Cannes : chronique n° 6
Dire que cette dernière journée de la sélection à Cannes fut contrastée est un doux euphémisme. Le premier film, de Tsai Ming Liang que nous avions pourtant apprécié en 1998 pour « The hole », était vain et prétentieux. Par contre, le second sera, grâce à l’histoire d’amour de la réalisatrice catalane Isabel Coixet, la plus belle émotion du festival.
« Visage », Tsai Ming Liang (Taiwan)
Un cinéaste chinois filme au Louvre l’histoire de Salomé. Mais l’annonce du décès de la mère de celui-ci va grandement perturber le tournage.
En réalité, le film se résume à une succession de clips qui exhibent de nombreux acteurs français (Jean-Pierre Léaud, Nathalie Baye, Jeanne Moreau, Laetitia Casta…) dont on peut se demander ce qu’ils viennent faire dans cete galère alors même que l’adoption du bouclier fiscal ne les obligeait pas à pareil sacrifice.
Beaucoup de spectateurs avaient quitté la salle avant la moitié du film. C’est dommage : ils ne sauront jamais avec quelle élégance Fanny Ardant peut croquer une pomme !
« Carte des sons de Tokyo », Isabel Coixet (Espagne)
David (Sergi Lopez, formidable comme d’habitude) vit à Tokyo depuis quelques années quand sa fiancée Midori se suicide. Fou de douleur, le père de cette dernière va engager une tueuse à gages, Ryu, pour éliminer celui qu’il considère comme étant le responsable de la mort de sa fille.
Rien ne se passera comme prévu car Rya va tomber amoureuse de David et oublier son contrat. De là va naître entre eux une relation à la sensualité brûlante. Nous ne sommes pas près d’oublier les rendez-vous passionnés des deux amants dans la curieuse et kitch chambre « Place des Vosges » du Love hôtel.
Mais le fantôme de la fiancée rode toujours et ira jusqu’à transformer l’amour si beau et si fort de Ryu en sacrifice…
Incontestablement, la plus belle histoire d’amour du cinéma depuis « In the moon for love ».
Vient maintenant le temps des pronostics.
Pour moi, ce festival d’un bon niveau n’a pas vu un film s’imposer nettement jusqu’à le rendre incontournable pour la Palme d’or. C’est pourquoi je reste partisan d’attribuer celle-ci à Pedro Almodovar pour « Etreintes brisées » mais surtout pour l’ensemble de son œuvre. J’ajoute que j’ai également apprécié « Le ruban blanc » (Michael Haneke), « Thirst, ceci est mon sang » (Park Chan-Wooh) … et le Coixet.
Pour Dominique, le tiercé est légèrement différent. Elle aimerait bien que la Palme aille à « Fish tank » (Andrea Arnold), à « Inglourious basterds » (Tarentino), ou à « Carte des sons de Tokyo ». Mais elle ne trouverait pas scandaleux qu’elle récompense « Un prophète » (Jacques Audiard) ou « Bright star » (Jane Campion).
3 commentaires:
Patrick, Dominique,
vos pronostics à tous les deux n'était pas loin de la vérité.
Merci Patrick pour tes commentaires éclairés, que nous avons suivi avec attention tout au long de ce festival. Merci à toi Dominique pour le off (Richard magnifique en smoking !)
Nous avons pensé à vous ce soir lors de la cérémonie de clôture, et attendons les commentaires sur le palmarès.
Amicalement
Laurent F
j'en ai deviné trois...
serais curieuse de connaitre le palmarès qu'avaient fait les autres festivaliers...
Le personnage de "Ryu" est interprété par Rinko Kikuchi, déjà aperçue au Festival en 2006 dans "Babel" d'Alejandro González Inárritu.
Dommage que l'argumentation de vos post soit restreinte, avec la "chance" que vous avez eu pour voir autant de films cette année...
J'aurais apprécié un zeste de contenu supplémentaire.
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