18 mars 2011

L’effet papillon à "l’Union"




Deux jours après la superbe réunion de Dominique aux Palmiers c’était au tour des candidats du 5e canton de s’y coller dans le cadre « historique » de la brasserie de l' Union où j’avais tenu ma dernière réunion de 1er tour en 2004.
La salle était non seulement pleine à craquer mais beaucoup trop pleine pour une partie de l’assistance. Pour tous ceux qui ont eu du mal à entendre où qui n’ont pas pu se déplacer voici l’essentiel de mon discours :


« Woody Allen a dit « l’éternité c’est long surtout à la fin… ». Laissez-moi le paraphraser en disant « une campagne électorale c’est long surtout à la fin… ». C’est bien pour cela qu’avec Joëlle nous vous exprimons notre gratitude pour être venus si nombreux ce soir. Votre présence constitue un encouragement qui va nous permettre d’aborder les derniers jours de campagne sur les chapeaux de roues.

Une campagne électorale c’est aussi être accaparé par le local. On a « le nez dans le guidon », c’est la loi du genre. Ce soir pourtant, il me semblerait indécent de ne pas évoquer deux événements qui se jouent en ce moment loin, très loin du 5e canton : le drame japonais, la tragédie libyenne.

D’abord par compassion et par humanité pour ce grand peuple japonais impressionnant de dignité et pour cette population de Benghazi ou d’ailleurs menacée de mort. Mais aussi parce que, dans ce grand village planétaire qu’est devenu le monde, il n’y a plus d’opposition entre le local et le global et l’effet papillon joue à plein.

Comme le rappelait Dominique lors de sa réunion de mardi, on sait bien que les questions soulevées par la catastrophe japonaise et les révolutions arabes, les modes d’énergie, les modèles de développement, les rapports Nord-Sud, l’intégrisme, l’immigration ont des conséquences jusque dans la plus ignorée de nos petites rues de Nice Nord.

Revenons à l’élection proprement dite. Premier scrutin après les mouvements sociaux et dernière élection avant les présidentielles, celle-ci a forcément une dimension nationale, à un moment où le socle républicain se fissure. Michel Vauzelle nous expliquait mercredi qu’il était sans précédent de voir tous les grands corps de l’Etat se révolter et refuser d’être les supplétifs de l’UMP : juges, diplomates, policiers, CRS, préfets… Au plus haut niveau de l’Etat, les affaires se multiplient révélant un concubinage surprenant entre la vie privée et la vie publique de nos dirigeants.

Mais il serait paradoxal, paradoxal et dangereux, que ce déni de République profite aux ennemis de la République, extrémistes de tout poil toujours prêt à surfer sur le mécontentement populaire pour l’instrumentaliser.

Il faut donc que tous ceux qui refusent l’Etat UMP et l’extrémisme se rassemblent pour offrir une alternative républicaine au pouvoir actuel. Or ces cantonales peuvent être une excellente occasion pou rassembler tous ceux qui ne veulent ni Sarkozy, ni Le Pen dans un an. Dans le 5è canton, modestement, ma candidature s’inscrit dans cette dynamique. Je suis personnellement membre du Parti Radical de Gauche. Avec Joëlle, nous sommes soutenus par le Parti Socialiste, le Mouvement Républicain et Citoyen et il n’aura échappé à personne que les Verts n’ont pas présenté de candidat dans le canton. Le soutien appuyé de Michel Vauzelle à ma candidature est aussi un signe fort puisque sa majorité régionale comprend toutes les mouvances de la gauche y compris le Front de Gauche. Mais dans le sens d’un rassemblement anti Sarkozy-Le Pen nous avons aussi le soutien de l’Alliance Ecologiste Indépendante d’Antoine Waechter et du MoDem. Ainsi, on peut dire que d’une certaine façon nous sommes prêts pour 2012 dans le 5e canton.

Ce scrutin a évidemment une portée départementale. Or, le département des Alpes-Maritimes a une particularité : il est dirigé par un de ceux qui n’ont de cesse à Paris de vouloir démanteler la décentralisation à la française. Cette décentralisation déjà bien fragile initiée par Gaston Deferre dans les années 80 pour moderniser la démocratie représentative française est littéralement mise en pièces par le pouvoir actuel avec la participation active du précédent et de l’actuel Président du CG 06. La méthode est imparable : il s’agit de confier aux départements de nouvelles et importantes compétences comme le RSA ou l’APA et de ne pas donner en échange les ressources correspondantes. Il ne reste plus à la collectivité qu’à réduire la voilure de ses propres politiques et à augmenter les impôts. Pour les Alpes-Maritimes, cela a donné + 15% en 2009, reportés en 2010 et en 2011. Or, un transfert des impôts nationaux sur les impôts locaux n’est pas socialement neutre : il va avoir pour conséquence de faire payer l’addition aux familles et aux plus modestes.

Demain comme hier, des élus indépendants au sein du CG 06 vont servir à cela : dénoncer le double discours de ceux qui étranglent les collectivités locales à Paris tout en se désolant des conséquences de cette politique au niveau local. Pour être clair, réélu, je veux sauver définitivement le soldat Ciotti d’une forme particulièrement pernicieuse de schizophrénie politique !

Par ailleurs, avec Dominique Boy Mottard, comme nous l’avons fait tout au long du précédent mandat, nous continuerons à nous battre au sein de l’hémicycle pour que la solidarité géographique chère à nos élus du Haut pays ne pénalise pas la solidarité sociale. En clair, plus d’argent pour les familles, moins pour les canons à neige !

Nous continuerons aussi, avec notre ami Jean-Raymond Vinciguerra, élu écologiste de Grasse, à proposer une vraie politique de l’environnement au-delà des gadgets et des ambiguïtés de l’OIN. Enfin, nous continuerons inlassablement à poser la question de la nécessité d’une authentique politique du logement.

Mais, bien évidemment, cette élection concerne aussi, et je dirai surtout, le 5e canton. En disant cela, ce n’est pas le juriste de droit public qui parle mais l’amoureux de ce petit morceau de Nice qui a eu la délicatesse de m’élire en 1998 contre Geneviève Assemat Médecin et de me réélire en 2004 contre la député Muriel Marland Militello.

Mes propositions pour le canton sont effectivement nombreuses, mais elles s’inscrivent logiquement dans la suite de l’action que je mène depuis deux mandats.

- La question numéro 1 concerne bien sûr les terrains du stade du Ray. En effet, si on laisse faire la mairie, on pourra bientôt chanter sur le modèle d’une chanson populaire (« Un oranger sur le sol irlandais, jamais on ne le verra… ») : « un arbre sur le sol de Nice Nord, jamais plus on ne le verra » ! Face aux projets spéculatifs figurant en (gros) pointillés dans le P.L.U. adopté en décembre par la municipalité, il faudra un élu déterminé, capable de relayer, comme je le fais depuis plusieurs mois, les souhaits de la population pour un aménagement sportif, ludique et environnemental. Cette bataille, nous pouvons la gagner. J’ai l’expérience des quatre années de lutte pour empêcher le bétonnage de la place de la Libération. Si son avenir électoral est menacé, Christian Estrosi cèdera, comme il a cédé pour le tram sur la Prom. Cette question est fondamentale car elle impliquerait d’autres dégâts à notre environnement et à notre qualité de vie comme la voie inter-quartiers de la colline Saint Barthélemy.

- En ce qui concerne l’autre grand chantier du canton (la gare du Sud), je suis favorable aux grandes lignes d’un projet qui reprend beaucoup de mes propositions. Mais je demande et je me battrai pour qu’on réévalue l’offre de parkings, notoirement insuffisante, proposée par le promoteur privé et pour que la grande halle réaménagée devienne un centre culturel susceptible d’accueillir les grandes expositions internationales qui ne peuvent pas faire étape à Nice faute de lieux adaptés.

J’ai d’autres propositions concernant la propreté, le patrimoine, la circulation ou des aménagements plus spécifiques comme l’asile de nuit, le 51 avenue Borriglione, l’Institut Claude Pompidou, etc. Nous en débattons depuis plusieurs semaines et je suis, bien entendu, à votre disposition, pour en parler avec vous, par exemple ce soir en prenant le verre de l’amitié.

Il me semble toutefois important d’évoquer ici la question de la sécurité. En un mandat, j’ai vu la situation du quartier se dégrader considérablement. La politique de l’esbroufe, aussi bien au CG (par exemple autour des trois portiques détecteurs de métaux achetés pour l’entrée des collèges et dont personne n’a jamais voulu…) qu’à la mairie avec l’obsession du tout caméras, a montré ses limites. Il n’y a pas de semaine où je ne suis pas alerté pour une agression ou une attaque de commerce. Depuis longtemps, même quand ce n’était pas encore à la mode, je préconise l’augmentation des moyens humains, une vraie police de proximité, de l’îlotage, des postes multifonctions permettant les dépôts de plaintes. En période électorale, le maire semble entendre ce message. Comptez sur moi pour le lui rappeler après les élections.

Bon, vous l’avez compris, quand je parle du canton, je suis très prolixe, et je ne veux pas abuser de votre patience.

Pour conclure, je vais être bref, bref et direct. Dimanche, nous ne vous demandons pas de voter pour nous parce qu’on serait les plus beaux, les plus forts ou les plus intelligents. Je ne suis pas Harry Potter, elle n’est pas Mary Poppins : nous ne sommes pas des magiciens.

Si nous vous demandons de vous mobiliser les 20 et 27 mars, c’est que nous avons tout simplement le sentiment de pouvoir être utiles.
Utiles au 5e canton.
Utiles à Nice Nord.
Utiles au département des Alpes-Maritimes.

2 commentaires:

cléo a dit…

Ah!Merci... il m'en manquait personnellement un tiers et pas des moindres, et comme tout est lié, je ne pouvais me résigner à ne pas en avoir pris connaissance, même si cela ne pouvait que témoigner du grand nombre de participants à cette réunion publique. Certains, réduits à écouter aux portes, se feront ainsi une joie de la retrouver grande ouverte.

Emmanuel a dit…

Un beau discours à l'Union et en plus j'ai tout entendu. La salle était pleine à craquer et j'espère que le mot "union" raisonnera aux oreilles de tous les gens de gauche qui vont se déplacer et voter dimanche dans le 5ème canton. Je terminerai en reprenant la belle formule de Joëlle et en la complétant, Patrick est bien l'ami de la politique et en plus il arrive à nous faire aimer et croire en cette politique. Tu as commencé avec Woody Allen, je termine avec François Truffaut : Vivement dimanche.