A quelque six mois de l’échéance, rien n’est joué, même si les observateurs sont plutôt dubitatifs quant aux chances de Michel Vauzelle d’entamer un troisième mandat.
Malgré une hausse très importante de la fiscalité (environ 60% de 2004 à 2006) due en grande partie – il faut le dire – à des transferts de compétence mal compensés, le bilan des deux premiers mandats est plutôt honorable (mais attention aux dépenses de personnel et de communication qui ont tendance à déraper), notamment dans des domaines comme les lycées, les transports (beau travail de Gérard Piel), la formation professionnelle, la culture régionale…
Pourtant, l’image globale est brouillée par les graves affaires marseillaises et la difficulté, pour les citoyens de PACA à identifier un projet alternatif à ce que propose la droite dans les départements et les grandes agglomérations de la Région.
J’ajoute que, pour les habitants des Alpes-Maritimes, le calamiteux parcours du Premier vice-président est un lourd handicap, même si, depuis plus de deux ans, Michel Vauzelle a décidé de gérer en direct en contournant son encombrant représentant local.
C’est dire que la victoire de la gauche en PACA est loin d’être assurée, alors même qu’elle est indispensable à la respiration démocratique de notre Région. Le monde associatif, par exemple, est très demandeur d’un contre-pouvoir à la droite toute puissante.
Cette victoire difficile est néanmoins possible malgré un contexte électoral (le FN s’étant – heureusement – affaibli) et politique (les convulsions nationales du PS) délicat. Pour cela, il est impératif que Michel Vauzelle satisfasse à quatre conditions.
1) Il doit tout d’abord vider l’abcès marseillais sans jouer la montre des lenteurs judiciaires et se séparer des élus et des collaborateurs qui ont, de près ou de loin, trempé dans ces
affaires de clientélisme et de corruption. En s’appuyant sur son image personnelle d’intégrité et l’opinion publique, il devrait pouvoir se passer de ces soutiens sulfureux. Il en a même l’obligation.
2) Il doit bouleverser son dispositif dans les Alpes-Maritimes (c’est le seul département où la liste de gauche n’était pas arrivée en tête en 2004 alors que le FN était encore fort) et annoncer clairement son intention de tourner la page en renouvelant son équipe.
Patrick Allemand, l’ancienne tête de liste, est responsable de la déroute municipale de Nice, de l’
éclatement de la gauche locale et de
défaites électorales à répétition dans les partielles. Il n’a plus aucune crédibilité, c’est le maillon faible de la Région. Une solution de remplacement est pourtant facile à trouver. Pascale Gérard, conseillère générale sortante, pourrait faire l’unanimité pour prendre la succession. Dotée d’une solide équipe, elle dirige avec compétence l’important secteur de la Formation professionnelle où, en tant qu’élu,
j’ai pu tester sa réactivité. Peu concernée par les luttes intestines du PS et encore peu connue du grand public, elle peut prétendre incarner le renouveau si, bien sûr, la tête de liste est socialiste.
3) Michel Vauzelle doit aussi impérativement rassembler à gauche. Si l’accord se fera probablement sans trop de difficultés avec un PC qui a besoin de cadres élus, ce sera moins évident avec les Verts, boostés par le bon résultat des Européennes et le camouflet infligé par la fédération du PS 06 dans le 6e canton de Nice. Pour avoir un accord, il faudra en payer le prix. Pourquoi pas avec une tête de liste dans l’un des départements de la Région ? Dans les Alpes-Maritimes, ce serait loin d’être incongru au vu du
résultat d’Europe Ecologie qui a devancé la liste PS de plus de six points (17,07% contre 10,72%). Ça pourrait être un rôle sur mesure pour André Aschiéri ou même pour les excellents élus niçois Rémy Gaechter ou Mari-Luz Nicaise. Au-delà de la gauche, un accord avec le MoDem semble également incontournable.
4) Enfin, Vauzelle et son équipe doivent à tout prix redéfinir un programme qui puisse cliver nettement avec celui de la droite. La co-gestion avec Christian Estrosi a certainement été une bonne chose en termes d’efficacité en cours de mandat, elle devient quelque peu encombrante en période électorale. Il faut que le candidat sortant explique à l’électorat en quoi un Président de région de gauche peut faire une autre gestion qu’un Président de droite. Cela dit, l’argument est réversible et sera également valable pour la tête de liste de l’UMP (dont on ignore, pour l’heure qui elle sera, avec le renoncement annoncé ce jour du maire de Toulon, Hubert Falco).
Nettoyer les écuries marseillaises, renouveler la représentation des Alpes-Maritimes, rassembler la gauche (et s’allier au MoDem) et promouvoir un projet clairement identifiable sont les conditions nécessaires – même si elles ne seront pas, à tout coup, suffisantes – pour une nouvelle victoire. Une victoire nécessaire à l’équilibre démocratique de notre région en général et de notre département en particulier.
Et vous, qu’en pensez-vous ?