Mardi, la réunion de coordination des Conseils de quartiers 14 et 15 a failli tourner au psychodrame. En fait, les participants ne faisaient qu’exprimer la frustration d’une grande majorité de ceux qui ont accepté de travailler dans le cadre de la démocratie participative avec la nouvelle municipalité. « Les réunions se préparent sans nous… On nous impose un discours officiel… Nos propositions ne sont jamais prises en compte… ». Et surtout, « On sert à quoi ? ». Du coup, la soirée ne fut pas très confortable pour les élus majoritaires et les membres du cabinet.
Pour ma part, seul opposant présent, je me suis gardé de jeter de l’huile sur le feu, mais il va de soi que je partage absolument cette frustration. Avec Dominique, nous avons en effet décidé, dès le départ,
de jouer le jeu de cette démocratie participative dont j’avais fait un axe central de mon propre programme de tête de liste aussi bien aux municipales de 2001 qu’à celles de 2008.
C’est ainsi qu’après avoir attendu plus d’un an la mise en place des Conseils de quartier et du Conseil communal consultatif (CCC), nous avons participé à ces instances sans arrière-pensée et dans un esprit d’ouverture.
Mais force est de constater que le dispositif n’a jamais vraiment décollé, malgré – je peux en témoigner – une forte implication de la société civile et des bénévoles. Que ce soit les responsables des comités de quartier dans les Conseils (double casquette, double travail) ou la vice-présidente Marie-Dominique Ramel et la plupart des présidents de commissions comme Amina Benyelles-Louhibi au CCC, ils font souvent preuve d’initiative et de dynamisme.
D’où vient cette sinistrose que traduisent la participation squelettique de la population aux AG des Conseils de quartier et un absentéisme qui devient endémique au sein du CCC ? D’où vient ce désenchantement que m’expriment, jour après jour, les acteurs de cette démocratie participative à la niçoise, qui a parfois pour conséquence leur départ de ces structures ?
Tout d’abord, sans même évoquer des techniques pourtant indispensables comme les budgets participatifs, il y a un manque évident de moyens. Ainsi, les Conseils 14 et 15, qui correspondent pourtant au centre ville, n’ont toujours pas de locaux et c’est au… Théâtre de la photographie que nous nous sommes réunis (même chose pour les Conseils de quartier 4 et 5 réunis au Musée d’archéologie à Cimiez, ou les Conseils 6, 7 et 8 réunis au Collège Nucéra). Les responsables du CCC ne disposent, quant à eux, que d’un seul malheureux bureau en mairie.
Malgré cela, les bénévoles travaillent et obtiennent de temps à autre quelques résultats. Mais leur bonne volonté est vite bridée. Ainsi, on a laissé travailler pendant des semaines deux Conseils sur l’avenir des terrains du stade du Ray pour finalement tourner le dos à leurs propositions dans le PLU. Ou encore, Dominique me parlait de ce « référent environnement » (chaque conseil a le sien) qui avait fait un travail remarquable, dont elle se demandait ce que la municipalité allait in fine en sortir.
En fait, derrière tout cela, on ne sent pas une forte volonté politique, c’est le moins que l’on puisse dire. Il y a même souvent une appropriation par les élus et les fonctionnaires de la mairie, répétant à l’envi que « le maire veut ceci… le maire pense cela… », réduisant les autres participants au rôle de spectateurs.
Du coup, chaque bénévole se demande si son engagement a une raison d’être et une véritable crise existentielle parcourt les institutions de la démocratie participative niçoise. Et on en arrive à des situations un peu surréalistes comme celle à laquelle j’ai assisté mardi au sein du comité de coordination. Une élue de la majorité municipale a dit, en fin de séance, « Mais finalement, pourquoi existent-ils ces Conseils de quartier ? ». Réponse particulièrement mollassonne des élus en charge de ces Conseils : « Bof ! C’est un truc qui a été voté par la gauche, et maintenant la loi nous oblige à les faire fonctionner… ».
Le maire a, semble-t-il la volonté de donner un nouveau (?) souffle à ces institutions. Suggérons que la première mesure soit un voyage d’étude par les élus de sa propre majorité : comme ça, ils pourront vérifier, de Lyon à Bordeaux, de Nantes à Toulouse, que les Conseils de quartier et la démocratie participative, pour peu qu’on fasse confiance à la société civile et aux citoyens, ça marche.