
Une analyse un tant soit peu objective nous démontre qu’il n’en est rien, même si l’édition de cette année a peut-être été «moins pire» que les précédentes. Pour ma part, je relève au moins six raisons de douter.
1) Les «affaires» avérées
Si le cas de trois sans grade (Beltran, Duenas et Fofonov) n’appellent pas de commentaires particuliers, le cas Ricco, grand espoir de vingt-trois ans et vainqueur de deux étapes, est très significatif car il permet de battre en brèche deux idées reçues : le jeune âge de l’Italien montre que le dopage n’est pas le monopole de génération Amstrong-Ullrich et le retrait de son équipe contredit la thèse selon laquelle aujourd’hui le dopage ne serait qu’une affaire individuelle. Saunier Duval (encore une équipe espagnole !) a, en effet, fait très fort dans les Pyrénées puisque Ricco, dans la première étape, Piepoli et Cobo, dans la deuxième, volaient littéralement.
2) Les «affaires» potentielles
Quand la douane et la police fouillent pendant plusieurs heures la voiture de Johnny Schleck, ancien coureur et papa de Franck et de Andy, coéquipiers du vainqueur à la CSC, on ne peut qu’être troublé par une enquête aussi ciblée… et le respect de la présomption d’innocence n’oblige pas à être naïf.
3) La «révélation» Schumacher
Le coureur allemand n’aurait pas dû être au départ du Tour n raison d’une affaire antérieure. Finalement, autorisé à participer, il a littéralement survolé les deux contre la montre, discipline dans laquelle, jusqu’à présent, il n’était qu’un honnête spécialiste. A l’évidence, au cours de ces deux étapes, Stefan s’est pris pour Michail… Cerise sur le gâteau : il n’hésitait pas à s’échapper la veille ou le lendemain des chronos. Trop fort Schumacher !
4) Le faux renouveau des Français
Coureurs réputés comme étant les plus surveillés du peloton, ils ont gagné trois étapes et participé massivement à pratiquement toutes les échappées. En fait, dès que les choses sérieuses commençaient, ils n’existaient plus (Casar, le premier français, est quatrozième). Un esprit malicieux pourrait même tout à fait insinuer que le peloton les laissa se mettre en valeur dans les étapes et les échappées qui comptaient «pour du beurre» à peu de frais… Le «cirque» Chavanel (dix échappées ratées et une victoire en fin de Tour dans une étape de transition devant… un autre Français et un peloton apathique) est propre à nourrir ce sentiment de malaise.
5) Le cas Moreau
On ne s’explique toujours pas l’abandon brutal et sans raison apparente du meilleur coureur français de ces dernières années. Mais, parallèlement, on a appris que Moreau avait été «averti» par les autorités anti-dopage en début de saison. La preuve que, malgré la rigueur des contrôles en France, certains coureurs sont encore «border line».
6) La personnalité du vainqueur
Carlos Sastre est le troisième espagnol qui gagne le Tour… ces trois dernières années. Ce second couteau a gagné l’édition 2008 en faisant jeu égal, lui, le grimpeur, avec les authentiques spécialistes, lors du dernier contre la montre. Surprenant en effet. En réalité, Sastre est représentatif de cette génération de coureurs espagnols (Herras, Mayo, mais aussi Contador et Valverde) à la réputation forcément sulfureuse du fait du laxisme bien connu de la Fédération de leur pays en matière de lutte contre le dopage. Et le fait que Bjorn Riis, son directeur sportif à la CSC soit un personnage plutôt louche (il a avoué s’être dopé lors d sa victoire comme coureur dans le Tour 96) ne contribue pas à crédibiliser son étonnante performance.
Pendant ce Tour, j’ai pratiquement suivi en intégralité, j’ai longtemps espéré, après la première semaine je me suis pris à rêver en admirant… Ricco. Mais au final, une fois de plus, le bilan est amer.
Donc, j’en tire les conséquences : promis, juré, craché, je boycotterai le Tour l’an prochain !
C’est ce que je dis chaque année…