06 juin 2006
Arson-Mangion
Vue de la Villa Arson
par Sonia Marques
Cette après-midi, visite à la Villa Arson, à l’invitation d’Eric Mangion, le nouveau directeur. Située sur la colline Saint Barthélemy, au cœur de mon cher 5e canton, la Villa Arson, institution placée sous la tutelle du ministère de la Culture, est à la fois une Ecole Supérieure d’Art, un Centre National d’Art Contemporain, et une résidence d’artistes. Ce lieu reste assez mystérieux pour de très nombreux Niçois, alors même que la Villa a une réputation internationale. Il faut dire que son architecture la rapproche plus du Mur de l’Atlantique que de son homologue Médicis à Rome… ! Une architecture qui symbolise spectaculairement son isolement. Un isolement d’autant plus insolite que, située entre Gorbella et Cessole, la Villa Arson devrait être pleinement intégrée au tissu urbain de Nice nord.
Eric Mangion a pris ses fonctions il y a quelques mois. Il est le cousin germain de Michèle Mangion. Son arrivée à Nice fut même l’objet de ma dernière conversation avec celle qui désormais nous manque tant. Expérimenté et enthousiaste, Eric dévoilera dès sa prise de fonctions son objectif : "débunkériser" la Villa Arson, la rendre à la cité, sans rien céder, bien sûr, sur le terrain de l’excellence. Il s’agit, notamment, d’améliorer la notoriété du centre d’Art à travers une large ouverture au public. Les premiers signes de cette volonté n’ont pas tardé à se manifester : accord avec la Municipalité, partenariat avec l’Université, collaboration avec l’Education Nationale afin d’accueillir des enfants des quartiers défavorisés, et projets avec le Théâtre de l’Image, le MAMAC, le Théâtre de Nice…
Des expositions sont en gestation. L’une pourrait avoir pour thème «La performance artistique à Nice» : on en salive d’avance…
Le lieu lui-même peut s’ouvrir plus largement. Il y a quelques jours, par exemple, je visitais l’exposition des travaux d’étudiants de ma section ACL à la Fac de Lettres sur les pelouses de la Villa. Dans le même ordre d’idées, Eric et son DG, Alain Deray (un spécialiste du mécénat) me font visiter la magnifique salle de spectacles de trois cent cinquante places, complètement oubliée depuis l’ouverture de la Villa. La nouvelle direction a évidemment pour objectif de la réhabiliter au plus vite (coût : un million cinq cent mille euros).
Espérons que, pour une fois, la municipalité sera à la hauteur. Quoi qu’il en soit, Nice plurielle ne peut qu’enregistrer avec satisfaction cette nouvelle politique en plaçant la Villa Arson au cœur de son projet culturel. Ainsi, l’ex bunker de la colline Saint Barthélemy pourra devenir le lieu symbolique où, au delà de l’offre d’œuvres de grande qualité, on fabriquera – ce qui est le plus important – du désir d’Art.
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4 commentaires:
Du désir d'art, comme c'est joli !
Voila l'envie qu'il faut susciter chez les jeunes, en tout cas chez ceux qui n'ont pas la chance d'être incité à aimer l'art, ou tout au moins de s'en approcher pour le connaître.
Alors si l'équipe dirigeante de la villa Arson ouvre ses portes plus largement, c'est très bien. Car c'est l'art qui doit aller à la rencontre de son public et pas le contraire.
Il est facile pour les personnes des classes moyennes et supérieures de faire la démarche d'aller visiter les musées.
Mais qui, dans certaines familles en difficulté et confrontées aux tristes réalités de leur vie quotidienne, pour inciter les enfants à aller visiter un musée, une expo ou toute autre forme d'art?
Alors si l'ouverture de la villa à ces jeunes leur permet de voir que l'horizon peut ne pas se limiter à leur quartier, qu'une image, un son, un objet, peu susciter de l'émotion, et que tout ceci engendre une envie d'aller plus loin dans ce domaine ou permet de s'ouvrir l'esprit pour s'imaginer un autre avenir que celui qu'on leur destine, eh bien tout le monde sera gagnant.
Pour finir, j'aurais une petite suggestion à faire.
Comme je ne doute pas que le prochain maire de Nice sera Patrick Mottard, pourquoi ne pas inclure dans le prochain programme des expositions itinérantes dans tout les quartiers, ou bien la prise en charge d'enfants pour leurs faire visiter des musées le mercredis après midi ou pendant les vacances scolaires?
(J'oubliais le cinéma qui est un art à part entière, d'autant qu'il s'agit du blog d'un cinéphile, il ne le pardonnerais pas.)
ANTONIN
Je ne peux qu'être sensible à l'idée de développer les contacts des enfants avec les artistes et l'art en général. Bien sûr, les enfants des quartiers dits défavorisés (quartiers qui le plus souvent sont excentrés d'ailleurs) doivent être prioritaires mais il serait bon que tous les enfants en profitent d'une manière générale.
On ne le fait encore que trop peu, et la récente réforme du système éducatif, accompagnée des nombreuses suppressions de postes ne va rien arranger, l'éducation artistique, plastique ou musicale, étant de moins en moins une priorité. Ce qui est imbécile pour plusieurs raisons. D'abord parce qu'un enfant, mais aussi un adulte d'ailleurs, peut être transformé durablement par l'observation de la création, qu'elle soit plastique, musicale ou autre. Quand je parle de création, je ne parle pas seulement de l'œuvre finie qu'on va voir dans un musée. Je parle aussi du moment où elle naît, du processus de création lui-même. C'est une chose extraordinaire à laquelle, finalement, peu de gens ont eu la chance d'assister. Je me souviens encore d'émissions d'Arte, dont je ne me souviens plus le nom, où l'on voyait dessiner, ou peindre un artiste, pendant une demi-heure, sans paroles ou presque. Si la toile demandait beaucoup de travail, le film était monté de telle façon à rentrer dans le timing évidemment. J'avais vu notamment les émissions sur Gérard Garouste et Ernest Pignon (qui est d'ailleurs à la médiathèque de Contes en ce moment), et je m'en souviens encore. Sans parler du film sur Picasso où on le voit dessiner. Dans cet esprit, organiser des visites d'enfants à la villa Arson serait presque encore mieux, ou en tout cas complémentaire, qu'organiser des visites de musées, un tableau "fini" n'ayant pas le même impact.
C'est vrai aussi que, comme dirait qqn que j'ai interviewé l'année dernière, "il y a des couleurs qu'on ne connaît pas, qu'on ne peut pas inventer si on ne les a pas vues dans un tableau", ou si on ne les a pas vu naître par le mélange.
C'est à mon avis d'une importance capitale dans la "construction" d'un enfant, et c'est important aussi tout au long de la vie, et ça vous grandit. (même s'il est probable que certains de ces enfants seront, pour une raison ou une autre, plus réceptifs que d'autres). Et puis les enfants ont parfois besoin d'avoir confiance en eux, et de voir qu'un tableau a été fait par une vraie personne qui a mélangé telle ou telle couleur, qui a dessiné un peu là etc.
Je me souviens du mien qui n'a pas de dispositions particulières pour le dessin (c'est le moins qu'on puisse dire…) et à qui je disais souvent que ce n'était pas grave s'il dessinait moins bien qu'untel ou un autre. Et bien, on est allé voir récemment une expo sur un peintre d'origine niçoise d'ailleurs, René Moreu, que j'ai trouvé absolument sublime. Et mon gosse a été finalement convaincu que "oui, on pouvait parfaitement faire des choses magnifiques sans savoir dessiner!" (du coup évidemment, je n'ai pas eu le cœur de lui expliquer que ce n'était pas si simple, le principal étant que maintenant il se lâche, même si objectivement il n'a pas fait trop de progrès!!!! Mais ce n'est pas grave).
En tout cas, j'ai très honte, je ne suis pas encore allée à la villa Arson, je n'ai même pas d'excuse, j'avais parlé avec eux il y a deux ans lorsqu'ils avaient peint les palissades sur la promenade mais je ne suis pas encore "montée" sur la colline. Donc merci Patrick pour cette piqûre de rappel…..A ce propos, quand on pense que le conseil général a déjà refusé des bus à des écoles qui voulaient aller visiter des musées, il serait bon aussi de s'attaquer à ce problème particulier dans ce cadre, lorsque tu coiffes ta casquette de CG.
Ouh la j'ai fait long aujourd'hui.
Le mouvement artistique de l'ordre Surveritiste approuve.
l'ante se pose encore des questions
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