
Après avoir procédé le matin en mairie à mon cent seizième mariage (Isabelle et Jonathan, cf. photo ci-dessous), je me retrouve aux alentours de 17 heures en mairie de Contes, pour procéder, aux côtés d’une adjointe à Francis Tujague, à mon premier baptême républicain en tant qu’officiant (étant moi-même déjà « parrain républicain »). Il s’agit d’accueillir Cléo, la fille de Lucile et Nicolas, la petite-fille de Michèle et Bernard, au sein de la communauté républicaine et à la faire adhérer symboliquement aux valeurs de la République.
Pourquoi à Contes ? Tout simplement parce que la mairie de Nice refuse aux citoyens niçois qui le demandent d’organiser cette cérémonie. Officiellement pour des raisons pratiques, en réalité pour des raisons idéologiques. Il est évident que son rétablissement sera l’une des premières mesures symboliques que nous serons amenés à prendre.
La salle de la mairie est pleine, et je suis frappé par la jeunesse d’une bonne moitié de l’assistance composée d’amis des jeunes parents. Antoine et Virginie sont eux-mêmes de très jeunes parrain et marraine. L’occasion est belle pour rappeler les valeurs de la République, tout en évoquant les dangers qui la menacent.
« Une Liberté sans autres limites que celle des autres.
Une Egalité qui ne se mesure pas avec le double-décimètre de l’égalitarisme, mais qui est avant tout une égalité de dignité.
Une Fraternité qui est tout simplement l’expression républicaine du vouloir vivre en commun. Un vouloir vivre en commun qu’il ne faut pas confondre avec quelques défilés exutoires les soirs de coupe du monde, mais un vouloir vivre ensemble qui trouve sa source dans la volonté pour chacun de s’investir dans une véritable communauté fondée sur des valeurs humanistes à caractère universel. Forcément universel.
C’est que dans ce monde troublé où nous vivons, dans cette République française en perte de repères, le vouloir vivre en commun est de plus en plus menacé par les revendications identitaires. Sous prétexte de dénoncer le prétendu impérialisme de la mémoire commune, on n’hésite pas à utiliser l’arme fatale du chantage aux mémoires éclatées.
Cléo, parce que tu arrives au monde en ce début de millénaire, au lendemain du 11 septembre, parce que, par tes parents et grands-parents, tu es une héritière, parce que tu es une femme, ce sera le défi que tu auras à relever. Ton défi républicain. Et Virginie et Antoine seront là pour t’aider à le relever.
Aussi, c’est avec bonheur que nous t’accueillons aujourd’hui dans notre communauté républicaine. Tu seras un nouveau maillon de la chaîne d’union des hommes et des femmes de bonne volonté qui veulent un monde meilleur. Un anneau qui, n’en doutons pas, sera de pur métal.
Mais tu le sauras très vite. Ce défi que tu lances à la communauté qui t’accueille n’est qu’un passage de témoin, car il en est de la République comme de la Cité idéale : nul ne verra jamais son achèvement.
Comme le disait Mendès France : « La République doit se construire sans cesse, car nous la concevons éternellement révolutionnaire, à l’encontre de l’inégalité, de l’oppression, de la misère, de la routine, des préjugés, éternellement inachevée tant qu’il reste des progrès à accomplir ».
Et je finirai avec ce grand républicain qu’était Victor Hugo : « L’énergie d’un côté, la douceur de l’autre : voilà les deux armes que je veux mettre dans les mains de la République ». Virginie, Antoine, l’énergie d’un côté, la douceur de l’autre, voilà les deux armes que vous mettez aujourd’hui dans les mains de Cléo.
Pour elle.
Pour nous.
Et pour la République. »
La fête qui suivra chez Jacques et Annie, nous mènera loin au coeur de la nuit. Elle sera joyeuse, fraternelle et chaleureusement intergénérationnelle. Cléo en sera la petite princesse... républicaine, bien sûr !

Isabelle et Jonathan,
mes mariés du matin