'apprécier que quand il est à sa juste place (vous ne le remarquerez même plus) il doit se fondre (la photo prise par Patrick Mottard est un parfait exemple de l'harmonie). Autre exemple, "le Pouce de CESAR" sur une placette de 20m2, c'est vraiment dommage ! Et ainsi de suite... L'art moderne (comme toute forme artistique) ne doit pas défigurer, mais valoriser pour se mettre en valeur. Même s'il est provocateur, il demeure un art, donc fait pour passer des messages certes, mais au quotidien, il agrémente la vie, pour surprendre, pour susciter des sentiments, ou pour donner un cachet...encore faut-il savoir le manipuler... et là, c'est tout un art...
(précision sur mon dernier commentaire) : j'exprime des opinions personnelles sans prétention...Je peux me tromper...
Normal, c'est dans l'air du temps en ce moment la normalitude!
Soyons raisonnable demandons l'impossible!!!!!!
Situer près de soi une normalité est un pas vers le fascisme.
Mais qu'importe, les expositions regorgent d’œuvres de mauvais goût formulées par des incompétents qui connaissent qui connait qui.
Je ne suis pas tombé à genoux devant Tapiès à Barcelone, mais, bien entendu à mon avis, son travail a eu un impact certain dans l'histoire du graphisme et de la mise en page.
Quand à le situer comme "artiste" il faut à mon avis baliser ce qui relève de l'Art et ce qui relève de la Décoration ou de l'Artisanat, mais j'oserai avancer effectivement, et qualifier d'Art graphique ce que j'ai pu observer à Barcelone.
Comparer Van Gogh et Tapiès c'est un peu espérer pouvoir acheter des fleurs chez son charcutier. Soyons raisonnables et un tant soit peu clairvoyants, chaque chose à sa mesure et à sa place.
Autre question?
;-)
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